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Fukuzawa Yukichi

Fukuzawa Yukichi (犏柀 è«­ć‰[1], - ) est un penseur de l'Ăšre Meiji. Auteur, Ă©crivain, enseignant, traducteur, entrepreneur et thĂ©oricien politique japonais ayant crĂ©Ă© l’universitĂ© Keio, ses idĂ©es sur le gouvernement et les institutions sociales eurent une influence importante sur le Japon en pleine mutation de l’ùre Meiji. Il est considĂ©rĂ© comme l’un des fondateurs du Japon moderne.

Fukuzawa Yukichi
Yukichi Fukuzawa, photo prise au cours de son voyage Ă  Paris en 1862
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  66 ans)
Shiba-ku (d) (Tokyo, Empire du Japon)
SĂ©pulture
Nom dans la langue maternelle
çŠæŸ€è«­ć‰
Nom de naissance
範
Pseudonyme
明æČ»ć…ćŒćčŽćŸŒäč‹çŠçż
Prénom social
歐ć›Č
Nom de pinceau
äž‰ćäž€è°·äșș
Nationalité
Domicile
çŠæŸ€è«­ć‰æ—§ć±… (d)
Formation
Activités
Enfant
çŠæŸ€ć…‰ (d)
ParentĂšle
Momosuke Fukuzawa (en) (Mukoyƍshi)
Hikojirƍ Nakamigawa (d) (neveu)
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
MaĂźtres
Ogata Kƍan, Moriyama Einosuke, ç™œçŸłç…§ć±± (d)
ƒuvres principales
Situation de l’Occident, Bunmeiron no Gairyaku, L'Appel Ă  l'Ă©tude (d), è„żæŽ‹æ—…æĄˆć†… (d), çȘźç†ć›łè§Ł (d)
Vue de la sépulture.

Son portrait illustre les billets de banque de 10 000 yens.

Fukuzawa sur le billet de 10 000 yens

Biographie

Fukuzawa Yukichi est nĂ© le , sur l'Ăźle de KyĆ«shĆ«. Il est le dernier fils d'une famille de samouraĂŻs peu fortunĂ©e et de rang infĂ©rieur du clan Okudaira de Nakatsu[2] - [3]. Sa famille habite Ă  Osaka, une ville qui est Ă  l’époque la capitale commerciale du Japon. À la suite du dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© de son pĂšre en 1836[2], qui Ă©tait Ă©galement un lettrĂ© confucĂ©en, sa famille perd une bonne part de ses moyens de subsistance.

Durant ses annĂ©es de formation, Fukuzawa est fortement influencĂ© par son maĂźtre : Shƍzan Shiraishi, un lettrĂ© du confucianisme et connaisseur de la dynastie Han[4]. Pour ses 19 ans, en 1854, peu aprĂšs l’arrivĂ©e au Japon du commodore Matthew C. Perry, son frĂšre lui demande de partir pour Nagasaki, ville portuaire oĂč se situe le port nĂ©erlandais, afin qu’il rentre dans une Ă©cole pour commencer des Ă©tudes nĂ©erlandophones (rangaku). Il lui donne pour consigne d’apprendre le nĂ©erlandais de maniĂšre qu’il puisse Ă©tudier la conception des canons et des armes Ă  feu europĂ©ens[5] - [6].

Bien qu’il se rende Ă  Nagasaki, il n’y reste pas longtemps car il ne tarde pas Ă  y dĂ©passer son hĂŽte, Okudaira Iki[7]. Ce dernier tente de se dĂ©barrasser de Fukuzawa en Ă©crivant une lettre prĂ©tendant que sa mĂšre est malade. Mais, dĂ©couvrant la supercherie, Fukuzawa se rend Ă  Edo pour y continuer ses Ă©tudes, car il sait qu’il ne serait pas en mesure de le faire chez lui, Ă  Nakatsu[8]. À son retour Ă  Osaka, son frĂšre le persuade de rester et il devient un Ă©tudiant de l’école Tekijuku, dirigĂ©e par Ogata Kƍan, un savant des Ă©tudes rangaku[9] - [6]. Fukuzawa y Ă©tudie pendant trois annĂ©es, pĂ©riode pendant laquelle il parvient Ă  maĂźtriser parfaitement le nĂ©erlandais[3]. En 1858, il est nommĂ© professeur de nĂ©erlandais des vassaux du domaine de Nakatsu qu'il enseigne dans le quartier de Tsukiji, Ă  Edo[10].

