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Gouvernement du territoire de Nouvelle-Calédonie

Le Gouvernement du territoire de Nouvelle-Calédonie est une institution créée par la loi du (dite du statut Lemoine du nom du secrétaire d'État aux DOM-TOM de l'époque, Georges Lemoine) afin de servir d'exécutif à ce Territoire d'outre-mer français, en remplacement de l'ancien conseil de gouvernement qui était présidé par le représentant de l'État (le Haut-commissaire). Il n'a eu qu'une existence éphémère puisque dès le , un nouveau statut (dit « Fabius-Pisani », car initié par le Premier ministre Laurent Fabius et son ministre chargé de la Nouvelle-Calédonie, Edgard Pisani) est adopté, créant à la place un Conseil exécutif.

Composition et mode de désignation

Le président du gouvernement du territoire est élu en son sein par l'Assemblée territoriale, au scrutin secret et avec un quorum nécessaire de trois cinquièmes des conseillers territoriaux présents. La majorité absolue est nécessaire pour être élu aux deux premiers tours, et, le cas échéant, la majorité relative suffit au troisième tour. Le président ainsi désigné nomme entre six et neuf « ministres », dont un vice-président chargé de le remplacer en cas d'empêchement, dont la liste doit être approuvée par l'Assemblée territoriale. Le Haut-commissaire de la République n'est donc plus, pour la première fois, le chef de l'exécutif local.

La fonction de membre du gouvernement du territoire est incompatible avec celle de conseiller général, de conseiller régional, de conseiller territorial, de membre de l'Assemblée des pays coutumiers ou de conseiller de gouvernement d'un autre TOM. En revanche, il n'est plus interdit de la cumuler avec celle de parlementaire, comme cela était le cas depuis 1959 pour les membres du conseil de gouvernement.

Attributions

Président du gouvernement

Le président du gouvernement est le « chef de l'exécutif territorial », le « chef de l'administration territoriale et l'ordonnateur du budget du territoire » et dispose de pouvoirs importants, dans le cadre des compétences de la Nouvelle-Calédonie, qui le rapprochent de celle d'un « Premier ministre ».

nomme son vice-président et les ministres, définit leurs attributions et leur délègue les pouvoirs correspondants, impliquant ainsi un contreseing de leur part pour tous les actes du président dans les domaines concernés. Il peut les révoquer (toutefois des remplacements de plusieurs ministres à la fois doivent être approuvés à nouveau par l'Assemblée territoriale). Il « dirige et coordonne » leurs activités. Il préside au « conseil des ministres du territoire », qui a lieu au moins trois fois par mois à Nouméa sur sa convocation et dont il fixe l'ordre du jour. Il a la charge du secrétariat et de la conservation des archives du gouvernement.

Il représente la Nouvelle-Calédonie auprès de l'État et de ses représentants (notamment pour coordonner les services administratifs des deux autorités), des autres collectivités françaises et de l'étranger (dans le cadre des principes de la politique étrangère française et en concertation avec l'État), et le gouvernement auprès des autres institutions du Territoire (l'Assemblée territoriale, l'Assemblée des pays et le Comité d'expansion économique) et des communes. Il veille à l'exécution des délibérations de l'Assemblée territoriale et de sa commission permanente.

Conseil des ministres

Le conseil des ministres a l'initiative législative locale conjointement avec les conseillers territoriaux puisqu'il décide des projets de délibération et de budget à soumettre au vote de l'Assemblée territoriale. Ensuite, il prend les arrêtés nécessaires pour l'application et l'exécution de ces délibérations et budgets.

Il dispose également d'un pouvoir réglementaire dans un certain nombre de domaines :

  • l'organisation des services et Ă©tablissements publics territoriaux (et nomme les chefs de services, directeurs d'offices et Ă©tablissements et les commissaires du gouvernement auprès de ces derniers, ainsi que les reprĂ©sentants du territoire au conseil de surveillance de l'institut d'Ă©mission d'outre-mer),
  • l'enseignement dans les Ă©tablissements relevant de la compĂ©tence du territoire (Ă  savoir le primaire et les collèges),
  • l'enseignement facultatif des langues locales dans tous les Ă©tablissements d'enseignement,
  • le rĂ©gime des bourses, subventions, secours et allocations d'enseignement allouĂ©s sur les fonds du budget du territoire,
  • la rĂ©glementation des poids et mesures et rĂ©pression des fraudes,
  • l'organisation gĂ©nĂ©rale des foires et marchĂ©s d'intĂ©rĂŞt territorial,
  • la rĂ©glementation des prix, tarifs et du commerce intĂ©rieur,
  • les tarifs et règles d'assiette et de recouvrement des taxes pour services rendus,
  • les quotas Ă  l'importation,
  • l'agrĂ©ment des aĂ©rodromes privĂ©s.

