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HMS Aboukir (1900)

Le HMS Aboukir est un croiseur cuirassĂ© de classe Cressy construit pour la Royal Navy dans les annĂ©es 1900. Une fois achevĂ©, il fut assignĂ© Ă  la flotte mĂ©diterranĂ©enne et y passa la plus grande partie de sa carrière. PlacĂ© en rĂ©serve Ă  plusieurs reprises, il fut remis en service au dĂ©but de la Première Guerre mondiale, oĂą il joua un rĂ´le mineur dans la bataille de Heligoland quelques semaines après le dĂ©but de la guerre. L'Aboukir fut coulĂ© par le sous-marin allemand U-9 en mer du Nord avec ses deux sister-ships durant l'action du ; 527 hommes membres d'Ă©quipage furent portĂ©s disparus.

HMS Aboukir
illustration de HMS Aboukir (1900)
Le HMS Aboukir en 1901.

Type Croiseur cuirassé
Classe Cressy
Histoire
A servi dans Royal Navy
Constructeur Fairfield Shipbuilding and Engineering Company
Chantier naval Govan, Écosse
Quille posée
Lancement
Mise en service
Statut Coulé par l'U-9 le
Équipage
Équipage 725 à 760 officiers et hommes d'équipage
Caractéristiques techniques
Longueur 143,9 mètres
MaĂ®tre-bau 21,3 mètres
Tirant d'eau 8,2 mètres
DĂ©placement 12 000 tonnes
Propulsion 2 moteurs Ă  vapeur quatre cylindres Ă  triple expansion
30 chaudières Belleville
2 hélices
Puissance 21 000 ch
Vitesse 21 nœuds (39 km/h)
Caractéristiques militaires
Blindage Ceinture blindée: 51–152 mm
Pont blindé: 25–76 mm
Barbettes: 152 mm
Tourelles: 152 mm
Château: 305 mm
Cloisons: 127 mm
Armement 2 Ă— canons 9,2 pouces BL Mk X
12 Ă— canons Mk VII BL de 6 pouces (en)
12 Ă— canons de 12 livres
3 Ă— canons Hotchkiss de 3 livres
2 Ă— tube lance-torpilles de 457 mm
Carrière
CoĂ»t ÂŁ783 883
Localisation
CoordonnĂ©es 53° 00′ nord, 3° 45′ est
GĂ©olocalisation sur la carte : mer du Nord
(Voir situation sur carte : mer du Nord)
HMS Aboukir
HMS Aboukir

Conception

Le HMS Aboukir avait une longueur hors-tout 143,9 mètres (472 pieds), un faisceau de 21,3 mètres et un tirant d'eau de 8,2 mètres, dĂ©plaçant 12 000 tonnes[1]. Il Ă©tait propulsĂ© par deux moteurs Ă  vapeur quatre cylindres Ă  triple expansion, alimentĂ©s par 30 chaudières Belleville et conduisant tous deux un arbre. Sa puissance Ă©tait de 21 000 chevaux-vapeur (16 000 kW) produisant une vitesse de pointe de 21 nĹ“uds (38,9 km/h). Lors de leurs essais en mer, tous les croiseurs de classe Cressy, Ă  l'exception du navire de tĂŞte, dĂ©passèrent leur vitesse prĂ©vue[2]. D'une capacitĂ© de transport de 1 600 tonnes de charbon, son Ă©quipage variait de 725[3] Ă  760 officiers et hommes d'Ă©quipage[4].

Son armement principal Ă©tait composĂ© de deux canons 9,2 pouces BL Mk X (234 mm) Ă  chargement par culasse en tourelle simple, dont une Ă©tait Ă  l'avant et l'autre Ă  l'arrière de la superstructure[3]. Ces canons tiraient des obus de 380 livres (170 kg) sur une distance de 15 500 verges (14 200 mètres)[5]. Son armement secondaire comprenait douze canons Mk VII BL de 6 pouces (en) disposĂ©s dans des casemates au milieu du navire. Huit d'entre eux Ă©taient montĂ©s sur le pont principal et n'Ă©taient utilisables que par temps calme[6]. Ces canons tiraient des obus de 100 livres (45 kg) sur une distance de 12 200 verges (11 200 mètres)[7]. Une douzaine de canons de 12 livres Ă  tir rapide (QF) furent Ă©quipĂ©s pour la dĂ©fense contre les torpilleurs, huit sur les casemates du pont supĂ©rieur et quatre dans la superstructure[8]. Le navire Ă©tait Ă©galement Ă©quipĂ© de trois canons Hotchkiss de 3 livres (47 mm) et de deux tubes lance-torpilles de 18 pouces (457 mm)[4].

