AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Front national uni pour la démocratie et contre la dictature

Le mouvement social des « chemises rouges » (Sua Daeng en thaĂŻ) Ă©tait initialement appelĂ© l’Alliance dĂ©mocratique contre la dictature (DAAD). CrĂ©Ă© en 2006, il change de nom en 2007 pour devenir le Front national uni pour la dĂ©mocratie et contre la dictature (UDD)[1]. La couleur rouge a Ă©tĂ© choisie comme symbole du mouvement, couleur de rĂ©bellion et en opposition avec le mouvement rival des « chemises jaunes », le People's Alliance for Democracy (en) (PAD)[2]. Plus qu’un mouvement d’appui au premier ministre Thaksin destituĂ© par un coup d’État militaire en 2006, ce mouvement de classe des « chemises rouges » de l’UDD reprĂ©sente le plus grand mouvement social qu’ait connu la ThaĂŻlande[2]. Les coalitions des chemises rouges sont l’expression de revendications dĂ©mocratiques portĂ©es par les secteurs sociaux en lutte contre un systĂšme Ă©litaire. Les chemises rouges ont donc pour principaux objectifs politiques d’obtenir plus de dĂ©mocratie et de mettre fin Ă  l‘immuabilitĂ© du « vieil appareil politique »[3].

Front national uni pour la démocratie et contre la dictature
Marche des « chemises rouges » à travers Bangkok le 20 mars 2010.
Histoire
Fondation

Origine du mouvement et contexte d'Ă©mergence

On donne comme Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur du mouvement des « chemises rouges » le coup d’État du 19 septembre 2006 qui renversa le gouvernement de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra en fonction depuis le 9 fĂ©vrier 2001[3].

Les chemises rouges sont dans la continuitĂ© des mouvements en faveur de la dĂ©mocratie tels que le Parti du peuple (en) qui renversa la monarchie absolue en 1932, les insurrections contre l’armĂ©e en 1973 et 1992, et la guerre civile lancĂ©e par les communistes Ă  la fin des annĂ©es 1970[3].

Le coup d’État de septembre 2006

Le mouvement Ă©merge en partie par ce « ras le bol » du coup d'État dont celui du 19 septembre 2006 en est l’élĂ©ment dĂ©clencheur. Depuis 1932, la ThaĂŻlande a promulguĂ© 18 constitutions et connu plus d’une vingtaine de coups d’État dont 12 rĂ©ussis. Les constitutions durent en moyenne 4 ans pour un coup d’État tous les 6, 8 ans. Ainsi, aprĂšs chaque coup d’État, une courte et provisoire constitution est promulguĂ©e. AprĂšs une courte parenthĂšse dĂ©mocratique qui mena Ă  la rĂ©daction de la Constitution dĂ©mocratique de 1997, Thaksin Shinawatra est Ă©lu premier ministre en 2001 sur un programme Ă  la fois nĂ©olibĂ©ral et social qui lui permit de se faire rĂ©Ă©lire quatre ans plus tard en 2005. Mais bientĂŽt des rumeurs Ă©clatent, l'accusant de corruption et de nĂ©potisme. Des manifestations et troubles Ă©clatent entre partisans et adversaires, entraĂźnant une crise politique puis institutionnelle. Le , l'armĂ©e royale thaĂŻlandaise s'empare du pouvoir en annonçant une autoritĂ© provisoire fidĂšle au roi de ThaĂŻlande[4].

RĂ©trospectivement, on explique en partie ce renversement Ă  la nĂ©gligence dĂ©libĂ©rĂ©e du Premier ministre envers les intĂ©rĂȘts des grandes familles, mais Ă©galement peut-ĂȘtre Ă  sa trop grande popularitĂ© — qui aurait portĂ© ombrage Ă  celle du roi. La Constitution de 1997 est abolie et est remplacĂ©e par une Constitution transitoire en 2006 qui deviendra permanente en 2007[4]. De lĂ , s’imposeront diffĂ©rents groupes contre le coup d’État du 19 septembre qui formeront plus tard l’Alliance dĂ©mocratique contre la dictature (DAAD)[1].

