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ForĂȘt en Roumanie

La forĂȘt roumaine a commencĂ© Ă  se former il y a environ 10 000 ans. Au dĂ©but de notre Ăšre, elle reprĂ©sentait 80 % de la surface du pays. Mais Ă  la suite de l'action de l'homme qui a effectuĂ© de nombreuses coupes, son taux de boisement est de nos jours de 27 % environ.

La Roumanie en Europe et la chaĂźne des Carpates
Une hĂȘtraie mĂ©langĂ©e Ă  des rĂ©sineux

Formation et Ă©volution de la forĂȘt roumaine

Formation

La forĂȘt roumaine s'est formĂ©e au cours de l'HolocĂšne. Il s'agit d'une pĂ©riode gĂ©ologique qui a commencĂ© il y a 10 000 ans environ. Cette forĂȘt est donc relativement jeune Ă  l'Ă©chelle des temps gĂ©ologiques.

Initialement les pins, les bouleaux et les saules Ă©taient prĂ©dominants sur le territoire. L'Ă©picĂ©a, le chĂȘne pĂ©donculĂ©, le tilleul Ă  petites feuilles, l'orme et parfois le hĂȘtre, le charme, le sapin et le pin noir Ă©taient concentrĂ©s au niveau de zones refuges Ă©loignĂ©es des glaciers.

À la suite du premier rĂ©chauffement climatique (8 000-7 000 av. J.-C.), l'Ă©picĂ©a a commencĂ© Ă  quitter les refuges glaciaires et Ă  s'Ă©tendre pour remplacer les pins et les bouleaux et ainsi crĂ©er des pessiĂšres (forĂȘts d'Ă©picĂ©as).

Vers 7 000-6 000 ans av. J.-C., la colonisation de l'Ă©picĂ©a continue au niveau des montagnes, les chĂȘnaies mĂ©langĂ©es prĂ©dominent aux altitudes moins Ă©levĂ©es. Le charme et le sapin s’accroissent au sud ouest du pays.

Quercus cerris

Vers 6 000-3 000 ans av. J.-C., le climat se rĂ©chauffe encore plus et s'humidifie. Les pessiĂšres s'Ă©tendent aux altitudes plus Ă©levĂ©es et vers les plaines en se mĂ©langeant aux chĂȘnaies. Au mĂȘme moment, certaines espĂšces de chĂȘnes (Quercus cerris, Quercus frainetto, Quercus pubescens, Quercus pedunculiflora) situĂ©es au sud du Danube et craignant plus le froid, migrent vers le nord. Ainsi se forment les forĂȘts de basse altitudes du sud, de l'est, de l’ouest et d'une partie du centre du pays.

Vers 3 000-1 000 av. J.-C., Ă  la suite d'un refroidissement de la tempĂ©rature, le charme s'Ă©tend massivement.

Vers 1 000 av. J.-C., le climat est plus frais et humide ce qui permet l'expansion du hĂȘtre qui remplace le charme afin de former un Ă©tage de vĂ©gĂ©tation sĂ©parant les Ă©picĂ©as et les chĂȘnaies mĂ©langĂ©es. Cette expansion repousse les pessiĂšres vers des altitudes plus Ă©levĂ©es et les chĂȘnaies vers des altitudes plus basses.

La formation de cette forĂȘt roumaine se termine par l’expansion du sapin, l'apparition d'une bande de hĂȘtres mĂ©langĂ©s Ă  des rĂ©sineux et l'alternance de chĂȘnaies et de hĂȘtraies[1].

Évolution

Au dĂ©but de l'Ăšre chrĂ©tienne, la forĂȘt s'Ă©tendait sur une grande partie du pays. On estime que le taux de boisement variait de 70 Ă  80 %. Mais des dĂ©boisements massifs ont lieu surtout au milieu du XIXe siĂšcle dus aux rĂ©formes fonciĂšres[2] et aux coupes Ă  blanc pratiquĂ©es sur le modĂšle de la sylviculture allemande[3]. Deux millions d'hectares ont Ă©tĂ© rasĂ©s. Les forĂȘts les plus touchĂ©es Ă©taient situĂ©es au niveau des plaines car leur accĂšs Ă©tait le plus facile[3].

