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Gaztelugatxe

Gaztelugatxe, en espagnol Gaztelugache, est un Ă®lot situĂ© sur la cĂ´te de Biscaye Ă  Bermeo (près de Bilbao), dans la communautĂ© autonome basque (Espagne), Ă  200 m du rivage auquel il est reliĂ© par un pont piĂ©tonnier.

Gaztelugatxe
Gaztelugache (es)
Vue de Gaztelugatxe.
Vue de Gaztelugatxe.
GĂ©ographie
Pays Drapeau de l'Espagne Espagne
Localisation Golfe de Gascogne (océan Atlantique)
CoordonnĂ©es 43° 26′ 49″ N, 2° 47′ 06″ O
Point culminant 23 m
GĂ©ologie ĂŽle continentale
Administration
Communauté autonome Pays basque
Province Biscaye
Commune Bermeo
DĂ©mographie
Population Aucun habitant
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+01:00
GĂ©olocalisation sur la carte : Pays basque
(Voir situation sur carte : Pays basque)
Gaztelugatxe
Gaztelugatxe
Géolocalisation sur la carte : océan Atlantique
(Voir situation sur carte : océan Atlantique)
Gaztelugatxe
Gaztelugatxe
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Gaztelugatxe
Gaztelugatxe
ĂŽle en Espagne

Toponymie

Il existe plusieurs hypothèses étymologiques pour le mot gaztelugatxe :

  • « château [perchĂ© sur un] rocher » du basque « gaztelu » = château, et « aitz », pierre, roc, rocher, soit « Château Ă©rigĂ© sur un roc »
  • « gatxe » (gaitz, gaizki), pierreux, difficile, mauvais, maudit, voire par substantivation Le Mal, soit Château maudit[1] - [2].

GĂ©ographie

Gaztelugatxe se situe sur la côte basque, souvent abrupte dans cette région car les vagues de l'océan Atlantique érodent sans cesse les rochers, façonnant ainsi des cavités, des arches et des îles comme celle de Gaztelugatxe. Celle-ci est du reste percée de plusieurs passages souterrains et possède de nombreuses grottes, dont certaines ont été aménagées.

Description

L'Ă®le mesure environ 270 mètres de long sur 80 mètres de large. Au sommet, Ă  50 mètres au-dessus du niveau de la mer, se trouve un monastère aux origines très anciennes et un abri semi-ouvert Ă  l'attention des visiteurs.

Ă€ l'Est, la vue porte sur le cap Matxitxako (en espagnol Cabo Machichaco) et ses deux phares.

Faune et flore

Avec l'îlot d'Aketze (île aux lapins, en espagnol Aquech), le site constitue un refuge naturel maritime, le Biotope protégé de Gaztelugatxe, qui s'étend sur 158 ha, de Bakio jusqu'au cap Matxitxako à Bermeo, dans le golfe de Biscaye, également appelé golfe de Gascogne.

L'île est couverte d'une végétation endémique basque. Si des chênes y ont poussé, la végétation est aujourd'hui essentiellement composée de bruyères et de chênes blancs du fait des nombreux incendies ayant ravagé les lieux.

Les fonds rocheux sont peuplés d'algues de la famille des laminaires, comme des saccorhizes.

La faune est typique du golfe de Gascogne, où abondent les poissons comme les bars et les congres, les crustacés comme les araignées de mer, les invertébrés tels que les limaces de mer, les anémones, les oursins, les poulpes ainsi que des balanes qui s'agrippent à la roche comme aux coques des bateaux.

Les oiseaux marins y abondent. Le site étant protégé, ils peuvent s'y reproduire en toute tranquillité. Parmi eux, le rare océanite tempête ou pétrel, ainsi que des goélands à pattes jaunes, des cormorans et des pigeons retournés à la vie sauvage.

Histoire

L'ermitage de Gaztelugatxeko Doniene

Depuis le Moyen Ă‚ge, le site est un lieu de pèlerinage. Un pont Ă©troit suivi d'un escalier de 241 marches[3] creusĂ©es en partie dans la roche permet d'y accĂ©der, la voie Ă©tant amĂ©nagĂ©e en chemin de croix jalonnĂ© de 14 stations. La lĂ©gende veut que saint Jean Baptiste ait dĂ©barquĂ© Ă  Bermeo. Il aurait atteint l'Ă®lot en trois enjambĂ©es, laissant une empreinte Ă  chacun de ses pas, la dernière au sommet de l'Ă®le, et sur laquelle il aurait ordonnĂ© de construire l'ermitage. La tradition basque recommande après la pĂ©nible montĂ©e, de faire sonner trois fois (chiffre tirĂ© du nombre des pas du saint) la cloche du sanctuaire en faisant un vĹ“u. Ă€ l'origine de la tradition, il s'agissait d'effrayer les mauvais esprits.