De la DAAD Ă   l’UDD

L’Alliance dĂ©mocratique contre la dictature est nĂ©e de groupes distincts qui se sont ensuite agrĂ©gĂ©s. La premiĂšre organisation qui est crĂ©Ă©e en opposition au coup d’État, « RĂ©seau du 19 septembre 2006 » voit le jour dĂšs le lendemain, soit le 20 septembre 2006. Elle est fondĂ©e par des jeunes bangkokiens pour la dĂ©mocratie mais pour la plupart hostiles Ă  Thaksin. Au dĂ©part leurs manifestations Ă  Bangkok ne rĂ©unissent pas plus de 50 personnes mais lors de leur manifestation le 10 dĂ©cembre 2006 Ă  Sanam Luang, ils rĂ©unissent 1000 personnes. Un deuxiĂšme mouvement appelĂ© « les gens du samedi contre la dictature » nait. Les membres se rencontrent sur les rĂ©seaux sociaux et soutiennent Thaksin. Progressivement le mouvement s’organise (impression de journaux, campagne, pĂ©tition
) et l’esplanade de Sanam Luang devient, tous les samedis le rendez-vous, de plus en plus incontournable pour ceux qui s’opposent au coup d’État. Le groupe « RĂ©volution citoyenne » naĂźt Ă©galement d’une scission au sein du groupe « RĂ©seau du 19 septembre contre le coup d’État » au sujet principalement du rapport Ă  Thaksin. Le groupe aura un rĂŽle de leader dans la campagne contre la Constitution de 2007. La « FĂ©dĂ©ration dĂ©mocratique » crĂ©Ă©e en 1992 est Ă©galement une organisation qui renaitra en 2006 pour se mobiliser contre le gouvernement militaire aprĂšs le coup d’État. Parmi les autres groupes : « les Amis de la Constitution de 1997 Â», le « Groupe du 24 juin dĂ©mocratique Â» ou encore les « radios communautaires des amis des taxis » [1].

À partir de mars 2007, ses diffĂ©rents groupes s’allient. L’alliance s’agrandit progressivement au fil des mois pour passer en mai 2007 Ă  22 organisations rĂ©unies[1].

À cĂŽtĂ© de cela, les membres de PTV (en) — chaĂźne de tĂ©lĂ©vision sur laquelle s’exprimait des hommes politiques du parti Thai rak Thai Ă  l’époque du gouvernement de Thaksin et qui fut fermĂ©e — s’organisent. Ils commencent Ă  manifester pour montrer leur opposition au coup d’État. Ils rassemblĂšrent plus de 4 000 personnes durant leurs manifestations. Ainsi, le PTV et le Front des organisations contre le coup d’État s’allient et crĂ©ent le 6 juin 2007, l’Alliance dĂ©mocratique contre la dictature (DAAD), une fĂ©dĂ©ration d’organisations. La DAAD avait Ă  l’origine un triple objectif : faire campagne contre le coup d’État de 2006, soutenir Thaksin et rejeter la dĂ©signation du gĂ©nĂ©ral Surayut Chulanon, royaliste convaincu et ancien chef militaire, comme Premier ministre du gouvernement militaire issu du coup d’État[1].

L’une des manifestations fondatrices de mouvements des « Chemises rouges » fut celle du 2 juillet 2007 devant la maison du gĂ©nĂ©ral Prem, prĂ©sident du conseil privĂ© du Roi. Ce jour-lĂ , les leaders du mouvement mĂšnent les manifestants Ă  rĂ©clamer la dĂ©mission de ce Conseil privĂ©. Les manifestants sont alors dispersĂ©s, une dizaine de personnes sont blessĂ©es et neuf leaders du mouvement arrĂȘtĂ©s et emprisonnĂ©s. Cet Ă©vĂ©nement, marquant pour les opposants, les amĂšne Ă  revoir leur stratĂ©gie. Ils ne peuvent plus ĂȘtre un mouvement social dĂ©sordonnĂ© dans la rue, mais doivent devenir un mouvement d’opposition qui doit peser dans l'avenir. De nouvelles Ă©lections de leurs dirigeants les amĂšnent Ă  crĂ©er le Front national uni pour la dĂ©mocratie et contre la dictature (UDD), comme coalition d’opposition Ă  la dictature[1].

