AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Formule de WeizsÀcker

La formule de WeizsÀcker, appelée aussi formule de Bethe-WeizsÀcker, est une formule semi-empirique donnant une valeur approximative de l'énergie de liaison nucléaire B caractérisant la liaison entre les nucléons qui constituent le noyau des atomes (voir un résumé dans ModÚle de la goutte liquide).

Histoire

L'Ă©ponyme de formule de WeizsĂ€ckers.v.''WeizsĂ€cker_(formule_de)_1-0">[1] est le physicien allemand Carl Friedrich von WeizsĂ€cker (-) qui l'a proposĂ©e en [2] - col. 1''s.v.''WeizsĂ€cker_(formule_de)_3-0">[3] dans un article publiĂ© dans le Zeitschrift fĂŒr Physikn. 1§ 15_4-0">[4] - [5]. Les physiciens Hans Bethe (-) et Robert Bacher (-) en ont simplifiĂ© l'expression en [2] - col. 1''s.v.''WeizsĂ€cker_(formule_de)_3-1">[3] - § 15_6-0">[6] - [7]. Le physicien Eugene Wigner (-) l'a gĂ©nĂ©ralisĂ©e en [2] - col. 1''s.v.''WeizsĂ€cker_(formule_de)_3-2">[3] - § 15_6-1">[6] - [8]. En , Niels Bohr (-) et John Wheeler (-) y ont introduit le terme n. 3§ 15_9-0">[9] - [10].

Expression


oĂč :

  • B est l'Ă©nergie de liaison, A est le nombre de masse (ou nombre de nuclĂ©ons contenus dans le noyau A = Z+N), Z est le nombre de protons ;
  • est le terme de volumechap. 2,_§ 2.9_11-0">[11] - chap. 2,_§ 2.1_12-0">[12] - chap. 2,_§ 2.2.4_13-0">[13] ;
  • est le terme de surfacechap. 2,_§ 2.9_11-1">[11] - chap. 2,_§ 2.1_14-0">[14] - chap. 2,_§ 2.2.4_15-0">[15] ;
  • est le terme coulombienchap. 2,_§ 2.9_11-2">[11] - chap. 2,_§ 2.1_16-0">[16] - chap. 2,_§ 2.2.4_17-0">[17] ;
  • est le terme d'asymĂ©triecol. 1''s.v.''WeizsĂ€cker_(formule_de)_3-3">[3] - chap. 2,_§ 2.2.4_17-1">[17] - chap. 2,_§ 2.9_18-0">[18] - chap. 2,_§ 2.1_19-0">[19] ;
  • est le terme de paritĂ©chap. 2,_§ 2.2.4_17-2">[17] ou d'appariementcol. 1''s.v.''WeizsĂ€cker_(formule_de)_3-4">[3] - chap. 2,_§ 2.1_20-0">[20].

Remarques :

Dans le terme coulombien, est souvent remplacĂ© par chap. 2,_§ 2.9_11-3">[11] - chap. 2,_§ 2.2.4_13-1">[13] - col. 2''s.v.''WeizsĂ€cker_(formule_de)_21-0">[21] car [22].

Dans certaines formules, le terme d'appariement varie en plutĂŽt qu'en chap. 2,_§ 2.9_23-0">[23].

Les valeurs des constantes utilisées sont (en MeV) :

  • av = 15,56
  • as = 17,23
  • ac = 0,7
  • aa = 23,6
  • ap = 11,2
Courbe représentant l'énergie de liaison par nucléon en fonction du nombre de nucléons dans le noyau.

Il existe différents jeux de paramÚtres pour la formule de WeizsÀcker. Le choix du jeu de paramÚtres se définit en fonction des noyaux étudiés. Ainsi certains jeux de paramÚtres donneront des énergies de liaison plus précises pour les noyaux stables tandis que d'autres jeux donneront des résultats plus satisfaisant pour les noyaux exotiques.

Cette formule permet d'expliquer avec une bonne approximation la courbe d'Aston (ci-contre), qui représente l'énergie de liaison par nucléon en fonction du nombre de nucléons dans le noyau. C'est une courbe expérimentale car chaque énergie de liaison y est calculée à partir de la masse du noyau atomique mesurée par spectrométrie de masse.

Explication des différents termes

La formule de Bethe-WeizsÀcker fait apparaitre cinq termes :

.
Illustration des termes de la formule de Bethe-WeizsÀcker dans le modÚle de la goutte liquide du noyau atomique. Les protons sont représentés par les ronds rouges et les neutrons par les ronds blancs.
Illustration des termes de la formule de Bethe-WeizsÀcker dans le modÚle de la goutte liquide du noyau atomique. Les protons sont représentés par les ronds rouges et les neutrons par les ronds blancs.

Pour expliquer ces différents termes, il faut supposer que le noyau est sphérique, de rayon . Et comme il est compact (son volume est proportionnel au nombre de nucléons A), alors est proportionnel à .

