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Hébé

Dans la mythologie grecque, Hébé (en grec ancien Ἥβη / Hếbê) est la déesse personnifiant la jeunesse, la vitalité et la vigueur des jeunes. Fille de Zeus et d'Héra, soeur d'Arès[1], elle protège les jeunes mariés. Son équivalent romain est Juventas[1].

Hébé
Déesse de la mythologie grecque
Image illustrative de l’article Hébé
Caractéristiques
Nom grec ancien Ἥϐη/Hếbê, Hébé
Fonction principale Déesse de la Jeunesse, du Pardon, de la Lumière et de l'Immortalité
Résidence Mont Olympe
Groupe divin Divinités olympiennes
Équivalent(s) par syncrétisme Juventas
Région de culte Grèce antique
Famille
Père Zeus
Mère Héra
Fratrie
Conjoint Héraclès
• Enfant(s) Alexiarès et Anicétos
Ganymède accueilli dans l'Olympe par Zeus, une déesse et Hébé (sur la droite). Staatliche Antikensammlungen de Munich.
Hébé endormie par Albert-Ernest Carrier-Belleuse,(1869), marbre, Paris, musée d'Orsay.

Avant l'arrivée de Ganymède sur l'Olympe, elle sert d'échansonne aux dieux. À ce titre, c'est elle qui versait aux dieux de l'Olympe le nectar qui leur permettait de jouir d'une éternelle jeunesse et de l'Immortalité[1]. Une tradition, sans doute tardive, la donne pour épouse de Héraclès. Avec son époux, elle mis au monde deux fils, Alexiarès et Anicétos[1].

Mythe

Elle est citée par la Théogonie comme fille de Zeus et Héra, à l'instar d'Ilithyie et d'Arès[2]. Pour autant, une tradition vivace veut qu'elle soit la fille d'Héra seule — invitée à un festin par Apollon, elle aurait mangé tant de laitues sauvages, qu'elle, qui était jusqu’alors stérile, donna naissance à Hébé[3], précise une source tardive[4]. Homère fait de celle-ci la mère d'Arès et d'Hébé, sans mentionner de père[5] . Pindare fait de même pour Ilithyie et Hébé[6].

Dans l’Iliade, où son ascendance n'est pas mentionnée, elle est citée par trois fois : elle sert aux dieux d'échansonne, leur versant l'ambroisie et le nectar[7] pour leur donner la jeunesse éternelle ; elle soigne les blessures que Diomède inflige à son frère Arès[8] ; elle aide Héra à atteler son char[9]. Ce premier rôle d'échansonne ne paraît pas être son activité principale : il n'est mentionné qu'une fois, et l’Iliade mentionne également Héphaïstos à cet office. Iris est plus fréquemment associée à ce rôle, à la fois dans les textes et l'iconographie, avant d'être supplantée par Ganymède. Après un faux pas lors d'un banquet, Hébé tomba de manière peu décente, et Zeus, pour éviter que cela ne se reproduisît, en profita pour charger Ganymède, un jeune mortel qu’il avait enlevé, de cette tâche. Il devint alors le nouvel échanson des Dieux[10].

Selon l’Odyssée, la Théogonie[11] et le Catalogue des femmes[12], elle épouse Héraclès après l'apothéose de ce dernier. Elle en a un fils, Alexiarès, et une fille, Anicétos[13]. Cependant, le thème de la montée au ciel du héros pouvant être daté du VIe siècle av. J.-C., il semble que ces mentions soient interpolées. Aristarque de Samothrace avait déjà athétisé, c'est-à-dire rejeté comme suspect le passage incriminé de l’Odyssée, le considérant comme contradictoire avec celui de l’Iliade où Hébé baigne Arès, arguant du fait que baigner quelqu'un est le devoir des jeunes filles[14] — à tort, puisque le bain est plutôt préparé par des servantes. Elle est aussi la femme d’Héraclès venu vivre dans l'Olympe.

Attendu que l'éternelle jeunesse est l'une des caractéristiques des dieux olympiens, il est difficile d'évaluer son rôle. Peut-être, à un stade archaïque du mythe, sa présence était-elle nécessaire pour conserver aux dieux leur jeunesse.

Représentations

Antiquité

Dans l'art grec, Hébé est la plupart du temps représentée en compagnie d'Héraclès. Un aryballe corinthien et quelques vases attiques, à figures noires ou rouges, dépeignent ainsi ses noces avec le héros dans l'Olympe. Elle apparaît également comme échansonne de Zeus ou d'Héra sur des vases attiques à figures rouges, mais sans que son identification soit certaine. Par la suite, elle est souvent dépeinte comme compagne de la déesse Aphrodite. On la voit souvent comme une douce jeune fille.

