HĂ´tel Stucken
L’hôtel Stucken ou villa Stucken est un bâtiment situé à Fontainebleau, en France. Pendant la Première Guerre mondiale, il devient l’hôpital Stucken ; après la Seconde, il accueille un cercle des officiers de l’OTAN puis le musée d'Art figuratif contemporain. De nos jours, il constitue l’un des bâtiments de la partie Cercle du campus européen de l’Institut européen d'administration des affaires (INSEAD).
Type | |
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Fondation | |
Architecte | |
Propriétaire |
Albert-Georges Stucken (d) (- |
Usage |
Villégiature (- |
Adresse |
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Coordonnées |
48° 24′ 17″ N, 2° 41′ 16″ E |
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Situation et accès
L’édifice est situé au no 43 de la rue Royale, à l’ouest de la ville de Fontainebleau, et plus largement au sud-ouest du département de Seine-et-Marne. Actuellement, la propriété compte trois points d’accès : rue Royale, boulevard de Constance et un autre au croisement de ceux-ci pour les bâtiments contemporains.
Histoire
Structures précédentes
À cet emplacement a été autrefois implantée la briqueterie Bardin, où on y cuit essentiellement de la chaux et fabrique également de la brique tendre. La partie entre le boulevard André-Maginot et le boulevard de Constance a d'ailleurs été dénommée rue des Fours jusqu'en [1]. Au milieu des années 1870, le conseil municipal cherche un terrain pour édifier le collège de Fontainebleau et Bardin consent à vendre son terrain de 11 185 mètres carrés à raison de 4,5 francs le mètre carré, constructions et murs l'entourant compris[2]. La Ville le rachète finalement en 1876 pour 44 740 francs. Des protestations éclatent arguant que l'emplacement est trop éloigné du centre-ville. Plusieurs années d'hésitation après, la Ville revend finalement le terrain à un dénommé Paule, ancien tailleur militaire de Napoléon III, déjà propriétaire de la maison voisine sise 39 rue Royale ; la Ville cherche un autre endroit pour le collège, qui est finalement édifié sur les terrains Vallot. Sur ces terrains Bardin, Paule construit un chalet au no 41. Le domaine est ensuite revendu à un dénommé Salomon, qui en revend lui-même une partie à Albert-Georges Stucken[1].
Fondation
L’édifice est construit en 1910 selon les plans de l’architecte Georges Vaudoyer[3] - [4]. Il occupe alors une partie importante d’un jardin à la lisière de la forêt de Fontainebleau. L’ensemble des constructions, y compris la décoration intérieure et les honoraires de l’architecte, a entraîné une dépense de 685 000 francs[3].
La villa s'inscrit dans une constellation de riches propriétés dans une « ellipse autour du quartier aristocratique de la porte des Champs »[5]. Dans le développement urbanistique de cette partie de la ville, le réseau viaire de l'Ancien Régime est conservé[6]. L'hôtel Stucken constitue ainsi l'une des dernières constructions de l'« ère de la villagiture » à Fontainebleau[7].
Inauguration
La fête d’inauguration a lieu le , à 21 h. Le couple Stucken invite à cette soirée mondaine de nombreux invités venus de Fontainebleau, des localités environnantes, de Melun et de Paris ; la royale Royale se remplie ainsi de nombreux automobiles[8].
Hôpital durant la Première Guerre mondiale
Au commencement de la Première Guerre mondiale, un drapeau des États-Unis est installé sur l’hôtel. Celui-ci est remplacé par celui de la Croix-Rouge puisqu’avant de partir pour l’Angleterre où ses enfants étudient, le couple Stucken met à disposition le rez-de-chaussée au service de santé en . On y fait installer 20 lits dont le couple prend l’entretien à ses frais[9] ; la nourriture est également assurée par celui-ci, comme d’autres châtelins des environs qui mettent leur domaine à disposition[10].
