François Étienne de Rosily-Mesros
François Étienne de Rosily-Mesros, né le à Brest et mort le à Paris, est un officier de marine français des XVIIIe et XIXe siècles. Il fait ses débuts dans la Marine royale pendant la guerre d'indépendance des États-Unis avant de se distinguer pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire. Il termine sa carrière avec le grade de Vice-amiral.
François Étienne de Rosily-Mesros | ||
Portrait de François Étienne de Rosily-Mesros Gravure du XIXe siècle | ||
Naissance | Brest |
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Décès | (à 84 ans) Paris |
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Origine | Royaume de France | |
Allégeance | Royaume de France République française Empire français Royaume de France |
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Arme | Marine royale française Marine de la République Marine impériale française |
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Grade | Vice-amiral | |
Années de service | 1762 | |
Conflits | Guerre d'indépendance des États-Unis Guerres de la Révolution et de l'Empire |
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Distinctions | Comte de l'Empire Grand officier de la Légion d'honneur Grand-croix de Saint-Louis Grand-croix de l’Ordre royal de Dannebrog |
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Hommages | Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile | |
Autres fonctions | Président du conseil des constructions navales Directeur général honoraire du Dépôt des cartes et plans de la Marine Membre du bureau des longitudes Associé libre de l’Académie des sciences |
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Biographie
Origine et famille
François Étienne de Rosily descend de la famille de Rosily, une ancienne famille de la noblesse bretonne. Le plus ancien ancêtre connu est Roland de Rosily, contemporain de Saint-Louis (XIIIe siècle).
Son père, François-Joseph de Rosily-Méros dit le « comte de Rosily[1] » est chef d'escadre et commande la marine à Brest en 1762. Il le fait alors admettre comme garde de la Marine.
Carrière dans la marine
De cette époque à 1769, le jeune Rosily complète son apprentissage de la mer dans diverses campagnes et visite successivement Rio de Janeiro, Terre-Neuve, Saint-Domingue et les Antilles.
Enseigne de vaisseau en 1770, il s’embarque à bord du vaisseau commandé par Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec, avec lequel, après une campagne d’observation sur les côtes de France, il devait faire le tour du monde. La recherche du continent austral était le but de ce voyage. Le , François Étienne de Rosily-Mesros est envoyé pour le reconnaître alors qu'il s'agit des futures îles Kerguelen. Au retour de sa chaloupe, la flûte La Fortune a disparu. Miraculeusement recueilli par la gabare le Gros-Ventre, il navigue pendant huit mois avec elle, et rentre en France en 1773. Il repart aussitôt pour aller rejoindre Kerguelen qui allait de nouveau à la découverte des terres australes, et en même temps à la recherche de Rosily ; il le retrouve à l’île de France, où il lui donne le commandement de la corvette L'Ambition : cette campagne dure quatorze mois.
De retour en Europe à la fin de 1774, il ne tarde pas à aller visiter les ports de Grande-Bretagne, d’Écosse et d’Irlande, et rapporte en France plusieurs objets utiles à la marine française, entre autres les pompes à chaînes.
Guerre d'indépendance des États-Unis
Lieutenant de vaisseau en 1778, il monta le lougre Le Coureur, et fit sous les ordres de La Clocheterie, commandant la frégate La Belle-Poule, une croisière dans la Manche.
Le 17 juin, La Belle-Poule est attaquée par la frégate britannique HMS Arethusa; celle-ci était accompagnée du cotre HMS Alerte, de 14 canons. Rosily n’hésite pas à attaquer ce bâtiment à l’abordage et il sauve La Belle-Poule, tandis que lui-même, entièrement désemparé et faisant eau de toutes parts, est obligé de se rendre. À son retour en France, il est récompensé pour son dévouement et reçoit du roi la croix de Saint-Louis.
Il rentra à Brest en , et au mois de mai suivant, il prit le commandement de la frégate Lively.
