Guillaume-Marie-Joseph Labouré
Guillaume Marie Joseph Labouré, né le à Achiet-le-Petit (Pas-de-Calais)[1] et décédé le à Rennes[2], est un ecclésiastique et évêque français qui fut archevêque et cardinal.
Guillaume-Marie-Joseph Labouré | |
Biographie | |
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Naissance | Achiet-le-Petit (France) |
Ordination sacerdotale | |
Décès | Rennes (France) |
Cardinal de l'Église catholique | |
Créé cardinal |
par le pape LĂ©on XIII |
Titre cardinalice | Cardinal-prĂŞtre de S. Maria Nuova |
Évêque de l'Église catholique | |
Ordination Ă©piscopale | par le card. Meignan |
Fonctions épiscopales | Évêque du Mans (France) Archevêque de Rennes,Dol et Saint-Malo (France) |
ArchevĂŞque de Rennes Dol et saint-Malo | |
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Évêque du Mans | |
– | |
Crux spes unica | |
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org | |
Biographie
Jeunesse
Il appartient à une modeste famille paysanne d'Achiet, qui avant la Révolution vivait dans une relative aisance. Devenue acquéreur d'une grande partie des biens d'une famille émigrée, sa famille les remit à leurs anciens possesseurs après la Révolution : François Philippe Ladislas, 2e comte et 4e baron de Diesbach Belleroche, vicomte d'Ervillers[3].
La tante de Mgr Labouré lui donna une éducation simple et très pieuse, d'une piété austère proche du jansénisme. Ses parents, s'apercevant des dispositions de leurs fils pour les études, le confient au curé de la paroisse du Sars qui lui enseigna le latin.
Formation
Il fait de bonnes études au petit séminaire d'Arras, que Mgr Pierre-Louis Parisis[4] venait de confier à la Société de Saint Bertin[5], et où il se lie d'amitié avec l'abbé Catteau[6], futur évêque de Luçon. Envoyé par Mgr Pârisis compléter sa formation, il poursuit ses études à Paris[7], où il entre au Séminaire Saint-Sulpice. Il reçoit l'ordination sacerdotale le pour le diocèse d'Arras et entre ensuite dans l'enseignement ecclésiastique.
Nommé professeur de seconde au petit séminaire d'Arras, le , puis directeur le , Labouré en devient le Supérieur le , jusqu'à l'année 1882[8]. Sous son influence, le séminaire d'Arras va acquérir un niveau d'étude plus élevé : tâche qui lui est facilité par l'amélioration progressive du corps professoral. En effet, il change les manuels de théologie, abandonnant ceux de Jean-Baptiste Bouvier au profit des ouvrages du sulpicien Raymond Bonal[9] - [10] - [11] qui insistent sur les prérogatives pontificales[12] récemment mises en valeur lors du Premier concile œcuménique du Vatican.
Son enseignement laisse une place aux doctrines de saint Thomas d'Aquin et de Francisco Suárez. À partir du Supériorat de Mgr Labouré, l'histoire prend une plus grande part dans l'enseignement dispensé à Arras. Les nécessités de préparer au baccalauréat et aux études supérieures, l'obligent à accroître la part des langues et des sciences.
Parallèlement à ses activités au petit séminaire d'Arras, l'abbé Labouré fait partie du Comité diocésain des associations catholiques pour la classe ouvrière tout comme Louis François Sueur, futur archevêque d'Avignon.
Vicaire général pendant l'épiscopat de Mgr Meignan
Le , l'abbé Labouré quitte le séminaire d'Arras pour faire partie du Conseil de l'évêque d'Arras en qualité de vicaire général du diocèse d'Arras, appelé à ce poste important par son évêque, Mgr Lequette[13], celui-ci meurt peu de temps après, le .
La succession ouverte laisse un chapitre divisé sur la question de l'élection des vicaires capitulaires. À cette occasion, l'abbé Labouré est tour à tour : présenté lors du vote du comme modéré face aux libéraux et aux ultramontains déclarés ; puis, dans une lettre datée du 24 d'un mois d'été 1882, Laurent-Marie-Étienne Monnier, futur évêque de Troyes, écrivant au Nonce, le classe dans la majorité ultramontaine ; pourtant le préfet Bilhourd, dans une lettre au ministre des Cultes, après la nomination de Mgr Guillaume Meignan, évêque d'Arras, range Labouré parmi les libéraux. Ces différents avis laissent apparaître que la position de Labouré, peu tranchée, était l'objet de l'attention de tous, puisqu'elle pouvait faire basculer la majorité du chapitre capitulaire du diocèse d'Arras.
Le , le Conseil épiscopal provisoire réuni, nomme trois grands doyens dont Labouré pour Saint-Omer et Béthune.
