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Michel Kauma

Michel Kauma est un homme politique et chef coutumier kanak de Nouvelle-Calédonie, né le à Fayaoué sur l'île d'Ouvéa et décédé en 1998.

Michel Kauma
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Biographie
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Parti politique

Chef de Banout et Ouloup

Michel Kauma est issu de dynasties coutumières des Îles Loyauté et plus particulièrement d'Ouvéa. Il est apparenté aux grands-chefs Wénéguéi du district de Fayaoué et aux Boula du district de Loessi à Lifou. Sa grand-mère paternelle est la fille de Paul Waisselote, chef de la tribu d'Ognahut. Il succède à Paul Kauma en 1940 en tant que chef des tribus de Banout et d'Ouloup, situées dans le district de Fayaoué.

Carrière politique

De l'UICALO Ă  l'UC

Michel Kauma fait partie de la première génération de Mélanésiens à avoir été intégrée à la vie politique néo-calédonienne, après l'abolition du système de l'indigénat et la reconnaissance comme citoyens de « tous les ressortissants des territoires d'outre-mer » (Loi Lamine Guèye du ). Il participe à la création, le à Païta, de l'Union des indigènes calédoniens amis de la liberté dans l'ordre (UICALO), mouvement politique mélanésien lié aux missions catholiques (Michel Kauma va d'ailleurs présidé pendant un temps le Secours catholique en Nouvelle-Calédonie) et initié par le père mariste François Luneau. Michel Kauma en devient le vice-président, tandis que la présidence revient à un autre chef coutumier kanak, celui de La Conception au Mont-Dore, Rock Pidjot. Une organisation du même genre est bientôt créée au sein des populations mélanésiennes protestantes, l'Association des indigènes calédoniens et loyaltiens français (AICLF).

Michel Kauma est membre de la Commission rĂ©gionale (ancĂŞtre du conseil municipal) d'OuvĂ©a de 1947 Ă  1954. En 1951, les deux mouvements confessionnels kanaks, l'UICALO et l'AICLF, soutiennent activement la candidature de Maurice Lenormand, pharmacien originaire de MĂ©tropole devenu passionnĂ© de culture kanak sur laquelle il a Ă©crit plusieurs ouvrages, lors des Ă©lections lĂ©gislatives contre le sortant Roger Gervolino. Lenormand est Ă©lu avec 5 064 voix sur 13 643 (37,12 %), devançant de plus de 800 suffrages Gervolino (4 207 voix), et battant Ă©galement le candidat du RPF Paul MĂ©tadier (2 252) et le communiste Florindo Paladini (2 144). Cette alliance aboutit Ă  la formation de listes communes pour les Ă©lections au conseil gĂ©nĂ©ral qui se tiennent le , sous le nom d'Union calĂ©donienne (UC) et avec pour slogan « Deux couleurs, un seul peuple ». Celle-ci remporte 15 sièges sur 25, dont les 9 premiers Ă©lus kanak du Territoire : parmi eux se trouve Michel Kauma, aux cĂ´tĂ©s de RaphaĂ«l BouanaouĂ© et Rock Pidjot de l'UICALO, ainsi que d'Élia Thidjine, Mathieu Aripoindi, Doui Matayo Wetta, Kowi Bouillant, James Haeweng et Luther Enoka de l'AICLF.

Après la mise en place du statut de forte autonomie de la loi-cadre Defferre du , il est élu au sein de la première Assemblée territoriale (qui a remplacé le conseil général) lors des élections du , en deuxième position de la liste UC (devenu officiellement un parti politique, présidé par Rock Pidjot mais dominé par Maurice Lenormand, en 1956) menée par le grand-chef de Medu sur Maré Paul Jewine Katrei aux Îles Loyauté. Celle-ci obtient alors 3 des 5 sièges à pourvoir dans cette circonscription, tandis que sur l'ensemble du Territoire l'Union calédonienne obtient une majorité absolue avec 19 élus sur 30. Michel Kauma devient le le premier président de la Commission permanente de cette Assemblée territoriale, siégeant en dehors des sessions ordinaires afin de voter certains textes règlementaires (délibérations) dans des domaines délégués par l'institution (hors budget). Réélu lors du scrutin anticipé du , cette fois comme chef de file aux Îles (où sa liste réunit 69 % des voix et obtient 4 des 5 sièges). Il retrouve la présidence de la Commission permanente qu'il conserve jusqu'au .