L’annĂ©e suivante, le Japon ouvre trois ports aux navires amĂ©ricains et europĂ©ens, et Fukuzawa, intriguĂ© par la civilisation occidentale, va Ă  Kanagawa afin de les rencontrer. À son arrivĂ©e, il se rend compte que quasiment tous les marchands europĂ©ens parlent anglais et non pas nĂ©erlandais. Il se lance alors dans l’apprentissage de l’anglais, mais Ă  l’époque les interprĂštes anglais-japonais sont rares et il n’existe pas encore de dictionnaires, autant de barriĂšres freinant ses Ă©tudes.

En 1858, riche de son observation du systĂšme d'enseignement occidental aux États-Unis lors de son sĂ©jour d'Ă©tudes Ă  l'UniversitĂ© Brown, il fonde une Ă©cole privĂ©e d'Ă©tudes occidentales qui deviendra par la suite l'universitĂ© Keiƍ[6].

En 1859, le shogunat envoie sa premiĂšre mission diplomatique aux États-Unis[3] - [6]. Fukuzawa se porte volontaire, offrant ses services Ă  l’amiral Kimura Yoshitake en tant qu'assistant du magistrat de la marine[10]. Le navire de Kimura, le Kanrin Maru, arrive en Californie, Ă  San Francisco, en 1860[10]. La dĂ©lĂ©gation y reste un mois, pĂ©riode au cours de laquelle Fukuzawa se fait prendre en photo avec une jeune fille amĂ©ricaine (la fille du photographe), et oĂč il se procure une copie d’un dictionnaire Webster, grĂące auquel il peut alors commencer sĂ©rieusement son Ă©tude de l’anglais.

À son retour en 1860, Fukuzawa devient traducteur officiel du shogunat Tokugawa[10]. Peu de temps aprĂšs sort sa premiĂšre publication, un dictionnaire anglais-japonais qu’il appelle « Kaei TsĆ«go » (une traduction effectuĂ©e Ă  partir d’un dictionnaire chinois-anglais), la premiĂšre publication d’une longue sĂ©rie de livres. En 1862, il visite l’Europe en prenant part au voyage comme l’un des deux traducteurs de la premiĂšre mission diplomatique japonaise en Europe, une dĂ©lĂ©gation forte de 40 personnes[3] - [6]. Pendant son annĂ©e en Europe, cette dĂ©lĂ©gation conduit des nĂ©gociations avec la France, l’Angleterre, les Pays-Bas, la Prusse et enfin la Russie. Dans ce dernier pays, les nĂ©gociations portant sur l’extrĂ©mitĂ© mĂ©ridionale de Sakhaline, une Ăźle situĂ©e dans le nord-ouest de l'ocĂ©an Pacifique, au large de la SibĂ©rie, Ă©chouent.

Les informations rĂ©coltĂ©es au cours de ce voyage rĂ©sultent en la publication de son Ɠuvre majeure « Situation de l’Occident » (è„żæŽ‹äș‹æƒ…, Seiyƍ Jijƍ), qu’il publie en dix volumes en 1867, 1868 et 1870[3] - [6]. Le premier volume est tirĂ© Ă  250 000 exemplaires. Ces livres dĂ©crivent la civilisation occidentale et ses institutions en des termes simples et faciles Ă  comprendre, et ils deviennent alors des best-sellers du jour au lendemain. Il est bientĂŽt considĂ©rĂ© comme le plus grand expert sur l’Occident, un Ă©lĂ©ment qui l’amĂšne Ă  la conclusion que sa mission dans la vie est d’enseigner Ă  ses compatriotes de nouvelles façons de penser afin de permettre au Japon de rĂ©sister Ă  l’impĂ©rialisme europĂ©en. Il se rendit de nouveau aux États-Unis en 1867 pour une mission d'achat de navires de guerre[10].