La villa devient ainsi l’annexe de l’hôpital auxiliaire de la rue Saint-Honoré (no 8), surnommée « hôpital Stucken »[11] - [12]. Les premiers malades sont reçus début [13]. Le couple Stucken offre en plus une large subvention à la Société de secours aux blessés (Croix-Rouge de Fontainebleau)[14]. Parmi les blessés qui y sont reçus, on retrouve notamment l’historien capitaine Augustin Cochin[15]. Durant la guerre, la villa est par ailleurs habitée par la reine des Belges, Élisabeth en Bavière, et ses enfants, son pays étant alors occupé[16] - [17].
Hôpital fermé à la fin de la guerre, comme les autres hôpitaux auxiliaires de la Croix-Rouge, la villa reste inoccupé. Des cambrioleurs en profitent, le soir du , pour s’y infiltrer par le muret du boulevard. Mais alors qu’ils commencent à voler des pièces d’ameublement, le jardinier, démobilisé et rentré depuis trois jours les menace entraînant leur fuite[18].
Rachat par la Préparation industrielle des combustibles
En début d’année 1937, la société Préparation industrielle des combustibles, siégeant à Paris, acquit la propriété par l’agence Jeannin en vue d’y placer ses bureaux administratifs. Cela fait venir dans la ville un personnel composé de 70 personnes, dont quarante à cinquante familles[17] - [19]. En , la société se replie de Fontainebleau à Alès (en zone libre), au no 1 de la rue Baronnie[20].
Cercle des officiers de l’OTAN
Quand l’OTAN établit des quartiers européens dans les années 1950 à Fontainebleau, l’hôtel particulier abrite alors un cercle des officiers[21].
Musée d’Art figuratif contemporain
À la fin du XXe siècle, les locaux accueillent un temps le musée d’Art figuratif contemporain où sont exposés des travaux d’artistes se dressant contre l’art abstrait [22] - [23].
Rachat par l’INSEAD
Dans les années 1990, le bâtiment, depuis appelé Cercle international, est mis en vente par la Ville à 13 millions de francs[24]. L’Institut européen d'administration des affaires (implanté de l’autre côté du boulevard Constance) vise de son côté l’extension de son campus et développe ainsi une politique d’acquisition foncière vers la fin des années 1990[25]. Il rachète le Cercle international à la Ville en pour 12 millions de francs[26]. Sur cette parcelle, l’école construit un nouveau bâtiment[27].
Éléments biographiques des propriétaires
Albert-Georges Stucken est un riche citoyen américain[9] - [28]. Voyageant assez souvent, il a toutefois une prédilection pour la France ; il établit sa résidence principale à Paris, bien qu’il n’y passe que peu de temps, et reste plutôt dans sa demeure de la rue Royale à Fontainebleau jusqu’à la fin de l’automne[28]. Sa femme, d’origine russe, et lui sont assez connus dans cette ville, notamment pour leurs participations à des œuvres caritatives[9] - [28]. Stucken se déplace également chaque année en Russie pour plusieurs mois, y trouvant des intérêts industriels, notamment à Kountsevo, près de Moscou, qui est le centre de principaux établissements manufacturiers du pays[28].
À partir des années 1920, on le retrouve résider dans la villa Franklin, à Arcachon[29]. Son épouse décède le , dans cette ville[30] ; lui le , dans la même[31]. Dans un article paru le dans le journal La Justice pour lui offrir un « hommage sincère » et un « témoignage d’estime », on le décrit comme étant une personne modeste et cultivée, avec « une stature qui indique un tempérament robuste » et d’une « physionomie expressive »[28].
Structure
Extérieur
- Cour d’Honneur.
- Détails architecturaux et balcons depuis la cour d’Honneur.
- Fenêtre centrale du deuxième étage depuis la cour d’Honneur.
Références
- « La disparition des petites industries dans les environs de Fontainebleau - Les briqueteries (suite) », L'Abeille de Fontainebleau, no 15 de la 77e année,‎ , p. 6/6 (lire en ligne , consulté le )
- « Conseil municipal de Fontainebleau », L'Abeille de Fontainebleau, no 52 de la 36e année,‎ , p. 1/4 (lire en ligne , consulté le )
- Maurice Brincourt (photogr. Imprimerie Launay & Fils, Vendôme), « Hôtel particulier à Fontainebleau », L’Architecture, no 11,‎ , p. 7-10 (lire en ligne [PDF])
- Fontainebleau-Patrimoine, « La cession d’un bâtiment municipal, mémoire du passé de la ville, est toujours un mauvais coup porté à notre patrimoine », Échos-bleau, no 1,‎ , p. 4/4 (lire en ligne , consulté le )
- Jestaz 1995, p. 151.
