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Fort de Souville

Le fort de Souville, appelé brièvement fort Lemoine, est un des forts de la place fortifiée de Verdun, situé sur la commune de Fleury-devant-Douaumont. Construit à partir de 1876 à 396 m d'altitude, c'est un fort de première génération, dont les dessus et environs ont servi de champs de bataille lors de la bataille de Verdun en 1916, durant la Première Guerre mondiale.

Fort de Souville
Un aspect du fort probablement peu après la guerre.
Un aspect du fort probablement peu après la guerre.
Description
Type d'ouvrage fort à massif central
Dates de construction de 1876 à 1879
Ceinture fortifiée place forte de Verdun
Utilisation fort de ceinture
Utilisation actuelle à l'abandon
Propriété actuelle Office national des forêts
Garnison 314 hommes en 1882
Armement de rempart 9 canons et 5 mortiers
Armement de flanquement 8 pièces
Organe cuirassé une tourelle Bussière en batterie annexe
Modernisation béton spécial non réalisée
Programme 1900
Dates de restructuration non réalisée
Tourelles -
Casemate de Bourges -
Observatoire -
Garnison 52 hommes en 1914
Programme complémentaire 1908 non réalisé
Coordonnées 49° 11′ 17″ nord, 5° 26′ 20″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Fort de Souville
Géolocalisation sur la carte : Meuse
(Voir situation sur carte : Meuse)
Fort de Souville

Position du fort

Le fort fait partie de la ceinture intérieure de la place de Verdun, qui compte deux ceintures de forts. Souville fait partie du premier secteur (soit le nord-est de la place), servant de poste de commandement à ce secteur, avec le central téléphonique.

Souville est située au sud du fort de Douaumont et au sud-ouest du fort de Vaux.

Description du fort

Il s'agit d'un des premiers forts Séré de Rivières, soit une construction en maçonnerie (moellons calcaire) recouverte d'amas de terre. Datant de 1875-1879, le fort a été modifié en 1888-1890 par le creusement d'abris souterrains et la protection sous du béton du magasin à poudre.

La garnison prévue était de 326 hommes et de 32 pièces d'artillerie, flanquement compris. Il serait vain de chercher un hameau de ce nom dans les environs. En fait et assez curieusement, le toponyme de Souville se réfère au village natal de l'officier ayant dessiné les plans du fort, Gustave de la Taille.

Une tourelle pour deux canons de 155 mm (modèle Bussière)[1] a été installée en 1890-1891 à 120 mètres à l'ouest du fort.

Par le décret du , le ministre de la Guerre Georges Boulanger renomme tous les forts, batteries et casernes avec les noms d'anciens chefs militaires[2]. Pour le fort de Souville, son « nom Boulanger » est en référence au général Louis Lemoine. Le nouveau nom est gravé au fronton de l'entrée. Dès le , le successeur de Boulanger au ministère, Théophile Ferron, abroge le décret[3]. Le fort reprend officiellement son nom précédent, tout en gardant le nom Boulanger à son fronton.

Combats de juillet 1916

Déroulement

Illustration montrant les combats autour de Verdun, Souville et Douaumont, Le Miroir, 1916.

Le , les gardes bavarois lancent un assaut sur le village de Fleury et tentent de percer vers le fort de Souville.

Le secteur de Fleury est tenu par la 128e division française du général Riberpray. La 255e brigade du colonel Coquelin de Lisle (167e et 168e régiments d'infanterie) est en première ligne ; le 168e occupe les positions avancées, le 167e est déployé derrière lui, jusqu'au 6 juillet, date à laquelle les deux régiments intervertissent leurs positions.

Le 9 juillet, les positions du 167e régiment d'infanterie sont pilonnées par l'artillerie allemande avec des obus explosifs et des obus à gaz.

Dans la nuit du 10 au 11 juillet, un officier allemand est fait prisonnier par le 167e régiment d'infanterie. Son interrogatoire révèle que l'assaut est prévu pour le lendemain.

Le 11 juillet, à 5 heures, un violent bombardement a lieu sur les lignes françaises, puis un assaut par les fantassins allemands. À 5 h 42, les gardes bavarois se lancent à l'assaut, lance-flammes en tête. Ils pénètrent dans les lignes adverses avant que les Français n'aient eu le temps de réagir. Un furieux corps à corps s'engage, à la grenade et à la baïonnette.

