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HĂ©patectomie

Une hĂ©patectomie consiste en l'ablation totale ou partielle du foie. L'ablation du foie du donneur et l'ablation du foie du receveur lors d'une greffe du foie sont toutes deux des hĂ©patectomies. Si un seul lobe du foie est retirĂ©, l'opĂ©ration peut aussi ĂȘtre appelĂ©e une lobectomie du foie et, si un seul segment est retirĂ©, l'opĂ©ration peut ĂȘtre appelĂ© une segmentectomie. Ces hĂ©patectomies partielles peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©es pour retirer une partie du foie d'un donneur vivant en vue d'une transplantation.

Hépatectomie partielle pour enlever un adénome hépatocellulaire géant du lobe gauche du foie.

Bien que le terme soit souvent utilisé pour le prélÚvement du foie d'un donneur de greffe du foie, cet article se concentre sur les résections partielles (en) du tissu hépatique et l'hépatoportoentérostomie (en).

Étymologie

Le mot « hĂ©patectomie » vient du grec. Ainsi, en grec, foie se dit hĂ©par et -ectomie vient de ektomē qui signifie « enlever », « retirer ».

Histoire

En 1911, un chirurgien allemand travaillant aux États-Unis, Walter Wendel, a signalĂ© une hĂ©patectomie[1].

En 1949, le docteur Ichio Honjo (1913-1987) du Kokura Memorial Hospital (plus tard professeur de chirurgie à l'Université de Kyoto) a effectué une lobectomie droite pour un carcinome hépatocellulaire, opération qu'il signale[2] - [3] - [4].

En 1952, le docteur Jean-Louis Lortat-Jacob (1908-1992), en France, rapporte une hépatectomie[5]. Dans ce troisiÚme cas, la patiente était une femme de 58 ans diagnostiquée avec un cancer colorectal qui s'était métastasé au foie.

Indications

Vue de l'incision sous-costale droite aprÚs résection du lobe gauche pour enlever la tumeur du foie.

La plupart des hĂ©patectomies sont rĂ©alisĂ©es pour le traitement des nĂ©oplasmes hĂ©patiques, bĂ©nins ou malins. Les nĂ©oplasmes bĂ©nins comprennent l'adĂ©nome hĂ©patocellulaire, l'hĂ©mangiome hĂ©patique et l'hyperplasie nodulaire focale. Les tumeurs malignes (cancers) du foie les plus courantes sont les mĂ©tastases ; celles rĂ©sultant du cancer colorectal sont parmi les plus courantes et les plus propices Ă  la rĂ©section chirurgicale. La tumeur maligne primitive du foie la plus frĂ©quente est le carcinome hĂ©patocellulaire. L'hĂ©patectomie peut Ă©galement ĂȘtre la procĂ©dure de choix pour traiter les calculs biliaires intrahĂ©patiques ou les kystes parasitaires du foie. Des hĂ©patectomies partielles sont Ă©galement rĂ©alisĂ©es pour retirer une partie d'un foie d'un donneur vivant en vue d'une transplantation.

Les hĂ©patectomies se rĂ©partissent en quatre catĂ©gories selon la partie du foie qui doit ĂȘtre opĂ©rĂ©e :

  • hĂ©patectomie droite ;
  • hĂ©patectomie gauche ;
  • rĂ©section sous-rĂ©gionale du foie ;
  • lobectomie caudĂ©e hĂ©patique.

Technique

Une hĂ©patectomie est considĂ©rĂ©e comme une intervention chirurgicale majeure effectuĂ©e sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale. L'accĂšs est rĂ©alisĂ© par laparotomie, gĂ©nĂ©ralement par une incision sous-costale bilatĂ©rale (en « chevron »), Ă©ventuellement avec extension mĂ©diane (incision de Calne ou « Mercedes-Benz »). Un abord antĂ©rieur, l'un des plus innovants, est rendu plus simple par la manƓuvre de suspension du foie[6]. Les hĂ©patectomies peuvent ĂȘtre anatomiques, c'est-Ă -dire que les lignes de rĂ©section correspondent aux limites d'un ou plusieurs segments fonctionnels du foie tels que dĂ©finis par la classification de Couinaud[7] ; ou elles peuvent ĂȘtre non anatomiques, irrĂ©guliĂšres ou hĂ©patectomies « en coin ». Les rĂ©sections anatomiques sont gĂ©nĂ©ralement prĂ©fĂ©rĂ©es en raison du moindre risque d'hĂ©morragie et de fistule biliaire ; cependant, des rĂ©sections non anatomiques peuvent Ă©galement ĂȘtre effectuĂ©es en toute sĂ©curitĂ© dans certains cas[8].

La manƓuvre de Pringle (en) (obstruction du flux sanguin Ă  10-15 minutes d'intervalle avec 5 minutes de reperfusion pendant 120 minutes maximum) est gĂ©nĂ©ralement rĂ©alisĂ©e au cours d'une hĂ©patectomie pour minimiser la perte de sang - mais cela peut entraĂźner une lĂ©sion de reperfusion (en) dans le foie en raison d'une ischĂ©mie[9].

Dans les centres spĂ©cialisĂ©s, une hĂ©patectomie laparoscopique mini-invasive peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e, aidĂ©e par une Ă©chographie prĂ©opĂ©ratoire. La partie du foie peut ĂȘtre enlevĂ©e avec un endobag par une laparotomie prĂ©cĂ©dente ou en agrandissant l'une des entrĂ©es[10].

Complications

L'hĂ©morragie est la complication technique la plus redoutĂ©e et peut justifier une rĂ©intervention urgente. La fistule biliaire est Ă©galement une complication possible, bien qu'elle se prĂȘte davantage Ă  une prise en charge non chirurgicale. Les complications pulmonaires telles que l'atĂ©lectasie et l'Ă©panchement pleural sont courantes et dangereuses chez les patients atteints d'une maladie pulmonaire sous-jacente. Les infections sont relativement rare.

