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Georges Lallemant

Georges Lallemant (ou George Lallement ou Lallemand), né à Nancy vers 1575 et mort à Paris en ) est un peintre français d'origine lorraine, actif à Paris dans le premier tiers du XVIIe siècle. À la tête de l'un des plus importants ateliers de la capitale, il a mis notamment son talent au service des communautés religieuses de Paris.

Georges Lallemant
Signature de Georges Lallemant, 1612
Naissance
Décès
Période d'activité
Activité

Son œuvre avait presque entièrement disparu avant les multiples découvertes survenues au XXe siècle, qui ont permis de redécouvrir un peintre encore peu connu.

Biographie

Origines et formation (vers 1575-1601)

Les premières années de la vie de Georges Lallemant sont très mal connues. D'après des documents postérieurs, il naît à Nancy, probablement autour de 1575. Il est issu d'une famille bourgeoise de la Lorraine évêchoise; son père, Jacques Lallemant, est marchand à Toul.

Rien ne nous est connu de sa formation. S'il n'est pas fils de peintre, deux de ses frères, restés en Lorraine, appartiennent au monde des artisans, Claude Lallemant, dit Claude de Toul, maître charpentier, et André Lallemant, peintre proche de la cour ducale de Lorraine dans les premières années du XVIIe siècle.

La formation de Lallemant se déroule probablement dans la dernière décennie du XVIe siècle, à Nancy, auprès d'un maître inconnu, peut-être Claude Henriet ou de Jean de Wayembourg, les deux artistes les plus importants de l'époque en Lorraine.

Ce sont les lettres de naturalité obtenues par le peintre en 1616 qui nous apprennent que Georges Lallemant arrive dans la capitale du royaume de France vers 1601, quittant le duché de Lorraine en pleine reconstruction.

Un Lorrain à Paris : l'implantation (1601-1610)

C'est probablement dans l'atelier du peintre parisien Claude Dubois (vers 1562-1604) que se place Georges Lallemant à son arrivée à Paris. À la mort de Claude Dubois, Lallemant épouse sa veuve Marie Gouffé, le . À cette date, et jusqu'à sa mort, il habite rue Saint-Martin, à l'Aigle d'or, où il a pris la suite de Claude Dubois.

Lallemant accède à la maîtrise dans la communauté des peintres et sculpteurs de Paris le .

L'activité du peintre dans cette première décennie parisienne est encore obscure. Quelques traces existent pourtant d'une production courante d'images de dévotion à destination de la petite noblesse parisienne, ainsi que de l'intervention de Lallemant, vers 1607, au couvent des Minimes de Chaillot, où il réalise des peintures dans le cloître.

Surtout, la participation du peintre aux préparatifs de l'entrée royale de Marie de Médicis dans Paris, prévue le , et avortée du fait de l'assassinat d'Henri IV deux jours auparavant, apparaît comme un moment important pour la carrière du jeune peintre. Il ne nous reste qu'une description trop vague des réalisations de Lallemant qui prirent place sur les éléments d'architecture éphémère érigés dans Paris sur le parcours du cortège royal, mais la présence de Lallemant sur le chantier révèle une ascension déjà entamée dans le milieu artistique parisien.

Les années d'établissement (1611-1625)

Le Prévôt des marchands et les échevins de la ville de Paris, 1611, Paris, musée Carnavalet

La période voit l'affirmation de Lallemant comme peintre au service de la municipalité: il est l'auteur d'au moins un portrait collectif des échevins de la ville de Paris, en 1611[1], et très probablement de plusieurs autres dans les années 1610.

En juillet 1616, il obtient ses lettres de naturalité et devient ainsi sujet du roi de France.

Vers 1619, on a mention d'un portrait de Louis XIII peint par Georges Lallemant pour la Chambre des comptes, sans qu'on puisse en savoir davantage sur l'œuvre ou sur les conditions de sa commande.

Notre-Dame de Pitié à Saint-Nicolas-des-Champs, 1620.

