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Ida (film)

Ida est un film dramatique polonais rĂ©alisĂ© par PaweƂ Pawlikowski. C’est une coproduction polono-danoise sortie en 2013.

Ida

Titre original Ida
RĂ©alisation PaweƂ Pawlikowski
ScĂ©nario PaweƂ Pawlikowski
Rebecca Lenkiewicz
Acteurs principaux
Sociétés de production Opus Film (Pologne)
Phoenix Film Investments (Danemark)
Pays de production Drapeau de la Pologne Pologne
Genre Drame
Durée 82 minutes
Sortie 2013

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film a eu un grand succĂšs international et a remportĂ© de nombreux prix, parmi lesquels l’Oscar du meilleur film en langue Ă©trangĂšre lors de la 87e cĂ©rĂ©monie des Oscars, en 2015[1].

Résumé détaillé

L’action du film a lieu en 1962, en Pologne[2]. Une jeune fille, qui croit se prĂ©nommer Anna, et ne connaĂźt de son passĂ© que le fait d’ĂȘtre orpheline, a Ă©tĂ© Ă©levĂ©e dans un couvent, oĂč elle est novice. Elle est prĂȘte Ă  prononcer les vƓux pour devenir moniale, mais avant qu’elle le fasse, la MĂšre supĂ©rieure lui annonce qu’elle a une tante, sa seule parente en vie, et l’envoie Ă  Varsovie pour qu’elle la connaisse.

Sa tante, Wanda, lui dĂ©voile qu’elle ne s’appelle pas Anna, mais Ida Lebenstein, qu’elles sont Juives et que les parents d’Ida sont morts pendant la guerre. D’elle-mĂȘme, elle dit seulement qu’elle est procureure. Ida remarque que sa tante fume et boit beaucoup. Il ressort du film qu’elle mĂšne une vie solitaire marquĂ©e par le tabagisme, l’alcoolisme et les aventures sexuelles.

Ida veut trouver les tombes de ses parents et les deux femmes partent avec la voiture de Wanda au village oĂč vivait la famille d’Ida. Elles y constatent que sa maison est habitĂ©e. Il y a une jeune femme qui leur dit que seul son mari pourrait les Ă©clairer sur les habitants antĂ©rieurs de la maison mais il n’est pas lĂ . La femme prie Ida, qui porte ses habits de novice, de bĂ©nir son enfant, ce qu’elle fait, puis les deux femmes s’en vont. Quelques heures aprĂšs, elles retournent Ă  la maison, oĂč le mari, un paysan qui s’appelle Skiba, ne leur dit rien sur la famille Lebenstein.

Les deux femmes partent vers la petite ville proche du village. Wanda conduit aprÚs avoir bu et échoue dans le fossé au bord de la route. Elle en est tirée par un paysan avec son chariot. Le policier qui y arrive emmÚne Wanda au poste de police et la retient pour la nuit. Ida passe la nuit à la paroisse de la localité.

Le lendemain matin, quand Wanda est laissĂ©e libre, et qu’elles repartent pour la ville, Ida interroge sa tante sur sa profession. Wanda relate que dans les annĂ©es 1951-1952 elle Ă©tait dĂ©jĂ  procureure, surnommĂ©e « Wanda la sanguinaire ». Il ressort du film qu’elle est communiste et que dans la pĂ©riode stalinienne elle a fait condamner Ă  mort, dans des parodies de procĂšs, des gens considĂ©rĂ©s comme des ennemis du rĂ©gime communiste.

Elles prennent en auto-stop un jeune homme, Lis. Il va dans la mĂȘme ville, au restaurant d’un hĂŽtel oĂč il va jouer du saxophone avec son groupe. Les femmes descendent au mĂȘme hĂŽtel. Dans leur chambre, Wanda veut faire mettre une robe Ă  Ida et se faire accompagner d’elle au restaurant, pour qu’elles s’amusent. Elle essaye de la convaincre d’éprouver la vie ordinaire avant de dĂ©cider de son avenir, mais Ida ne la suit pas. Wanda descend au restaurant, danse, boit, puis, tard dans la soirĂ©e, elle retourne Ă  leur chambre, ironise sur la religiositĂ© d’Ida et se couche. Quand elle s’endort, Ida descend Ă  son tour au restaurant, oĂč il n’y a plus que Lis, le saxophoniste, qui joue pour soi. D’abord, Ida l’observe de loin, puis ils causent. À cette occasion, Ida connaĂźt quelque chose de nouveau pour elle, le jazz et la proximitĂ© d’un homme. Ensuite elle remonte dans la chambre, dit sa priĂšre et se couche.