L'insuffisance hépatique est la complication la plus grave de la résection hépatique ; il s'agit d'un élément dissuasif majeur dans la résection chirurgicale du carcinome hépatocellulaire chez les patients atteints de cirrhose. C'est également un problÚme, dans une moindre mesure, chez les patients ayant déjà subi une hépatectomie (par exemple, résections répétées pour récidive de métastases du cancer colorectal).

RĂ©sultats

La chirurgie du foie est sûre lorsqu'elle est effectuée par des chirurgiens expérimentés avec un soutien technologique et institutionnel approprié. Comme pour la plupart des interventions chirurgicales majeures, il existe une tendance marquée vers des résultats optimaux de la part des chirurgiens ayant un nombre élevé de cas dans des centres sélectionnés (généralement des centres de cancérologie et des centres de transplantation). La survie à 5 ans des patients cirrhotiques est de 60 % et celle des patients atteints de carcinome hépatocellulaire est de 60 à 80 % dans les tumeurs précoces[11] et de 30 à 50 % dans les tumeurs avancées[12].

Pour des rĂ©sultats optimaux, un traitement combinĂ© avec une chimiothĂ©rapie systĂ©mique ou perfusĂ©e rĂ©gionalement ou une thĂ©rapie biologique doit ĂȘtre envisagĂ©. Avant la chirurgie, des agents cytotoxiques tels que l'oxaliplatine administrĂ©s par voie systĂ©mique pour les mĂ©tastases colorectales ou la chimioembolisation pour le carcinome hĂ©patocellulaire peuvent rĂ©duire considĂ©rablement la taille de la masse tumorale, permettant alors des rĂ©sections qui enlĂšveraient uniquement un segment ou une partie en coin du foie. Ces procĂ©dures peuvent Ă©galement ĂȘtre facilitĂ©es par l'application d'une pince hĂ©patique (pince hĂ©patique Lin ou Chu ; Pilling no.604113-61995) afin de minimiser la perte de sang.

Une analyse de 2313 hépatectomies en 2009 a révélé un taux de mortalité de 2,5 % et un taux de complications postopératoires de 19,6 %[13].

Voir aussi

Pages connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Joseph C. Segen, Concise Dictionary of Modern Medicine, McGraw-Hill, (ISBN 978-88-386-3917-3, lire en ligne)

Notes et références

  1. W. Wendel, « BeitrĂ€ge zur Chirurgie der Leber », Arch Klin Chir, vol. 95,‎ , p. 887-894
  2. (ja) Ryoichi Tsuchiya, « æˆ‘ăŒć›œăźè‚è†”ć€–ç§‘ć­Š : 1.æœŹćș„äž€ć€«èš˜ćż”ă‚·ăƒłăƒă‚žă‚Šăƒ ă«ă‚ˆă›ăŠ(<ç‰č集>扔造ずèȘżć’Œ » [« Surgery of the liver and pancreas in Japan--message to the special symposium commemorating Dr. Ichio Honjo »], Nihon Geka Gakkai Zasshi, vol. 103, no 3,‎ , p. 318–21 (PMID 11968765, lire en ligne)
  3. æœŹćș„䞀怫, « è‚è‡“ćłè‘‰ïŒˆäșœïŒ‰ć…šćˆ‡é™€ă«ă€ă„お », æ‰‹èĄ“, no 4,‎ , p. 345-349
  4. I. Honjyo et C. Araki, « Total resection of the right lobe of the liver », J. Internat. Coll. Surgeons., vol. 23, no 1 Pt 1,‎ , p. 23-28 (PMID 13233556)
  5. JL Lortat-Jacob et HG Robert, « HĂ©patectomie droite rĂ©glĂ©e », La Presse MĂ©dicale, vol. 60, no 26,‎ , p. 549–51 (PMID 14948909)
  6. Guido Liddo, Emmanuel Buc, Ganesh Nagarajan, Masaaki Hidaka, Safi Dokmak et Jacques Belghiti, « The liver hanging manoeuvre », HPB, vol. 11, no 4,‎ , p. 296–305 (PMID 19718356, PMCID 2727082, DOI 10.1111/j.1477-2574.2009.00068.x)
  7. Henry Knipe et Jeremy Jones, « Couinaud classification », UBM Medica Network (consulté le )
  8. International Hepato-Pancreatico-Biliary Association (IHPBA) Terminology for Liver Resections
  9. Smyrniotis V, Farantos C, Kostopanagiotou G, Arkadopoulos N. Vascular control during hepatectomy: review of methods and results. World J Surg. 2005;29:1384-96
  10. JARUFE C, NicolĂĄs et al . HepatectomĂ­a laparoscĂłpica. Rev Chil Cir, Santiago , v. 65, n. 5, p. 463-471, sept. 2013. Disponible en <http://www.scielo.cl/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0718-40262013000500016&lng=es&nrm=iso>. accedido en 28 agosto 2017. http://dx.doi.org/10.4067/S0718-40262013000500016.
  11. J.M. Llovet, M. Schwartz, V. Mazzaferro Resection and liver transplantation for hepatocellular carcinoma Semin Liver Dis, 25 (2005), pp. 181-200
  12. J. Llovet, M. Ducreux. EASL-EORTC, Clinical practice guidelines: Management of hepatocellular carcinoma. J Hepatol., 56 (2012), pp. 908-943
  13. Aloia TA, Fahy BN, Fischer CP, et al. Predicting poor outcome following hepatectomy: analysis of 2313 hepatectomies in the NSQIP database. HPB (oxford) 2009;11:510–515.
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