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Guy Lintz

Guy Pierre Émile Lintz, né le à Meymac (Corrèze) et mort le à Limoges (Haute-Vienne)[1] - [2], est un historien, archéologue et conservateur du patrimoine français.

Guy Lintz
Guy Lintz en septembre 2011.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  77 ans)
Limoges
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Directeur de thèse

Il est spécialisé dans l'histoire antique du Limousin et plus particulièrement les périodes gauloises (Lémovices) et romaines.

Biographie

Début de carrière

Guy Lintz occupe, au début de sa vie professionnelle, un poste de chef de gare sur le plateau de Millevaches[2]. Il rencontre très tôt une figure régionale, Marius Vazeilles, qui le mène rapidement sur la voie de l'archéologie[2].

Ultérieurement, il suit, au sein de l'École pratique des hautes études, les enseignements de Paul-Marie Duval[2].

De 1966 à 1967, il reprend la fouille de l'établissement antique de Gourdon-Murat[3]. Les dernières dataient de 1936. Ses travaux mettent en évidence trois phases d'occupation sur le site allant du milieu du Ier à la fin du IIIe siècle[4].

Il rejoint la direction des Antiquités historiques du Limousin en 1971 en tant qu'agent technique[2]. Ses missions sont variées : contrôle des fouilles, sauvetages, encadrement de jeunes débutants, production graphique et gestion du matériel de chantier. En 1972, aux côtés de Pascal Texier, les fouilles de sauvetage de l'abbatiale Saint-Martial de Limoges lui sont confiées. De 1973 à 1974, il est le seul responsable du chantier archéologique[5].

En 1975, il sonde le site de l'enceinte du puy de Sermus à Saint-Geniez-ô-Merle au lieu-dit Le Bos. Il est alors agent technique auprès de la DRAC. La même année et jusqu'en 1976, il poursuit la fouille d'un bâtiment sur le site gallo-romain des Cars à Saint-Merd-les-Oussines. Jean-Michel Desbordes rapporte qu'il relève avec exactitude les plans du sanctuaire et de ce bâtiment qui se révèle être une villa composée de plusieurs salles[6].

Publications, thèse

Jusqu'en 1981, Guy Lintz signe plus d'une cinquantaine de publications. La même année, il supervise et réalise la Carte archéologique de la Gaule pour le département de la Corrèze[7].

De 1981 à 1982, il dirige les campagnes de fouilles du site du sanctuaire des Jaillants à Pradines. Ces deux nouvelles campagnes de fouilles révèlent une occupation antérieure à sa construction. La conduite de ces campagnes successives a permis d'avoir une connaissance plus précise du site. La découverte de céramique gauloise permet de mieux situer dans le temps l'occupation du sanctuaire au Ier siècle av. J.-C. et de montrer que la construction du Fanum était postérieure à cette époque, puis de mettre en évidence la période d'abandon du monument avant la fin du IIIe siècle.

En 1989, à 45 ans, il soutient une thèse en art et en archéologie à l'université Paris I intitulée « L'utilisation de la micro-informatique en archéologie, un exemple : la céramique commune gallo-romaine en Limousin » sous la direction de Jean Marcadé. Au cours de ce travail, il s'emploie à la réalisation d'un fichier informatique descriptif des céramiques. Il met en évidence la céramique funéraire par rapport à la céramique d'habitat[8]. Cet intérêt pour le funéraire, Guy Lintz le garde tout au long de sa vie, et s'intéresse aux rites mortuaires par le biais des techniques d’inhumation, d’incinération, les coffres, urnes et monuments funéraires et les objets qui accompagnaient le défunt dans la mort.

En 1993, il est nommé conservateur en chef du patrimoine[9].

« Saint-Gence, le village gaulois »

Guy Lintz dirige des fouilles archĂ©ologiques menĂ©es Ă  Saint-Gence (Haute-Vienne)[10]. C'est grâce Ă  lui que la commune tient sa notoriĂ©tĂ© archĂ©ologique. Depuis 1998, dix campagnes programmĂ©es se sont succĂ©dĂ© sur trois parcelles non contiguĂ«s : Le Pâtureau, Le Bourg, La Gagnerie. Elles ont permis de fouiller sur 6 000 m2 près de 3 000 structures gauloises (trous de poteaux, fosses, puits)[11]. Au total, sur dix annĂ©es de fouilles ce sont 100 000 tessons d'amphores qui sont exhumĂ©s. Une grande majoritĂ© des vestiges se rapporte Ă  La Tène jusqu'au dĂ©but de l'Ă©poque romaine.

À l'initiative de Guy Lintz, la ville de Saint-Gence ouvre le musée archéologique de la cité des Lémovices[3]. Il trie et met en valeur les objets exposés, rédige les textes les accompagnant, dans une optique de vulgarisation. Il donne de nombreuses conférences auprès d'associations locales afin de faire connaître le site[12].

