Guillermo Lasso
Guillermo Lasso Mendoza, nĂ© le Ă Guayaquil, est un homme d'affaires et homme d'Ătat Ă©quatorien. Il est prĂ©sident de la rĂ©publique de l'Ăquateur depuis le .
Guillermo Lasso | |
Guillermo Lasso en 2023. | |
Fonctions | |
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PrĂ©sident de la rĂ©publique de l'Ăquateur | |
En fonction depuis le (2 ans, 1 mois et 8 jours) |
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Ălection | 11 avril 2021 |
Vice-président | Alfredo Borrero |
PrĂ©dĂ©cesseur | LenĂn Moreno |
Ministre-secrĂ©taire de lâĂconomie | |
â (1 mois et 7 jours) |
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Président | Jamil Mahuad |
Prédécesseur | Fonction créée |
Successeur | Fonction supprimée |
Gouverneur de la province du Guayas | |
â (1 an et 7 jours) |
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Prédécesseur | Rafael Guerrero Valenzuela |
Successeur | BenjamĂn Rosales Valenzuela |
Biographie | |
Nom de naissance | Guillermo Alberto Santiago Lasso Mendoza |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Guayaquil (Ăquateur) |
NationalitĂ© | Ăquatorienne |
Parti politique | Mouvement CREO |
Profession | Homme d'affaires, banquier |
Religion | Catholicisme |
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PrĂ©sidents de la rĂ©publique de l'Ăquateur | |
Banquier de profession, il est gouverneur de la province du Guayas Ă partir de 1998 et briĂšvement ministre-secrĂ©taire de lâĂconomie en 1999.
LibĂ©ral-conservateur, il fonde le Mouvement CREO en 2012 et se prĂ©sente sans succĂšs aux Ă©lections prĂ©sidentielles de 2013 et de 2017, Ă©tant respectivement battu par Rafael Correa puis par LenĂn Moreno. Il lâemporte finalement en 2021 face Ă AndrĂ©s Arauz.
Au pouvoir, il est confronté à plusieurs mouvements de protestation, en particulier les manifestations indigÚnes de 2022. Sa présidence est également marquée par une forte hausse de l'insécurité. Devenu trÚs impopulaire, objet d'une procédure de destitution pour corruption enclenchée par l'Assemblée nationale, il dissout cette derniÚre en mai 2023, entrainant des élections législatives et présidentielle anticipées six mois plus tard.
Situation personnelle
Le Figaro dĂ©crit Guillermo Lasso comme un « pur produit de la bourgeoisie de Guayaquil » (capitale Ă©conomique de lâĂquateur situĂ©e sur la cĂŽte pacifique)[1]. En 1977, il obtient de son beau-frĂšre la direction de la banque de Guayaquil[2]. Il est Ă©galement prĂ©sident de l'Association des banques privĂ©es dâĂquateur de 1993 Ă 1997[3].
Parcours politique
DĂ©buts
Guillermo Lasso est gouverneur de la province du Guayas entre 1998 et 1999.
Il est nommĂ© ministre-secrĂ©taire de lâĂconomie en par le prĂ©sident Jamil Mahuad. Il dĂ©missionne le mois suivant, Ă©tant en dĂ©saccord sur la question d'un moratoire sur le paiement de la dette extĂ©rieure que dĂ©fend le prĂ©sident, alors que la crise Ă©conomique pousse Ă l'exil plus d'un million dâĂquatoriens.
En 2003, il accepte le poste d'ambassadeur itinĂ©rant que lui propose le prĂ©sident Lucio GutiĂ©rrez. Il s'affaire en particulier Ă rechercher des accords commerciaux avec les Ătats-Unis et Ă resserrer les relations diplomatiques avec ce pays.
En 2012, il lance son parti, le Mouvement CREO, dont César Monge prend la présidence.
Ălection prĂ©sidentielle de 2013
Candidat Ă lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2013, il arrive en deuxiĂšme position avec 22,7 % des voix, tandis que le prĂ©sident Rafael Correa est rĂ©Ă©lu avec 57,2 % des voix au premier tour.
