Herring buss
Un herring buss (du nĂ©elandais Haringbuis) est un type de voilier de pĂȘche en haute mer, gĂ©nĂ©ralement Ă deux mĂąts : le mĂąt d'artimon portant une voile Ă corne et grand-mĂąt portant deux voiles carrĂ©es ; il pouvait plus rarement avoir un troisiĂšme mĂąt.
Ce type de navire a principalement Ă©tĂ© utilisĂ© par les pĂȘcheurs de hareng nĂ©erlandais et flamands du 15e au dĂ©but du 19e siĂšcle, pĂȘchant en flottille, protĂ©gĂ©s par des navires de guerre. Les poissons Ă©taient prĂ©parĂ©s et salĂ©s Ă bord, permettant des campagnes en mer plus longue et plus rentables. Des navires, appelĂ©s ventjagers, effectuaient parfois des rotations pour ramener Ă terre les tonneaux de poissons salĂ©s, pendant que les herring buss continuaient leur pĂȘche en mer. Il y a avait 3 Ă 4 campagnes par an, et entre deux missions de pĂȘche, les bateaux Ă©taient utilisĂ©s comme cargo, ce mode bimodal contribuant Ă augmenter les revenus des armateurs.
Historique
Ce type de navire a une longue histoire. Il Ă©tait dĂ©jĂ connu Ă l'Ă©poque des croisades en MĂ©diterranĂ©e en tant que cargo (appelĂ© buzza, bucia ou bucius ) rĂ©sultant, aux environs de l'an 1000 aprĂšs JC, d'un dĂ©veloppement plus robuste du chaland viking en Scandinavie, appelĂ© bÇza, qui a donnĂ© buis chez les flamands qui ont poursuivi le dĂ©veloppement de ce type de navire Ă partir des modĂšles scandinaves.
Le buis a d'abord Ă©tĂ© adaptĂ© pour ĂȘtre utilisĂ© comme navire de pĂȘche aux Pays-Bas, aprĂšs que l'invention du salage du hareng ait permis de le conserver en mer[1]. Cela permettait des voyages plus longs et plus rentables et permettait donc aux pĂȘcheurs nĂ©erlandais de suivre les bancs de harengs loin des cĂŽtes. Le premier herring buus a probablement Ă©tĂ© construit Ă Hoorn vers 1415. Le dernier a Ă©tĂ© construit Ă Vlaardingen en 1841.
Description
Ce type de bateau, en bois, mesurait environ 20 mÚtres avec un déplacement de 60 à 100 tonnes. C'était un bateau ventru, pour permettre un stockage important, le rapport longueur / largeur était compris entre 2,5:1 et 4,5:1 pour optimiser les capacités de stockage, la maniabilité et la stabilité. C'était un bateau à quille arrondie avec une proue et une poupe arrondies. Le large pont permettait de traiter les captures à bord[2].
Le navire avait deux mĂąts, plus rarement trois mĂąts. Le mĂąt principal et le mĂąt de tĂȘte (le cas Ă©chĂ©ant) peuvent ĂȘtre abaissĂ©s pendant la pĂȘche, ne laissant que le mĂąt d'artimon dressĂ©.
Le mĂąt d'artimon ne portait qu'une voile Ă corne. Le grand-mĂąt avait un grĂ©ement carrĂ© (deux voiles gĂ©nĂ©ralement : grand-voile et hunier pouvant ĂȘtre rĂ©duite par une prise de ris).
Le bateau avait un beaupré ou s'attachaient jusqu'à trois focs.
Mode de pĂȘche
Mode de pĂšche au hareng
Les herring buss ont naviguĂ© en flottille de 400 Ă 500 navires[1] vers les lieux de pĂȘche du Dogger Bank et des Ăźles Shetland. Ils Ă©taient gĂ©nĂ©ralement escortĂ©s par des navires de la marine nĂ©erlandaise, parce que les Anglais considĂ©raient cette activitĂ© comme du "braconnage", dans les eaux quâils prĂ©tendaient ĂȘtre leurs. De ce fait, ils Ă©taient enclins Ă arrĂȘter des navires de pĂȘche nĂ©erlandais sans escorte. En temps de guerre, le risque de prise de bateaux de pĂȘche par des corsaires Ă©tait Ă©galement important.
La flotte resterait en mer plusieurs semaines à la fois. La prise étant parfois ramenée à la maison par des navires spéciaux (appelés ventjagers) alors que la flotte restait toujours en mer.
Les herring buss utilisaient de longs filets dérivants pour capturer le hareng, pendus comme des rideaux sur les chemins de passage des bancs de hareng. Les filets étaient remontés à bord la nuit, puis les équipages de dix-huit à trente hommes[1] commençaient immédiatement lé découpage, le salage et la mise en tonneau à bord.
Utilisation bimodale : cargo et pĂȘche
Il y avait trois Ă quatre voyages par saison (en fonction de la mĂ©tĂ©o et des prises). En dehors de la saison, les herring buss Ă©taient utilisĂ©s comme cargos, par exemple pour transporter du grain de la Baltique ou du sel du Portugal. Ce modĂšle commercial multimodal a rendu la grande pĂȘcherie (comme on appelait la pĂȘche de hareng) particuliĂšrement rentable, car :
- les temps d'arrĂȘt Ă©taient beaucoup moins longs qu'avec un usage exclusif en tant que bateau de pĂȘche[3],
- et les missions de pĂȘche Ă©taient plus longues grĂące au salage.
Notes et références
- De Vries and Van der Woude, p. 244
- Fishing vessels, op. cit
- De Vries and Van der Woude, pp. 244-245
Voir aussi
Bibliographie
- (German) Hansen, C. B. and Knuth, P. (1987), Lexikon der Segelschiffstypen. GrÀfelfing (Urbes), (ISBN 3-924896-10-0)
- (German) "BĂŒse", in: Dudszua, A. and Köpcke, A. (1995) Das groĂe Buch der Schiffstypen. Schiffe, Boote, FlöĂe unter Riemen und Segel, Dampfschiffe, Motorschiffe, Meerestechnik, Augsburg
- Unger, R. W. (1978), Dutch Shipbuilding Before 1800, Amsterdam
- Michell, A.R., "The European Fisheries in Early Modern History", in: Rich, E.E. and Wilson, C.H. (Ed.) (1977), Cambridge Economic History of Europe, Vol. 5. The Economic Organization of Early Modern Europe, Cambridge
- Vries, J. de, and Woude, A. van der (1997), The First Modern Economy. Success, Failure, and Perseverance of the Dutch Economy, 1500-1815, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-57825-7)