Vice-président du Conseil de gouvernement

Depuis 1957, la vice-présidence du Conseil de gouvernement de Nouvelle-Calédonie (et donc la fonction de chef politique de l'exécutif territorial) était exercée par Maurice Lenormand, dirigeant de l'UC. Néanmoins, une loi adoptée après la mise en place de la Ve République en 1958 interdit de cumuler cette fonction avec celle de parlementaire : or, Maurice Lenormand, député depuis 1951, est réélu pour un nouveau mandat à l'Assemblée nationale le , avec Michel Kauma comme suppléant.

L'UC choisit alors Kauma pour lui-succéder à la tête de l'exécutif local, et il est ainsi vice-président du Conseil de gouvernement ainsi que ministre de la Fonction publique, des Finances et des Affaires économiques du au . Michel Kauma se montre par la suite de plus en plus proche du gouverneur (haut-commissaire) Laurent Péchoux, pourtant entré en opposition frontale depuis son entrée en fonction le avec Maurice Lenormand et chargé de mener une politique de limitation de l'autonomie de la Nouvelle-Calédonie. Le , Rock Pidjot démissionne de son poste de ministre de l'Économie rurale au sein du conseil de gouvernement pour s'insurger contre l'« ingérence du Haut-Commissaire dans les affaires de son secteur ». Or, Michel Kauma et un autre ministre, Doui Matayo Wetta, président au sein de l'UC de l'AICLF, se désolidarisent de la démarche de leur collègue et refusent de respecter la directive du parti d'une démission collective. Kauma est alors exclu de l'UICALO, mais les délégués de l'AICLF réaffirment leur « confiance dans le président de l’AICLF Wetta et le Vice-Président du Conseil de Gouvernement Kauma » lors de leur congrès de la tribu de Bâ à Houaïlou en . Le congrès de l'Union calédonienne tenu pour sa part à Nouméa dans la salle de cinéma Tropic du 4 au 7 novembre suivant vote l'exclusion de Kauma et Wetta, ce dernier entraînant avec lui la majorité de l'AICLF. Les Kanak protestants restés fidèles à Lenormand, menés par le conseiller territorial Théophile Wakolo Pouyé, fondent à la place l'AACIL, qui ne va toutefois jamais avoir le même rôle que celui qu'avait pu avoir l'AICLF au sein de l'UC.

Quoi qu'il en soit, Michel Kauma (qui, en tant que vice-président, est le seul membre du Conseil de gouvernement à pouvoir conserver son siège à l'Assemblée territoriale) et les trois conseillers territoriaux de l'AICLF (Kiolet Néa Galet, Toutou Tiapi Pimbé et Dick Ukeiwé) s'allient aux 11 élus du Rassemblement calédonien (Rascal), parti d'opposition de droite gaulliste, conservatrice libérale et anti-libérale du sénateur RI Henri Lafleur ou de l'UNR Georges Chatenay. Cette alliance permet ainsi au gaulliste René Hénin de prendre la présidence de l'Assemblée territoriale le et au modéré celle de la commission permanente le . La démission forcée de Dick Ukeiwé (touché par une condamnation judiciaire et privé de ses droits civiques pour dix ans) le , puis le décès de Toutou Tiapi Pimbé le 3 juillet suivant limitent la représentation de cette nouvelle coalition et permettent à l'UC, par le jeu des remplacements par les suivants de liste, de retrouver la majorité. Bien que désormais minoritaire tant au Conseil de gouvernement (où il n'a le soutien que de Doui Matayo Wetta) et à l'Assemblée territoriale), Michel Kauma reste à la tête de l'exécutif jusqu'à la fin de la mandature.