Époque moderne

Hébé était un sujet d'art très populaire dans la période allant d'environ 1750 à 1880, ayant attiré peu d'attention artistique avant ou après. Nombre de ses représentations sont des portraits de femmes existantes, pour lesquelles au minimum les seules modifications à apporter à un costume normal étaient une robe blanche légère, des fleurs dans les cheveux et une coupe à tenir. La plupart des artistes ont ajouté un aigle et un décor au milieu des nuages. En français, il existait même un terme spécial, "en Hébé", pour décrire ce type de portrait. La personnification apparaît dans les styles rococo, Grand Manner et néoclassique. Même certains modèles très aristocratiques permettaient un certain degré de nudité, comme l'exposition d'un seul sein, bien que cela soit souvent beaucoup plus important dans les représentations non-portrait.

Culte

Hébé était vénérée dans divers lieux, en Grèce et en Italie. Elle possède un temple à Corinthe, est adorée dans le Péloponnèse à Sicyone et à Phlionte dans un bois sacré sous le nom de Ganyméda et de Dia, ainsi qu'à Athènes, où elle a plusieurs temples, en tant que déesse de la jeunesse « Juventas ».

Évocations artistiques

Les Fêtes d'Hébé est un opéra de Rameau. Hébé est aussi un personnage des Indes galantes et apparaît encore dans la première entrée (La Fable) des Fêtes de Polymnie du même Rameau. Gluck a composé parmi ses opéras italiens de jeunesse Les Noces d'Hercule et d'Hébé (Le nozze d'Ercole e d'Ebe) et Jean Féry Rebel un air à boire, Le nectar qu'Hébé verse aux Dieux. Le célèbre sculpteur italien Canova l'a sculptée plusieurs fois. Moins connu, l'universitaire et poète Barthélémy A. Taladoire lui consacre un sonnet érotique dans son recueil Mythologiques[15]. Louise-Victorine Ackermann lui consacre un poème dans son recueil Contes et poésies, mis en musique par Ernest Chausson dans la mélodie éponyme opus 7 n°2.

Journal d’une déesse de Teresa Buongiorno est un roman pour adolescent, qui raconte la vie de la jeune déesse. Son père, Zeus, pour ses 12 ans, lui donne un rouleau de papyrus, qu’elle décide d’utiliser comme journal intime. Ce roman nous plonge dans le quotidien de cette adolescente, et humanise ces dieux ancestraux. Entre secrets familiaux et vie de l’Olympe, Hébé nous confie de son œil d’adolescente les secrets de son monde[16].

Sources

Notes et références

  1. Joël Schmidt, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Larousse, , 366 p. (ISBN 9-782035-936318), p. 154
  2. Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne], vers 922. Le même vers se retrouve dans l'Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne], XI, 604, mais il s'agit d'un ajout d'Onomacrite et le vers est noté comme interpolé dans les éditions récentes.
  3. Andreas Almalis, Les Divinités de la mythologie grecque La désymbolisation et l'interprétation Manuel de vertu et tentative de philosopher de la Vie, page 539.
  4. Premier Mythographe du Vatican, 104.
  5. Hymne à Héra ; cité par Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], II, 13, 3.
  6. Pindare, Odes [détail des éditions] (lire en ligne), Néméennes VII, 1-5 et X, 18.
  7. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], IV, 2-3.
  8. Iliade, V, 905.
  9. Iliade, V, 722.
  10. « Hébé », sur Imago Mundi.
  11. Théogonie, 950-955.
  12. Catalogue des femmes [détail des éditions], frag. 25.26-29 MW).
  13. Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 7, 7).
  14. (en) G. S. Kirk (éd.), The Iliad: a Commentary, vol. II : Chants V-VIII, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-28172-5), note au vers 905 chant V. Voir aussi le scholiaste de l'Odyssée, XI, 602.
  15. Barthélémy A. Taladoire, Mythologiques, La Pléiade, , p. 22.
  16. « résumé de "Journal d'une déesse" », sur Babelio.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) A. B. Cook, « Who Was the Wife of Zeus? », The Classical Review, vol. 20, no7 (octobre 1906), p. 365-378.
  • (en) Timothy Gantz, Early Greek Myth, Johns Hopkins University Press, [détail de l’édition], p. 81-82.
  • Joël Schmidt, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, 2017.

Liens externes

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