Composition et importance du mouvement

Ceux qui s'identifient au mouvement des « chemises rouges Â» ont longtemps Ă©tĂ© dĂ©crits comme faisant partie des classes infĂ©rieures ou pauvres de la sociĂ©tĂ© thaĂŻlandaise. En rĂ©alitĂ© la classe moyenne est Ă©galement trĂšs prĂ©sente dans ses rangs. MĂȘme si la plupart des membres sont issus de la classe moyenne infĂ©rieure, le groupe de pression compte Ă©galement dans ses rangs des reprĂ©sentants de la classe moyenne supĂ©rieure qui adhĂ©rent aux objectifs du mouvement. Les coalitions forment donc un Ă©chantillon trĂšs diversifiĂ© de la sociĂ©tĂ© thaĂŻlandaise. Les membres prĂ©dominants restent ceux des zones rurales des rĂ©gions du nord et du nord-est. Mais certains « rouges » rĂ©sident Ă©galement dans le centre du pouvoir de l’élite Ă  Bangkok, en particulier ceux de la classe moyenne et certains citadins ayant des racines rurales. Mais leur point commun est : ils n'ont pas le pouvoir de patronage traditionnel des Ă©lites. En d’autres termes, ils sont « en dehors » des rĂ©seaux de la monarchie[2].

Quinze ans aprĂšs, il reste difficile d'estimer le poids dĂ©mocratique de l'UDD et des partisans des « chemises rouges Â» dans la sociĂ©tĂ© thaĂŻlandaise en raison de la nature fluide des coalitions et de certaines de leurs activitĂ©s souterraines qui nĂ©cessitent la confidentialitĂ© des membres[2]. Ils reprĂ©sentent plusieurs millions de personnes. En effet par exemple lors du rĂ©fĂ©rendum pour la constitution de 2007, 10 millions votĂšrent « non Â». Plus tard en 2011, 15 millions d'Ă©lecteurs vont voter pour Yingluck Shinawatra, sƓur de Thaksin, candidate du parti Pheu Thai (parti populiste thaĂŻlandais soutenu par l’UDD), aux Ă©lections du 3 juillet 2011, qui devint premiĂšre ministre de 2011 Ă  2014[5].

Selon des enquĂȘtes rĂ©alisĂ©es par la One Asia Foundation sur un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de 1500 personnes Ă  travers tout le pays entre septembre et octobre 2010, seuls 14 % de la population se dĂ©clarent « chemises rouges » ou « sympathisants » contre 10 % pour les « chemises jaunes ». Parmi les 14 % de « chemises rouges Â», seulement 6,6 % se dĂ©clarent « trĂšs rouges »[5] Concernant la rĂ©partition gĂ©ographique de ces derniers, la plupart des chemises rouges se concentrent dans la rĂ©gion Nord (20%), Nord-Est (18%) et Ă  Bangkok (12%)[5].

Revendications et objectifs

Au dĂ©but de la mobilisation, les « chemises rouges Â» ne se battent pas pour les mĂȘmes raisons. Dans les provinces, la rĂ©flexion liĂ©e Ă  la perte de Thaksin ne s’accompagne pas d’une rĂ©flexion sur la dĂ©mocratie ou l’illĂ©gitimitĂ© du coup d’État. Ces derniers soutiennent Thaksin car la situation Ă©conomique et sociale des ruraux et des moins favorisĂ©s s’était grandement amĂ©liorĂ©e durant son gouvernement. À Bangkok, les groupes s’opposent au coup d’État mais ne regrettent pas Thaksin, ne rĂ©clament pas son retour mais demandent le dĂ©part des militaires au pouvoir.

Finalement, les Bangkokiens anti-Thaksin se rendent compte de l’importance des masses rĂ©unies par les membres du Thai rak Thai et dĂ©cident de ravaler leur anti-thaksinisme. Peu Ă  peu, une convergence s’est opĂ©rĂ©e, grĂące au « compromis Thaksin » : Thaksin, pour certains, symbole de la dĂ©mocratie car son gouvernement, issu d’une Ă©lection, a Ă©tĂ© renversĂ© par l’armĂ©e royale thaĂŻlandaise ; pour d’autres, Thaksin est ce bienfaiteur populaire, le hĂ©ros de l’augmentation du niveau de vie dont on exige le retour[6].

Un des principaux objectifs de la coalition restera toujours de contester les relations de pouvoir existantes. Cependant, ce n’est pas le seul. L’UDD a fixĂ© six grands objectifs de son mouvement : assurer la dĂ©mocratie et la souverainetĂ© du peuple ; unir le peuple pour combattre les rĂ©seaux de l’élite ; pratiquer la non-violence ; rĂ©soudre les problĂšmes Ă©conomiques de la population ; Ă©tablir une « vĂ©ritable primautĂ© du droit », Ă©liminer la politique de « deux poids, deux mesures » et enfin abolir la Constitution de 2007 pour rĂ©introduire la constitution populaire de 1997[2].

