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Friedrich Ratzel

Friedrich Ratzel, nĂ© le Ă  Karlsruhe et mort le Ă  MĂĽnsing, est un pharmacien, zoologiste puis gĂ©ographe allemand. Proche des milieux colonialistes et impĂ©rialistes, il est le premier gĂ©ographe Ă  avoir formulĂ© la notion de Lebensraum (« espace vital Â»).

Friedrich Ratzel
Friedrich Ratzel
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  59 ans)
Ammerland
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Marie Ratzel (d)
Enfants
Hedwig Ratzel (d)
Lila Riezler (d)

Biographie

Friedrich Ratzel est né dans une famille attachée au margrave de Karlsruhe, capitale du grand-duché de Bade. Son père, Karl, est valet de chambre à la cour. Friedrich reçoit une éducation relativement protégée liée au statut des fonctionnaires du duché. À la fin de ses études scolaires, il commence un cursus de pharmacie qu’il termine en 1863 pour devenir laborantin.

Sans doute peu intéressé par ce métier ou, au contraire, préparé par celui-ci à regarder plus loin, du côté de la nature vivante, Ratzel se tourne vers les sciences naturelles. Cet intérêt le pousse sur le tard à reprendre des études universitaires. Il suit des cours de géologie et de zoologie successivement à Heidelberg, Iéna – où il découvre Ernst Haeckel, fondateur de l'Ökologie, science nouvelle qui étudie l'adaptation des organismes vivants au milieu - puis Berlin.

En 1868, Ratzel soutient un doctorat en zoologie à l'université de Heidelberg. Il ne débute pas immédiatement sa carrière d’enseignant. Décidé à voyager, il parcourt d’abord le sud de la France où des difficultés financières l’obligent très vite à trouver des ressources, ce qu'il fait en écrivant des articles pour la Kölnische Zeitung. Ses Lettres de voyage en Méditerranée rencontrent un véritable succès, ce qui lui permet, en gagnant sa vie comme journaliste, d’élargir le cadre de ses explorations géographiques. Il se rend ainsi en Italie, en Hongrie, à Cuba, au Mexique, puis aux États-Unis, matière de son célèbre ouvrage sur cette région.

En 1871, Ratzel entre Ă  la Technische Hochschule MĂĽnchen qui vient d’être fondĂ©e par Louis II de Bavière. Il y retrouve l’étude des sciences naturelles alors mĂŞme que ses voyages et ses reportages le poussent de plus en plus vers la gĂ©ographie. Quatre ans plus tard, il met un terme Ă  ses pĂ©rĂ©grinations. Il devient professeur (Privatdozent) de gĂ©ographie dans l'Ă©cole oĂą il Ă©tait Ă©lève. En 1876, Ă  32 ans, il reçoit une chaire extraordinaire de professeur dans la future - elle le sera l’annĂ©e suivante -«  Königlich Bayerische Technische Hochschule MĂĽnchen Â».

Ratzel publie durant cette période munichoise plusieurs ouvrages importants dont les États-Unis d'Amérique (en deux volumes, 1878-1880).

En 1886, il rejoint la prestigieuse université de Leipzig. Il y reçoit la chaire de la géographie libérée par la démission de Ferdinand von Richthofen. Durant dix-huit ans, il va profiter d’un environnement universitaire exceptionnel, entretenant de nombreuses relations avec des professeurs éminents dans leur spécialité, non sans influence sur son propre travail, l'économiste et historien Wilhelm Roscher (1817-1894), le chimiste Wilhelm Ostwald (1853-1932) et le philosophe Wilhelm Wundt (1832-1920).

Très actif, Ratzel s’occupe du développement de la bibliothèque de l’université et n’hésite pas à organiser des séminaires pour faire connaître ses idées auprès des chercheurs étrangers. Son succès est très grand, le nombre de ses auditeurs augmente régulièrement, ce qui favorise la propagation de ses concepts bien au-delà du Rhin. Membre de plusieurs sociétés de géographie, il est aussi, lors de sa fondation en 1882, directeur de la section de Leipzig de la Ligue coloniale allemande, le Deutscher Kolonialverein.

C’est en pleine activité que Friedrich Ratzel décède le , peu avant son soixantième anniversaire, durant ses congés d'été au bord du lac de Starnberg en Bavière.

Apport de l’anthropogéographie

Ratzel, dans son œuvre majeure publiée de 1882 à 1891, Anthropogéographie, lie la terre et l’homme dans une vision systématique qui renouvelle totalement la science géographique. Pour Ratzel, l'objectif unique de celle-ci consiste à mettre en lumière la diversité des sociétés humaines pour lui faire correspondre une diversité égale de milieux naturels. Dans cette optique, l'emploi du mot géographie, de l'adjectif géographique, s'applique aux caractéristiques physiques. De ce point de vue, les facteurs géographiques sont donc exclusivement les conditions naturelles, mais Ratzel, qui éprouve la nécessité de créer un nouveau terme pour qualifier sa spécialité — il parle d'anthropogéographie — dépasse l'ancienne acception du concept dans ses travaux. Selon Vidal de la Blache, le géographe allemand contribue à « rétablir dans la géographie l'élément humain dont les titres semblaient oubliés et à reconstituer l'unité de la géographie sur la base de la nature et de la vie ». Ainsi, pour Ratzel, la connaissance des immigrants puritains de la Nouvelle-Angleterre est plus importante pour comprendre cette région que le relief de celle-ci.