Ălection prĂ©sidentielle de 2017
De nouveau candidat Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle en 2017 sur un programme « nĂ©o-libĂ©ral modĂ©rĂ© »[1], il promet de supprimer une douzaine dâimpĂŽts, de crĂ©er un million d'emplois et dâexpulser Julian Assange de l'ambassade Ă©quatorienne au Royaume-Uni. Il se qualifie pour le second tour avec 28,1 % des voix contre 39,3 % Ă son principal adversaire, LenĂn Moreno. Il perd face Ă celui-ci avec 48,8 % des voix[4].
Ă la suite de l'annonce qu'il juge anormalement longue des rĂ©sultats du premier tour et Ă des rumeurs de manipulations, il ne reconnaĂźt pas le rĂ©sultat et demande un recomptage des voix[5]. Alexander Vega, prĂ©sident du Conseil national Ă©lectoral de Colombie et coordinateur de la Mission des observateurs de lâUnasur, dĂ©ment les accusations de fraude, prĂ©cisant : « nous avons Ă©tĂ© 400 observateurs de lâOEA, de lâUnasur, de lâUniore et de lâAWEB ; dire quâil y a eu une fraude câest dire que nous sommes complices de cette fraude : aucune mission Ă©lectorale internationale ne se prĂȘterait à ça » ; il dĂ©clare aussi que le systĂšme Ă©lectoral Ă©quatorien est « l'un des plus fiables de la rĂ©gion »[6]. L'ancien prĂ©sident uruguayen JosĂ© Mujica, en qualitĂ© de reprĂ©sentant de l'Unasur, confirme Ă©galement la rĂ©gularitĂ© du scrutin[7]. Finalement, Moreno est proclamĂ© prĂ©sident le [8]. La victoire de Moreno est confirmĂ©e aprĂšs le recomptage de 11,2â% des bulletins[9].
Il se rapproche du gouvernement de LenĂn Moreno aprĂšs que ce dernier a entrepris un virage Ă droite, le soutenant face au mouvement de contestation de 2019[10].
Ălection prĂ©sidentielle de 2021
Guillermo Lasso brigue pour la troisiĂšme fois la prĂ©sidence du pays Ă lâoccasion de lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2021, Ă la tĂȘte d'une coalition de droite comprenant son parti, le Mouvement CREO, et le Parti social-chrĂ©tien[11]. Il choisit Alfredo Borrero pour la fonction de vice-prĂ©sident. S'il se dĂ©crit comme un candidat du changement face au gouvernement de Lenin Moreno, son parti a Ă©tĂ© l'un des principaux alliĂ©s de ce dernier au Parlement[11]. Proche du patronat et du secteur de la finance, il dĂ©fend un programme libĂ©ral-conservateur et sa campagne jouit de lâappui des grands mĂ©dias[12].
Avec 19,74 % des voix, il se qualifie de justesse pour le second tour, derriĂšre le socialiste pro-Correa AndrĂ©s Arauz (32,72 %) et devant lâindigĂšne Ă©cologiste Yaku PĂ©rez (19,39 %). Ces rĂ©sultats serrĂ©s â annoncĂ©s aprĂšs un long dĂ©pouillement, marquĂ© par la prĂ©sence de nombreux procĂšs-verbaux litigieux, et alors que le candidat libĂ©ral-conservateur Ă©tait donnĂ© en troisiĂšme position pendant trois jours â dĂ©clenchent une controverse durant l'entre-deux-tours, Yaku Perez Ă©voquant des fraudes en sa dĂ©faveur et refusant de reconnaĂźtre les rĂ©sultats[13].
Guillermo Lasso est Ă©lu au second tour avec 52,4 % des voix, ayant notamment bĂ©nĂ©ficiĂ© du ralliement de Xavier Hervas, candidat centriste arrivĂ© en quatriĂšme position au premier tour, ainsi que d'une partie du mouvement indigĂšne. Le scrutin est marquĂ© par un important nombre de votes nuls (16 %), dont celui de Yaku Perez. AprĂšs s'ĂȘtre proclamĂ© vainqueur avec 50,8 % des suffrages sur la base d'un sondage sortie des urnes, AndrĂ©s Arauz reconnaĂźt la victoire de son adversaire et le fĂ©licite[14] - [15].
Son élection est saluée par les marchés financiers, entraßnant une baisse sensible de la prime du risque souverain[16].