La pĂ©riode de l'entre-deux-guerres (1918-1945) fut aussi une Ă©poque oĂč la surface forestiĂšre de la Roumanie fut largement entamĂ©e. Le taux de boisement Ă©tait de 40 % Ă  la fin du XIXe siĂšcle alors qu'il ne reprĂ©sentait plus que 28 % au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale. Pendant la pĂ©riode communiste allant de 1948 Ă  1989, l'Ă©tendue de la forĂȘt est restĂ©e Ă  peu prĂšs la mĂȘme[4].

Facteurs climatiques, géologiques et pédologiques

Le relief

Le relief de la Roumanie peut ĂȘtre classĂ© en trois zones : les montagnes qui occupent 30 % du pays avec la chaĂźne des Carpates (altitudes 2 544 m), les collines qui reprĂ©sentent 37 % (altitude de 300 Ă  760 m) et les plaines qui s'Ă©tendent sur 33 % du territoire[3].

Le climat

La chaĂźne des Carpates

Le pays se trouve dans une zone de climat tempĂ©rĂ© Ă  caractĂšre continental. Il faut noter l’interfĂ©rence de deux autres climats rĂ©gionaux Ă  savoir Ă  l'ouest le climat ocĂ©anique et au sud ouest le climat submĂ©diterranĂ©en[2]. La chaĂźne des Carpates et son importante courbure constitue un dispositif qui a pour effet de diminuer les extrĂȘmes continentaux. 80 % du pays est situĂ© dans une zone favorable Ă  la vĂ©gĂ©tation forestiĂšre surtout au niveau des collines et dans la partie basse des Carpates entre 500 et 1 400 m[5].

La nature du sol

Les sols sont trĂšs variĂ©s et d'une fertilitĂ© apprĂ©ciable avec une dominance de sols bruns plus ou moins lessivĂ©s et bruns acides. La nature du sol est donc aussi trĂšs favorable au dĂ©veloppement de la forĂȘt[3].

Caractéristiques actuelles

Superficie et taux de boisement

La forĂȘt roumaine reprĂ©sente 6 515 000 ha en 2010 pour une surface totale du pays de 237 000 km2. Elle est situĂ©e au huitiĂšme rang de l'Union europĂ©enne au niveau de la surface forestiĂšre, le premier pays Ă©tant la SuĂšde avec 28 203 000 ha, la France au quatriĂšme rang avec 15 954 000 ha et le dernier pays Malte avec aucune surface[6].

Un tiers de cette superficie concerne des forĂȘts primaires et 400 000 ha environ sont considĂ©rĂ©es comme des forĂȘts vierges qui n'ont quasiment pas Ă©tĂ© modifiĂ©es par l'homme[4]. Son taux de boisement est de 27,3 % alors que la moyenne communautaire est de 36 %[6].

Volume sur pied

Le volume total sur pied est estimĂ© Ă  1 750 millions de m3 et le volume moyen de 274 m3 par ha[3].

La rĂ©partition des forĂȘts

La majoritĂ© des forĂȘts se trouvent au niveau des montagnes et reprĂ©sentent 61 % de la surface totale forestiĂšre. Elles sont constituĂ©es majoritairement de peuplements naturels Ă  base de hĂȘtres, d'Ă©picĂ©as et de sapins. Les forĂȘts situĂ©es sur les collines et les plateaux reprĂ©sentent 29 % et sont composĂ©es de peuplements de chĂȘnes purs ou mĂ©langĂ©s avec d'autres feuillus. Les forĂȘts des plaines ne comptent que pour 10 %[2].