En 1868, il renomme Keio Gijuku, l’école qu’il avait crĂ©Ă©e pour enseigner le nĂ©erlandais, et Ă  partir de ce moment-lĂ  se consacre exclusivement Ă  l’enseignement[3]. Alors que la caractĂ©ristique initiale de Keio Ă©tait celle d’une Ă©cole privĂ©e dĂ©diĂ©e aux Ă©tudes occidentales (Keio-gijuku), celle-ci s’est dĂ©veloppĂ©e jusqu’à Ă©tablir sa propre universitĂ© en 1890 sous le nom de l’universitĂ© Keio, devenant un leader dans l’enseignement supĂ©rieur japonais[6].

En 1872, il fonde à Tsushima une académie d'étude du Hangeul, afin de ressusciter cette langue populaire coréenne qui avait virtuellement disparu de Corée en raison de sa féroce prohibition par les lettrés oligarques Yangban (peines de mort pour tous ceux détenant un livre en Hangeul...). Il étudia ainsi les documents et la littérature disponibles à l'époque, créant ainsi le Hangeul moderne, qui fut enseigné par la suite dans les milliers d'écoles construites par les Japonais, lors de l'annexion du royaume Joseon.

Le , avec un certain nombre d'intellectuels éclairés comme Arinori Mori (1847-1889), qui fut ministre de l'instruction publique, il fonde une école de pensée : la Meirokusha, qui se donne pour mission de « favoriser la civilisation et l'éclaircissement », et d'introduire l'éthique occidentale et les éléments de la civilisation occidentale au Japon[6]. Il est également connu pour ses critiques à l'égard de Kaishu Katsu dans Yase gaman no setsu (« Esprit de défi viril »)[10].

Fukuzawa Yukichi meurt le [3] ; il est enterrĂ© au Zenpuku-ji, dans le quartier de Azabu Ă  Tokyo. Tous les ans, Ă  la date anniversaire de sa mort, les anciens Ă©tudiants de l’universitĂ© Keio lui rendent hommage au cours d'une cĂ©rĂ©monie commĂ©rative dans l'enceinte de ce haut lieu de culture qu'il leur a laissĂ© en hĂ©ritage.

ƒuvres

Les Ă©crits de Fukuzawa figurent parmi les plus avant-gardistes de l’ùre Meiji. Entre 1872 et 1876, il publie 17 tomes de Gakumon no Susume (« L’appel Ă  l’étude »)[3]. Dans ces textes, Fukuzawa explique pourquoi il est important de comprendre le principe de lâ€˜Ă©galitĂ© des chances et pourquoi les Ă©tudes sont la clef de la rĂ©ussite. Ardent partisan de l’éducation, il croyait en l’établissement de bases intellectuelles solides Ă  travers les Ă©tudes et l’application. Son cĂ©lĂšbre manuel Sekai Kunizukushi (un texte sur les rĂ©gimes dans le monde dont on traitait peu Ă  l’époque : Afrique, etc.) devient un best-seller et est utilisĂ© comme manuel scolaire officiel.

Dans ses Ă©crits de sa sĂ©rie Gakumon no Susume, et influencĂ©e par la publication « Elements of Moral Science » (1835, 1856 ed.) de Francis Wayland, prĂ©sident de l’universitĂ© Brown, Fukuzawa dĂ©fend l’un des principes majeurs qui lui sera associĂ© « l’indĂ©pendance nationale grĂące Ă  l’indĂ©pendance individuelle ». En acquĂ©rant son indĂ©pendance, un individu n’a pas Ă  dĂ©pendre de la force d’autrui. GrĂące Ă  ce principe, Fukuzawa espĂ©rait transmettre l’idĂ©e de force personnelle au peuple japonais, et, Ă  travers cette force personnelle, construire une nation en mesure de rivaliser avec toutes les autres. D’aprĂšs lui, les sociĂ©tĂ©s occidentales Ă©taient devenues puissantes, comparativement aux autres pays Ă  l’époque, parce qu’elles favorisaient l’éducation, l’individualisme (l’indĂ©pendance), la concurrence et les Ă©changes d’idĂ©es.