Nommé au siège d'Arras, Mgr Meignan[14] songe à désigner un deuxième vicaire général et avait pensé à l'abbé Labouré. Après un avis favorable du préfet le , il préfère attendre ne pouvant se résoudre à réclamer un canonicat pour Roussel - une éminence noire du diocèse - à laquelle Labouré succéderait. Pourtant, quelques mois après, Labouré est nommé vicaire général par Mgr Meignan et fait partie de cette équipe d’ecclésiastiques de valeur que le nouvel évêque constitue autour de lui[15].
Vicaire général pendant l'épiscopat de Mgr Dennel
L'épiscopat de Mgr Meignan constitue pour le futur évêque un exemple de la politique que doit être capable de tenir un évêque. Tant dans la gestion des affaires religieuses du diocèse, que dans la conduite à suivre dans ses relations avec le Gouvernement : plus tard Mgr Labouré saura rester fidèle aux conceptions modérées, mais fermes de Meignan ; préparant ainsi Mgr Labouré à figurer parmi les artisans du Ralliement. Très apprécié du Pape, Mgr Meignan est nommé archevêque de Tours et ne reste que deux ans à Arras. Son successeur, Mgr Désiré-Joseph Dennel[16], un intransigeant, permet à Mgr Labouré de comprendre tout l'intérêt que peut apporter une position modérée.
Ce changement de nomination épiscopale permet à Labouré d'administrer pendant presque toute l'année 1884 le diocèse d'Arras. Lorsque Mgr Dennel se décide, après six mois, à proposer Labouré comme vicaire général le , celui-ci est agréé sans difficulté après avis très favorable le , et nommé le .
Pourtant déjà une autre arrière se dessinait pour Labouré, puisque remarqué par Mgr Meignan, l'archevêque de Tours, qui écrivait à son sujet au ministre le , puis à son directeur des Cultes les 21 et pour lui faire obtenir un siège épiscopal.
Évêque du Mans
Nommé évêque du Mans le , il est préconisé le , il est sacré en la cathédrale de Luçon le suivant par Mgr Meignan, archevêque de Tours, Mgr Catteau, évêque de Luçon et Mgr Donnel, évêque d'Arras.
Sachant qu'il était sans fortune contrairement à son prédécesseur au siège du Mans, Mgr Hector-Albert Chaulet d'Outremont, une somme fut mise à son entière disposition par les fidèles de son nouveau diocèse.
Au siège du Mans, il rétablit les missions et administra son diocèse avec dévouement. Dans sa mission d'évêque, il privilégia l'enseignement notamment en direction des tout petits et la formation des prêtres. Mgr Labouré s'illustra particulièrement dans l'affaire de l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes en obtenant du Pape la protection des moines de Solesmes, contre l'aversion qu'éprouvait pour eux Mgr Meignan.
Le , l'évêque d'Arras, Mgr Désiré-Joseph Dennel, meurt et c'est donc l'occasion pour Mgr Meignan de demander son transfert pour le siège d'Arras. Labouré oppose un refus intraitable à son ami.
La nomination au siège de Rennes
Alors que le diocèse de Rennes vient de connaître le décès du cardinal Place le , et reste marqué par la brusque disparition de l'archevêque de Rennes récemment nommé, Mgr Gonindard, et ancien coadjuteur du cardinal Place, le , Mgr Meignan souhaite déplacer Mgr Labouré du Mans à Rennes, ceci sans consulter ce dernier. Labouré après avoir d'abord refusé, cède devant l'insistance du Nonce et est désigné pour occuper la fonction d'archevêque de Rennes. Aussi, préconisé le , Mgr Labouré est nommé, le , à l'archevêché de Rennes, Dol et Saint-Malo.
L'épiscopat de Mgr Labouré au siège de Rennes
Mgr Labouré arrive à Rennes, emmenant avec lui du Mans l'abbé Charost : faisant du futur cardinal Alexis-Armand Charost son secrétaire et son bras droit[17].
En dépit d'un contexte hostile à l'Église et d'un attachement de la Bretagne aux traditions catholiques, l'épiscopat de Mgr Labouré s'avère résolument tourné vers l'avenir. Il prépare ainsi l'Église à jouer un rôle malgré tout déterminant dans cette nouvelle société qui se met en place[18].
L'abbé Janvier sollicita de Mgr Labouré, la création d'un patronage[19] : Celui-ci voit le jour le 1 sous sa direction dans des locaux neufs dus à la générosité de mécènes locaux tels que la marquise des Nétumières[20]. C'est le patronage de la Sainte-Famille qui quelques années plus tard prend le nom de Tour d'Auvergne[21].
