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Geoffroy II de Bretagne

Geoffroy II de Bretagne (né le [1] - mort le à Paris[2] à l'âge de 27 ans) est le fils du roi d’Angleterre, duc de Normandie et comte d’Anjou Henri II et d’Aliénor d’Aquitaine, duchesse d’Aquitaine. Geoffroy est intronisé duc de Bretagne à Rennes en 1169 du fait de sa fiancée Constance de Bretagne. Son père assure l'administration comme baillistre du duché jusqu'en 1181. Le court règne personnel de ce prince (1181-1186) est marqué par l'influence angevine de la dynastie Plantagenêt et la codification de nouvelles coutumes : l'Assise au comte Geoffroy, le premier acte législatif pris à l'échelle du duché par un duc de Bretagne.

Geoffroy II
Illustration.
Portrait de Geoffroy II tiré d'une généalogie du XIVe siècle.
Fonctions
Duc de Bretagne
–
Prédécesseur Conan IV
Successeur Constance
Comte de Richmond
–
Prédécesseur Constance
Successeur Constance
Comte de Rennes et de Nantes
–
Prédécesseur Henri II
Successeur Constance
Biographie
Dynastie PlantagenĂŞt
Date de naissance
Date de décès
Lieu de décès Paris (France)
Sépulture Cathédrale Notre-Dame de Paris
Père Henri II d'Angleterre
Mère Aliénor d'Aquitaine
Conjoint Constance de Bretagne
Enfants Aliénor de Bretagne
Mathilde de Bretagne
Arthur Ier

Biographie

Origine

Geoffroy est le jeune frère de Guillaume, comte de Poitiers (1153-1156), de Henri le Jeune Roi (1155-1183), de Mathilde, duchesse de Saxe (1156-1189), et de Richard Ier Cœur de Lion (1157-1199). Il est également le frère aîné d'Aliénor, reine de Castille (1161-1214), de Jeanne, reine de Sicile (1165-1199) et de Jean sans Terre (1166-1216).

Sa mère, Aliénor d'Aquitaine, est anciennement reine de France par son mariage à Louis VII de France, Geoffroy est donc le demi-frère maternel de Marie de France (1145-1198) et d'Alix de Blois (1150-1195).

Son père, le roi d'Angleterre Henri II, laisse plusieurs enfants illégitimes de diverses maîtresses. Geoffroy est ainsi le demi-frère paternel de Geoffroy, archevêque d'York (1151-1212), de Guillaume de Longue-Épée (1176-1226) et de Morgan (après 1180 – après 1213).

La domination PlantagenĂŞt

Résolu à enfin régner sur son duché, Conan, petit-fils du duc Conan III le Gros mort en 1148, réussit à arracher le pouvoir à son tuteur Eudon II de Porhoët grâce à l’appui d'Henri II, roi d’Angleterre depuis 1154. L'armée anglo-bretonne réussit à vaincre Eudon II de Porhoët, qui est finalement chassé en 1156. Le dynaste de la maison Plantagenêt en profite pour prendre pied en Bretagne, son aide n'est pas sans contrepartie. Le nouveau duc, Conan IV, cède à Henri II le comté de Nantes. En 1160, il épouse Marguerite de Huntingdon, ce qui le lie définitivement au royaume d'Angleterre.

En 1162, Henri II oblige le puissant seigneur breton Raoul, baron de Fougères, à lui céder la châtellenie de Combourg-Dol dont il vient juste d'être nommé tuteur. Raoul, excédé de l'emprise grandissante du monarque anglais, forme une coalition de grands seigneurs sous la conduite d'Eudon II de Porhoët et d'Hervé de Léon. Proclamé duc en 1156, Conan IV doit abdiquer en 1166 quand Henri II envahit la Bretagne à la tête d'une armée et dévaste les villes insurgées dont Fougères et son château, fief de Raoul. Le duc, trop affaibli pour pouvoir continuer à régner, se voit imposer par Henri II des alliances matrimoniales. Pour mieux contrôler la Bretagne, Henri II fiance deux enfants : son fils Geoffroy âgé de 7 ans et l’héritière Constance, fille de Conan IV et âgée de 4 ans. Henri II se fait reconnaître comme gardien du duché jusqu’à la majorité de Geoffroy.