Président de la République
Guillermo Lasso est investi prĂ©sident de la RĂ©publique de l'Ăquateur le [17]. Pendant son mandat de quatre ans, il devra composer avec une AssemblĂ©e nationale â renouvelĂ©e pour la mĂȘme durĂ©e en mĂȘme temps que le premier tour de lâĂ©lection prĂ©sidentielle â dans laquelle son parti dĂ©tient seulement 12 des 137 siĂšges, ce qui le conduira Ă faire de nombreux compromis par rapport Ă ses promesses de campagne[18]. Il est Ă©galement confrontĂ© Ă plusieurs crises gouvernementales, en avril 2022[19], et en juillet de la mĂȘme annĂ©e[20].
Ăconomie
Lors de son entrĂ©e en fonction, lâĂquateur est confrontĂ© Ă une trĂšs importante crise Ă©conomique, son PIB ayant reculĂ© de 8 % en 2020, notamment en raison de la pandĂ©mie de Covid-19 et de la baisse des cours du pĂ©trole[21]. Face Ă la crise sanitaire, Guillermo Lasso fait passer le salaire minimum de 400 Ă 425 dollars[22], supprime les dettes des citoyens allant jusqu'Ă 1 000 dollars[23], et annonce la rĂ©gularisation des dizaines de milliers de migrants vĂ©nĂ©zuĂ©liens ayant fui la crise Ă©conomique vĂ©nĂ©zuĂ©lienne[24].
La veille de son investiture, il annonce la privatisation de trois raffineries, d'autoroutes, de la compagnie publique des tĂ©lĂ©communications et de la Banco del PacĂfico, ainsi que l'exemption dâimpĂŽts pour les investissements dans le secteur du tourisme, particuliĂšrement touchĂ© par la pandĂ©mie, pour une durĂ©e de trente ans[25].
Il annonce en septembre 2021 le lancement de la Loi de crĂ©ation d'opportunitĂ©s (CREO), du nom de son parti politique, comprenant une rĂ©forme fiscale et lâassouplissement du code du travail. La loi prĂ©voit une baisse de la TVA pour plusieurs produits, la suppression de l'impĂŽt sur les successions pour les enfants et les conjoints, la suppression de la taxe sur les petites entreprises, la flexibilisation des modalitĂ©s d'embauche et des horaires de travail pour les nouveaux emplois, et la crĂ©ation de zones franches avec incitations fiscales pour attirer les investissements Ă©trangers[26]. Il ne parvient toutefois pas Ă faire adopter cette rĂ©forme par lâAssemblĂ©e.
La reprise Ă©conomique est poussive aprĂšs la chute du PIB en 2020 : + 2,8 % en 2021 et + 3,5 % en 2022 selon une projection, pour lâessentiel grĂące aux ventes de pĂ©trole. Câest l'une des plus faibles performances du continent amĂ©ricain. Dans le mĂȘme temps, trĂšs endettĂ©, lâĂquateur subit la pression du Fonds monĂ©taire international (FMI) qui exige des « rĂ©formes structurelles ». Pour continuer dâobtenir les fonds du FMI, le gouvernement choisit de rogner sur les dĂ©penses publiques, conduisant Ă une dĂ©tĂ©rioration des services. MalgrĂ© la pandĂ©mie le secteur hospitalier est ciblĂ© par un plan de licenciements, tandis que les baisses de budget entrainent une pĂ©nurie mĂ©dicaments. La pression sur le niveau de vie des plus pauvres sâest accentuĂ©e[27].
Son gouvernement s'engage en juin 2022 devant l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs à relancer plusieurs centaines de projets miniers qui avaient été suspendus par les gouvernements précédents[28].
Politique sécuritaire
Guillermo Lasso est rapidement confrontĂ© au renforcement du crime organisĂ©, alimentĂ© par lâaccroissement de la pauvretĂ©. Guayaquil, la capitale Ă©conomique de lâĂquateur, est devenu un port de transit stratĂ©gique pour les trafiquants. Le nombre dâhomicides dans la ville augmente de 60 % au cours de l'annĂ©e 2022 par rapport Ă 2021[29].