Le Pâtureau

Un projet de lotissement communal a nĂ©cessitĂ© un diagnostic archĂ©ologique prĂ©alable visant deux parcelles. Ă€ la lecture des premiers rĂ©sultats, il fut dĂ©cidĂ© de n'en privilĂ©gier qu'une des deux, oĂą les structures semblaient plus nombreuses. Cette parcelle d'environ 35 m sur 45 m fut fouillĂ©e en 1998 et 1999 et rĂ©vĂ©la 600 structures organisĂ©es de façon rĂ©gulière avec quatre concentrations de trous de poteaux. Ces zones correspondent Ă  l'emplacement de construction qui se sont succĂ©dĂ© durant 150 Ă  200 ans[13].

Le Bourg

Un autre projet de lotissement à l'est du bourg nécessita un nouveau diagnostic archéologique en 1998, portant sur une surface de 4 hectares. Ce diagnostic a révélé une structure gallo-romaine constituée de murs associés à des fossés, des trous de poteau et des fosses. Deux autres ensembles de structures fouillées à l'est de la parcelle indiquent une occupation à la période Tibère-Claude[13].

La Gagnerie

Un nouveau projet de construction impliqua une autre fouille, conduite de 2003 à 2007. Elle permet d'identifier la limite sud de l'agglomération. Sur cette parcelle de nombreux trous de poteaux sont mis au jour, ainsi que des puits et des fosses de plusieurs dimensions. Un millier de structures en creux a été fouillé.

Un autre projet de construction sur le site de La Gagnerie dĂ©clencha un nouveau diagnostic, sur une superficie de 5 hectares[14]. Ce diagnostic dĂ©clencha une nouvelle fouille, conduite en 2009 par Christophe Maniquet, archĂ©ologue de l'INRAP[15]. Cette fouille se concentra sur 3 200 m2 et rĂ©vĂ©la 537 structures en creux (trous de poteaux de bâtiments…). Neuf puits sont Ă©galement identifiĂ©s mais seulement quatre sont inspectĂ©s.

Retraite et implications diverses

En 2005, à 61 ans, il prend sa retraite[16] sans pour autant stopper ses recherches. Par ailleurs, il conserve sa charge honoraire en qualité de conservateur du patrimoine à la DRAC Limousin.

Il publie une partie de son travail sur son site internet Nalfin[17]. Par ce biais, une très grande partie de ses recherches est rendue accessible, concernant le site de Saint-Gence, la tombe gauloise de Saint-Augustin, la nécropole gallo-romaine de Pontarion, le site gallo-romain des Mazières et la céramique commune gallo-romaine en Limousin. Il coécrit plusieurs de ses articles avec sa femme, Catherine. Ses multiples contributions ont grandement participé à connaître l'histoire antique du Limousin.

De 2010 à 2015, il est vice-président de l'association Fondation Marius-Vazeilles qui gère le musée d'archéologie et du patrimoine Marius-Vazeilles de Meymac. Conseiller scientifique pour l'archéologie antique et protohistorique, il participe notamment à la mise en place d'expositions temporaires comme celle sur les Étrusques en 2017 et celle sur les Gaulois en 2019[2].

En 2019, il est présent lors de l'inauguration du musée archéologique de la cité des Lémovices[18].

Il meurt le , Ă  l'âge de 77 ans Ă  Limoges (Haute-Vienne). Il est enterrĂ© au cimetière de Nexon.

Hommages

Plaque du Musée Archéologique Lémovice Guy Lintz de Saint-Gence
Plaque du Musée archéologique lémovice Guy Lintz de Saint-Gence.

Le , un hommage lui est rendu lors d'une conférence organisée par l'association Les Lémovices en fête.

Le 17 mars 2023, le musée archéologique de la cité des Lémovices de Saint-Gence prend le nom de « Musée archéologique lémovice Guy Lintz »[19] - [20].

Publications

De 1967 à 2017, Guy Lintz signe 139 publications[21], composées d'articles de revues et bilans scientifiques mais aussi de livres telles que sa participation à l'établissement de la Carte archéologique de la Gaule Romaine (1981) ou de son ouvrage Saint-Gence, le village gaulois (2012).

Liste non exhaustive triée par ordre chronologique (du plus récent au plus ancien).