Cependant, il existe une grande variĂ©tĂ© de « rouges ». Certains groupes suivent des objectifs qui leur sont propres, par exemple le « Din Daeng District (en) Â» qui a appelĂ© Ă  une « rĂ©volution dĂ©mocratique pacifique » sans que le mot « rĂ©volution Â» ne soit clairement dĂ©fini. Les groupes appartenant aux « chemises rouges » comme le « rĂ©seau du 9 septembre contre la dictature » possĂšdent en effet leurs propres membres et propres stratĂ©gies. Certains sont en effet plus radicaux que d’autres ont recours Ă  des actions plus violentes. En consĂ©quence, la poursuite d’objectifs diffĂ©rents a affaibli le mouvement et est Ă  l’origine de fragmentations internes. L’absence d’une vision articulĂ©e et unifiĂ©e a ainsi permis Ă  leurs adversaires, dont l’État, de trouver des arguments pour qualifier le mouvement de violent et d’en donner une image nĂ©gative. La diffĂ©rence d’idĂ©ologies de la part des groupes au sein de la coalition n’empĂȘche cependant pas le fait qu’ils poursuivent des objectifs communs et qu’ils s’accordent au moins sur deux grands principes idĂ©ologiques : la suppression du rĂ©gime « deux poids, deux mesures » (responsable d’inĂ©galitĂ© et de fractures dans la sociĂ©tĂ© thaĂŻlandaise) et la promotion de l’égalitĂ©[2].

Oppositions entre « chemises rouges Â» et « chemises jaunes Â»

La lecture dominante de la crise politique ramÚne souvent celle de la confrontation entre les « chemises rouges » et les « chemises jaunes ». Cette opposition renvoie à deux catégories de population bien distinctes tant par leur géographie que statut social[4].

Les « chemises jaunes », majoritairement urbains, Ă©litistes, militaires, bureaucrates, universitaires, journalistes de presse et rattachĂ©s au parti dĂ©mocrate s’opposent donc aux chemises rouges issues de catĂ©gories majoritairement pauvres et des provinces du Nord et Nord-Est (Isan). On peut en effet, identifier un « clivage de classe » dans l’identification rouge/jaune : les plus dĂ©favorisĂ©s auront tendance Ă  s’identifier davantage aux rouges tandis que les plus riches, aux jaunes[4].

Les « chemises jaunes » sont pour la nĂ©cessitĂ© de limiter l’exercice de la souverainetĂ© parlementaire via les mĂ©canismes institutionnels contrairement aux chemises rouges. Sans ambiguĂŻtĂ©, les « chemises jaunes » ont en effet pour principal objectif de maintenir le statu quo qui permet Ă  l’élite de conserver la haute main sur le pouvoir politique. Pour eux, les « chemises rouges Â» sont des « terroristes »[4].

Les cours de justice sont vivement critiquĂ©es par les « chemises rouges Â» pour leur partialitĂ©. En effet, aprĂšs les manifestations des « chemises jaunes » devant le parlement thaĂŻlandais ou lors de leurs blocages des aĂ©roports de Suvarnabhumi et Don Muang, trĂšs peu de dirigeants « jaunes Â» ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et ceux qui le furent ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s rapidement sous caution. La Banque de ThaĂŻlande a estimĂ© que les actions de l’Alliance du peuple pour la dĂ©mocratie (PAD) dans les aĂ©roports avaient causĂ© 290 milliards de bahts (8 926 200 USD$) de dommages Ă  l'Ă©conomie. Personne du PAD n'a Ă©tĂ© puni[3]. À l’inverse, le lendemain de leur manifestation, 400 « chemises rouges Â» sont emprisonnĂ©es. Il a existĂ© une diffĂ©rence de traitement pour les « jaunes Â» qui ont des soutiens bien placĂ©s qui les protĂšgent de poursuites judiciaires. Contrairement aux « rouges Â» sans soutien et qui se sentent en tort lorsqu’ils vont manifester[6].

Des confrontations entre « rouges jaunes » auront lieu, comme le 1erseptembre 2008, devant le quartier gĂ©nĂ©ral de l’armĂ©e de terre. Une confrontation qui entraina la mort d’une personne et plus de 40 blessĂ©s[7].

Moyens d’action

Télévision, radio

AprĂšs la fermeture de la PTV (en), les leaders de la chaine continuent Ă  animer dans les rues leur Ă©mission. Par la suite, les chemises rouges ouvriront « Asia Update » et « Voice TV (en) » (appartenant au fils de Thaksin) en rĂ©ponse Ă  la chaine « ASTX (en) » crĂ©Ă©e fin 2006 par les « chemises jaunes ». On trouve sur ces chaines des informations en continu, des rediffusions des manifestations, des dĂ©bats et analyses politiques menĂ©es par des leaders d’opinion pro-Thaksin.

