Accueil🇫🇷Chercher

Hugo Santiago

Hugo Santiago Muchnik, dit Hugo Santiago, né le à Buenos Aires et mort le à Paris[1], est un réalisateur argentin.

Hugo Santiago
Hugo Santiago en 2015.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Hugo Santiago Muchnik
Nationalité
Formation
Faculté de philosophie et de Lettres de l'Université de Buenos Aires (en)
Activités

Auteur d’un cinéma audacieux et d’une extrême rigueur, aussi novateur dans la narration que dans le montage ou le traitement du son, il est considéré comme un réalisateur majeur dans son pays d’origine, de même qu’en France où il vit à partir de 1959.

Biographie

Hugo Santiago se consacre Ă  la musique depuis sa première enfance. C'est au cours de ses Ă©tudes (littĂ©rature, philosophie) Ă  l'universitĂ© de Buenos Aires entre 1956 et 1958 qu'il fait la connaissance de Jorge Luis Borges, titulaire de la chaire des littĂ©ratures anglo-saxonnes anciennes. Parallèlement, il Ă©tudie la mise en scène et le jeu de l’acteur avec Hedi Krilla, actrice et directrice de théâtre argentine d'origine autrichienne, Ă©galement connue sous le nom de Hedwig Schlichter (et pour qui il Ă©crira un rĂ´le dans son premier long-mĂ©trage).

En 1957, il fait ses premiers pas dans le cinĂ©ma : il suit le tournage de El Secuestrador, du cĂ©lèbre rĂ©alisateur argentin Leopoldo Torre Nilsson, (oĂą il fait une brève apparition) ; mais surtout, il s’initie en tant que rĂ©alisateur, scĂ©nariste et interprète dans un projet de sĂ©rie : De padres y de hijos. En prĂ©sentant le matĂ©riel de cette expĂ©rience tĂ©lĂ©visuelle au 1er concours du Fondo Nacional de las Artes, il obtient le Premier Prix, et une bourse pour voyager en Europe. 

En 1959, il dĂ©barque Ă  Paris. Grâce Ă  une lettre de recommandation de RamĂłn GĂłmez de la Serna, il s’approche de Jean Cocteau, qui termine le tournage du Testament d'OrphĂ©e, et qui lui permet de faire une rencontre capitale : celle du cinĂ©aste Robert Bresson , dont il sera l'assistant jusqu'en 1966, travaillant notamment sur le Procès de Jeanne d'Arc (1962). Hugo Santiago dira du cinĂ©aste français : « Bresson est et sera toujours mon maĂ®tre. Si j'avais tentĂ© de faire mon cinĂ©ma, tout seul, dès le dĂ©but, j'aurais probablement Ă©tĂ© un cinĂ©aste baroque, insensĂ©, et peut-ĂŞtre de goĂ»t, par quelque opĂ©ration divine. Mais le contact avec Bresson m'a obligĂ© Ă  un travail très intense, et Ă  une rigueur formelle qui m’a transformĂ©. Â» En mĂŞme temps – l’autre but de son sĂ©jour en France –,  il assiste quotidiennement aux projections de la CinĂ©mathèque, « les trois films obligatoires par jour Â». Selon David Oubiña (Filmologie, 2000) Â« (…) c’est prĂ©cisĂ©ment la dense expĂ©rience europĂ©enne aux cĂ´tĂ©s de Robert Bresson, qui va permettre Ă  Santiago de dĂ©finir son attitude personnelle envers son moyen d’expression (…), pour une radicalisation des concepts d’écriture et de lecture cinĂ©matographiques. »

Premiers films

De 1963 Ă  1967, Hugo Santiago s'attelle Ă  de nombreux projets : les scĂ©narios de Ghislaine de Bruges et de Cuchillo en France, et de El Hombre del bandonĂ©on de retour Ă  Buenos Aires, projet dĂ©cisif, Ă©crit avec Olga Orozco et qui est sur le point de se tourner, quand un coup d’état militaire arrĂŞte la production, (mais qui sera beaucoup plus tard Ă  l’origine de Les trottoirs de Saturne).