- Jestaz 1995, p. 152.
- Jestaz 1995, p. 154.
- « Carnet mondain », L'Abeille de Fontainebleau, no 50 de la 78e année,‎ , p. 1/6 (lire en ligne , consulté le )
- « Informations », L'Abeille de Fontainebleau, no 40 de la 80e année,‎ , p. 3/4 (lire en ligne , consulté le )
- « Pour nos blessés », L'Abeille de Fontainebleau, no 3 de la 81e année,‎ , p. 4/4 (lire en ligne , consulté le )
- « Armée - Blessés », L'Abeille de Fontainebleau, no 41 de la 81e année,‎ , p. 2/7 (lire en ligne , consulté le )
- « Un grand blessé reçoit la médaille militaire », Le Journal, no 8599,‎ , p. 2 (lire en ligne )
- « Nos blessés », L'Abeille de Fontainebleau, no 41 de la 80e année,‎ , p. 2/4 (lire en ligne , consulté le )
- « Société de secours aux blessés », L'Abeille de Fontainebleau, no 23 de la 81e année,‎ , p. 1/4 (lire en ligne , consulté le )
- « Chronique locale », L'Abeille de Fontainebleau, no 44 de la 81e année,‎ , p. 2/4 (lire en ligne , consulté le )
- « La fin tragique du roi des Belges », L'Informateur de Seine-et-Marne, no 14 de la 35e année,‎ , p. 1/6 (lire en ligne , consulté le )
- « On a vendu la propriété Stucken », L'Informateur de Seine-et-Marne, no 10 de la 38e année,‎ , p. 2/8 (lire en ligne , consulté le )
- « Chronique locale », L'Abeille de Fontainebleau, no 7 de la 85e année,‎ , p. 2/4 (lire en ligne , consulté le )
- Agence Jeannin Vaillant, « Chronique locale », L'Abeille de Fontainebleau, no 6 de la 102e année,‎ , p. 1-2/4 (lire en ligne , consulté le )
- Alain André, Promenade dans Alès, Paris, FeniXX, , 229 p. (ISBN 978-2-402-10513-2, lire en ligne ), p. 244
- Yoann Vallier, « Il y a 50 ans, l’OTAN quittait Fontainebleau (1/2) », La République de Seine-et-Marne,‎ (lire en ligne )
- (en) Kenneth Hudson et Ann Nicholls, The Directory of Museums & Living Displays, Londres, Macmillan Publishers, , 3e Ă©d., 1047 p. (ISBN 978-1-349-07014-5, lire en ligne ), p. 248
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- Pascal Villebeuf, « L’INSEAD risque de s´en aller », Le Parisien,‎ (lire en ligne , consulté le )
- Pascal Villebeuf, « Vers un feu vert à l’extension du campus », Le Parisien,‎ (lire en ligne , consulté le )
- « Repères », Le Parisien,‎ (lire en ligne , consulté le )
- Pascal Villebeuf, « Une pépinière d’entreprises haut de gamme à l’Insead », Le Parisien,‎ (lire en ligne , consulté le )
- Stephane Carrere, « Instantané : Albert-G. Stucken », La Justice,‎ , p. 1 (lire en ligne , consulté le )
- Baron de Tully, Annuaire des grands cercles : Cercle de l’Union, Jockey-Club, Cercle agricole, Cercle de la rue Royale, Cercle des chemins de fer, Cercle de l’Union artistique, Sporting-Club / par le baron de Tully, Paris, , 643 p. (lire en ligne ), p. 306
- « Chronique locale », L'Abeille de Fontainebleau, no 3 de la 96e année,‎ , p. 2/4 (lire en ligne , consulté le )
- Valfleury, « Le Carnet du "Figaro" : Deuils », Le Figaro, no 90 de la 115e année,‎ , p. 2 (lire en ligne )