Fukuzawa a Ă©galement publiĂ© de nombreux essais et ouvrages critiques. L’on peut citer comme exemple reprĂ©sentatif Bunmeiron no Gairyaku (« Ébauche d'une thĂ©orie de la civilisation »), publiĂ© en 1875, livre dans lequel il dĂ©taille sa propre thĂ©orie de la civilisation[3]. Il avait Ă©tĂ© influencĂ© par l’ouvrage de François Guizot "Histoire de la civilisation en Europe" (publiĂ© en 1828 en français et traduit en anglais en 1848). D’aprĂšs Fukuzawa, la civilisation est relative au temps et aux circonstances. Par exemple, la Chine Ă©tait relativement civilisĂ©e en comparaison avec certains pays africains, et les nations europĂ©ennes Ă©taient les plus civilisĂ©es. Des membres de la sociĂ©tĂ© intellectuelle Meirokusha partageaient les vues de Fukuzawa, lesquelles Ă©taient publiĂ©es dans le Meiroku Zasshi (Meiji Six Magazine), une publication qu’il contribua Ă  lancer. Dans ses livres et journaux, il traitait frĂ©quemment du mot « civilisation » et de sa signification. Il prĂŽnait des changements en direction de la « civilisation », un terme qui pour lui impliquait le bien-ĂȘtre matĂ©riel et spirituel, pouvant Ă©lever la condition humaine vers de plus hautes sphĂšres. Étant donnĂ© que ce bien-ĂȘtre matĂ©riel et spirituel correspondait Ă  la connaissance et Ă  la vertu, « aller en direction de la civilisation » signifiait l’avancement et la poursuite de la connaissance et de la vertu elles-mĂȘmes. Il prĂ©tendait que l’on pouvait trouver la rĂ©ponse Ă  la vie oĂč Ă  une situation donnĂ©e grĂące Ă  la « civilisation », et que les diffĂ©rences entre le faible et le puissant ainsi qu’entre le petit et le grand Ă©taient seulement dues Ă  des diffĂ©rences au niveau de leurs connaissances et de leur Ă©ducation. D’aprĂšs lui, au lieu d’importer des armes et des Ă©quipements le Japon devait se faire le chantre de l’acquisition de connaissances, ce qui conduirait finalement Ă  l’acquisition des besoins matĂ©riels. Il soutenait Ă©galement le concept japonais consistant Ă  ĂȘtre pratique ou pragmatique (漟歩, jitsugaku), et la construction de ce qui est essentiel et utile Ă  autrui. En rĂ©sumĂ©, le concept de civilisation pour Fukuzawa consistait principalement en l’approfondissement de la connaissance et de l’éducation.

Critiques

Fukuzawa fut accusĂ© par certains de soutenir l’impĂ©rialisme japonais Ă  cause de son essai Datsu-A Ron (« Fuite d’Asie »), publiĂ© en 1885, oĂč sa pensėe est rĂ©sumĂ©e par la formule "Datsu-A, nyĂ»-O" ("Quitter l'Asie, intĂ©grer l'Occident") et aussi en relation avec la premiĂšre guerre Sino-Japonaise (1894-1895). Pourtant, Datsu-A Ron Ă©tait en fait une rĂ©ponse Ă  une tentative avortĂ©e par des CorĂ©ens d’organiser une faction effective de rĂ©formateurs, une tentative qu’il avait soutenue. La publication de cet essai reprĂ©sentait le retrait de son soutien. MalgrĂ© tout, l’assistance fournie aux CorĂ©ens radicaux Ă  l’époque n’avait jamais eu pour but d’aboutir Ă  une complĂšte indĂ©pendance pour la pĂ©ninsule, mais au contraire cherchait Ă  amener la CorĂ©e sous l’influence toujours grandissante du Japon. Cela fut clairement dĂ©montrĂ© par les jeux de pouvoir entrepris en CorĂ©e Ă  la fois par les CorĂ©ens soutenus par Fukuzawa et l’armĂ©e impĂ©riale japonaise pendant la premiĂšre guerre Sino-Japonaise.