Le lendemain, les deux femmes trouvent le pĂšre de Skiba, qui est sur son lit de mort Ă  l’hĂŽpital de la ville. Il leur dit qu’il se rappelle la famille Lebenstein. Wanda l’accuse de les avoir tuĂ©s. C’est alors qu’elle dit pour la premiĂšre fois Ă  Ida qu’elle avait un petit garçon qu’elle avait laissĂ© Ă  la famille Lebenstein avant de rejoindre les partisans pour combattre les occupants allemands, et que l’enfant est mort probablement avec les Ă©poux Lebenstein.

Le soir, Skiba fils vient Ă  l’hĂŽtel et promet aux deux femmes de leur montrer oĂč sont enterrĂ©s les parents d’Ida et l’enfant, Ă  condition qu’elles laissent sa famille tranquille et ne revendiquent pas la ferme qu’il occupe. Il les emmĂšne dans le bois prĂšs du village, Ă  l’endroit en cause. Il avoue que c’est lui qui les a tuĂ©s. Il semble qu’il l’ait fait parce que lui et son pĂšre avaient peur de cacher des Juifs. On ne pouvait pas savoir qu’Ida Ă©tait Juive, c’est pourquoi il l’a confiĂ©e au curĂ© du village, mais le petit garçon avait les cheveux noirs et il Ă©tait circoncis, c’est pourquoi il l’a tuĂ© lui aussi. Il dĂ©terre les restes humains, que les femmes emportent Ă  Lublin, oĂč elles les enterrent dans un cimetiĂšre juif.

Wanda retourne Ă  sa vie et Ida au couvent, mais, hĂ©sitante, elle ne prononce pas ses vƓux. Un jour, on lui annonce que Wanda s’est suicidĂ©e, et Ida va Ă  son enterrement. Seule dans l’appartement de sa tante, elle met une de ses robes, se regarde dans la glace, les cheveux laissĂ©s libres, elle fume une cigarette et goĂ»te Ă  l’alcool. Elle rencontre Lis Ă  l’enterrement, aprĂšs quoi ils vont lĂ  oĂč il joue. Il lui apprend Ă  danser, puis ils passent la nuit ensemble. Lis propose Ă  Ida qu’ils se marient, pour avoir des enfants et mener une vie ordinaire, mais le matin, Ida se lĂšve avant que Lis se rĂ©veille, met ses habits du couvent et s’en va.

Fiche technique

Distribution

  • Agata Trzebuchowska (V. F. : ChloĂ© Stefani) : Anna / Ida Lebenstein
  • Agata Kulesza (V. F. : AurĂ©lia Petit) : Wanda Gruz, la tante d'Ida
  • Dawid Ogrodnik (V. F. : Lionel Lingelser) : le saxophoniste
  • Jerzy Trela : Szymon Skiba, le nouveau propriĂ©taire de la maison des Lebenstein
  • Adam Szyszkowski : Feliks Skiba, le fils de Szymon Skiba
  • Halina SkoczyƄska : la MĂšre supĂ©rieure
  • Dorota Kuduk : Kaƛka
  • Natalia Ɓągiewczyk : Bronia
  • Afrodyta Weselak : Marysia
  • Mariusz Jakus : le barman
  • Izabela Dąbrowska : la serveuse
  • Artur Janusiak : le policier
  • Anna Grzeszczak : la voisine
  • Jan Wojciech Paradowski : le pĂšre Andrzej
  • Konstanty Szwemberg : l’officier
  • PaweƂ Burczyk : le procureur
  • Artur Majewski : l’amant de Wanda
  • Krzysztof BrzeziƄski : le pianiste
  • Piotr Siadul : le bassiste
  • Lukasz Jerzykowski : le guitariste
  • Artur Mostowy : le percussionniste
  • Joanna Kulig : la chanteuse

Production

Le personnage Wanda Gruz s’inspire d’une personne rĂ©elle, Helena WoliƄska-Brus, juive, membre de la rĂ©sistance communiste pendant la guerre et procureure militaire aprĂšs celle-ci, qui a Ă©migrĂ© au Royaume-Uni, oĂč le rĂ©alisateur l’a connue dans les annĂ©es 1980[3]. Il a voulu Ă©crire un scĂ©nario de film sur elle mais finalement il n’a pas rĂ©ussi Ă  cerner une personnalitĂ© aussi contradictoire que celle de cette femme[4].