Énergie de volume

Pour expliquer le premier terme, on peut utiliser une analogie avec un gaz parfait pour lequel l'énergie interne est proportionnelle au nombre de particules constituant le gaz. Ainsi, on pose que cette énergie de volume est proportionnelle à A. Elle permet d'expliquer les forces nucléaires de courtes portées, et la saturation des forces nucléaires :
.

Énergie de surface

La notion de tension de surface (ou superficielle) d'une goutte liquide peut ĂȘtre utilisĂ©e pour interprĂ©ter le second terme. Intuitivement, les nuclĂ©ons Ă  la surface du noyau sont en contact avec moins de nuclĂ©ons que ceux du centre, l'Ă©nergie de liaison en est donc diminuĂ©e, Ă  l'instar (sans que ce soit le mĂȘme phĂ©nomĂšne physique en jeu) de ce qu'il se passe Ă  une interface liquide/gaz telle qu'une goutte d'eau dans l'air.

En introduisant comme le second terme de la formule, on prouve, en premiĂšre approximation, que la surface du noyau est proportionnelle Ă  .

Pour cela, on approxime que le volume du noyau est proportionnel au nombre de nucléons. Il s'agit d'une approximation courante[24] :

Avec le rayon moyen d'un nucléon. La surface d'une sphÚre de rayon étant , en remplaçant par son approximation, on obtient :

D'oĂč,

RĂ©pulsion Ă©lectrostatique

Les protons Ă©tant tous chargĂ©s positivement, ils se repoussent mutuellement. Cela participe Ă  diminuer l'Ă©nergie de liaison par un terme de rĂ©pulsion Ă©lectrostatique . Dans une approximation grossiĂšre, le noyau peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une sphĂšre avec une densitĂ© de charge uniforme. L'Ă©nergie potentielle d'une telle distribution de charge est donnĂ©e par :

oĂč est la charge totale, le rayon de la sphĂšre. En identifiant Ă  et en prenant le rayon proportionnel Ă  , on obtient la forme du terme coulombien. Cependant, la rĂ©pulsion coulombienne n'existe que lorsqu'il y a plus d'un proton ce qui induit que devient . La valeur de peut ĂȘtre calculĂ©e approximativement en utilisant l'Ă©quation ci-dessus :

L'Ă©nergie potentielle de la distribution de charge est donc :

La constante du terme de répulsion électrostatique est :

Une autre valeur de peut ĂȘtre obtenue en utilisant la constante de structure fine :

oĂč est la constante de structure fine, , le rayon du noyau avec qui vaut approximativement 1,25 femtomĂštres. Cela donne une valeur thĂ©orique de de 0,691 MeV ce qui est peu Ă©loignĂ© des valeurs mesurĂ©es.

Énergie d'asymĂ©trie

La répulsion électrostatique étant en compétition avec l'interaction forte pour stabiliser le noyau, les noyaux lourds ont besoin d'un surplus de neutrons afin que cette interaction forte contrebalance l'effet de la répulsion électrostatique. Il y a donc une asymétrie du nombre de neutrons par rapport au nombre de protons. Cela n'a, a priori, aucun autre effet sur l'énergie de liaison que ceux qui ont été étudiés plus haut. En réalité, un effet quantique va jouer un rÎle : les nucléons se trouvent sur des niveaux d'énergie, ce qui fait qu'un surplus de neutrons va augmenter leur énergie. On obtient alors que l'effet sur l'énergie de liaison s'écrit : .

Énergie d'appariement

Un deuxiÚme effet quantique joue un rÎle dans l'énergie de liaison : les nucléons ayant un spin demi-entier ont tendance à s'apparier deux à deux, pour se grouper préférentiellement en nombre pair. Ainsi, un nombre impair de neutrons ou de protons sera moins stable.
Une formule empirique permet de rendre compte de cet effet en ajoutant à l'énergie de liaison une énergie d'appariement (ou de parité) ayant différentes valeurs selon qu'il y a un nombre pair ou impair de nucléons, neutrons ou protons :

Les noyaux ayant un nombre pair de nuclĂ©ons, neutrons et protons sont plus stables que ceux ayant un nombre impair de nuclĂ©ons, eux-mĂȘmes plus stables que ceux ayant un nombre pair de nuclĂ©ons et impair de neutrons et protons, donc l'Ă©nergie de liaison varie en consĂ©quence.

Utilisation de la formule

Équation de la vallĂ©e de la stabilitĂ©

Pour un nombre de masse donné A, on s'aperçoit que la formule de Bethe-WeizsÀcker fournit une équation quadratique en fonction de la charge Z. On a ainsi :

Par définition, les noyaux stables sont définis comme étant des noyaux qui maximisent l'énergie de liaison . Ainsi en cherchant les valeurs de qui annulent la dérivée par rapport à , on peut obtenir une équation donnant les noyaux de la vallée de stabilité.

Améliorations

De nombreux modÚles ont par la suite tenter de raffiner le modÚle de la goutte liquide proposé initialement par Carl Friedrich von WeizsÀcker en introduisant de nouveaux paramÚtres afin de reproduire plus finement les masses mesurées expérimentalement.