Types de forĂȘt, essences forestiĂšres

La futaie rĂ©guliĂšre domine le paysage roumain avec 90 % de la surface. Le taillis simple, qui reprĂ©sente 6 % est traitĂ© en conversion de futaie rĂ©guliĂšre. Les 4 % restants sont en cours de transformation. Il s'agit de forĂȘts de rĂ©sineux de montagne ou de forĂȘts de protection[7].

Les feuillus occupent 70 % de la surface totale des forĂȘts. Le hĂȘtre reprĂ©sente 31 %, les chĂȘnes 18 %, les autres feuillus 21 %. Quant aux rĂ©sineux, ils occupent 30 % du domaine forestier : Ă©picĂ©a 23 % et 7 % pour les autres rĂ©sineux (sapins, pins et mĂ©lĂšzes)[3].

ForĂȘt privĂ©e, forĂȘt publique

À la suite de la formation du bloc communiste aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, l’État roumain a nationalisĂ© les forĂȘts privĂ©es. AprĂšs l'effondrement de l'union soviĂ©tique et le changement de politique en 1990, de nouvelles lois sont apparues pour la restitution d'une partie de la forĂȘt aux propriĂ©taires privĂ©s : la loi no 18 de 1991 pour les surfaces de 0,5 ha maximum, la loi no 1 de 2000 pour les surfaces jusqu'Ă  50 ha et la loi 247 de 2005 qui autorise toutes les autres surfaces[8].

Mais l’État reste toujours majoritaire avec 51 % (3 339 000 ha). Les propriĂ©taires privĂ©s occupent la deuxiĂšme place avec 34 % (2 079 000 ha) puis viennent les unitĂ©s administratives de droit public pour 16 % (1 024 000 ha) et en dernier les unitĂ©s administratives de droit privĂ© avec 73 000 ha Les forĂȘts privĂ©es appartiennent Ă  830 200 propriĂ©taires. Les surfaces sont relativement petites et fragmentĂ©es[6].

La politique forestiĂšre

Les annĂ©es 1990 et le dĂ©but des annĂ©es 2000 ont Ă©tĂ© marquĂ©es par une mauvaise gestion des forĂȘts privĂ©es et un dĂ©boisement important. La lĂ©gislation Ă©tait alors inexistante et les nouveaux propriĂ©taires n’étalent pas encadrĂ©s.

La loi no 46 de 2008 a Ă©tĂ© votĂ©e afin de remĂ©dier Ă  ce problĂšme en prenant des dispositions sur la gestion forestiĂšre des forĂȘts publiques et privĂ©es. D’aprĂšs cette loi, les forĂȘts roumaines sont un bien d'intĂ©rĂȘt national et les usages et pratiques sur ces domaines sont rĂ©glementĂ©s. La gestion doit ĂȘtre assurĂ©e par des organismes : pour la forĂȘt publique par ROMSILVA ou la RĂ©gie Nationale de ForĂȘts (RNF), pour la forĂȘt privĂ©e par des districts forestiers constituĂ© par des propriĂ©taires privĂ©s ou des associations de propriĂ©taires. La loi prĂ©voit aussi qu'une parcelle ne peut pas ĂȘtre infĂ©rieure Ă  1 ha mĂȘme en cas de succession afin de limiter le morcellement. L'obligation est faite Ă  l'organisme ROMSILVA de supprimer les terrains enclavĂ©s en effectuant des Ă©changes ou en faisant l'acquisition de terrains.

Des plans nationaux ont Ă©tĂ© mis en place afin d’augmenter la surface des forĂȘts publiques de 100 000 ha, de rĂ©duire la coupe illĂ©gale d’arbres, d'aider les propriĂ©taires privĂ©s dans la gestion de leurs parcelles et d’amĂ©liorer l’accĂšs aux terrains en crĂ©ant 2000 kilomĂštres de voies[9]. En effet, la densitĂ© moyenne des routes forestiĂšres est de seulement 6,4 m/ha alors que celle de l'Autriche est de 36 m/h et celle de la France de 26 m/h[6].