Dans les prisons, prĂšs de 400 meurtres sont recensĂ©s durant la mĂȘme pĂ©riode[29], faisant des prisons Ă©quatoriennes les plus dangereuses d'AmĂ©rique latine. Les autoritĂ©s attribuent les violences pĂ©nitentiaires aux rivalitĂ©s entre gangs liĂ©s aux cartels de la drogue issus de Colombie et du PĂ©rou, les deux principaux producteurs mondiaux de cocaĂŻne. « Le gouvernement accuse les cartels internationaux pour sâexonĂ©rer de toute responsabilitĂ© », affirme pour sa part l'universitaire Luis Astudillo, qui dĂ©nonce « lâabsence dâune politique publique pĂ©nitentiaire et le manque de moyens octroyĂ©s aux prisons »[30]. Guillermo Lasso dĂ©crĂšte six fois lâĂ©tat dâexception assorti dâun couvre-feu nocturne durant ses dix-huit premiers mois de prĂ©sidence, sans rĂ©sultats. Le taux dâhomicides, qui Ă©tait de 5,8 pour 100 000 habitants en 2017, atteint les 25,9 pour 100 0000 en 2022[31].
Il autorise par dĂ©cret en avril 2023 le port d'armes par des civils dans les rues et les lieux publics. La dĂ©cision prĂ©sidentielle, annoncĂ©e sans dĂ©bat parlementaire ou consultation des organes reprĂ©sentatifs, est rejetĂ©e par d'amples secteurs de la sociĂ©tĂ©. La CONAIE, principale organisation indigĂšne du pays, la juge « irresponsable » et craint lâĂ©mergence de milices paramilitaires dâextrĂȘme droite comme en Colombie. Le Pacte pour l'enfance et l'adolescence, qui regroupe plusieurs associations, et l'Observatoire de suivi des obligations de droits humains, ont demandĂ© au gouvernement l'abandon du dĂ©cret[32].
Opposition au droit Ă l'avortement
Il oppose en février 2022 son véto présidentiel au vote par le Parlement de la légalisation de l'avortement en cas de viol[33].
Mouvements de protestation
Son gouvernement est contestĂ© pendant plusieurs jours en octobre 2021 par des manifestations de mouvements indigĂšnes, d'organisations sociales et syndicales, en protestation contre la flambĂ©e du prix de l'essence[34]. Guillermo Lasso reste toutefois dĂ©terminĂ© Ă ne pas nĂ©gocier avec les manifestants : il appelle ses partisans à « dĂ©fendre » la capitale contre les « putschistes » et instaure l'Ă©tat d'urgence pendant 60 jours, faisant dĂ©ployer lâarmĂ©e dans les rues, officiellement pour combattre le trafic de drogue[34]. Sa popularitĂ© chute en novembre, avec 67 % des Ăquatoriens dĂ©clarant rejeter sa politique contre 25 % la soutenant[35].
Le , un vaste mouvement de protestation Ă©clate dans le pays. LancĂ© principalement par la ConfĂ©dĂ©ration des nationalitĂ©s indigĂšnes de l'Ăquateur (CONAIE), il est dirigĂ© contre la politique de Guillermo Lasso et prĂ©sente comme principales revendications la rĂ©duction du prix des combustibles, la suspension des projets de privatisation, un moratoire d'un an sur le remboursement des prĂȘts bancaires pour les plus modestes, une politique de contrĂŽle des prix agricoles et une hausse des budgets de la santĂ© et de l'Ă©ducation[36]. L'Ă©tat d'urgence est instaurĂ© dans six provinces, dont la capitale, avec un couvre-feu de 22 heures Ă 5 heures, cependant que six personnes sont tuĂ©es et une centaine blessĂ©es. Le 24 juin, l'opposition de gauche au Parlement dĂ©pose une motion de destitution Ă l'encontre de Lasso pour sa mauvaise gestion de la crise[36]. Le 28 juin, alors que Lasso dĂ©cide de suspendre le dialogue avec ses opposants, la motion obtient 80 voix pour et 48 contre alors qu'un minimum de 92 voix est nĂ©cessaire pour pouvoir aboutir[37]. Le taux d'approbation de son gouvernement chute Ă 17 % en juin 2022[38]. Pour mettre fin Ă la crise Guillermo Lasso consent Ă plusieurs concessions. Il sâest ainsi engagĂ© Ă bloquer le prix de lâessence, Ă suspendre la privatisation des services publics et des secteurs stratĂ©giques, Ă subventionner les fertilisants, et Ă augmenter le « bon de dĂ©veloppement humain », une aide aux plus pauvres, de 50 Ă 55 dollars. En parallĂšle, il tente de criminaliser le mouvement indigĂšne. La rĂ©pression policiĂšre est sĂ©vĂšre, causant plusieurs morts, le prĂ©sident de la Conaie, Leonidas Iza, est briĂšvement dĂ©tenu, et le gouvernement lance la rumeur que le mouvement indigĂšne est financĂ© par le « narcotrafic »[27].