Lieutenant en pied, en 1781, à bord du vaisseau Le Fendant, il échangea à l’île de France, ce commandement contre celui de la frégate Cléopâtre, et alla rallier à Trinquemalay, l’escadre du bailli de Suffren.
La paix, qui consacra l’indépendance américaine, et qui fit cesser les hostilités dans la mer de l’Inde, ramena en France l’escadre du bailli de Suffren, et l’année suivante, Rosily fut élevé au grade de capitaine de vaisseau.
Missions diplomatiques pendant les guerres de l'Empire
Chargé de diverses missions politiques, commerciales et scientifiques, il appareilla de nouveau de Brest au mois de , et se livra pendant sept ans à une navigation difficile et périlleuse dans la mer Rouge, dans celles de l’Inde et de la Chine[2]. Il obtint le grade de contre-amiral, et il avait exercé les fonctions de commandant d’armes au port de Rochefort. Nommé vice-amiral le 1er vendémiaire an V, il remplit diverses missions à Gênes, à La Spezia, à Boulogne et à Anvers.
C’est dans l’intervalle de ces voyages qu’il fournit au général Bonaparte des renseignements pour l’expédition d’Égypte. On prétend même que le général lui aurait offert le commandement en chef de la flotte, et qu’il le refusa pour ne pas abandonner sa jeune famille[3].
Rosily sut que l’Empereur avait songé à lui, et l’espérance d’être prochainement employé lui suggéra la pensée de réclamer un avancement auquel il se croyait des droits dans la Légion d'honneur[4].
Si Napoléon ne jugeait pas à propos de confier encore à Rosily un service actif à la mer, au moins ne lui refusait-il pas certaines connaissances utiles à ses projets, puisqu’il chargeait le ministre Decrès, le 26 thermidor an XIII, de demander à ce vice-amiral « un Mémoire très-détaillé sur toute la côte d’Afrique. »
Enfin, Rosily reçut une destination. Les escadres combinées de France et d’Espagne étaient réunies à Cadix, au nombre de 33 vaisseaux de ligne. L’Empereur mécontent de l’amiral de Villeneuve lui donne Rosily pour successeur après la bataille de Trafalgar pour tenter de sauver l'escadre franco-espagnole de Cadix[5] - [6].
Le désastre de Trafalgar est irréparable ; pourtant Rosily réorganise une petite flotte et la met en état de prendre la mer. Il reste deux ans et demi devant Cadix, constamment bloqué par la Royal Navy britannique. Le , la flotte britannique fait des démonstrations pour forcer la baie : dans le même moment, le peuple de Cadix, instruit des évènements politiques de la péninsule, se soulève contre les Français, et l’escadre espagnole, forte de 6 vaisseaux, s’éloigne de leurs rangs.
Dans les journées des 9 et 10 juin, Rosily, réduit à ses propres forces, reçoit sur son escadre plus de 1 200 bombes lancées par les Espagnols. Le 11, ses dispositions étaient prises pour passer devant les vaisseaux espagnols et traverser la flotte britannique ; les vents le retiennent. Cependant le peuple menaçait d’égorger les Français restés à terre, et rien n’annonçait l’arrivée des secours promis à Rosily pour le 7 du même mois. Le 14, Rosily entra en négociations avec le général espagnol : il rentra seul en France avec son état-major, et vint reprendre ses fonctions de directeur du dépôt de la marine.
En 1809, il est créé comte de l'Empire, et nommé membre du conseil d’enquête chargé d’examiner la conduite de Victor Hugues, commissaire commandant en chef de la Guyane française, accusé de s’être rendu sans combat.
En 1811, il est nommé président du conseil des constructions navales, et chargé en 1813, de concert avec MM. Tarbé, inspecteur des ponts et chaussées, et Beautemps-Beaupré, d’aller choisir l’emplacement d’un arsenal maritime à l’embouchure de l’Elbe.
Ce fut en 1814 que le corps des ingénieurs hydrographes reçut, sous sa direction, une organisation définitive, et commença, en 1816, la reconnaissance des côtes de France.