ModĂšle de la gouttelette liquide

Ce modĂšle a Ă©tĂ© proposĂ© par William D. Myers et Wladyslaw J. Swiatecki dans les annĂ©es 1970. Il ajoute deux paramĂštres supplĂ©mentaires au modĂšle de la goutte liquide, Ă  savoir la compressibilitĂ© de la matiĂšre nuclĂ©aire et l’asymĂ©trie locale proton-neutron[25].

Modùle de Duflo–Zuker

Proposé initialement en 1995 par Jean Duflo et Andres Zuker[26] puis raffiné en 1999[27].

Notes et références

  1. s.v.''WeizsÀcker_(formule_de)-1" class="mw-reference-text">Taillet, Villain et Febvre 2018, s.v.WeizsÀcker (formule de), p. 785-786.
  2. Pfalzner 2006, B.4, p. 217.
  3. col. 1''s.v.''WeizsĂ€cker_(formule_de)-3" class="mw-reference-text">Taillet, Villain et Febvre 2018, s.v.WeizsĂ€cker (formule de), p. 786, col. 1.
  4. n. 1§ 15-4" class="mw-reference-text">Wapstra 1958, § 15, p. 26, n. 1.
  5. WeizsÀcker 1935.
  6. § 15-6" class="mw-reference-text">Wapstra 1958, § 15, p. 26.
  7. Bethe et Bacher 1936.
  8. Wigner 1937.
  9. n. 3§ 15-9" class="mw-reference-text">Wapstra 1958, § 15, p. 26, n. 3.
  10. Bohr et Wheeler 1939.
  11. chap. 2,_§ 2.9-11" class="mw-reference-text">Le Sech et NgĂŽ 2014, chap. 2, § 2.9, p. 30.
  12. chap. 2,_§ 2.1-12" class="mw-reference-text">Mayet 2017, chap. 2, § 2.1, p. 41, 1).
  13. chap. 2,_§ 2.2.4-13" class="mw-reference-text">Reuss 2003, chap. 2, § 2.2.4, p. 49.
  14. chap. 2,_§ 2.1-14" class="mw-reference-text">Mayet 2017, chap. 2, § 2.1, p. 42, 2).
  15. chap. 2,_§ 2.2.4-15" class="mw-reference-text">Reuss 2003, chap. 2, § 2.2.4, p. 49-50.
  16. chap. 2,_§ 2.1-16" class="mw-reference-text">Mayet 2017, chap. 2, § 2.1, p. 42, 3).
  17. chap. 2,_§ 2.2.4-17" class="mw-reference-text">Reuss 2003, chap. 2, § 2.2.4, p. 50.
  18. chap. 2,_§ 2.9-18" class="mw-reference-text">Le Sech et NgĂŽ 2014, chap. 2, § 2.9, p. 30-31.
  19. chap. 2,_§ 2.1-19" class="mw-reference-text">Mayet 2017, chap. 2, § 2.1, p. 42-43, 4).
  20. chap. 2,_§ 2.1-20" class="mw-reference-text">Mayet 2017, chap. 2, § 2.1, p. 43, 5).
  21. col. 2''s.v.''WeizsĂ€cker_(formule_de)-21" class="mw-reference-text">Taillet, Villain et Febvre 2018, s.v.WeizsĂ€cker (formule de), p. 785, col. 2.
  22. Khater 2009.
  23. chap. 2,_§ 2.9-23" class="mw-reference-text">Le Sech et NgĂŽ 2014, chap. 2, § 2.9, p. 31.
  24. « Le noyau atomique », sur www.sciences-en-ligne.com (consulté le )
  25. Guy Royer, Contribution à la description macroscopique des phénomÚnes nucléaires de fusion, fission et fragmentation (thÚse de doctorat en physique nucléaire), (lire en ligne [PDF]), p. 14
  26. (en) J. Duflo et A.P. Zuker, « Microscopic mass formulas », Physical Review C, vol. 52,‎ , R23 (DOI 10.1103/PhysRevC.52.R23)
  27. (en) J. Duflo et A.P. Zuker, « Microscopic mass formulas », Physical Review C, vol. 59,‎ , R2347 (DOI 10.1103/PhysRevC.59.R2347)

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

Publications originales

Manuels d'enseignement supérieur

Dictionnaires et encyclopédies

Articles connexes

Liens externes

  • [Khater 2009] Antoine Khater, « Introduction Ă  la physique nuclĂ©aire », dans Ressources numĂ©riques pĂ©dagogiques pour la licence physique, (lire en ligne), § 2.10 (« Relation empirique pour l'Ă©nergie de liaison par nuclĂ©on Â») (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Valentin n.d.] Luc Valentin, « NuclĂ©aire (physique) : noyau atomique », dans EncyclopĂŠdia Universalis, n.d. (lire en ligne), § 2 (« Masse et Ă©nergie de liaison Â») (lire en ligne).
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.