La ceinture blindĂ©e Ă  la ligne de flottaison du navire avait une Ă©paisseur de 2 Ă  6 pouces (51 Ă  152 mm) et Ă©tait fermĂ©e par des cloisons transversales de 5 pouces (127 mm). L'Ă©paisseur du blindage des tourelles et de leurs barbettes Ă©tait de 6 pouces tandis que le blindage de la casemate mesurait un pouce de moins. Le pont de protection Ă©tait Ă©quipĂ© d'un blindage d'une Ă©paisseur variant de 1 Ă  3 pouces (25-76 mm) et la tourelle par un blindage de 12 pouces (305 mm)[4].

Historique

Il est mis sur cale au chantier naval Fairfield Shipbuilding and Engineering Company de Govan (Écosse) le et est lancé le [9]. En , le croiseur arrive au chantier de Portsmouth pour l'aménagement de son armement[10]. Achevé au début de l'année suivante, l'Aboukir est mis en service le [11] - [12] sous le commandement du Capitaine Charles John Graves-Sawle[13]. Le navire est affecté à la flotte méditerranéenne dès sa mise en service, quittant Portsmouth au début de mai[14] et arrivant à Malte plus tard le même mois[15].

Il est déployé à deux reprises en Méditerranée, en et en [9]. En , l'Aboukir visite Nauplie avec d'autres navires de la flotte[16].

Lorsqu'il rentre au Royaume-Uni en 1912, le navire est placé en réserve durant deux années, avant d'être assigné au 7e escadron de croiseurs peu après le déclenchement de la Première Guerre mondiale en [17] - [18]. L'escadron fut chargé de patrouiller dans la zone "Broad Fourteens (en)" en mer du Nord à l'appui d'une force de destroyers et de sous-marins basés à Harwich qui protégeaient l'extrémité orientale de la Manche contre les navires de guerre allemands tentant d'attaquer la route d'approvisionnement entre l'Angleterre et la France. Lors de la bataille de Heligoland le , le navire faisait partie de la Force de croiseur "C", en réserve au large des côtes néerlandaises. Il ne vit aucune action[19].

Action du 22 septembre 1914

Carte des attaques.
L'Aboukir et le Hogue coulés par l'U-9. Carte postale allemande.

Au matin du , l'Aboukir et ses sister-ships, Cressy et Hogue, patrouillaient sans aucune escorte de destroyers Ă  cause du mauvais temps. Les trois navires Ă©taient alignĂ©s Ă  environ 2 000 mètres (2 000 verges) et naviguaient Ă  une vitesse de 10 nĹ“uds (18,5 km/h). Ils ne s'attendaient pas Ă  une attaque sous-marine, bien qu'ayant des postes de surveillance et disposant d'un canon de chaque cĂ´tĂ© pour attaquer les sous-marins potentiellement dangereux. Le temps s'Ă©tait adouci en matinĂ©e et Tyrwhitt Ă©tait en route pour renforcer les croiseurs avec huit destroyers[20].

L'U-9, commandé par le Kapitänleutnant Otto Weddigen, avait reçu l'ordre d'attaquer les transports britanniques à Ostende, mais avait été contraint de plonger et de se mettre à l'abri de la tempête. Lors de son transit, il repère alors les navires britanniques et manœuvre pour attaquer. À 06 h 20, il tire une torpille sur l'Aboukir qui le touche à tribord ; le capitaine John Drummond, pensant avoir touché une mine, ordonne aux deux autres navires de se rapprocher pour transférer ses blessés. Gîtant rapidement, l'Aboukir chavire vers 06 h 55 malgré de multiples efforts pour le maintenir à flot. Au moment où Drummond ordonne l'abandon du navire, seul un canot de sauvetage est disponible, les autres ayant été détruits ou ne pouvant être abaissés par manque de vapeur pour alimenter les treuils des canots[21].