Il est créé cardinal par Léon XIII le , au titre de Santa Maria Nuova, et de Sainte Françoise au Forum Romain, titre qui avait été précédemment celui du cardinal Place. Cette nomination intervient alors que Mgr Labouré a toujours soutenu la politique de Rome : tant l'Infaillibilité pontificale, que la politique de Ralliement de l'Église catholique à la République à la suite du Toast d'Alger dont le cardinal Place avait été l'instigateur à la demande du Pape ; et se plaçant toujours à la suite de Rerum novarum.
Il participa Ă ce titre au conclave de 1903 qui voit l'Ă©lection du cardinal Sarto, Saint Pie X: il est le premier cardinal-archevĂŞque de Rennes Ă participer Ă un conclave.
Dès le , avec les cinq cardinaux français, Mgr Labouré avait estimé que la séparation de l'Église et de l'État pouvait être acceptée sous réserve du règlement d'administration publique.
Très marqué par les vives luttes qui opposent partisans et détracteurs de la Loi de séparation des Églises et de l'État, Mgr Labouré meurt à Rennes le . Ses obsèques sont célébrées à la cathédrale Saint-Pierre de Rennes le suivant et donnent l'occasion d'un important cortège qui traverse le centre-ville. Malgré la récente loi de séparation des Eglises et de l'État, la municipalité de Rennes y assiste de façon officielle, comme à chaque fois qu'un évêque meurt en France.
C'est le Breton, Mgr Dubourg, évêque de Moulins, ancien vicaire général du diocèse de Saint-Brieuc, qui succède au cardinal Labouré, comme archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo, jusqu'à sa mort en 1921.
Illustration familiale
Le cardinal Labouré est l'oncle du Docteur Jules Labouré (1879-1918), beau-frère du célèbre chirurgien Victor Pauchet (1869-1936) et grand oncle du Docteur Marc Labouré à qui l'Institut Yad Vashem de Jérusalem décerna le titre de Juste parmi les Nations le [22] mais n'est pas parent de Catherine Labouré, religieuse des Sœurs de Saint Vincent de Paul, qui fut canonisée en 1947.
Ĺ’uvres
L'Eucharistie centre de la vie chrétienne, par S.E. le cardinal Labouré. Editions P. Téqui, Paris, 1899
Armes
Blasonnement :
D'hermine à la croix d'argent chargée du chrismon complet d'or[23]. |
Différences entre dessin et blasonnement : La Croix est d'azur, le chrismon complet et de sable..
Annexes
Biographie
- Mgr Alexis-Armand Charost, La vie du Cardinal Labouré. In Semaine religieuse du Diocèse de Rennes, année 1906 ;
- Philippe B. Collet de Saint-Jean, Biographie du Cardinal Labouré. In, La pensée politique du Cardinal Labouré à travers l'étude de la Semaine religieuse du diocèse de Rennes. Mémoire de Maîtrise de Sciences Politiques, Faculté de Droit et de Science politique de Rennes, Dir. Professeur Philippe Portier. Université de Rennes I, Rennes 1998.
Mandements de carême : Diocèse de Rennes
- CarĂŞme 1894 : La confiance en la Providence Divine ;
- Carême 1895 : La Famille chrétienne ;
- CarĂŞme 1896 : Confiance en la Providence Divine ;
- CarĂŞme 1898 : Les mauvaises lectures ;
- Carême 1899 : L'Eucharistie : centre de la vie chrétienne, I ;
- CarĂŞme 1900 : Entretien avant un voyage Ă Rome ;
- Carême 1901 : La pénitence chrétienne ;
- Carême 1902 : L'Eucharistie : centre de la vie chrétienne, II ;
- CarĂŞme 1903 : Le bienfait social de la religion, commentaire de l'Encyclique du ;
- CarĂŞme 1904 : Les devoirs religieux dans la famille ;
- Carême 1905 : Les devoirs présents envers l'Église ;
- Carême 1906 : L'Institution Divine de l'Église.
Lettres pastorales et mandements : Diocèse de Rennes
- 1897 : Lettre pastorale portant publication de la Lettre Encyclique sur l'Unité de l'Église, publiée à l'occasion du Carême 1897 ;
- 1901 : Lettre pastorale et mandement publiant le bulle Temporis Quidem Sacri, qui étend au monde catholique le Jubilé séculaire célébré à Rome, publiée à l'occasion du l'Année Sainte ;
- 1902 : Lettre à MM. Les Curés et Recteurs du Diocèse de Rennes ;
- 1903 : Lettre pastorale du , portant communication de l'Encyclique E Supremi de Pis X ; Lettre Pastorale et mandement de portant publication du Jubilé accordé par Pie X à l'occasion de son élévation sur la chaire de Saint Pierre et du Cinquantenaire de la définition dogmatique de l'Immaculée Conception.