Surtout, la part la mieux connue, et aujourd'hui la plus visible, de la production de Lallemant dans ces années est la production religieuse. Bénéficiant de l'immense attrait suscité par l'image religieuse dans un contexte de pénétration de la spiritualité tridentine, le peintre est à l'œuvre dans de nombreuses églises, pour des réalisations modestes ou considérables, non seulement dans son quartier de Paris, la rue Saint-Martin et ses abords, mais dans d'autres églises parisiennes ou en province :

- il repeint et redore des éléments d'une chapelle de son église paroissiale Saint-Josse, en 1613 et 1615;

- au couvent des Feuillants du faubourg Saint-Honoré, il est chargé du décor de la chapelle de Luxembourg, en 1617[2];

- il est attesté à l'église des Saints-Innocents, peut-être à Saint-Sauveur, et de manière certaine à Saint-Nicolas-des-Champs, en 1620 (décoration disparue de la chapelle axiale, mais dont le retable Notre-Dame de Pitié est conservé sur place, dans une autre chapelle[3]);

- en 1621, le peintre passe marché avec les religieuses du Calvaire d'Angers pour la réalisation de peintures destinées à orner l'église du couvent nouvellement construite.

La consécration (vers 1625-1636)

Georges Lallemant, La Charité de saint Martin, vers 1625-1636, Paris, musée Carnavalet

À partir de 1625, Lallemant est cité comme peintre ordinaire du roi, et on le trouve actif sur certains chantiers extrêmement prestigieux, au service de commanditaires de marque. Pour la confrérie des orfèvres de Paris, il peint à plusieurs reprises un May de Notre-Dame de Paris : petits Mays en 1625, et sans doute à une ou plusieurs reprises dans les années 1620, grands Mays de 1630 et 1633. Il semble avoir entretenu plus généralement des liens privilégiés avec le milieu des orfèvres parisiens, liens qui peuvent en partie expliquer le succès rencontré par le peintre.

Toujours à Notre-Dame, Georges Lallemant réalise vers 1632-1634, à la demande de la confrérie des maîtres cordonniers, une série de quatre cartons de tapisseries (qui seront tissées par la suite dans les ateliers du Louvre) représentant l'Histoire de saint Crépin et saint Crépinien, destinés à orner la chapelle de la confrérie, et dont seule une pièce nous est aujourd'hui connue[4].

Dans ces mêmes années, Georges Lallemant est attesté sur le chantier de l'abbaye Sainte-Geneviève-du-Mont, dont la rénovation a été entreprise par le nouvel abbé, François de La Rochefoucauld. Il est l'auteur, sans doute entre 1625 et 1636, de huit toiles destinées à orner les autels du pourtour de la nef de l'église. Parmi elles ne subsistent aujourd'hui que Le prévôt et les échevins de la ville de Paris implorant sainte Geneviève [5] et La Charité de saint Martin.

Il est probablement l'auteur au début des années 1630 d'une Pentecôte[6] destinée à la chapelle de la juridiction consulaire de Paris.

En 1634, il est chargé de peindre les grands volets des orgues de l'église Saint-Étienne-du-Mont.

En 1635, Lallemant peint pour un établissement inconnu de Rouen une Descente du Saint-Esprit.

Lorsqu’il meurt, à la fin du printemps 1636[7], Georges Lallemant apparaît comme un artiste au faîte de sa gloire, dont la carrière n’a jamais réellement pâti de l’arrivée en France d’une mode nouvelle, importée d’Italie à la suite de Simon Vouet revenu de Rome en 1627[8].

L'Œuvre

Un maniériste tardif

Même le retour d'Italie de Vouet en 1627, considéré aujourd'hui comme la naissance d'une nouvelle ère de la peinture française, ne parait pas l'avoir affecté dans ses habitudes. Il se montre peu soucieux d'adopter une construction rigoureuse et on rapportait au XVIIIe siècle, époque où il était dédaigné et considéré comme superficiel, qu'il avait réprimandé le jeune Champaigne qui, selon lui s'astreignait à un respect trop strict des lois de la perspective[9].