Pwlikowski a eu du mal a trouver une actrice pour le rĂŽle Anna/Ida. AprĂšs qu’on a auditionnĂ© quelque 400 actrices, l’interprĂšte a Ă©tĂ© trouvĂ©e par hasard par une amie du rĂ©alisateur, qui l’a vue lire un livre dans un cafĂ©. Agata Trzebuchowska Ă©tait Ă©tudiante en philosophie, n’avait aucune expĂ©rience d’actrice et ne voulait pas le devenir. Elle a acceptĂ© aprĂšs quelque temps Ă  collaborer avec Pawlikowski, parce qu’elle admirait son film My Summer of Love (2004)[5].

Le film est noir et blanc, au format 4/3, inhabituel dans les années 2000, pour évoquer les films polonais des années 1960[6].

Accueil

Un sondage de 2015 rĂ©alisĂ© par le MusĂ©e du cinĂ©ma de ƁódĆș place Ida Ă  la dixiĂšme place parmi les meilleurs films polonais de tous les temps[7].

Accueil critique

David Denby, critique de cinĂ©ma Ă  The New Yorker, souligne le contraste entre Ida et Wanda dans la premiĂšre partie du film. La premiĂšre est innocente, pieuse, l’autre est une intellectuelle déçue, athĂ©e, qui hait le passĂ© de la Pologne. Elle essaye de dĂ©tourner sa jeune parente de sa foi naĂŻve. Les deux sont affectĂ©es par l’expĂ©rience vĂ©cue dans la suite du film. Ida commence Ă  connaĂźtre la vie rĂ©elle et on ne sait pas oĂč la mĂšnera le chemin de sa vie, alors que Wanda est tellement affectĂ©e, qu’elle est incapable de continuer Ă  vivre. Des deux personnalitĂ©s, celle de Wanda est beaucoup plus complexe, et le critique pense qu’Agata Kulesza l’exprime magistralement. Ida est beaucoup plus simple, elle ne regarde pas le monde avec beaucoup de sentiments. Selon le critique, le rĂ©alisateur n’a pas fait appel Ă  une actrice professionnelle pour ce rĂŽle, parce qu’elle ne devait pas « jouer ». Du point de vue artistique, le film se remarque par sa simplicitĂ©, sa concentration, la suggestion par l’image plutĂŽt que l’expression par la parole[8].

Aux yeux de Peter Bradshaw (The Guardian), le film parle de la Pologne, tout d’abord de la grisaille de ses annĂ©es 1960, exprimĂ©e par le noir et blanc aussi, non pas de maniĂšre didactique, mais traitĂ©e comme un fond seulement suggĂ©rĂ©, et aborde d’autres aspects aussi, de façon Ă©galement suggĂ©rĂ©e : le catholicisme polonais, l’antisĂ©mitisme de certains Polonais, l’aide accordĂ©e aux Juifs par d’autres au temps de la Shoah, la terreur stalinienne, la foi en le communisme de certains Juifs, allant chez certains jusqu’à contribuer Ă  la terreur stalinienne, la dĂ©ception du communisme, et mĂȘme la relative ouverture commencĂ©e dans les annĂ©es 1960 (voir le rĂŽle de la musique occidentale dans le film)[9].

Dana Stevens remarque dans Slate qu’Agata Trzebuchowska, bien qu’elle ne soit pas actrice, sait exprimer par ses grands yeux, par tout son ĂȘtre, qu’Ida est curieuse de dĂ©couvrir les joies de la vie, et craint en mĂȘme temps cette dĂ©couverte[10].

En Pologne, le film a aussi eu des interprĂ©tations et des critiques purement politiques, venues de deux directions diamĂ©tralement opposĂ©es. Elles ont en commun le reproche que le film ne reflĂšte pas fidĂšlement la vĂ©ritĂ© historique. Lors de sa prĂ©sentation sur la chaĂźne publique polonaise TVP, le film a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ© d’un dĂ©bat durant lequel les protagonistes dĂ©claraient que le film Ă©tait historiquement faux et que l’Oscar remportĂ© Ă©tait uniquement dĂ» Ă  son point de vue « pro-juif »[11]. Une autre accusation d’anti-polonisme Ă©tait que dans le film il s’agit du fait que certains Polonais ont tuĂ© des Juifs, mais il ne dit pas que la Shoah a Ă©tĂ© le mĂ©fait des nazis[12]. En revanche, des journalistes de gauche lui ont reprochĂ© d’affermir le stĂ©rĂ©otype antisĂ©mite concernant le rĂŽle prĂ©pondĂ©rant des Juifs dans la pĂ©riode stalinienne[13].