Il rĂ©alise ensuite 2 moyens mĂ©trages : Les contrebandiers (1967) et Les caĂŻds (1968). 

Entre la fin 68 et 1969, il rĂ©alise, en Argentine, son premier long-mĂ©trage, InvasiĂłn. Au dĂ©but 1968 il avait soumis Ă  son vieux maĂ®tre Jorge Luis Borges et Ă  son ami Adolfo Bioy Casares une petite idĂ©e, que les deux cĂ©lèbres Ă©crivains allaient transformer en un scĂ©nario dont Santiago Ă©crira ensuite l’adaptation avec Borges, quotidiennement Ă  la Bibliothèque Nationale, durant une annĂ©e entière. Â« L'Ă©criture d'InvasiĂłn fut un plaisir infini et un luxe extraordinaire. Un style dĂ©fini – cette prose mĂ©morable de Borges – traverse tout le film, et la force de ce style Ă©tait telle que, pour moi, il devenait intouchable. J'ai simplement essayĂ©, modestement, d’en faire du cinĂ©ma. Â»

Dans Invasion, la ville assiĂ©gĂ©e a un nom, AquilĂ©a, le Buenos Aires mythique de l’auteur, qui sera, vingt ans plus tard, le pays d’oĂą s’exilent les personnages de son film Les trottoirs de Saturne, et mĂŞme, complĂ©tant sa Trilogie d’AquilĂ©a, le pays oĂą voudra rentrer le protagoniste de AdiĂłs, en 2017.

PrĂ©sentĂ© en ouverture de la première Ă©dition de la Quinzaine des RĂ©alisateurs au Festival de Cannes en 1969, le film est rĂ©compensĂ© de très nombreux prix internationaux (Locarno, Barcelone, Mannheim, Harvard, Sante Fe...). Il est considĂ©rĂ© en Argentine comme un vĂ©ritable classique du cinĂ©ma. « Il serait difficile de citer un autre film du cinĂ©ma argentin, qui ait comme InvasiĂłn, le statut de « film culte », Ă©crit Eduardo Russo dans El Amante Cine en 1994.

Au moment de la sortie d’ InvasiĂłn, Jorge Luis Borges, qui se refuse Ă  donner des interviews, envoie une lettre Ă  la presse : « Deux expĂ©riences de caractère analogue, Ă©loignĂ©es dans le temps, se rejoignent maintenant dans ma mĂ©moire. La plus ancienne m’accompagne depuis 1923 ; je veux parler du soir oĂą je tins entre mes mains le premier exemplaire de mon premier livre. L’autre, la plus rĂ©cente, est celle de l’émotion que j’ai Ă©prouvĂ©e Ă  voir sur l’écran le film InvasiĂłn. Un livre imprimĂ© ne diffère guère d’un manuscrit ; un film, c’est la projection visible, dĂ©taillĂ©e, Ă©coutĂ©e, enrichie et magique, de quelque chose de rĂŞvĂ©, Ă  peine entrevu. Puisque je suis l’un des auteurs, je ne dois point me permettre d’en faire l’éloge. Je tiens pourtant Ă  consigner ici qu’InvasiĂłn est un film qui ne ressemble Ă  aucun autre et pourrait bien ĂŞtre le premier exemple d’un nouveau genre fantastique. »

Quant Ă  Adolfo Bioy Casares, il Ă©crit : « InvasiĂłn rajeunit le thème de l'Illiade : il ne vante pas l’astuce et l’efficacitĂ© du vainqueur, mais le courage d’une poignĂ©e de rĂ©sistants prĂŞt Ă  dĂ©fendre leur Troie – qui ressemble par trop Ă  Buenos-Aires – oĂą il y a toujours une bande d’amis et un tango qui vous invitent Ă  vous battre pour des causes nobles et justes. Homère me pardonne : le cĹ“ur est toujours du cĂ´tĂ© des rĂ©sistants. Je crois que Hugo Santiago a rĂ©ussi un film extraordinaire. Â»