Liens externes
- Ressources relatives Ă la religion :
Notes et références
- Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 MIR 006/1 Achiet-le-Petit 1737-1842, Registre des naissances, 1841, 4e feuillet, acte 14. L'acte porte les prénoms de Guislain Joseph.
- Archives municipales de Rennes, 4E115, Registre des décès, 1906, p. 101, acte 678.
- François Philippe Ladislas, 2e comte et 4e baron de Diesbach Belleroche, vicomte d'Ervillers, né à Arras le 5 octobre 1747, décédé à Saint-Germain-en-Laye le 10 mars 1822 et y inhumé, seigneur d'Achiet, Wanquetin, La Cour de Cugy, propriétaire du château de La Poya (1786), sous-lieutenant au régiment de Diesbach (1764), bourgeois de Fribourg (1769), second-lieutenant (1770), du Conseil des Deux-Cents de Fribourg (1771-1798), aide-major (1778), major (1780), chevalier de Saint-Louis (1783), lieutenant-colonel (1783), colonel, colonel-propriétaire du régiment de Diesbach (1785-1792), otage-prisonnier au château de Chillon (1798), député au Grand-Conseil de Fribourg (1814-1817), puis lieutenant-général en France (1816).
- Chanoine Charles Guillemant, Pierre-Louis Parisis (1795-1866), Paris, J de Girord, 1925
- La Société Saint-Bertin de Saint-Omer, une société de prêtres voués à l'éducation au XIXe siècle. Grandeur et déclin.Éric Poteau. Revue du Nord, Année 1996, Volume 7, Numéro 316, p. 519-527
- Mgr Catteau fut évêque de Luçon du 21 août 1877 au †28 novembre 1915
- Yves-Marie Saint-Hilaire : La vie religieuse des populations du diocèse d'Arras, 1840-1914. Thèse Lettres Paris IV, 3 vol., 1976. Lille, Service des reproductions des thèses de l'Université, 1976.
- Chanoine Charles Guillemant, Histoire du petit séminaire d'Arras. La Presse populaire, 1904 - 436 pages.
- Raymond Bonal (1600–1653) est le fondateur de la Congrégation des Prieurs de Sainte-Marie ou Bonaliste, ordre français actif aux XVIe et XVIIe siècles.
- La fondation du séminaire de Treize-Pierres en Rouergue, 21 février l648. M. Rigal. Revue d'histoire de l'Église de France, Année 1948, Volume 34, Numéro 124 p. 33-43.
- "Raymond Bonal". Encyclopédie Catholique. Robert Appleton Company, New-York. Charles Herbermann, Éditeur, 1913.
- L'éducation des ecclésiastiques aux XVIIe et XVIIIe siècles. Articles et actes des séminaires organisés par l'École française de Rome et l'Università di Roma - la Sapienza, janvier-mai 1985. École française de Rome, 1988.
- Jean-Baptiste Joseph Lequette est né le 23 juin 1811 à Bapaume. et décédé le 13 juin 1882 à Arras. Évêque d'Arras, de Boulogne et de Saint-Omer de 1866 à son décès. Assistant au trône pontifical, Chevalier de la Légion d'honneur le 13 août 1862.
- Guillaume Meignan », dans Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910
- Abbé Boissonot (secrétaire intime de Mgr Meignan), Panégyrique du cardinal Meignan, fort-volume in-8°.
- Mgr Désiré-Joseph Dennel, évêque d'Arras de 1884 à 1891
- Son Eminence le cardinal Charost, Archevêque de Rennes : sa vie, son œuvre, sa mort. Saint Brieuc 1930, in-4°, 16 p. édité par le diocèse de Rennes à l'occasion du décès du prélat.
- Philippe B. Collet de Saint-Jean, La pensée politique du Cardinal Labouré à travers l'étude de la Semaine religieuse du diocèse de Rennes. Mémoire de Maîtrise de Sciences Politiques., Faculté de Droit et de Science politique, Dir. Professeur Philippe Portier. Université de Rennes I, Rennes 1998.
- Yvon Tranvouez, Brest, Presses de l’université de Bretagne occidentale, 1999.
- La Tour d'Auvergne, Rennes, T.A. Ă compte d'auteur, 1997.
- Guy Ménard (préf. François Hébrard), Rennes, Oberthur, 1947.
- Comité Français pour Yad Vashem, dossier No 9527 Labouré Marc
- Comte de Saint Saud, Armorial des prélats français du XIXe siècle, Paris, 1906, H. Daragon, 415p., p. 110. Consultable sur Gallica.