Le gouvernement d'Henri II

Un an après l'abdication de Conan IV de Bretagne et la prise de Fougères, Henri II d'Angleterre est de retour an Bretagne. Il se dirige vers le Léon ou Guyomarch IV refuse de se soumettre fort du soutien d'Eudon II de Porhoët qui était devenu son gendre. La campagne du roi d'Angleterre est rapide le Léon est dévasté et selon Robert de Thorigny sa principale forteresse est détruite. Guyomarch IV se soumet et livre des otages comme Eudon qui confie au roi Alix la fille née de son union avec Berthe de Bretagne. Henri II cherche alors à se concilier les nobles bretons; il convoque à sa cour Eudon de Porhoët qui avait conservé à titre viager de vastes domaines dans les comtés de Vannes et de Quimper. Eudon qui s'était allié désormais avec Rolland de Dinan refuse l'invitation sans doute encouragé par Louis VII de France qui était à cette époque en conflit ouvert avec Henri II d'Angleterre, qui effectue une nouvelle expédition en Bretagne en 1168. Il entreprend une grande chevauchée dans la péninsule et s'attaque au domaine propre d'Eudon; la forteresse de Josselin est prise et détruite, dans le comté de Vannes il prend Auray et poursuit son offensive en Cornouaille sans y rencontrer de grande résistance. Le roi d'Angleterre se retourne ensuite contre Rolland de Dinan et ses alliés. Il ravage la région de la Rance prend le château de Léhon et celui d'Hédé détruit le château de Montmuran et assiège avec succès Becherel. Henri II quitte alors la Bretagne pour rencontrer Louis VII à la Ferté-Bernard.

Malgré les interventions des nobles bretons, le roi de France doit engager des pourparlers avec Henri II et au début de 1169 à Montmirail il reconnaît la position prééminente d'Henri II en Bretagne et accepte l'hommage de son fils Henri le Jeune pour la Normandie, le Maine, l'Anjou et la Bretagne. Henri II triomphe; Geoffroy est reçu dans la cathédrale de Rennes pendant l'été 1169 et reçoit à Nantes à Noël l'hommage des vassaux bretons. Le roi d'Angleterre place alors des hommes de confiance dans l'administration de la Bretagne et à la tête des évêchés. Seul l'évêché de Saint-Pol-de-Léon lui échappe car le titulaire du siège Hamon qu'il avait rallié est assassiné pour cela en par son frère le vicomte Gyomarch IV. Henri II au engage une campagne pour châtier le rebelle qui préfère se soumettre à Pontorson le et livrer ses châteaux. La même année après la mort de Conan IV il saisit les domaines qu'il avait conservés c'est-à-dire le comté de Guingamp et le comté de Richmond. Eudon de Porhoët tente une nouvelle fois de résister mais il est battu par les mercenaires d'Henri II[3].

En 1173, une grande révolte embrasse l'empire Plantagenêt elle est menée par le fils aîné du roi; Henri le Jeune appuyé par ses frères Richard et Geoffroy. Eudon de Porhoët et Raoul II de Fougères prennent une nouvelle fois les armes, mais Rolland de Dinan demeure fidèle à Henri II. Les révoltés contrôlent toutefois Fougères, Ancenis et La Guerche de Bretagne. Henri II réagit rapidement il se dirige contre le seigneurs bretons qui s'étaient emparés de Dol-de-Bretagne et les écrase près de la ville. Les vaincus se réfugient dans le donjon de la ville où ils se rendent le . 82 chevaliers sont faits prisonniers dont Raoul II de Fougères qui ne retrouve la liberté qu'en livrant deux de ses fils en otage et en se réconciliant avec le roi. Les mercenaires d'Henri II poursuivent la campagne ravagent les châteaux de Rougé et de La Guerche, Ancenis est pris par Henri II en personne au [4].

De 1175 à 1181 Henri II n'intervient plus directement en Bretagne il laisse le soin à son fils Geoffroy et à son « Justicier » Rolland de Dinan , Sénéchal de Bretagne qui avait manifesté sa fidélité en 1173-1174, de maintenir l'ordre. C'est ainsi quand 1177 lorsque Guyomarch IV de Léon et Jarnogon de La Roche-Bernard se révoltent, c'est Geoffroy qui intervient comme en 1179 lors de l'ultime révolte du Vicomte de Léon dont Geoffroy partage les possessions entre les deux fils[5].

Règne de Geoffroy

Sceau de Geoffroy.

Le mariage de Geoffroy et de Constance a lieu en , mais le pouvoir effectif de Geoffroy restera bref, car il meurt accidentellement à 28 ans en 1186. Dès 1181-1182 il rejette la tutelle de Rolland de Dinan, prend et brûle sa cité de Bécherel et nomme sénéchal Raoul II de Fougères l'ancien adversaire de son père[6]. Il donne en 1181 confirmation de l'accord conclu entre l'abbaye Saint-Magloire de Paris et le prieuré royal Saint-Magloire de Léhon[7].

Pendant son règne Geoffroy II a le temps de faire rédiger en 1185 par une assemblée de juristes un texte, l’Assise au Comte Geoffroy qui visait à limiter la division des grands fiefs, ce qui lui valut la faveur des barons. S'étant rebellé contre son père Henri II qui refusait de l'investir de l'Anjou, il se réfugie à la cour de France. Il meurt des blessures reçues dans un tournoi à Paris[8] le [9]. Il fut inhumé dans le chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, où son tombeau a disparu lors du nouvel aménagement du chœur de la cathédrale en 1699[10] - [11].

Postérité

De son union avec Constance, duchesse de Bretagne, Geoffroy II eut trois enfants, Aliénor, Mathilde[12] - [13] et Arthur, fils posthume qui deviendra duc en 1196.