Il donne son avis au gouvernement central sur :

  • les projets d'extension de la lĂ©gislation mĂ©tropolitaine et de loi de ratification de conventions internationales traitant des domaines relevant de la compĂ©tence territoriale,
  • la modification des tarifs postaux et des taxes tĂ©lĂ©phoniques, tĂ©lĂ©graphiques et radioĂ©lectriques du rĂ©gime international,
  • la dĂ©finition du rĂ©seau des lycĂ©es et Ă©tablissements d'enseignement supĂ©rieur et l'adaptation de leurs programmes pĂ©dagogiques,
  • la sĂ©curitĂ© civile,
  • les dĂ©cisions relatives aux projets d'investissements directs Ă©trangers (examen des dĂ©clarations et dĂ©livrance des autoritĂ©s prĂ©alables) dans les cas oĂą le Territoire n'est pas directement compĂ©tence (c'est-Ă -dire les investissements Ă©trangers infĂ©rieurs Ă  55 millions de Francs CFP concernant les activitĂ©s industrielles, agricoles ou immobilières exercĂ©es sur le sol nĂ©o-calĂ©donien seul, et qui ne sont pas relatives Ă  des sociĂ©tĂ©s ou entreprises financières ou de portefeuille et qui ne sont pas de nature Ă  menacer l'ordre public ou Ă  faire Ă©chec Ă  l'application des lois et rĂ©glementations françaises),
  • les accords de pĂŞche, les conditions de la desserte aĂ©rienne internationale et de cabotage avec le Territoire,
  • le contrĂ´le de l'immigration et des Ă©trangers, y compris la dĂ©livrance de visas pour un sĂ©jour supĂ©rieur Ă  trois mois,
  • les règles concernant l'Ă©tat civil,
  • la crĂ©ation, la suppression ou la modification des subdivisions administratives territoriales, ainsi que la nomination des chefs de subdivisions administratives.

Ministres

Chaque ministre reçoit du président du gouvernement une affectation particulière, avec une délégation des pouvoirs afférant. Le ministre doit alors contresigner tous les actes concernant les domaines de sa responsabilité. Ils adressent également, et peuvent donner délégation de signature, aux chefs des services territoriaux et (dans la limite des conventions de coopération passés entre le gouvernement et le Haut-commissaire) à ceux des services de l'État toutes instructions nécessaires pour l'exécution des tâches de la compétence du Territoire.

Gouvernement Ukeiwé

Le seul gouvernement du territoire à avoir jamais été formé fut désigné le , après des élections territoriales de 1984 boycottées par les indépendantistes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) de Jean-Marie Tjibaou (qui s'est doté le 1er décembre suivant d'un Gouvernement provisoire de Kanaky GPK clandestin), marquant le début de la période dite des « Évènements » (1984-1988).

Dick Ukeiwé (55 ans), membre fondateur kanak du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR, principal parti anti-indépendantiste), ancien vice-président du conseil de gouvernement chargé du Travail et des Affaires sociales de 1979 à 1982 et sénateur RPR de Nouvelle-Calédonie depuis 1983, est élu par l'Assemblée territoriale président de ce gouvernement du territoire le . Il a obtenu 35 voix contre 7 abstentions, soit les 34 de son propre parti plus celle de l'unique élu du Front national (FN) local, le maire de Thio Roger Galliot. Se sont abstenus les 6 élus du mouvement Libération kanak socialiste (LKS, indépendantistes refusant le boycott des institutions) et le maire de Bourail Jean-Pierre Aïfa, unique élu de la liste Union pour la liberté dans l'ordre (ULO) qui unissait la Fédération pour une nouvelle société calédonienne (FNSC, centre autonomiste) à des dissidents de l'Union calédonienne (UC, principale composante du FLNKS) hostiles au boycott (dont Gabriel Païta, ayant choisi de ne pas se prononcer).

Dick Ukeiwé nomme ses neuf ministres (dont quatre mélanésiens) le jour même, tous issus du RPCR (sont indiqués en gras ceux qui ont été élus à l'Assemblée territoriale en 1984)[1] :

Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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