Les « chemises rouges » utilisent également les radios communautaires comme moyens de communication[8].

Les nouvelles technologies

Il y a deux avantages Ă  la technologie pour les « chemises rouges Â». Elle permet de rendre l’information accessible et surtout l’État ne peut pas la contrĂŽler. Les nouvelles technologies permettent Ă©galement de modifier en profondeur les conditions d’accĂšs Ă  l’éducation politique, jusque-lĂ  rĂ©servĂ©e Ă  l’élite thaĂŻlandaise. Les forums de discussions ou Facebook permettent la participation politique. Pour les « chemises rouges Â», aujourd’hui un coup d’État silencieux n’est plus possible grĂące Ă  l’éveil politique des « chemises rouges Â» et la technologie. Les « chemises rouges Â» offrent mĂȘme des formations gratuites dans certains villages reculĂ©s pour apprendre aux paysans Ă  lire, utiliser Facebook, suivre les tweets des leaders « rouges Â», partager des photos
[8]

Les manifestations

Les manifestations de rues ont Ă©tĂ© la principale stratĂ©gie dĂ©ployĂ©e par les « chemises rouges Â» et Ă©galement la clĂ© de leur succĂšs.

En novembre 2008, l’UDD est parvenue Ă  organiser au stade Rajamangala de Bangkok l’un des plus importants rassemblements en soutien du gouvernement pro-Taksin de Somchai Wongsawat. Plus de 70 000 chemises rouges ont protestĂ©. Ce rassemblement sonne le coup de dĂ©part d’une sĂ©rie de manifestations survenues de 2008 Ă  2010 durant le mandat gouvernemental de Abhisit Vejjajiva.

Le 11 avril 2009 est le point culminant des manifestations des chemises rouges, ces derniers prirent d’assaut le Royal Cliff Hotel et forcĂšrent l’annulation de la rencontre « Asean + 3». Lors du nouvel an thaĂŻ Ă©galement, les « rouges Â» ont Ă©tĂ© Ă  l’origine de violentes manifestations en incendiant des autobus et en dĂ©gradant des bureaux gouvernementaux pour protester contre le premier ministre Abhisit.

En mars-mai 2010, ils ont Ă  nouveau investi les rues de Bangkok, pour exiger la dĂ©mission d’Abhisit et la dissolution du parlement[9]. Le 19 mai 2010,  85 personnes ont perdu la vie et plus de 1 378 ont Ă©tĂ© blessĂ©es, de nombreux bĂątiments de Bangkok ont Ă©galement Ă©tĂ© incendiĂ©s ou vandalisĂ©s, causant de 100 Ă  200 milliards de bahts de dommages[10]. Ce jour lĂ  a eu lieu le plus important et meurtrier soulĂšvement que la ThaĂŻlande ait connu depuis 1998[11] - [12]

Ces manifestations qui durĂšrent plusieurs mois auraient directement conduit Ă  de nouvelles Ă©lections si les nĂ©gociations entre les « chemises rouges Â» et le gouvernement n’avaient pas Ă©chouĂ©.

Les mouvements de violence de certaines « chemises rouges Â» viennent parfois entacher leur rĂ©putation et provoquent des fissures dans leur coalition[2]. Les manifestations depuis 2006 restent frĂ©quentes, comme lors du coup d'État de 2014 qui souleva leur colĂšre puis plus rĂ©cemment, lors des premiĂšres Ă©lections lĂ©gislatives en mars 2019[13].

RĂ©sultats

Les « chemises rouges Â» reprĂ©sentent un mouvement qui s’est imposĂ© dans la sociĂ©tĂ© thaĂŻlandaise[14] - [15]. Peu Ă  peu, les gens, notamment les paysans, se sont rendu compte de leur part de pouvoir acquise par les urnes.

La principale victoire des « chemises Â» reste aujourd’hui l’élection en 2011, de la premiĂšre ministre Yingluck Shinawatra, du parti Pheu Thai, sƓur de Thaksin. Durant son mandat, des « chemises rouges Â», nombreux Ă  la soutenir, se retrouvent ministres, dĂ©putĂ©s ou conseillers du gouvernement mais au prix de nombreux morts, blessĂ©s et d’arrestations[7] - [16] - [17].