D’aprĂšs le livre Fuzawa Yukichi no Shinjitsu ("La vĂ©ritĂ© de Fukuzawa Yukichi"), de Yƍ Hirayama, une telle opinion est un malentendu dĂ» Ă  l’influence de Mikiaki Ishikawa, auteur d’une biographie de Fukuzawa (1932) et le compilateur de ses Ɠuvres complĂštes (1925–1926 et 1933–1934). D’aprĂšs Hirayama, Ishikawa a ajoutĂ© dans cette biographie des Ă©ditoriaux anonymes dans les Ɠuvres complĂštes, ainsi que des matĂ©riaux historiquement imprĂ©cis. En fait, d'aprĂšs Hirayama, Fukuzawa aurait critiquĂ© les gouvernements chinois et corĂ©ens, mais il n’avait pas d’attitude discriminatoire Ă  l’encontre des peuples chinois ou corĂ©ens. Les dĂ©clarations dĂ©prĂ©ciatives attribuĂ©es Ă  Fukuzawa serait dues Ă  Ishikawa.

Il est important de distinguer le contenu prĂ©sent dans les Ɠuvres complĂštes de Fukuzawa Yukichi (1958-1964), volumes 1 Ă  7, de celui apparaissant dans les volumes 8 Ă  16. Les sept premiers volumes contiennent des Ɠuvres signĂ©es, mais les Ă©ditoriaux de Jiji Shinpƍ du volume 16 furent Ă©crits six mois aprĂšs la mort de Fukuzawa, ce dernier ne peut donc en ĂȘtre l’auteur.

Legs

La plus importante contribution de Fukuzawa aux efforts de rĂ©forme se prĂ©sente sous la forme d’un journal nommĂ© Jiji shimpƍ (時äș‹æ–°ć ±, "ÉvĂ©nements courants"), lancĂ© par ses soins en 1882, aprĂšs avoir Ă©tĂ© poussĂ© par Inoue Kaoru, ƌkuma Shigenobu, et Itƍ Hirobumi de diffuser son influence auprĂšs du peuple Ă  travers l’édition. Tous s’entendaient sur le point que le gouvernement devait consister en une assemblĂ©e nationale, et, lorsque les rĂ©formes dĂ©butĂšrent, Fukuzawa, dont la renommĂ©e Ă©tait dĂ©jĂ  indiscutable, lança la production de Jiji Shinpo, un journal qui eut une grande circulation, encourageant le peuple Ă  se dĂ©velopper lui-mĂȘme et Ă  adopter une attitude politique modĂ©rĂ©e envers les changements en cours Ă  l’intĂ©rieur des structures sociales et politiques japonaises. Il traduisit de nombreux livres et journaux en japonais sur une grande gamme de sujets, dont la chimie, les arts, l’armĂ©e et la sociĂ©tĂ©, et publia lui-mĂȘme un grand nombre de livres et de journaux dĂ©crivant la sociĂ©tĂ© occidentale, sa philosophie, ses changements, etc.