L'atelier de Lallemant

Ludolph Büsinck, d'après Georges Lallemant, Enée et Anchise, vers 1623-1629, Londres, British Museum

On s'entend aujourd'hui sur un certain nombre d'élèves assurés de Georges Lallemant:

Au contraire, le peintre ne fut sans doute pas, comme il a été dit, le maître de Claude Vignon ou de Pierre Brébiette.

Ludolph Büsinck (vers 1599/1602 - 1669) fut davantage un collaborateur qu'un élève. Ce graveur allemand, assez obscur du reste, dut séjourner à Paris dans les années 1620, au moment où il réalise une série bien connue de gravures en camaïeu d'après les dessins de Georges Lallemant, éditées chez Melchior Tavernier à Paris. On date généralement, à la suite de Wolfgang Stechow, la collaboration des deux artistes entre 1623 et 1629. On connaît aujourd'hui 22 estampes nées de cette collaboration[10].

Quelques œuvres signées ou généralement attribuées à Georges Lallemant

Georges Lallemant, La Descente du Saint-Esprit, 1635, Rouen, ancienne abbatiale Saint-Ouen

Huiles (sur toile, sur cuivre, ou sur mur), par lieu de conservation :

- à Auvers-Saint-Georges (Essonne) : Adoration des bergers, 186 × 102 cm, église Notre-Dame.

- à Auzat-la-Combelle (Puy-de-Dôme) : Saint cistercien agenouillé devant la Vierge, 140 × 160 cm, église.

- à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) : La pêche miraculeuse, abbatiale Notre-Dame-des-Ardents

- à Lille : Adoration des mages, 189 × 315,5 cm, Palais des beaux-arts

- à Lombard (Doubs) : La Pentecôte, église paroissiale.

- à Mezel (Puy-de-Dôme) : Adoration des bergers, 100 × 140 cm, église paroissiale.

- à Paris :

- à Rennes : Sainte Famille, musée des Beaux-Arts

- à Rouen : La Descente du Saint-Esprit, 1635, ancienne abbatiale Saint-Ouen

- à Saint-Chéron (Essonne) : Saint Pierre et saint Jean guérissant un paralytique à la porte du Temple, 1630, église. Réplique réduite du May de Notre-Dame de cette même année, lui perdu.

- à Saint-Cloud : La rixe, vers 1620, musée du Grand Siècle (préfiguration à Sceaux).

- à Senlis : Jésus parmi les docteurs ou Le Christ retrouvé au Temple, ancienne cathédrale Notre-Dame

- à Varsovie (Pologne) : Georges prompt à la soupe, musée national

- à Vouziers (Ardennes) : La Vierge à l'enfant entre saint Pierre et saint Paul, église Saint-Maurille

Dessins :

  • Scène de séduction ou L'Entremetteuse, Nancy, musée lorrain
  • Sainte Famille, Paris, musée du Louvre
  • L'Entremetteuse, Paris, musée du Louvre
  • Saint Jean écrivant et saint Matthieu lisant, Paris, musée du Louvre
  • Sainte Geneviève, Paris, musée du Louvre

Estampes :

Clairs obscurs gravés par Ludolph Büsinck (vers 1623-1629):

  • Moïse
  • Judith
  • Sainte Famille dans un ovale
  • Série du Christ et des apôtres
  • Saint Luc et saint Marc
  • Saint Mathieu et saint Jean
  • Énée et Anchise
  • Le Joueur de flûte
  • L'Entremetteuse

Autres gravures :

  • Saint Pierre et saint Jean guérissant le boiteux à la porte du Temple, eau forte
  • Moïse sauvé des eaux, burin
  • La Décollation de saint Jean-Baptiste, eau forte

Tapisseries :

