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Haratch

Haratch (en arménien Յառաջ, littéralement « En Avant ») était le premier quotidien en langue arménienne d'Europe. Fondé en 1925, il a publié son dernier numéro le [1] - [2]. Ce journal a en grande partie permis de structurer la communauté arménienne de France[3].

Haratch
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Image illustrative de l’article Haratch

Pays Drapeau de la France France
Langue Arménien occidental
Périodicité Quotidienne
Format 32/50
Genre Généraliste
Prix au numéro 1,20 € (2009)
Diffusion 1 000 ex.
Fondateur Chavarche Missakian
Date de fondation
Date du dernier numéro
Ville d’édition Paris

Directeur de la rédaction Chavarche Missakian (1925-1957)
Arpik Missakian (1957-2009)
Rédacteur en chef Chavarche Missakian (1925-1957)
Arpik Missakian (1957-2009)
ISSN 0996-133X

Historique

Sous Chavarche Missakian (1925-1957)

L'histoire de Haratch est intimement liée à celle de son fondateur, Chavarche Missakian. Né à Zmara, non loin de Sépastia (ou Sivas), en 1884, cet intellectuel et journaliste arménien a passé la majeure partie de sa vie active dans les milieux journalistiques arméniens[4]. Il commence en tant qu'homme à tout faire au sein du quotidien arménien Sourhandak, puis fonde avec Zabel Essayan, Kéram Barséghian et Vahram Tatoul l’hebdomadaire littéraire stambouliote Aztak[4]. Il échappe à la rafle des intellectuels arméniens de la capitale ottomane du 24 avril 1915 mais finit par se faire arrêter le et est emprisonné jusqu'à l'armistice de Moudros[4]. Il est ensuite nommé rédacteur en chef du journal Djagadamard, quotidien de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA)[4].

Chavarche Missakian est ensuite élu membre du Bureau de la FRA et fonde le 1er août à Paris en son propre nom le journal Haratch[4]. Emprunté à l’organe du SPD (parti social-démocrate allemand) publié à Leipzig par Wilhem Liebknecht et intitulé Vorwärtz (« En Avant »), Haratch fut créé juste après le dixième Congrès de la FRA à Paris (- )[3].

Comité du journal Haratch à Paris, . De gauche à droite : Chavarche Missakian, Armen Lubin, Nechan Bechiktachlian, Melkon Kebabdjian, Chavarch Nartouni, Teotig (assis).

Dans un premier temps trihebdomadaire, Haratch devient quotidien à partir du [4]. Jusqu’en 1939, le journal informe, éduque et structure la communauté arménienne de France[4]. Il atteint une diffusion quotidienne de 5 000 exemplaires et autant d’abonnés, et paraît sans interruption jusqu’à l’entrée des Allemands à Paris[4]. Haratch guide et conseille les réfugiés arméniens en France sur leur statut, le renouvellement des titres de séjour, le règlement de police, le droit au travail, le service militaire, mais aussi sur des questions d’hygiène, avec Hay Pouj dirigé par Chavarch Nartouni[4].

Pendant l'Occupation, Chavarche Missakian, vraisemblablement socialiste convaincu (le journal socialiste Le Populaire le désigne comme un « camarade »[5]), saborde volontairement son journal par antinazisme[6] puis le fait reparaître après la Libération[4]. Il est, à ce moment, le seul quotidien de langue étrangère qui ait une autorisation gouvernementale à paraître[4].

En 1953, la rédaction de Haratch s’installe dans l’Azkayin Doun (la « Maison Nationale »), hôtel particulier de la rue de Trévise (9e arrondissement de Paris) où cohabitent pacifiquement des organisations arméniennes rivales[4]. Après plusieurs changements d’adresse et d’imprimerie, Haratch s’installe finalement en 1973 au 83 rue de Hauteville à Paris, dans une pièce pour la rédaction et un atelier pour la linotype de marque allemande acquise en 1953[3].

Le journal comportait alors toujours l’éditorial de Charvarche, Mèr Khoske (en arménien Մեր Խօսքը, littéralement « Notre Parole »), un billet, des analyses politiques ou littéraires, et un feuilleton ouvert aux jeunes écrivains[3]. Haratch est vendu à la criée dans les « villages arméniens » de la banlieue parisienne et dans les kiosques de la Place d’Italie, du quartier latin (boulevard Saint-Michel) ou de Cadet[4], ainsi que par abonnement[3].