L'emplacement du site lui confère longtemps un rôle stratégique dans l'histoire de la région. Il sera ainsi l'objet d'enjeux quelquefois sanglants.

La construction de l'ermitage de San Juan de Gaztelugatxe (en basque : Gaztelugatxeko Doniene), dédié à saint Jean Baptiste, remonterait au IXe siècle. Celle de la petite église remonterait au Xe siècle[1].

Des sépultures datant du IXe au XIIe siècle ont été découvertes tant sur l'esplanade qu'à l'intérieur de l'ermitage.

En l'an 1053, don Iñigo López « Esquirra » (1040-1077), premier Seigneur de Biscaye, en fit don à l'Ordre des chanoines de Prémontré ou norbertins (Orden Premonstratense)[4] établis près de Jaca en Huesca, mais sous le nom de monastère Sanctus lohannes de Peña. À partir de 1162, dans les documents en castillan ancien, le sanctuaire ne portera plus que ce nom-là.

À la fin du XIIIe siècle, il a probablement servi de retraite aux Templiers[5].

C'est à cet endroit que Juan Nuñez de Lara, Seigneur de Biscaye, affronte Alphonse XI, roi de Castille, en 1334[1].

En 1593 l'ermitage est mis Ă  sac par Sir Francis Drake[1].

Un an plus tard, il fut la cible d'une attaque par des Huguenots venus de La Rochelle, qui n'hésitèrent pas à précipiter de haut de la falaise le seul habitant de l'île, un ermite.

Pendant l’Inquisition espagnole, l’Église catholique traque les hérétiques jusque dans les environs de l’île. En effet, dans la région, des personnages comparables à des sorcières faisant partie intégrante de la culture basque, célébraient des rituels appelés Akelarre (« lande du bouc », en basque). Certains récits suggèrent que nombre d’entre elles furent enfermées dans les grottes de Gaztelugatxe[1].

Le site est progressivement abandonné par les religieux, qui emportent tous les objets de valeur avec eux. Mais le sanctuaire continue toutefois à être fréquenté par les habitants des alentours, notamment les marins ayant survécu à un ou des naufrages ainsi que les couples soucieux de fertilité. C'est pourquoi il abrite de nombreux ex-voto[6]. Par ailleurs, les empreintes de pas de saint Jean-Baptiste sont censées être dotées de pouvoirs spécifiques[7].

Au XVIIIe siècle, le site est une dernière fois saccagé par des troupes anglaises.

Très détérioré, le site est entièrement reconstruit en 1886. Malheureusement, les objets retrouvés, qu'il s'agisse de pièces de monnaie ou de boulets de canon, jugés sans importance, seront jetés à la mer. Au XXe siècle, c'est ce qui attire, outre les légendes et l'exploration des fonds marins, les amateurs de plongée sous-marine.

Au XXe siècle, pendant la guerre civile espagnole, la bataille navale de Matxitxako a lieu à proximité de l’île[8].

En 1963, une image de la Vierge de Begoña (Virgen de Begoña) est placée dans les rochers, au-dessous de la surface de la mer.

Le , le site est détruit dans un incendie[9]. Restauré par des bénévoles recrutés par le prêtre Ramon Mendizabal[10], le sanctuaire rouvre ses portes deux ans plus tard, le .

Administration

Gaztelugatxe dépend administrativement de la ville de Bermeo[11] mais la juridiction religieuse à laquelle appartient l'ermitage est celle de la paroisse de Saint Pélage[12] de Bakio.

Escalier de Gaztelugatxe montant sur la falaise.
Gaztelugatxe vue du ciel avec ses escaliers.

Anecdotes

Si l'île dépend administrativement de la ville de Bermeo, d'où il n'est pas possible de la voir puisqu'elle est cachée par le cap Matxitxaco, elle est bien en vue de la ville de Bakio et de fait, l'ermitage dépend de la paroisse de Bakio. Cette particularité donne lieu chaque année fin août à la célebration d'une "dispute territoriale" portant sur le renouvellement de la possession de l'îlot par Bermeo et la possession de l'ermitage de Gaztelugatxe par Bakio. Les festivités sont célébrées par les habitants de chacune des villes alentour, c'est-à-dire Bermeo, Arrieta et Bakio :