Le nouveau roi d’Angleterre, Richard Cœur de Lion, continua la politique paternelle de sujétion de la Bretagne et s’empara de la duchesse en 1196 à Carhaix. Une réaction des Bretons mit son armée en déroute. C’est pourquoi Arthur de Bretagne fut confié au roi de France, Philippe Auguste pour assurer sa sécurité. Aliénor, prisonnière de Jean sans Terre mourut en 1241. Constance se maria en troisièmes noces avec Guy de Thouars et eut Alix, qui succéda à son demi-frère en 1203.

Représentation dans la culture

En littérature

Geoffroy II de Bretagne est l’un des personnages principaux de la pièce de James Goldman The Lion in Winter (en) (1966), où il est dépeint d’une façon proche du portrait qu’en fait Giraud de Barri, et du roman Devil’s Brood (2008) de Sharon Kay Penman (en). Il est aussi mentionné dans les tragédies The Troublesome Reign of King John (anonyme, v.1589), La Vie et la Mort du Roi Jean (1593-1596) de William Shakespeare et King John de Richard Valpy, le poème Le petit Arthur de Bretagne à la tour de Rouen (1822) de Marceline Desbordes-Valmore, le drame Arthur de Bretagne (1885) de Louis Tiercelin et les romans Lionheart (2011) et A King’s Ransom (2014) de Sharon Kay Penman (en), ainsi que dans le deuxième volume de la trilogie Le Château des Poulfenc (2009) de Brigitte Coppin.

À l’écran

Geoffroy a été interprété par John Castle dans le film Le Lion en hiver (1968), adapté de la pièce de James Goldman, et par John Light dans le remake télévisé (2003). Geoffroy a aussi été interprété par Austin Somervell (Geoffroy enfant) et Martin Neil (Geoffroy adulte) dans la série télévisée dramatique de la BBC The Devil's Crown (1978).

Notes et références

  1. Marie-Aline de Mascureau, Chronologie, primitivement publiée dans Aliénor d’Aquitaine. Revue 303, hors-série no 81, p. 218-223, Nantes 2004, in Edmond-René Labande, Pour une image véridique d’Aliénor d’Aquitaine, réédité avec une préface de Martin Aurell par la Société des antiquaires de l'Ouest-Geste éditions en 2005 (ISBN 2-84561-224-9), p. 128.
  2. Mascureau, op. cit., p. 142.
  3. Arthur de La Borderie Histoire de la Bretagne réédition Joseph Floch Mayenne (1975)« La tyranie de Henri II et la résistance bretonne » p. 273-276.
  4. Arthur de La Borderie op. cit. p. 277-279.
  5. Arthur de La Borderie op. cit. p. 279-280.
  6. Peter Meazey Dinan au temps de ses seigneurs éditions de la Plomée Guimgamp 1997 (ISBN 2912113008) p. 53.
  7. Archives départementales d'Indre-et-Loire, série H 988-1175, Supplément du répertoire des abbayes, prieurés et couvents, commanderies, hospices et maladreries. Pièce: H 1027.
  8. D’« une dysenterie succédant à l’accident », selon Dom Lobineau (Histoire de Bretagne, Palais Royal, 1973, I, p. 171, CLVIII).
  9. Arthur de La Borderie « Le règne de Geoffroy II » op. cit. p. 281-285.
  10. Les inhumations à la cathédrale Notre-Dame de Paris.
  11. Voir "Eugène Viollet-le-Duc § Ferdinand de Guilhermy - Description de Notre-Dame, cathédrale de Paris", Parenthèses, collection eupalinos, 2019 (ISBN 978-2-86364-683-0) / ISSN 1279-7650, page 123.
  12. Guy-Alexis Lobineau mentionne l'existence de Mathilde : Histoire de Bretagne, Palais Royal, 1973, I, p. 171, CLIX).
  13. Malcolm A. Craig, « A Second Daughter of Geoffrey of Brittany », Historical Research, vol. 50, no 121 (), p. 112-115.

Bibliographie

  • Arthur Le Moyne de La Borderie, Histoire de Bretagne, t. 3 : 995-1364, Rennes / Paris, J. Plihon et L. Hommay / Alphonse Picard, (lire en ligne). RĂ©Ă©dition : Mayenne, Joseph Floch, 1975.
  • Eric Borgnis Desbordes, Arthur de Bretagne (1187-1203) L'espoir breton assassinĂ©, Yoran Embanner, 2012 (ISBN 978-2916579-44-3).
  • AndrĂ© ChĂ©deville et NoĂ«l-Yves Tonnerre, La Bretagne fĂ©odale : XIe – XIIIe siècle, Rennes, Ouest-France, , 427 p. (ISBN 2-7373-0014-2, OCLC 159879608).
  • Amaury Chauou, Les PlantagenĂŞts et leur cour, Paris, Presses Universitaires de France, , 420 p. (ISBN 978-2-13-074976-9 et 2-13-074976-3).

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