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Grotte du Lazaret

La grotte du Lazaret est un site préhistorique du Paléolithique moyen situé au pied du mont Boron, dans la partie sud-est de la ville de Nice, dans les Alpes-Maritimes.

Grotte du Lazaret
Fouille et vue de l'intérieur de la grotte du Lazaret.
Localisation
Coordonnées
43° 41′ 27″ N, 7° 17′ 41″ E
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Adresse
33 bis, boulevard Frank-Pilatte
Caractéristiques
Patrimonialité
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Elle a été classée au titre des Monuments historiques par arrêté du [1].

Les fouilles de la grotte étaient assurées par l'Institut de Paléontologie Humaine, Fondation Albert Ier Prince de Monaco[2].

Historique

La grotte du Lazaret est connue depuis 1826 et a fait l'objet de fouilles à partir de 1950 sous la direction de François Octobon, puis à partir de 1962 sous celle d'Henry de Lumley.

Les fouilles ont été stoppées après la campagne de l'été 2014, puis la grotte a été transformée en lieu de visite en 2017.

Description

Longue d’une quarantaine de mètres sur une vingtaine de mètres de large, la grotte s’ouvre Ă  environ 30 m au-dessus du niveau actuel de la mer.

Datation

La sĂ©quence stratigraphique (stratifications existantes dans la roche), puissante de plus de m, comporte un ensemble de niveaux attribuĂ©s au PlĂ©istocène moyen rĂ©cent. Les principales occupations prĂ©historiques ont Ă©tĂ© datĂ©es par l'uranium/thorium et la rĂ©sonance paramagnĂ©tique Ă©lectronique de 130 Ă  170 000 ans avant le prĂ©sent (SIO 6).

La première datation effectuĂ©e en 1962 donnait 130 000 ans aux premières traces humaines (des chasseurs) dans la grotte, mais aurait ensuite Ă©tĂ© rapidement bouchĂ©e[3].

Vestiges

Les industries lithiques mises au jour avaient initialement été rapportées à l’Acheuléen supérieur du fait de la présence de quelques bifaces. Toutefois la production est largement orientée vers l’obtention d’éclats destinés à être retouchés en racloirs, denticulés, encoches ou pointes. Les méthodes mises en œuvre sont le débitage Levallois et le débitage discoïde. L’industrie évoque donc plutôt un Paléolithique moyen ancien qu’un véritable Acheuléen. Les matériaux employés sont d’origine proche (galets de calcaires marneux ou silicifiés) ou plus lointaine (silex, jaspe, quartzite fin, rhyolite).

Les restes fauniques découverts sont dominés par le cerf et le bouquetin, auxquels s’associent le cheval, l’auroch, le rhinocéros laineux et l’éléphant. Quelques restes de carnivores sont également présents : loup, renard, lynx, panthère, ours. Des restes d’oiseaux (pyrrhocorax, pigeons, pie, merle), de rongeurs (lapin, mulot) et des coquillages marins et terrestres ont également été recueillis.

La grotte a Ă©galement livrĂ© diffĂ©rents vestiges humains dont quelques dents et un pariĂ©tal droit d’enfant. Ce dernier a Ă©tĂ© mis au jour dans un niveau datĂ© d’environ 170 000 ans.

La « cabane » du Lazaret

Une représentation traditionnelle de la « cabane » du Lazaret.

Reconstitution

Le site a également été rendu célèbre par la reconstitution très détaillée d’une cabane, proposée par Henry de Lumley à partir de la fouille de l’un des niveaux de la grotte. Cette reconstitution constitue un chapitre important d’une monographie consacrée au site en 1969[4].

Contre la paroi rocheuse se serait tenue une aire d’habitat de 11 m sur 3,50 m, dĂ©limitĂ©e par une ceinture de pierres sèches[5]. Ces pierres auraient permis de maintenir une superstructure en bois recouverte de peaux. Les ossements et les outils acheulĂ©ens auraient Ă©tĂ© prĂ©sents Ă  l’intĂ©rieur de cet espace domestique et pas Ă  l’extĂ©rieur. Des discontinuitĂ©s dans la ceinture de pierre correspondraient aux portes. La prĂ©sence de petits coquillages marins indiquerait l’utilisation de litières d’algues, elles-mĂŞmes couvertes de peaux d’animaux Ă  fourrure (loup, renard, lynx, panthère) dont la prĂ©sence est trahie par les restes d’extrĂ©mitĂ©s des pattes.