Films en France

Comme Hugo Santiago ne parvient pas Ă  monter son projet suivant – El señor Szun, Ă  partir des souvenirs du plasticien Juan Andralis –, il reforme en 1972 le duo des Ă©crivains Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares pour un nouveau film, Les autres, Ă  ĂŞtre rĂ©alisĂ© en France. Ă€ partir d'une trame imaginĂ©e par Borges, tous trois s'attaquent de concert au scĂ©nario : l’histoire d’un libraire de Paris qui perd son fils et qui est entraĂ®nĂ© Ă  une sĂ©rie de mĂ©tamorphoses quand il enquĂŞte sur les causes de ce suicide.

PrĂ©sentĂ© au Festival de Cannes en 1974, le film fait scandale et divise la critique, mais reçoit le soutien de nombreux artistes et intellectuels : Gilles Deleuze, qui Ă©crit lĂ  son premier texte sur le cinĂ©ma, mais aussi Marguerite Duras, Jean-Pierre Faye, Jacques Roubaud, Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet, Iannis Xenakis, Robert Bresson, Louis MalleJacques Rivette… 

En 1979, toujours en France, Hugo Santiago rĂ©alise Ă‰coute voir, film dans lequel Catherine Deneuve « dĂ©tective Â» enquĂŞte sur une secte qui cherche Ă  contrĂ´ler les gens en utilisant des ondes radio. Le film incorpore de nombreuses innovations techniques : un certain son stĂ©rĂ©ophonique magnĂ©tique et des images singulières en Panavision. Le film est saluĂ© dans Valeurs Actuelles et Le Spectacle du Monde par Michel Mourlet, qui insĂ©rera l'un des deux articles dans son ouvrage l'Écran Ă©blouissant[2].

En 1980 il propose Ă  son ami le romancier argentin Juan JosĂ© Saer, exilĂ© comme lui Ă  Paris, de composer ensemble un scĂ©nario qui allait devenir le deuxième volet de sa Trilogie de AquilĂ©a. Après quatre annĂ©es d’écriture avec Saer, Hugo Santiago tourne Ă  Paris Les trottoirs de Saturne, rĂ©cit fantastique et, en mĂŞme temps, une rĂ©flexion sur leur propre exil.

« Objets audiovisuels Â»

Parce que la production connut de graves difficultĂ©s pour parvenir Ă  rĂ©pondre aux exigences du cinĂ©aste, Hugo Santiago dĂ©cide alors de se consacrer Ă  la conception et Ă  la facture de nouvelles formes : grâce Ă  la production de l’INA, qui sollicite la chaĂ®ne Arte comme diffuseur, Santiago entreprend la rĂ©alisation de ce qu’il appelle « ses objets audiovisuels : une douzaine de films de toute nature, de toutes formes novatrices, Ă  propos de tout genre de sujets ».

Il rĂ©alise ainsi des « films de théâtre Â» (adaptations visuelles d' Electre de Sophocle (1986) et de La Vie de GalilĂ©e de  Bertolt Brecht (1991), selon les mises en scène d'Antoine Vitez) ; des « films de musique Â» (La Geste gibeline, en 1987, qui encercle l'opĂ©ra de Iannis Xenakis l’Orestie, d’après la tragĂ©die d'Eschyle, d'une vaste rĂ©flexion narrative et poĂ©tique sur la Sicile ; La Voix humaine (1989) de Poulenc et Cocteau ; puis deux Ĺ“uvres conçues avec Georges Aperghis : Ă‰numĂ©rations, recherche dont le sujet est la production mĂŞme du son, et l'opĂ©ra La Fable des Continents (1992) composĂ© spĂ©cialement pour le film). 