Ouvrages

  • Guy Lintz, Saint-Gence : Le village gaulois, Culture et Patrimoine en Limousin, , 104 p. (ISBN 978-2-911167-75-1)
  • Guy Lintz, La nĂ©cropole gallo-romaine des Sagnes Ă  Pontarion (Creuse), Des publications Chauvinoises, MĂ©moire XX, , 372 p. (ISBN 978-2-909165-46-2)
  • Guy Lintz et Isabelle Sautereau, Sanctuaires et habitat antiques de la Montagne limousine : Les Cars (Corrèze), ItinĂ©raires du Patrimoine, (ISBN 978-2-911167-08-9), chap. 113
  • Guy Lintz, La Corrèze, Paris, AcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Carte archĂ©ologique de la Gaule » (no 19), (ISBN 2-87754-017-0).
  • Guy Lintz, Thierry Zimmer et BenoĂ®t-Henri Papounaud, Rougnat et son Ă©glise, Creuse. Un dĂ©cor exceptionnel du XVIIIe siècle, Limoges, Culture et patrimoine en Limousin, coll. « ItinĂ©raires du patrimoine » (no 174), (ISBN 2-911167-18-X).
  • Jean-Michel Desbordes, Claire Moser-Gautrand, Guy Lintz et François Moser, Les origines de Brive, Brives, Association des antiquitĂ©s historiques du Limousin, , 71 p.
  • Carte archĂ©ologique de la Gaule romaine, Corrèze, CNRS, fasc. XIV, , 164 p. (ISBN 978-2-877540-17-9)

Articles

  • Guy Lintz, « Les rites funĂ©raires gallo-romains en Limousin », dans Marius Vazeilles et le dĂ©veloppement du territoire de Millevaches d’hier Ă  demain, Meymac, Association « Fondation Marius Vazeilles », (lire en ligne), p. 51-62
  • Guy Lintz, « Saint-Gence (Haute-Vienne), le village gaulois », dans Isabelle Bertrand, Alain Duval, JoĂ© Gomez de Soto et Patrick Maguer (dir.), Les Gaulois entre Loire et Dordogne. Actes du XXXIe colloque inter national de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du Fer, 17-20 mai 2007, Chauvigny (Vienne, F), t. 1, Chauvigny, Association des publications chauvinoises, coll. « MĂ©moire » (no XXXIV), (ISBN 978-2-909165-83-7), p. 155-180

Notes et références

  1. INSEE, « Fichier des personnes décédées », sur data.gouv.fr, (consulté le ).
  2. Mousset 2022, p. 28.
  3. Ville de Saint-Gence, « Adieu Guy ! », sur Saint-Gence, .
  4. Lintz 1992, p. 81-82.
  5. Pascal Texier, « Saint-Martial de Limoges. Célébrer le millénaire de l’abbatiale romane 1018-2018 », Bulletin monumental, vol. 178, no 1,‎ , p. 5-6 (ISSN 0007-473X).
  6. Jean-Michel Desbordes, « Circonscription du Limousin », Gallia, vol. 35, no 2,‎ , p. 429–448 (lire en ligne, consulté le ).
  7. Lintz 1992.
  8. Guy Lintz, « Travaux universitaires. L'utilisation de la micro-informatique en archéologie. Un exemple : la céramique commune gallo-romaine en Limousin », Revue archéologique du Centre de la France, vol. 29, no 1,‎ , p. 87-88 (ISSN 1159-7151, lire en ligne, consulté le ).
  9. Arrêté du 5 mars 1993 portant inscription à un tableau d'avancement (conservateurs en chef du patrimoine).
  10. « Habitat gaulois en Limousin par Guy Lintz », La Montagne,‎ (ISSN 0767-4007, lire en ligne).
  11. Lontcho Frédéric, « Un peu d'histoire. Dans ce petit bourg des environs de Limoges, aucun vestige de l’Antiquité n’est apparent », sur Commune de Saint-Gence (consulté le ).
  12. Conférence donnée en 2001, « Les résultats des fouilles de Saint-Gence » : « Manifestations et expositions », sur Association Nieul et Alentours en Limousin (consulté le ).
  13. Guy Lintz, Saint-Gence : le village gaulois, (ISBN 978-2-911167-75-1 et 2-911167-75-9, OCLC 803809035, lire en ligne)
  14. Christophe Maniquet, « Saint-Gence. École maternelle », Bilan scientifique de la région Limousin. 2007,‎ , p. 69-71 (lire en ligne, consulté le ).
  15. Christophe Maniquet, Saint-Gence. La Gagnerie, (lire en ligne), p. 74-75.
  16. Arrêté du 17 mai 2005 portant admission à la retraite (conservateurs en chef du patrimoine).
  17. « Nalfin - Guy Lintz », sur nalfin.fr (consulté le ).
  18. Marjorie Queuille, « Avec son musée flambant neuf, Saint-Gence peut enfin mettre en lumière son passé gaulois », Le Populaire du Centre,‎ (ISSN 1144-424X, lire en ligne).
  19. Centre France, « Saint-Gence - Toujours des atouts à développer », sur lepopulaire.fr, (consulté le ).
  20. « Saint-Gence honore la mémoire de Guy Lintz », sur saint-gence.fr (consulté le ).
  21. « Guy Lintz : bibliographie », sur nalfin.fr (consulté le )

Voir aussi

Hommage

  • HĂ©lène Mousset, « In Memoriam Guy Lintz », Bilan scientifique de la rĂ©gion Nouvelle-Aquitaine 2019,‎ , p. 28 (ISSN 2650-8346, lire en ligne, consultĂ© le )

Liens externes

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