En 2010, aprĂšs une sĂ©rie de manifestations contre le premier ministre Abhisit, les « chemises rouges Â» ont rĂ©ussi Ă  entamer des nĂ©gociations avec ce dernier. Un grand pas en avant qui cependant ne permit pas la dĂ©mission du gouvernement en raison du retrait des « chemises rouges Â» des discussions[18].

Références

  1. EugĂ©nie MĂ©rieau, « Historique du mouvement des Chemises rouges », dans Les Chemises Rouges de ThaĂŻlande, Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine, coll. « Carnets de l’Irasec », (ISBN 978-2-35596-011-6, lire en ligne), p. 27–47
  2. Pavin Chachavalpongpun, « Thailand’s Red Networks: From Street Forces to Eminent Civil Society Coalitions », Southeast Asian Studies at the University of Freiburg, Occasional Paper, n°14, 2013 [lire en ligne]
  3. Giles Ji Ungpakorn, « Class Struggle between the Coloured T-Shirts in Thailand », Journal of Asia Pacific Studies 1, (1), 2009, p. 76-100 [lire en ligne]
  4. EugĂ©nie MĂ©rieau, « Comprendre l'instabilitĂ© politique thaĂŻlandaise : constitutionnalisme et coups d'État Â», Politique Ă©trangĂšre, vol. 3, automne 2014, p. 135-149 [lire en ligne]
  5. EugĂ©nie MĂ©rieau, « GĂ©ographie des Chemises rouges », dans Les Chemises Rouges de ThaĂŻlande, Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine, coll. « Carnets de l’Irasec », (ISBN 978-2-35596-011-6, lire en ligne), p. 49–64
  6. EugĂ©nie MĂ©rieau, « Articulation progressive d’un discours radical (Ă  demi-mot) », dans Les Chemises Rouges de ThaĂŻlande, Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine, coll. « Carnets de l’Irasec », (ISBN 978-2-35596-011-6, lire en ligne), p. 99–109
  7. « Chronologie », dans Les Chemises Rouges de ThaĂŻlande, Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine, coll. « Carnets de l’Irasec », (ISBN 978-2-35596-011-6, lire en ligne), p. 145–162
  8. EugĂ©nie MĂ©rieau, « IngĂ©nierie de mobilisation », dans Les Chemises Rouges de ThaĂŻlande, Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine, coll. « Carnets de l’Irasec », (ISBN 978-2-35596-011-6, lire en ligne), p. 87–98
  9. Arnaud Dubus, « Les dessous de la "vague rouge" », Gavroche ThaĂŻlande, no 186,‎ , p. 44 Ă  47 (23-24) (lire en ligne [PDF])
  10. Philippe PlĂ©anacoste et Richard Werly (photogr. Didier Gruel), « Quand Bangkok chavire dans la violence : L'heure du bilan et des questions - la ThaĂŻlande a peur - Des images pour tĂ©moigner », Gavroche ThaĂŻlande, no 188,‎ , p. 9 Ă  22 (5-12) (lire en ligne [PDF])
  11. (en) Jack Fong, « Political Vulnerabilities of a Primate City: The May 2010 Red Shirts Uprising in Bangkok, Thailand », Journal of Asian and African Studies,‎ , p. 332-347 (lire en ligne)
  12. Philippe PlĂ©nacoste, « L'Ă©ditorial : ConnaĂźtra-t-on jamais la vĂ©ritĂ© ? », Gavroche ThaĂŻlande, no 189,‎ , p. 5 (3) (lire en ligne [PDF])
  13. « Grand reportage - Les chemises rouges et l’aprĂšs-Thaksin », sur RFI, (consultĂ© le )
  14. Emmanuelle Michel, « Dans les campagnes, les Chemises rouges attendent leur heure », Gavroche ThaĂŻlande, no 189,‎ , p. 46 (24) (lire en ligne [PDF])
  15. Alain Lewkowicz et Rafik Zenine, « Thaïlande (1/3) : "Les Chemises rouges au secours de la démocratie" » (Texte et Audio 54 minutes), sur franceculture.fr,
  16. Arnaud Dubus, « RĂ©pression : les Chemises rouges sous la menace ? », Gavroche ThaÏlande, no 189,‎ , p. 44 et 45 (23) (lire en ligne [PDF])
  17. Arnaud Dubus, « Les familles des victimes des violences de 2010 en quĂȘte de vĂ©ritĂ© », Gavroche ThaĂŻlande, no 200,‎ , p. 54 Ă  56 (28-29) (lire en ligne [PDF])
  18. AFP, « Thaïlande: fin des négociations », sur Le Figaro.fr, (consulté le )

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.