Il suit Ă©galement pendant près d'un an le violoncelliste Christophe Coin dans tous les aspects de son travail (1995), ou le quatuor MosaĂŻques et leurs interprĂ©tations de Beethoven (1996 et 1999).

En 1998, il consacre un film à l'écrivain Maurice Blanchot, avec la collaboration de Christophe Bident, qui sera diffusé dans la collection Un siècle d’écrivains.

En 2001, il se rend Ă  Rio de Janeiro pour rĂ©aliser Maria Bethânia do Brasil,  un "essai documentaire" sur l'interprète brĂ©silienne, avec la participation de Caetano Veloso et de Chico Buarque.

Retour Ă  la fiction

Au mĂŞme moment, Hugo Santiago rĂ©dige, avec l’écrivain franco-argentin Santiago Amigorena, l’adaptation libre d’une nouvelle de Ross Macdonald, qu’il tourne en 2002 pour le cinĂ©ma, Le Loup de la CĂ´te Ouest.

En 2002, l’Argentine lui rend hommage et lui consacre une RĂ©trospective intĂ©grale dans le cadre du Festival de Buenos Aires. Au cours de cette manifestation, est projetĂ©e la version restaurĂ©e de son 1er film, InvasiĂłn, dont  huit bobines du nĂ©gatif original avaient Ă©tĂ© sĂ©questrĂ©es pendant la dictature militaire.

Cette même année, une Rétrospective de ses films est projetée à la Cinémathèque espagnole.

En 2003 et 2004, il dirige des séminaires et travaux de recherche audiovisuelle, à Paris et à Buenos Aires, pour de jeunes cinéastes du monde entier.

En a lieu une Rétrospective à la Cinémathèque française de toute son œuvre narrative, organisée par L’Art du Cinéma

Du 2004 Ă  2006, il Ă©crit diffĂ©rents scĂ©narios : Mylène et l’Homme aux Milliards, et Duchamp 1918 ou bien Buenos Aires n’existe pas, en collaboration avec Alan Pauls.

En 2006, Ă  la mort de sa mère, il s'attaque finalement Ă  l’écriture de AdiĂłs â€” troisième et dernier volet de La Trilogie de AquilĂ©a, l’œuvre la plus vaste qu’il n'ait jamais tentĂ©e, dont le tournage doit avoir lieu Ă  Buenos Aires. La prĂ©paration commence en 2010. Mais Hugo Santiago dĂ©cide, subitement, d'ajourner : « il n’était pas raisonnable de revenir Ă  Buenos Aires pour tourner une Ĺ“uvre aussi considĂ©rable après 43 ans d’absence. – il fallait rĂ©aliser auparavant un film de dimensions plus rĂ©duites ». Il convoque alors Ă  Paris son ami Mariano Llinás, pour qu’ils composent ensemble, en quelques mois, le scĂ©nario de Le ciel du Centaure, un petit conte fantastique “un peu conte soufi”, qu’il Ă©tait en train d’imaginer. 

Santiago va Ă  Buenos Aires pour prĂ©parer et tourner le nouveau film, la finition a lieu Ă  Buenos Aires, Mexico et Paris, Le ciel du Centaure est achevĂ© en 2015 et inaugure le Festival international du cinĂ©ma indĂ©pendant de Buenos Aires (BAFICI).

En cette mĂŞme annĂ©e 2015 la prĂ©paration de AdiĂłs reprend, qui doit ĂŞtre tournĂ© en 2017. 

Filmographie

En tant que réalisateur

En tant qu'acteur

Notes et références

  1. (es) « MuriĂł Hugo Santiago, el mĂ­tico director de "InvasiĂłn" Â», sur clarin.com, 27 fĂ©vrier 2018
  2. L'Écran éblouissant, Presses Universitaires de France, Paris, 2011 : p.226, "Mise en ondes d'un cauchemar".

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.