Aux critiques de ce genre, le rĂ©alisateur a rĂ©pondu que Ida n’est pas un film historique mais sur des personnalitĂ©s trĂšs concrĂštes et complexes, pleines d’humanitĂ© et de paradoxes. Pour lui, Ida et Wanda ne sont pas seulement juives mais tout aussi polonaises que les autres personnages. Quant Ă  l’accueil du film, les spectateurs qui le trouvent bon dans n’importe quel pays, le font parce qu’il dĂ©passe le temps et le lieu oĂč il est placĂ©[14].

Distinctions

RĂ©compenses

2013 :

2014 :

2015 :

Nominations

2014

2015

Notes et références

  1. THE 87TH ACADEMY AWARDS | 2015 (consulté le ).
  2. Section d’aprùs le contenu d’image et textuel du film.
  3. Fuller 2014.
  4. Sydney 2015.
  5. Gross 2014.
  6. Staszczyszyn 2015.
  7. (pl) « Polska – Najlepsze filmy wedƂug wszystkich ankietowanych » [« Pologne – Les meilleurs films selon tous les questionnĂ©s »], sur Muzeum Kinematografii w Ɓodzi, (consultĂ© le ).
  8. Denby 2014.
  9. Bradshaw 2014.
  10. Stevens 2014.
  11. Cau et Ruellan 2016, p. 8.
  12. Par exemple dans PƂuĆŒaƄski 2015.
  13. Par exemple Zawadzka 2015.
  14. Child 2015.
  15. CAMERIMAGE 2013, Award (consulté le ).
  16. Pietrzyk 2013.
  17. 57th BFI London Film Festival Awards announced, BFI (consulté le ).
  18. Toronto International Film Festival. 2013 Awards, IMDb (consulté le ).
  19. Awards at the 29th Warsaw Film Festival (consulté le ).
  20. LES ARCS FILM FESTIVAL, WINNERS' LIST (consulté le ).
  21. Polskie Nagrody Filmowe OrƂy 2014 (consultĂ© le ).
  22. TROMSØ INTERNATIONAL FILM FESTIVAL 2014, FIPRESCI PRICE, IDA., MUBI (consulté le ).
  23. Wiesbaden goEast, 2014 Awards, IMDb (consulté le ).
  24. RiverRun International Film Festival, 2014 Awards, IMDb (consulté le ).
  25. American Society of Cinematographers, 2014 Awards, IMDb (consulté le ).
  26. Los Angeles Film Critics Association Awards, 2014 Awards, IMDb (consulté le ).
  27. New York Film Critics Circle, 2014 Awards, IMDb (consulté le ).
  28. Phoenix Film Critics Society, 2014 Awards, IMDb (consulté le ).
  29. THE EUROPEAN FILM AWARDS 2014, EFA (consulté le ).
  30. (en) « Ida Wins the European Parliament's LUX Prize », #film, sur Culture.pl, (consulté le ).
  31. WOMEN FILM CRITICS CIRCLE AWARDS 2014, MUBI (consulté le ).
  32. BAFTA, Film in 2015 (consulté le ).
  33. (en) « Spirit Awards 2015: The Complete Winners List », The Hollywood Reporter, (consulté le ).
  34. (es) « Premios Goya 2015 », sur HOLA.com, (consulté le ).
  35. WINNERS & NOMINATIONS. THE AWARDS 2014, BIFA (consulté le ).
  36. (en) « AND THE WINNERS ARE
 », sur TFCA, (consultĂ© le ).
  37. (en) « Critics’ Choice Awards: The Winners », The Hollywood Reporter, (consultĂ© le ).
  38. GOLDEN GLOBE AWARDS, WINNERS & NOMINEES, HFPA (consulté le ).
  39. SATELLITE AWARDS 2015, INTERNATIONAL PRESS ACADEMY (consulté le ).
  40. VANCOUVER FILM CRITICS CIRCLE 2015, MUBI (consulté le ).
  41. Prix et nominations : CĂ©sar 2015, ALLOCINÉ (consultĂ© le ).

Voir aussi

Sources

Articles connexes

Liens externes

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