La remise en question

Différents auteurs ont émis de sérieux doutes quant à la crédibilité de ce modèle[6] - [7] - [8]. En se basant sur une série d’arguments taphonomiques et archéologiques, P. Villa[9] démontre qu’aucun crédit ne peut être accordé à l’hypothèse de l’existence d’une « cabane » dans la grotte du Lazaret :

  • il existe de très nombreux raccords entre des fragments d’ossements provenant du niveau correspondant au « sol » prĂ©sumĂ© de la cabane et d’autres fragments issus des niveaux sus- et sous-jacents ; cela indique que les niveaux reconnus n’ont aucune validitĂ© pour l’analyse.
  • la diffĂ©rence entre la densitĂ© des vestiges Ă  l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur de la « cabane » est un artĂ©fact de fouille, puisque seule la zone situĂ©e Ă  l’intĂ©rieur Ă©tait fouillĂ©e avant la publication de 1969. Les secteurs extĂ©rieurs laissĂ©s en blanc sur les plans de rĂ©partition correspondent en fait Ă  des zones non fouillĂ©es.
  • sur les plans de la « cabane », un artifice a Ă©tĂ© employĂ© pour appuyer l’hypothèse d’une ceinture de pierre clairement dĂ©limitĂ©e : les pierres considĂ©rĂ©es comme in situ sont figurĂ©es en noir, tandis que celles considĂ©rĂ©es comme dĂ©placĂ©es sont figurĂ©es en blanc. Il n’existe toutefois aucun argument scientifique pour diffĂ©rencier les pierres in situ des pierres dĂ©placĂ©es.

En outre, la relative concentration de pierres dans certains secteurs n’est pas nécessairement anthropique et peut s’expliquer par des phénomènes naturels puisqu’elle correspond à une ouverture dans le plafond de la grotte.

Références

  1. Notice no PA00080796, base Mérimée, ministère français de la Culture Grotte préhistorique du Lazaret, Paléolithique supérieur : classement par arrêté du 21 mars 1963 : Entrée, parties dites courette, ancienne morgue, garage et dépendances
  2. Laboratoire de Préhistoire Nice Côte d'Azur Institut de Paléontologie, Ville de Nice
  3. La grotte du Lazaret à Nice, INA, 12 août 1985
  4. Lumley, H. de (dir.) (1969) - Une cabane acheuléenne dans la Grotte du Lazaret, Mémoires de la Société Préhistorique Française, tome 7.
  5. plan et reconstitution de la cabane, d'après la monographie de 1969
  6. Mellars, P. (1996) - The Neanderthal Legacy, Princeton, Princeton University Press, 480 p.
  7. Kolen, J. (1999) - « Hominids without homes: on the nature of Middle Palaeolithic settlement in Europe », in: The Middle Palaeolithic occupation of Europe, Roebroeks, W. et Gamble, C., Eds., University of Leiden, pp. 139-176.
  8. Jaubert, J. (1999) - Chasseurs et artisans du Moustérien, La Maison des Roches, 157 p.
  9. Villa, P. (2004) - « Taphonomy and stratigraphy in European prehistory », Before Farming, 2004/1, article 1, pp. 1-19. (résumé).

Voir aussi

Bibliographie

  • Darlas A. (1994), « L'AcheulĂ©en final des couches supĂ©rieures de la Grotte du Lazaret (Nice, Alpes-Maritimes) », L'Anthropologie, t. 98, no 2-3, p. 267-304.
  • Desclaux E. (2018), La Grotte du Lazaret, un site prĂ©historique Ă  la croisĂ©e des chemins de l'Ă©volution humaine, lire en ligne, 110 pages.
  • Lumley H. de (dir.) (1969), Une cabane acheulĂ©enne dans la Grotte du Lazaret, MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© PrĂ©historique Française, tome 7.
  • Lumley H. de (1976), « Les civilisations du PalĂ©olithique infĂ©rieur en Provence », La PrĂ©histoire française - t. I : Les civilisations palĂ©olithiques et mĂ©solithiques, Ă©d. CNRS, p. 819-851.
  • Lumley H. de (dir.) (2004), Le sol d’occupation acheulĂ©en de l’unitĂ© archĂ©ostratigraphique UA 25 de la Grotte du Lazaret, Nice, Alpes Maritimes, Aix-en-Provence, Edisud, 480 p.
  • Octobon F.C.E. (1956), « Technique de dĂ©bitage des galets et industrie de l'Ă©clat dans la grotte du Lazaret », Bulletin du MusĂ©e d'Anthropologie PrĂ©historique de Monaco, 3, p. 3-78.
  • Sous la direction du Professeur de Lumley, par Marie Perpère, Geneviève Boulinier-Giraud, Florence Tosca-Bernáldez, Guy de BeauchĂŞne, Jean-Pierre Leroy, Sylvie van den Brink, Jeannine LĂ©on-Leurquin, Les premiers habitants de l’Europe 1 500 000 – 100 000 ans, Paris, Laboratoire de prĂ©histoire du musĂ©e de l’homme, MusĂ©um National d’Histoire Naturelle, , 200 p.
    (2e édition) Ouvrage présenté à l’occasion de la présentation de l’exposition du Musée de l’Homme sur « Les premiers habitants de l’Europe » organisée par le laboratoire de Préhistoire du 8 décembre 1981 au 30 avril 1983 : L’homme aménage l’espace intérieur : Lazaret pp. 132 à 142

Liens externes

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