Le , Chavarch Missakian meurt ; c'est sa fille Arpik Missakian qui prend sa suite à la direction du journal[4].

Sous Arpik Missakian (1957-2009)

Le est lancé un supplément mensuel littéraire et artistique intitulé Midk yèv Arvest (en arménien Միտք եւ արուեստ, littéralement « Pensée et Art »)[7]. Le dernier sort le [7]. Y participe notamment l'écrivain Krikor Beledian, aux côtés de critiques artistiques, écrivains, poètes, musicologues, esthètes, cinéphiles, historiens ou politologues arméniens, des Amériques à l'Arménie[8].

L'équipe du journal est très réduite, se limitant à Arpik Missakian, une autre journaliste permanente, Arpi Totoyan, née en 1945 à Istanbul et locutrice de l'arménien occidental et du turc, qui intègre l'équipe en 1984[3], et complétée par quelques chroniqueurs[9].

Au fur et à mesure que les années passent, le journal perd progressivement ses lecteurs. Plusieurs facteurs l'expliquent : déclin progressif du nombre de locuteur de l'arménien occidental, indifférence de la communauté arménienne de France, difficultés financières, absence d'annonceurs publicitaires, dilution communautaire, etc.[2]. De plus, il semblerait que ce soit l'absence de relève, de journalistes et d'écrivains arméniens pour contribuer au journal qui a précipité le déclin de Haratch[9]. Arpik Missakian finit par mettre la clé sous la porte de son journal fin mai-début , afin de clore avec « les honneurs » cette aventure[2] de son journal qui n'avait plus que 700 abonnés[10].

Arpik Missakian meurt le à 89 ans[11] et est inhumée au cimetière du Père-Lachaise le [3].

Succession

Le journal Nor Haratch (en arménien Նոր Յառաջ, littéralement « nouveau (journal) Haratch ») est lancé en [12] pour prendre la suite de Haratch[13].

Chantier de numérisation

L'Association pour la recherche et l’archivage de la mémoire arménienne (ARAM) annonce en 2013 la numérisation du journal pour la période 1945-2009[14]. En 2018, la totalité des numéros est en ligne, de 1925 à 2009[15]. Au total, 22 214 numéros du journal sont numérisés, soit près de 90 000 pages[15].

La numérisation est réalisée par COPEIA et a pu être mise en œuvre grâce aux fonds de l'ARAM ainsi qu'aux financements du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Caisse d’Épargne CEPAC, de la fondation Bullukian (tranche 1960-1969) et surtout de la fondation Calouste Gulbenkian (tranche 1970 à 2009)[4].

Notes et références

  1. « Le dernier numéro du quotidien arménien Haratch Â», sur Le Daily Neuvième, (consulté le ).
  2. Jean Stépanian, « (titre de l'article inconnu) », France-Arménie, no 341,‎ 1er au 15 juin 2009 (lire en ligne)
  3. Denis Donikian, « 457 – Haratch, journal arménien », sur denisdonikian.blog.lemonde.fr, (consulté le )
  4. « Journal Haratch – ՅԱՌԱՋ », sur webaram.com (consulté le )
  5. « Une manifestation commémorative à la mémoire de Mikaelian Varandian », Le Populaire, Parti socialiste,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  6. Pierre Terzian, « La question arménienne aujourd'hui », Critique Socialiste, Syros, no 44 « Arménie du génocide à l'explosion »,‎ , p. 59 (lire en ligne)
  7. « Midk ev Arvest (MyA, Միտք եւ արուեստ, Pensée et art) », sur webaram.com (consulté le )
  8. « Historique », sur acam-france.org (consulté le )
  9. Isabelle Kortian, « (titre de l'article inconnu) », Nouvelles d’Arménie Magazine, no 153,‎ (lire en ligne)
  10. Ara Toranian, « Arpik Missakian : la fin d’un monde », sur collectifvan.org, Nouvelles d'Arménie Magazine,
  11. (en) Jean Eckian, « ‘Haratch’ Editor Arpik Missakian Dies at 89 », sur armenianweekly.com, (consulté le )
  12. « Premier numéro de Nor Haratch » [PDF], sur acam-france.org,
  13. « Nor Haratch lance un supplément hebdomadaire en français », sur connexionss.over-blog.com,
  14. Jean Eckian, « Numérisation du journal Haratch - ՅԱՌԱՋ », sur armenews.com,‎ (consulté le )
  15. « Haratch renait… en version numérique », sur webaram.com, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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