Ătat de santĂ©
En juin 2022, Lasso est positif au Covid-19.
En aoĂ»t 2022, Guillermo Lasso annonce aux membre de son cabinet qu'il a reçu un diagnostic de mĂ©lanome quelques jours aprĂšs avoir subi le 29 juillet 2022 une intervention chirurgicale pour une blessure Ă la paupiĂšre. Il y annonce Ă©galement un dĂ©placement aux Ătats-Unis pour des soins et traitements[39].
Référendum
FragilisĂ© et sans majoritĂ© parlementaire claire, Lasso annonce le 12 septembre 2022 la mise au vote populaire de huit questions permettant selon lui « d'affronter les problĂšmes que l'Ăquateur n'a pas Ă©tĂ© en mesure de rĂ©soudre dans le passĂ© ». Le rĂ©fĂ©rendum se tient le 5 fĂ©vrier 2023 et se solde par la victoire du « non » Ă l'ensemble des questions.
Mise en accusation
En mars 2023, il est mis en accusation dans une affaire de corruption. L'AssemblĂ©e nationale vote l'ouverture d'une enquĂȘte sur le chef de lâĂtat aprĂšs qu'un site internet a rĂ©vĂ©lĂ© l'existence d'un systĂšme de corruption mis en place au sein d'entreprises publiques par un beau-frĂšre de Guillermo Lasso, Danilo Carrera. Le prĂ©sident est accusĂ© d'avoir connu son existence sans s'y opposer[40]. Le , la Cour constitutionnelle valide la demande du Parlement par six voix contre trois[41].
L'homme d'affaires RubĂ©n Cherres, considĂ©rĂ© comme un tĂ©moin clĂ© dans l'affaire, est retrouvĂ© assassinĂ© au dĂ©but du mois d'avril 2023. Bien qu'il n'occupait aucune fonction officielle au sein de l'administration Lasso, plusieurs anciens fonctionnaires ont affirmĂ© que Carrera jouait un rĂŽle consultatif important auprĂšs du prĂ©sident et qu'il Ă©tait un personnage puissant au sein du palais prĂ©sidentiel. Il avait notamment accompagnĂ© Lasso lors de son voyage Ă Washington en dĂ©cembre 2022. Le 24 fĂ©vrier, le procureur gĂ©nĂ©ral a annoncĂ© l'ouverture d'une nouvelle enquĂȘte sur le classement par Lasso d'une enquĂȘte de police sur les liens de Cherres avec un rĂ©seau de trafic de drogue. Selon les accusations, Lasso aurait fait pression sur le commandant de la police nationale et le chef de la police antidrogue pour dissimuler le rapport d'enquĂȘte[42].
Guillermo Lasso dĂ©cide en mai 2023 de dissoudre l'AssemblĂ©e nationale selon une disposition constitutionnelle dite de « mort croisĂ©e », conduisant Ă des Ă©lections lĂ©gislatives et prĂ©sidentielle anticipĂ©es six mois plus tard. Il peut lĂ©gifĂ©rer par dĂ©cret pendant ce dĂ©lai. Il est le premier chef dâĂtat Ă©quatorien Ă dissoudre le Parlement[43]. L'opposition a dĂ©noncĂ© une possible dĂ©rive de la part d'un prĂ©sident qu'elle juge incapable de gouverner et impopulaire (15 % d'opinions positives, selon les sondages). Le Parti social-chrĂ©tien a affirmĂ© que, « politiquement et dans la pratique, le prĂ©sident s'est autoproclamĂ© dictateur, mĂȘme si ce n'est que pour une courte pĂ©riode » et la ConfĂ©dĂ©ration des nationalitĂ©s indigĂšnes (Conaie) a dĂ©noncĂ© le dĂ©roulement d'un « scĂ©nario de la dictature »[44]. Guillermo Lasso, pouvant dĂ©sormais gouverner avec une plus grande large de manĆuvre, prend plusieurs dĂ©crets favorisant les intĂ©rĂȘts des milieux d'affaires, comme une rĂ©forme fiscale et la crĂ©ation de zones franches, avec des taux d'imposition rĂ©duits[44].