Ratzel est aussi, au-delà, un des pionniers les plus importants de la géopolitique. Très influencé par Darwin et sa théorie de l’évolution, il utilise ces concepts à une échelle plus générale, celle des États, en les comparant à des organismes biologiques qui connaissent croissance ou déclin sur une échelle temporelle. Selon ses propres mots, « L'État subit les mêmes influences que toute vie. Les bases de l'extension des hommes sur la terre déterminent l'extension de leurs États. [...] Les frontières ne sont pas à concevoir autrement que comme l'expression d'un mouvement organique et inorganique[1]. » L’expansion des peuples doit leur permettre de récupérer les espaces de voisins moins vigoureux, vision qui légitime, certes, l'impérialisme allemand, mais de fait toutes les annexions territoriales connues par l’Europe centrale au long du XIXe siècle.

La pensĂ©e de Ratzel, très ample et complexe, rĂ©siste Ă  la simplification. Si ses idĂ©es ont Ă©tĂ© reprises plus tard par le gĂ©ographe nationaliste Karl Haushofer, celles-ci constituant le terreau de la notion d’espace vital qui fleurit dans Mein Kampf (devenue Lebensraum), elles ne sauraient ĂŞtre rĂ©duites Ă  cet aspect. Sa position sur la question coloniale dĂ©montre cette difficultĂ©. FondĂ© en 1871, l'Empire allemand n'arrive que tardivement sur cette scène par rapport Ă  l'Empire britannique ou l'Empire français. Ratzel dĂ©fend l’idĂ©e qu'il puisse s'implanter en Afrique pour former une Mittelafrika plutĂ´t qu'une Grossdeutschland, stratĂ©gie reprise dès 1914 par l’état-major allemand contre les colonies alliĂ©es. Elle est toutefois inverse de celle mise en Ĺ“uvre par le Troisième Reich après 1933, celui-ci dĂ©fendant l'idĂ©e d'une expansion en Europe au dĂ©triment des Slaves et des Latins. Pour autant, la volontĂ© colonialiste de Ratzel, qu'il faut replacer dans les opinions de l'Ă©poque, repose sur des concepts plus incertains. Dans sa thĂ©orie, les « peuples de nature Â» (Naturvölker) de l'Afrique, OcĂ©anie, etc. s'opposent par leurs traits aux « peuples de culture Â» (Kulturvölker) de l'Ancien et Nouveau Monde, lesquels ont tout naturellement, Ă  ce titre, le droit d’occuper les territoires des premiers pour les civiliser.

Publications

  • Die Vereinigten Staaten von Amerika. 1878–1880.
  • Anthropogeographie. Die geographische Verbreitung des Menschen. 1882–1891.
  • Völkerkunde. 3 Bände, Bibliographisches Institut, Leipzig 1885–1901 (Band 1, Band 2 und Band 3 im Internet Archive).
  • Politische Geographie, R. Oldenbourg, MĂĽnchen und Leipzig 1897.
    • Neudruck der 3. Auflage von 1923, Zeller, OsnabrĂĽck 1974, (ISBN 3-7648-0562-5).
  • Deutschland. EinfĂĽhrung in die Heimatkunde. 1898.
  • Die Erde und das Leben. 1902.
  • Ăśber Naturschilderung. 1904; erweiterte und bearbeitete Neuausgabe: Ăśber Natur- und Landschaftsschilderung. Eine gemeinverständliche Anleitung. Mahler, StĂĽhlingen 2012, (ISBN 978-3-941212-01-5).
Traductions en français
  • Friedrich Ratzel, GĂ©ographie politique, Éditions rĂ©gionales europĂ©ennes et Economica, Paris, 1988 (1re Ă©d. en allemand, 1897)
  • Le sol, la sociĂ©tĂ© et l'État, Amazon Media EU S.Ă  r.l., sur Kindle

Notes et références

  1. Friedrich Ratzel, Politische Geographie (« Géographie Politique »), 1897.

Bibliographie

  • Fritz Fischer, Les Buts de guerre de l’Allemagne impĂ©riale (1914-1918), trad. de Geneviève Migeon et Henri Thiès, prĂ©face de Jacques Droz, Éditions de TrĂ©vise, Paris, 1970, 654 p. [dĂ©tail des Ă©ditions]
  • Michel Korinman, « Friedrich Ratzel et la Politische Geographie », HĂ©rodote (ISSN 0066-2399), no 28, 1983, p. 128-140
  • (fr) Émile Durkheim, Compte-rendu, AnthropogĂ©ographie, 1899
  • Jussi Raumolin, « L'homme et la destruction des ressources naturelles : la Raubwirtschaft au tournant du siècle », Annales, vol. 39, no 4,‎ , p. 798–819 (DOI 10.3406/ahess.1984.283096, lire en ligne, consultĂ© le )
  • Marie-Claire Robic, « La rĂ©ception de Friedrich Ratzel en France et ses usages au temps de l’installation de la gĂ©ographie Ă  l’UniversitĂ© (annĂ©es 1880-1914) », Revue germanique internationale, no 20,‎ , p. 13–39 (ISSN 1253-7837, DOI 10.4000/rgi.1485, lire en ligne, consultĂ© le )
  • Marie-Claire Robic, « Friedrich Ratzel, gĂ©ographie et sciences sociales en France (1890–1918) – CentralitĂ© et distanciations », Geographica Helvetica, 78, 2023, p. 157–167, https://doi.org/10.5194/gh-78-157-2023
  • Nicolas Ginsburger, « Ratzel contre la gĂ©opolitique? RĂ©fĂ©rence allemande et gĂ©ographie politique dans la gĂ©ographie française de l'entre-deux-guerres », Geographica Helvetica, vol. 78, n°1, 16 fĂ©vrier 2023, p. 65-74, https://doi.org/10.5194/gh-78-65-2023 [archive]

Liens externes

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