  • le , fĂŞte de saint Jean-Baptiste, cĂ©lĂ©brĂ©e par les BermĂ©ens
  • le , fĂŞte de saint Ignace de Loyola, cĂ©lĂ©brĂ©e par les habitants d'Arrieta
  • le , fĂŞte de San Juan degollado, cĂ©lĂ©brĂ©e par les habitants de Bakio. Ă€ cette mĂŞme occasion, la municipalitĂ© de Bermeo se rend Ă©galement sur place mais pour renouveler l'enregistrement de sa possession. Ce jour-lĂ  Ă©galement, une offrande florale est confiĂ©e dans les flots. Elle est dĂ©diĂ©e Ă  la Vierge de Notre-Dame de Begoña, dont une effigie a Ă©tĂ© scellĂ©e au pied de la falaise devant les arches en 1963.
  • le , la messe de fin d'annĂ©e est cĂ©lĂ©brĂ©e pour tous.

Gaztelugatxe est le deuxième site le plus visité de Biscaye.

Anne Igartiburu, une actrice et présentatrice de télévision espagnole, s'y est mariée.

HBO y a filmé en 2016-2017, certaines scènes de la saison 7 de sa série Game of Thrones, Gaztelugatxe rappelant la description de la région fictive de Peyredragon (Dragonstone en VO)[13].

Galerie

  • Gaztelugatxe.
    Gaztelugatxe.
  • L'ermitage.
    L'ermitage.
  • Gaztelugatxe.
    Gaztelugatxe.
  • L'escalier.
    L'escalier.
  • Le tout.
    Le tout.
  • Vue avec le couchĂ© du soleil

Notes et références

  1. El San Juan en la Pena vizcaino, Fernando Arroyo Duran, in Gran Guía de la España Templaria, Penguin Random House Grupo Editorial España, 2012, 480 pages
  2. Iberia: La imagen mĂşltiple, Volume 2, Manuel Lope Manuel de Lope, Random House Mondadori, 2005, 545 pages, 9788483066225, p. 400
  3. Au Moyen Ă‚ge, il y avait 450 marches Ă  gravir pour arriver Ă  l'ermitage, très irrĂ©gulières, rendant l'ascension vĂ©ritablement pĂ©nitentielle.
  4. Juan Ignacio Cuesta Millán : 50 lugares mágicos. América Ibérica, Madrid, 2007; p. 125
  5. La construction en est souvent attribuée aux templiers, ce qui est erroné, ne serait-ce que pour des raisons chronologiques, la première croisade ayant eu lieu en 1095. Toutefois, l'affirmation figure sur bon nombre de brochures touristiques et bien des sites internet.
  6. Foi chrétienne et milieux maritimes XVe-XXe siècles : actes du colloque, Paris, Collège de France, 23-25 septembre 1987, in Collection "La France au fil des siècles"., Alain Cabantous, Françoise Hildesheimer, Éditions Publisud, 1989, p. 212
  7. Ces croyances justifient pour les ouailles d'y mettre leurs propres pieds, y poser un instant un chapeau, une écharpe ou encore un chapelet, par exemple pour guérir les maux de tête.
  8. La bataille du cap Matxitxako est une confrontation navale qui a eu le pendant la Guerre Civile espagnole, entre la Marine de guerre auxiliaire d'Euzkadi (Euzko Itsas Gudarostea), la marine du gouvernement autonome basque, fidèle à la République, et le croiseur Canarias, appartenant à la marine franquiste, dans des eaux du cap Matxitxako, face aux côtes de Biscaye.
  9. La tête du Saint, habituellement déposée sur la proue de la barque ornant l'intérieur de l'église, ne fut restituée par les vagues que quelques jours plus tard, anecdote rapportée dans Pays basque 3 - Biscaye, Muriel CHALANDRE, Régis Couturier, Véronique Sucere
  10. in in Pays basque - Biscaye, Muriel CHALANDRE, Véronique Sucere, Hervé François, Place Des Éditeurs, (ISBN 9782816115697), 76 pages, Section 3, 2013
  11. Le site de Bermeo est mentionné à partir de la fin du Xe siècle. Protégé des vents par le cap Matxitxako, Bermeo fut le principal port de pêche de la Biscaye jusqu'à la fin de la Reconquista au XIVe siècle.
  12. Saint Pélage, San Pelayo ou San Pelaio est un saint largement vénéré dans les Asturies, notamment pour avoir prôné un certain libre arbitre en dépit du dogme catholique, lequel lui a valu l'excommunication.
  13. (es) « 'Juego de Tronos' elige el entorno de San Juan de Gaztelugatxe » [« 'Game of Thrones' chooses the environs of San Juan de Gaztelugatxe »], EiTB,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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