Figure de l'opposition de droite

Michel Kauma est dĂ©sormais de manière durable positionnĂ© Ă  la droite de l'Ă©chiquier politique nĂ©o-calĂ©donien et dans l'opposition Ă  l'UC. Pour les Ă©lections territoriales du , il forme, avec l'AICLF de Doui Matayo Wetta et la fĂ©dĂ©ration locale de l'Union pour la nouvelle RĂ©publique (UNR) gaulliste de Georges Chatenay (qui s'est sĂ©parĂ© du Rascal), des listes communes baptisĂ©es « Entente Â» dans les quatre circonscriptions. Michel Kauma prend la tĂŞte de celle dans les ĂŽles LoyautĂ©, oĂą il rĂ©ussit Ă  obtenir deux sièges sur cinq alors que jusqu'ici la droite locale s'Ă©tait contentĂ© que d'un Ă©lu (Henri Naisseline) dans cette circonscription. Mais l'UC conforte sa majoritĂ© absolue, avec au total 18 sièges sur 30, contre 9 Ă  l'Entente (dont les fortes poussĂ©s sur la cĂ´te Est et aux ĂŽles, portĂ©es par Doui Matayo Wetta et Michel Kauma, n'ont pas pu compenser les pertes dans ce qui Ă©tait jusqu'Ă  prĂ©sent le principal fief Ă©lectoral de la droite, le Sud) et 3 au Rascal.

En 1964, des dissidents de l'UNR, emmenĂ©s par le docteur Edmond Caillard (candidat Ă  l'Ă©lection lĂ©gislative de 1967 contre le dĂ©putĂ© sortant Rock Pidjot mais aussi contre le candidat officiel gaulliste Georges Chatenay) mais aussi par le grand-chef Henri Naisseline, et les anciens membres de l'UC (l'AICLF et Michel Kauma) forment l'Action calĂ©donienne (AC). Ce parti forme Ă  son tour des listes « Entente Â» avec le Rascal et l'UNR aux Ă©lections territoriales du . Michel Kauma dĂ©cide cette fois de changer de circonscription, alors qu'il Ă©tait l'une des principales figures politiques des ĂŽles LoyautĂ©, et se prĂ©sente dans le Sud, en sixième position sur la liste emmenĂ©e par le sĂ©nateur Henri Lafleur : elle n'y obtient que 5 des 16 sièges Ă  pourvoir et donc, pour la première fois depuis 1953, Michel Kauma perd son mandat d'Ă©lu. Le dĂ©cès d'Édouard Pentecost le permet Ă  Michel Kauma de rĂ©intĂ©grer l'institution dĂ©libĂ©rante locale.

Un ancien au sein d'une droite devenue anti-indépendantiste

Entre-temps, Michel Kauma a changĂ© plusieurs fois de parti : sur la base des listes « Entente Â» de 1967, la droite nĂ©o-calĂ©donienne avait tentĂ© de s'unir en 1968 au sein de l'Union dĂ©mocratique (UD), avant de se diviser Ă  nouveau. Lorsque, Ă  l'occasion du congrès de PonĂ©rihouen du , la composante gaulliste de Georges Chatenay prend en main la direction de l'UD, les autres factions (pro-Lafleur, pro-Laroque et ex-AICLF alliĂ©s Ă  Kauma) font dĂ©fection. Ils fondent le , sous la conduite du maire de NoumĂ©a Roger Laroque et de Henri Lafleur, l'Entente dĂ©mocratique et sociale (EDS), avec le renfort de Roger Delaveuve qui avait Ă©tĂ© le seul Ă©lu en 1967 de la petite liste conservatrice et agrarienne de l'« Union des patentĂ©s et propriĂ©taires fonciers ». C'est donc sous cette nouvelle Ă©tiquette que Michel Kauma retrouve l'AssemblĂ©e territoriale en 1971, et qu'il se fait rĂ©Ă©lire lors des Ă©lections territoriales du , en troisième place sur la liste dirigĂ©e par Roger Laroque dans le Sud et qui obtient 5 sièges (l'EDS obtient en tout 7 sur 35, devenant la première formation d'un camp anti-autonomiste de 16 Ă©lus tandis que l'UC, pour la première fois de son existence, n'obtient pas la majoritĂ© absolue lors d'un scrutin et retombe Ă  12 conseillers).