Alors que le Hogue s'approchait de son sister-ship, le capitaine du navire, Wilmot Nicholson (en), réalisa qu'il s'agissait d'une attaque sous-marine et demanda au Cressy de localiser un périscope, chose qu'il ne fera pas car son équipage était occupé à jeter par-dessus bord tout ce qui flottait pour venir en aide aux survivants de l'Aboukir luttant dans les eaux glaciales de la mer du Nord. Vers 06 h 55, le Hogue est touché par deux torpilles. Le croiseur chavire environ dix minutes après avoir été torpillé car toutes ses portes étanches avaient été laissées ouvertes, finissant par sombrer à 07 h 15[22].

Le Cressy tente une attaque Ă  l'aveugle sans grand succès, puis reprend ses opĂ©rations de sauvetage jusqu'Ă  son torpillage Ă  07 h 20. Prenant rapidement l'eau, le croiseur chavire et coule Ă  07 h 55. Plusieurs navires hollandais commencent Ă  secourir des survivants vers 08 h 30, rejoints par des chalutiers britanniques et la force opĂ©rationnelle de Tyrwhitt Ă  10 h 45. Au total, 837 hommes furent sauvĂ©s (dont le midshipman Wenman Wykeham-Musgrave, qui rĂ©chappa successivement des trois naufrages[23]), tandis que 1 397 marins et 62 officiers moururent en mer[24]. Parmi ceux-ci, l'Aboukir perdit un total de 527 hommes[9].

En 1954, le gouvernement britannique vendit les droits de récupération des trois navires à une société allemande qui les a ensuite vendus à une société néerlandaise, les opérations de récupération du métal des épaves débutant en 2011[25] - [26].

Notes et références

  1. Friedman 2012, p. 335–36.
  2. Chesneau & Kolesnik, p. 69
  3. Friedman 2012, p. 336
  4. Chesneau & Kolesnik, p. 68
  5. Friedman 2011, p. 71–72.
  6. Friedman 2012, p. 243, 260–61
  7. Friedman 2011, p. 80–81.
  8. Friedman 2012, p. 243, 336
  9. Silverstone 1984, p. 207
  10. (en) « Naval & Military intelligence », The Times, Londres, no 36400,‎
  11. (en) « Naval & Military intelligence », The Times, Londres, no 36733,‎
  12. Friedman 2012, p. 342.
  13. (en) « Naval & Military intelligence », The Times, Londres, no 36714,‎
  14. (en) « Naval & Military intelligence », The Times, Londres, no 36758,‎
  15. (en) « Naval & Military intelligence », The Times, Londres, no 36766,‎
  16. (en) « Naval & Military intelligence », The Times, Londres, no 36867,‎
  17. Friedman 2012, p. 241.
  18. Silverstone 1984, p. 239.
  19. Corbett, p. 100, 171–172.
  20. Corbett, p. 172–75.
  21. Massie 2004, p. 133.
  22. Massie 2004, p. 133–35.
  23. (en) « Commander Wenman Humfrey Wykeham-Musgrave », sur thepeerage.com (consulté le )
  24. Massie 2004, p. 135.
  25. « Booty Trawl », Private Eye, Pressdram, no 1302,‎ , p. 31(inscription nécessaire)
  26. Stefano Ambrogi, « Scrap metal hunt is wrecking UK warship graves - veterans », Reuters, Thomson Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • « TragĂ©die en mer du Nord », Le Soir,‎ (lire en ligne)
  • (en) Conway's All the World's Fighting Ships 1860–1905, Greenwich, Conway Maritime Press, (ISBN 0-8317-0302-4)
  • (en) Julian Corbett, Naval Operations to the Battle of the Falklands, vol. I, London and Nashville, Tennessee, Imperial War Museum and Battery Press (ISBN 978-0-89839-256-2 et 0-89839-256-X)
  • (en) Norman Friedman, British Cruisers of the Victorian Era, Barnsley, South Yorkshire, UK, Seaforth, (ISBN 978-1-59114-068-9)
  • (en) Norman Friedman, Naval Weapons of World War One, Barnsley, South Yorkshire, UK, Seaforth, (ISBN 978-1-84832-100-7)
  • (en) Robert Massie, Castles of Steel : Britain, Germany and the Winning of the Great War at Sea (en), Londres, Jonathan Cape, (ISBN 0-224-04092-8)
  • (en) Paul H. Silverstone, Directory of the World's Capital Ships, New York, Hippocrene Books, (ISBN 0-88254-979-0)

Liens externes

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