Le 25 juillet de la même année, Louis XVIII le fait grand officier de la Légion d'honneur, et lui accorde le grand cordon de l’Ordre le 27 décembre suivant. Président du collège électoral du Finistère le , il est, malgré le peu de succès de sa mission, nommé commandeur de Saint-Louis le 21 octobre suivant et grand-croix le .
Il s’est retiré en 1827, et le roi, en témoignage de sa satisfaction, lui a conféré le titre de directeur général honoraire du dépôt de la marine.
Il meurt à Paris le et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (30e division)[7]. Il avait remplacé Bougainville au bureau des longitudes le , était associé libre de l’Académie des sciences, depuis le .
Distinctions
- Il a son nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile, côté Est.
- Grand-officier de la Légion d'honneur en 1814[8].
- Grand-croix de l’Ordre royal de Dannebrog
Notes et références
- [PDF] http://www.chateauneuf-du-faou.com/images/File/bim_09_01.pdf
- M. Beautemps-Beaupré, ingénieur hydrographe, dans l’éloge funèbre du comte de Rosily, a rendu aux hydrographiques de cet amiral, à cette époque, un témoignage bien honorable. Nous devons ajouter qu’ils ne sont plus guère consultés dès le XIXe siècle. Ils lui valurent cependant, le 5 fructidor an III, la place de directeur et d’inspecteur général du Dépôt des cartes et plans de la Marine.
- Napoléon, voulant retirer l’escadre de Toulon des mains de Dumanoir, écrivait au ministre Decrès, le 10 fructidor an XII : « Il me paraît que, pour commander une escadre, il n’y a que trois hommes : Bruix, Villeneuve et Rosily. Pour Rosily je lui crois de la bonne volonté, mais il n’a rien fait depuis quinze ans, et j’ignore s’il a été bon marin, et les commandements qu’il a eus. Toutefois, il y a une chose très-urgente, c’est de prendre un parti sur cela. »
- Il avait été nommé membre et commandeur de l’Ordre les 19 frimaire et 25 prairial an XII. Mécontent d’une pareille prétention, Napoléon adressa à son ministre de la Marine, de Stupinis, le 9 floréal an XIII, la lettre que voici : « M. Rosily m’a écrit pour me demander à être grand officier de la Légion-d’Honneur. Cela m’est difficile. Missiessy, Gourdon, Lacrosse, Magon, sont dans mon esprit au-dessus de lui ; il a donc très tort de se comparer à Bruix, à Ganteaume, à vous, à Villeneuve. J’estime même que tout capitaine qui a fait la guerre et qui a quelque mérite, a plus de considération à mes yeux que M. Rosily. Cependant, c’est un bon officier ; il n’est pas tellement vieux qu’il ne puisse rendre des services à la mer. Voyez à l’employer, ou qu’il reste comme il est ; mais que je n’entende plus parler de lui pour aucune espèce d’avancement. Les hommes qui restent à Paris ne peuvent se comparer aux hommes qui s’exposent à tous les dangers qu’on court à la mer, et dès qu’ils s’élèvent jusqu’à se comparer à eux, il faut le leur rappeler et les faire rentrer en eux-mêmes. »
- Une dépêche adressée à Villeneuve l’informe de ce qui se passe, et ajoute, dit-on : « Sors, bats l’ennemi, et tout sera réparé. » C’était Decrès, ministre de la marine, qui donnait ainsi un conseil sage et hardi à son ami. Cependant Rosily, qui était parti en toute hâte, entendait à son arrivée le canon de Trafalgar, et, le lendemain, il recueillait les débris de cette journée.
- Goulven Peron, « Les seigneurs de Rosily », Cahiers du Poher, n° 23, décembre 2008, p. 27-31.
- Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne), p. 303
- « Rosily Mesros, François Étienne de », base Léonore, ministère français de la Culture
Annexes
Bibliographie
- P. Levot, A. Doneaud, Les gloires maritimes de la France. Notices biographiques sur les plus célèbres marins, Arthus Bertrand éditeur, Paris, 1866, p. 457-461 (lire en ligne)