Michel Kauma obtient alors la prĂ©sidence de l'AssemblĂ©e territoriale le , devenant le premier Kanak Ă  accĂ©der Ă  cette fonction. Il le reste jusqu'au , date Ă  laquelle il laisse sa place Ă  un autre MĂ©lanĂ©sien, mais lui autonomiste de gauche bien que portĂ© au « perchoir Â» Ă  la faveur d'une alliance avec la droite, le dirigeant de l'Union multiraciale Yann CĂ©lĂ©nĂ© UregeĂŻ. Ă€ la place, il est choisi pour prĂ©sider le conseil d'administration de la SociĂ©tĂ© d'Ă©quipement de la Nouvelle-CalĂ©donie (SECAL) Ă  partir du . C'est durant cette pĂ©riode que la revendication indĂ©pendantiste se fait de plus en plus forte et devient le nouveau sujet de clivage de la classe politique nĂ©o-calĂ©donienne. Michel Kauma devient alors l'une des figures au sein des Kanak anti-indĂ©pendantistes, avec Auguste Parawi-Reybas ou Dick UkeiwĂ©, et participe Ă  la crĂ©ation le du nouveau grand parti favorable au maintien de la Nouvelle-CalĂ©donie dans la France, le Rassemblement pour la CalĂ©donie (RPC) du conseiller de gouvernement Jacques Lafleur, devenu l'annĂ©e suivante le Rassemblement pour la CalĂ©donie dans la RĂ©publique (RPCR) Ă  la suite de son absorption de la fĂ©dĂ©ration locale du Rassemblement pour la RĂ©publique (RPR) du maire de Paris Jacques Chirac.

Michel Kauma n'est pas candidat aux Ă©lections territoriales du , qui marquent son dĂ©part dĂ©finitif de l'assemblĂ©e locale. Il reste une autoritĂ© morale au sein du RPCR, qui le rappelle une dernière fois en politique active après le dĂ©but de la pĂ©riode dite des « Ă‰vènements Â» qui voient s'opposer violemment partisans et opposants de l'indĂ©pendance entre 1984 et 1988. Ainsi, après la mise en place des institutions du statut dit Lemoine, boycottĂ©es par le FLNKS, le RPCR remporte une très nette majoritĂ© aux Ă©lections territoriales du . Dick UkeiwĂ© est alors Ă©lu par l'AssemblĂ©e territoriale comme prĂ©sident du nouveau gouvernement du territoire et nomme Michel Kauma en son sein comme ministre de l'Agriculture. Il le reste jusqu'au .

Il n'est plus ensuite sur le devant de la scène, jusqu'à son décès en 1998.

Famille

Il avait épousé à Fayaoué le Émilie Nékélo, fille du grand-chef Émile Nékélo du district de Takedji. Ils ont eu ensemble huit enfants (six garçons, deux filles) :

  • Marie-JosĂ©phine (nĂ©e en 1936),
  • Jules (nĂ© en 1940), employĂ© Ă  la SLN,
  • Alexandre (nĂ© en 1943), gendarme,
  • ThĂ©ophane (nĂ© en 1946), employĂ© Ă  la Chambre de commerce,
  • Joseph (nĂ© en 1949), pĂŞcheur Ă  OuvĂ©a,
  • Christian (nĂ© en 1951),
  • Patricia (nĂ©e en 1955), employĂ©e de banque,
  • Daniel (nĂ© en 1959), employĂ© de banque.

Bibliographie

  • P. O'REILLY, « Kauma (Michel) Â», in CalĂ©doniens: rĂ©pertoire bio-bibliographique de la Nouvelle-CalĂ©donie, 2e Ă©dition, Ă©d. SociĂ©tĂ© des ocĂ©anistes, MusĂ©e de l'homme, 1980, p. 1999.

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