Prises de position
Catholique, il est membre de lâOpus Dei et sâoppose Ă la lĂ©galisation de l'avortement, mĂȘme en cas de viol ou de malformation du fĆtus[45]. Il se montre nĂ©anmoins ouvert sur ce sujet durant la campagne Ă©lectorale de 2021, en dĂ©clarant notamment qu'il s'engagerait Ă respecter un point de vue diffĂ©rent du sien si le critĂšre de la majoritĂ© Ă©tait retenu[46].
Durant sa campagne prĂ©sidentielle de 2021, il explique faire de la suppression totale du dĂ©ficit sa prioritĂ©, proposant pour ce faire de rĂ©duire les dĂ©penses et d'augmenter les recettes pĂ©troliĂšres. Partisan du libre-Ă©change, il s'engage Ă supprimer la taxe sur les envois de fonds de l'Ăquateur et Ă signer des accords commerciaux notamment avec les Ătats-Unis, la Chine et la CorĂ©e du Sud. Il entend Ă©galement favoriser les investissements Ă©trangers en abaissant la fiscalitĂ©, respecter les accords avec le Fonds monĂ©taire international et les marchĂ©s financiers, privatiser la Banco del PacĂfico, limiter les subventions sur le carburant octroyĂ©es aux plus dĂ©munis, augmenter les impĂŽts sur la consommation, et crĂ©er un million d'emplois[11].
Controverse sur sa fortune et son Ă©thique
Selon des informations de l'Inspection des Banques de Panama révélées par le journal argentin Pågina/12, Guillermo Lasso est associé à une cinquantaine de sociétés offshore situées dans des paradis fiscaux. Sa fortune serait passée d'un à 31 millions de dollars entre 1999 et 2000, alors que le pays était frappé par une importante crise financiÚre[2].
Le Center for Economic and Policy Research (CEPR), un centre de recherche basé à Washington, met en cause en 2017 l'existence de sociétés-écrans en Floride liées à Guillermo Lasso qui possédaient des propriétés à Miami (Floride) évaluées à plus de 30 millions de dollars. En 2021, l'organise indique qu'« un examen des registres des entreprises et de l'immobilier en Floride montre que les avoirs des sociétés-écrans liées à Lasso ont augmenté depuis 2017 »[47].
Son nom est citĂ© en dans les rĂ©vĂ©lations dites des Pandora Papers[48]. L'enquĂȘte de l'ICIJ et de ses partenaires montre que Lasso avait des liens avec au moins dix sociĂ©tĂ©s offshore et fiducies au Panama et quatre autres dans deux paradis fiscaux amĂ©ricains : le Dakota du Sud et le Delaware. Le prĂ©sident Lasso rĂ©pond Ă l'ICIJ que « toute utilisation passĂ©e d'une entitĂ© internationale » Ă©tait lĂ©gitime, et qu'aucune de ces entitĂ©s offshore n'avait de lien avec sa fonction publique. Il affirme avoir dissous toutes ses entitĂ©s offshore avant de se prĂ©senter Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle[49]. Le 11 octobre 2021, le Parlement Ă©quatorien vote le lancement d'une enquĂȘte sur les finances offshore de Guillermo Lasso pour vĂ©rifier s'il y avait infraction et notamment si Lasso a outrepassĂ© la norme « interdisant aux candidats et aux agents publics d'avoir leurs ressources ou leurs actifs dans des paradis fiscaux », selon l'AFP[50]. Le prĂ©sident Lasso dĂ©nonce alors les Pandora Papers comme Ă©tant un « complot international » et une tentative de « putsch contre la dĂ©mocratie »[51].
Notes et références
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