Les idĂ©es de Fukuzawa sur la force de l’individu et sa connaissance de la thĂ©orie politique occidentale, telles que prĂ©sentĂ©es dans ses Ă©crits, Ă©taient essentielles quant Ă  la motivation du peuple japonais Ă  embrasser le changement. Il peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme l’une des personnalitĂ©s les plus influentes en ce qui concerne la modernisation du Japon et l’un des intellectuels les plus progressistes de son pays. Il est considĂ©rĂ© comme l’un des leaders de la Restauration Meiji. Fukuzawa n’a jamais acceptĂ© le moindre poste au sein du gouvernement et est restĂ© un citoyen indĂ©pendant toute sa vie. À sa mort, il fut rĂ©vĂ©rĂ© comme l’un des fondateurs du Japon moderne. Toutes ses Ɠuvres furent Ă©crites et publiĂ©es Ă  une Ă©poque charniĂšre de la sociĂ©tĂ© japonaise et d’incertitude pour le peuple japonais quant Ă  leur futur aprĂšs la signature de traitĂ©s inĂ©gaux avec les puissances occidentales, la rĂ©alisation de la faiblesse du gouvernement japonais de l’époque (Tokugawa Shogunate) et de son incapacitĂ© Ă  repousser les influences amĂ©ricaines et europĂ©ennes. Il faut aussi noter qu’il existait des groupes de samouraĂŻs farouchement opposĂ©s aux AmĂ©ricains, aux EuropĂ©ens et leurs alliĂ©s par le biais d’assassinats et de destructions diverses. Fukuzawa craignait pour sa vie car l’un de ces groupes de samouraĂŻs avait tuĂ© un de ses collĂšgues pour s’ĂȘtre fait l’avocat de politiques similaires Ă  celles prĂŽnĂ©es par Fukuzawa. Ce dernier Ă©crivit Ă  une Ă©poque oĂč le peuple japonais ne savait pas s’il devait ressentir de l’amertume Ă  la suite de la signature de traitĂ©s inĂ©gaux avec les AmĂ©ricains et EuropĂ©ens et Ă  l’impĂ©rialisme occidental se trouvant Ă  sa porte, ou s’il se devait de comprendre l’Occident et aller de l’avant. Fukuzawa contribua grandement au succĂšs final des forces pro-modernisation.

Fukuzawa figure sur les billets de 10 000 yens utilisĂ©s actuellement et a Ă©tĂ© comparĂ© Ă  Benjamin Franklin aux États-Unis, une comparaison intĂ©ressante quand on sait que ce dernier figure sur les billets de 100 dollars amĂ©ricains. Bien que tous les autres personnages apparaissant sur les billets de banque japonais aient Ă©tĂ© remplacĂ©s par d’autres portraits, lors de l’introduction de nouveaux designs, celui de Fukuzawa est le seul Ă  avoir Ă©tĂ© conservĂ©, sur le billet de 10 000 yens.

L’ancienne demeure de Yukichi Fukuzawa dans la ville de Nakatsu, prĂ©fecture de ƌita, a Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e patrimoine culturel national. Sa maison et le mĂ©morial qui lui est consacrĂ© sont les principales attractions de la ville.

Yukichi Fukuzawa croyait fermement que l’éducation occidentale Ă©tait supĂ©rieure Ă  l’éducation japonaise. MalgrĂ© tout, il n’aimait pas l’idĂ©e de tenir des dĂ©bats au parlement. DĂšs 1860, il voyagea en Europe et aux États-Unis. Il pensait que le problĂšme du Japon tenait Ă  la faible valeur accordĂ©e aux mathĂ©matiques et Ă  la science, et que les Japonais souffraient « d’un manque d’indĂ©pendance ». Avec Shigenobu ƌkuma et Jƍ Niijima, il compte parmi les grands Ă©ducateurs de l'Ăšre Meiji.

On peut rĂ©sumer sa pensĂ©e par le mot « indĂ©pendance ». Yukichi Fukuzawa pensait que l’indĂ©pendance nationale Ă©tait le cadre de la sociĂ©tĂ© en Occident. Mais, pour parvenir Ă  atteindre cette indĂ©pendance, Ă  la fois nationale mais aussi personnelle, Fukuzawa se fit l’avocat du savoir occidental. Il pensait que la vertu publique s’accroĂźtrait en mĂȘme temps que le niveau d’éducation de la population.