Notes et références

  1. Le tableau existe toujours, visible dans les salles du musée Carnavalet.
  2. « Documents du Minutier central, ... », p. 359
  3. Michel Dargaud, « « Un tableau retrouvé de Georges Lallemant dans l'église Saint-Nicolas-des-Champs » », Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, (année 1974) 1975, p. 17-20 (ISSN 2711-6735)
  4. La pièce en question, représentant Le Martyre de saint Crépin et saint Crépinien, est conservée au Mobilier national, à Paris.
  5. Le tableau a été retrouvé par Jacqueline Hériard-Dubreuil dans l'église de Montigny-Lencoup (Seine-et-Marne).
  6. La toile a disparu dans l'incendie de la cathédrale de Québec en 1922.
  7. Voir l’inventaire après décès du peintre, Arch. Nat., Min. centr., étude LXVII, registre 97, édité par Alice Billard, Georges Lallemant (vers 1575-1636), étude des sources de la vie d'un peintre, thèse pour le dipl. d'archiviste paléographe, 2010, p. 289-297.
  8. Contrairement à la thèse largement développée à partir des théories de Charles Blanc et Louis Dimier.
  9. Alexis Donetzkoff, « Chefs-d'œuvre du musée des beaux-arts de Lille », Beaux Arts, no Hors série, , p.34-35
  10. Wolfgang Stechow, « Ludolph Büsinck », dans The Print Collector's Quarterly, t. 25, 1938, p. 393-419, et « Catalogue of the woodcuts by Ludolph Büsinck », dans The Print Collector's Quarterly, t. 26, 1939, p. 349-359.
  11. « TAPISSERIE DE LICE – Histoire de saint Crépin et saint Crépinien Légende de Saint-Crépin », sur Collection du Mobilier national MN/Lab (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Alice Billard, Georges Lallemant (vers 1575-1636), étude des sources de la vie d'un peintre, thèse pour le dipl. d'archiviste paléographe, 2010, 325 p., dactyl. [Thèse conservée aux Archives nationales, CARAN, sous la cote AB XXVIII 1502]; résumé dans École nationale des chartes, positions des thèses... , Paris, école des chartes, 2010, p. 25-34.
  • Denis Lavalle, dans L'art en Lorraine en temps de Jacques Callot, Musée des Beaux-Arts, Nancy, , Paris, Éd. de la Réunion des musées nationaux, 1992.
  • Denis Lavalle, dans De Nicolo dell'Abate à Nicolas Poussin, aux sources du classicisme (1550-1660), exposition, - , musée Bossuet, ancien palais épiscopal, Meaux, Meaux, Musée Bossuet, 1988.
  • Michel Dargaud, "Un tableau retrouvé de Georges Lallemant dans l'église Saint-Nicolas-des-champs de Paris", dans Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 1974, p. 17-20.
  • Bernard de Montgolfier, « Georges Lallemant », dans Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 1968, p. 49-54.
  • Olivier Millar, « An exile in Paris: the notebooks of Richard Symonds », dans Studies in Renaissance and Baroque Art, presented to Anthony Blunt on his 60th birthday, Londres/ New-York, Phaidon, 1967, p. 157-164.
  • Georges Wildenstein, « Georges Lallemant et l'église Saint-Nicolas-des-Champs », dans Gazette des Beaux-Arts, , p. 317-322.
  • François-Georges Pariset, « Documents sur Georges Lallemant », dans Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 1960, p. 183-192.
  • François-Georges Pariset, « Georges Lallemant émule de Jacques de Bellange », dans Gazette des beaux-arts, 6e série, t. 43, , p. 299-308.
  • François-Georges Pariset, « Documents sur Georges Lallemant », dans Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 1952, p. 169-176.
  • Édouard Meaume, « Georges Lalleman et Jean Le Clerc, peintres et graveurs lorrains », dans Mémoires de la Société d'archéologie lorraine, 3e série, t. 4, 1876, p. 29-70.

Liens externes

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