À 6 heures, le colonel Coquelin de Lisle envoie par pigeon voyageur le message suivant :

« La situation de la 255e brigade devant Fleury est très grave, à la suite de bombardements au gaz et des attaques ennemies, toutes ont été repoussées, le moral est très élevé, mais les hommes sont épuisés. Je demande un puissant soutien d'artillerie, 100 fusées rouges et 100 fusées blanches. L'attaque principale semble être située entre la gare et le village de Fleury. »

Peu après, les gaz et les fumées du barrage allemand interrompent toutes les communications par héliographe avec le fort de Souville.

À 6 h 50, les Allemands se rapprochent du quartier général de la brigade. Ordre est donné de brûler tous les documents confidentiels. Le colonel Coquelin de Lisle s'empare d'un fusil et combat aux côtés de ses hommes.

Le 140e régiment de Prusse-Orientale, dont la mission est de prendre le fort de Souville, ne parvient pas à percer les lignes françaises. Les Bavarois prennent d'assaut le sud de Fleury et progressent jusqu'au fort de Souville mais les feux intenses de l'artillerie française infligent à la compagnie allemande de tête plus de 50 % de pertes et l'attaque n'aboutit pas. Un obus anéantit les mitrailleuses du bataillon Ménétrier. Leur perte est critique car elles tenaient une position clé entre les bataillons Ménétrier et Gérard. Les Allemands s'engouffrent dans la brèche. La compagnie de droite de Ménétrier est anéantie, tous ses officiers sont tués ou blessés. Les Allemands pénètrent jusqu'au quartier général du colonel Coquelin de Lisle, lequel est tué au combat.

Dans la soirée, le 169e et le 100e régiments d'infanterie français font mouvement vers « le ravin de la Dame » (pendant la bataille ce secteur fut baptisé « le ravin de la Mort »). Le 100e régiment avance en tête, les 2e et 3e bataillons ouvrant la marche tandis que le 1er bataillon est en réserve. Ils refoulent des éléments des gardes bavarois qui ont franchi la voie ferrée et font 80 prisonniers. Dans la nuit, un furieux bombardement allemand s'abat sur le « ravin de la Mort » ou le 1er bataillon du 100e régiment d'infanterie s'est avancé pour soutenir le 2e bataillon du 100e régiment. La plupart des soldats sont tués, ainsi que leur chef, le commandant Forlet.

Régiments en ligne

Allemands :

  • Régiment d'infanterie de la garde bavaroise : 3 bataillons
  • 140e régiment d'infanterie de Prusse-Orientale : 3 bataillons

Français :

Illustrations

Parmi les photographes et peintres de ces événements, François Flameng, peintre officiel des armées, a illustré avec de nombreux croquis et dessins parus dans la revue L'Illustration les événements du fort de Souville.

État actuel

Propriété du ministère de la Transition écologique, le fort de Souville est interdit d'accès en raison de sa dangerosité. Seules les abords sont visitables et intégrés dans des parcours balisés.

  • Accès à la tourelle Bussière armée de deux canons de 155 long.
    Accès à la tourelle Bussière armée de deux canons de 155 long.
  • Casemate Pamart construite en 1917/1918.
    Casemate Pamart construite en 1917/1918.
  • Niches à munitions d'une batterie à proximité du fort.
    Niches à munitions d'une batterie à proximité du fort.
  • Accès et explicatif sur la tourelle Bussière sur un panneau touristique.
    Accès et explicatif sur la tourelle Bussière sur un panneau touristique.

Notes et références

  1. « Le Petit Atlas de la Fortification », sur lpracht.free.fr (consulté le ).
  2. Note no 5285 le du ministre de la Guerre Boulanger aux généraux commandant les régions militaires ; décret présidentiel du pour les nouvelles dénominations des forts, batteries et casernes sur proposition du ministre de la guerre, M. le général Boulanger.
  3. Lettre no 14980 bis le de M. le ministre de la Guerre, M. le général Ferron, abrogeant le décret présidentiel du 21 janvier.

Marco Frijns, Luc Malchair, Jean-Jacques Moulins et Jean Puelinckx, Index de la fortification française 1874 - 1914, Edition Autoédition, , 832 p. (ISBN 978-2-9600829-0-6), p. 513.

Voir aussi

Liens externes

Articles connexes

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