Citations

« On dit que les cieux ne créent pas un homme au-dessus des autres hommes ou en dessous des autres hommes. »

— L'Appel Ă  l'Ă©tude

« Mais que faut-il entendre par « civilisation » ? Au sens large, le terme n'implique pas seulement la jouissance des amĂ©liorations dues au progrĂšs dans la vie de tous les jours, mais aussi le dĂ©veloppement des connaissances et la pratique de la vertu afin d'Ă©lever la vie humaine Ă  un plan supĂ©rieur. Autrement dit, le terme « dĂ©signe Ă  la fois l'acquisition du bien-ĂȘtre matĂ©riel et l'Ă©lĂ©vation de l'esprit humain » mais, « comme le bien-ĂȘtre et le raffinement de l'humanitĂ© sont le rĂ©sultat du savoir et de la vertu, la civilisation se dĂ©finit, en derniĂšre analyse, comme le progrĂšs de l’humanitĂ© dans la connaissance et la vertu » »

— Ébauche d’une thĂ©orie de la civilisation

Notes et références

  1. Depuis 1946, on Ă©crit son nom 犏æČą en remplaçant le deuxiĂšme caractĂšre, traditionnel, par son Ă©quivalent simplifiĂ© moderne. C'est le cas sur les billets de banque.
  2. Fukuzawa et Kiyooka 2007, p. 1.
  3. (en) BibliothÚque nationale de la DiÚte, « Fukuzawa, Yukichi » [« Fukuzawa Yukichi »], sur www.ndl.go.jp, (consulté le ).
  4. Fukuzawa et Kiyooka 2007, p. 7.
  5. Fukuzawa et Kiyooka 2007, p. 21-22.
  6. Hunter 1984, p. 47.
  7. Fukuzawa et Kiyooka 2007, p. 22-23.
  8. Fukuzawa et Kiyooka 2007, p. 24-29.
  9. Fukuzawa et Kiyooka 2007, p. 34-35.
  10. (en) BibliothÚque nationale de la DiÚte, « Yukichi Fukuzawa », sur Japan search, (consulté le )

À voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • L'Appel Ă  l'Ă©tude (歩敏ぼすゝめ, Gakumon no susume), 1872-1876, Ă©dition complĂšte, traduit, annotĂ© et prĂ©sentĂ© par Christian Galan, Paris, Les Belles Lettres, avril 2018, 220 p.
  • Ébauche d'une thĂ©orie de la civilisation (文明論äč‹æŠ‚ç•„, Bunmeiron no gairyaku), 1875.
  • La Vie du vieux Fukuzawa racontĂ©e par lui-mĂȘme (穏翁è‡Ș䌝, Fukuƍjiden), 1899, traduit par Marie-Françoise Tellier, Albin Michel 2007. (ISBN 978-2-226-17109-2).
  • Plaidoyer pour la modernitĂ© : introduction aux Ɠuvres complĂštes, traduit par Marion Saucier, CNRS 2008. (ISBN 978-2271067364) - (podcast prĂ©sentant cet ouvrage).
  • Y. Obataya, S. Guex, "Fukuzawa Yukichi et l'Asie", in Japon colonial, 1880-1930. Les voix de la dissension Ă©d. par P.-F. Souyri (Paris, 2014), p. 33-35, suivi de Fukuzawa Yukichi (trad. par Y.O. et S.G.), "Pour un rapprochement avec les Chinois", p. 37-39.
  • (en) Yukichi Fukuzawa (trad. du japonais par Eiichi Kiyooka, prĂ©f. Albert Craig), The Autobiography of Yukichi Fukuzawa [« 穏翁è‡Ș䌝 »] [« Autobiographie de Fukuzawa Yukichi »], New York, Columbia University Press,‎ (1re Ă©d. 1966), 477 p. (ISBN 978-0-231-13986-1 et 0231139861, OCLC 935609348).Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Janet Hunter, Concise Dictionary of Modern Japanese History [« Dictionnaire compact de l'histoire moderne du Japon »], Berkeley, University of California Press, , 347 p. (ISBN 978-0-520-04557-6 et 0520045572, OCLC 750847315, lire en ligne).

Liens externes

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