Mais cette politique forestiĂšre n'est pas prioritaire et souffre de nombreuses lacunes en particulier du fait de nombreux changements depuis la rĂ©daction de ces plans : entrĂ©e dans l'Union europĂ©enne en 2007, privatisation des terrains Ă  la suite des diffĂ©rentes lois
 L'efficacitĂ© a Ă©tĂ© jugĂ©e faible en raison notamment des moyens insuffisants mis en Ɠuvre[9]. De nombreuses associations ou ONG (Organisation Non Gouvernementale) dĂ©noncent le dĂ©boisement massif de la forĂȘt roumaine. D’aprĂšs eux, de nombreuses forĂȘts privĂ©es ont Ă©tĂ© exploitĂ©es bien au-delĂ  des limites prĂ©vues par la loi. Des bandes organisĂ©es de voleurs agiraient aussi en effectuant des coupes et en dĂ©robant le bois[10].

Les activités économiques provenant du bois

Exploitation du bois

La Roumanie est un grand exportateur de bois. Elle a exportĂ© prĂšs de 5 000 000 de tonnes de bois et de produits ligneux en 2011 surtout vers les pays arabes, la Turquie, la Chine et le Japon. Les plus grands importateurs europĂ©ens de bois roumains sont l'Italie, l'Autriche, la Hongrie et l'Allemagne[10]. La Roumanie se trouve au 7e rang des pays de l'Union europĂ©enne (UE) pour la production de sciage. Elle est le premier pays de l'UE producteur de sciage de feuillus reprĂ©sentant 17 % du volume total. La France se trouve juste derriĂšre. Le volume de la rĂ©colte de bois d’Ɠuvre et de bois d'industrie pour la Roumanie reprĂ©sente 3 % du volume europĂ©en la plaçant Ă  la dixiĂšme place avec un volume de 10 000 000 de m3 environ[11].

Le volume total prĂ©levĂ© (volume brut) reprĂ©sente 16,9 millions de m3. Le secteur de l’exploitation forestiĂšre comprend principalement des PME (Petites et Moyennes entreprises). Ce secteur est faible et souffre du manque d'investissements dans de nouvelles machines et technologie[6].

Le poids du secteur forestier y compris l'industrie du bois contribue à l'économie du pays de façon non négligeable. Son poids, industrie du bois compris, représente 4,5 % du PIB (Produit Intérieur Brut), en augmentant d'un point en une dizaine d'années. Ce secteur est un employeur important[9].

Références

  1. Victor Giurgiu, Les forĂȘts vierges de Roumanie, Belgique, asbl ForĂȘt wallonne, Croix du sud 2/9 pages 21 et 22
  2. Yves Bastien, Dumitru-Romulus Tarziu, Revue forestiÚre française, Chronique internationale, France, avril 1999, page 549
  3. Yves Bastien, Dumitru-Romulus Tarziu, Revue forestiÚre française, Chronique internationale, France, avril 1999, page 550
  4. Victor Giurgiu, Nicolae Donita, Constantin Bandiu, Stelian Radu, Radu Cenusa, Radu Dissescu, Cristian Stoiculescu, Iovu-Adrian Biris, Les forĂȘts vierges de Roumanie, Belgique, asbl ForĂȘt wallonne, Croix du sud 2/9, page 25
  5. Victor Giurgiu, Nicolae Donita, Constantin Bandiu, Stelian Radu, Radu Cenusa, Radu Dissescu, Cristian Stoiculescu, Iovu-Adrian Biris, Les forĂȘts vierges de Roumanie, Belgique, asbl ForĂȘt wallonne, Croix du sud 2/9,page 15
  6. « Sillons d'Europe », Espagne, MinistĂšres de l'Ă©conomie et des finances d'Allemagne, de l'Espagne, de l'Irlande, de l’Italie, de la Pologne et de la Roumanie, no 144 du 6 avril 2012, page 7
  7. Yves Bastien, Dumitru-Romulus Tarziu, Revue forestiÚre française, Chronique internationale, France, avril 1999, page 551
  8. Orlando Bolas, article : Protégeons « la muette », revue Archipel no 220 de novembre 2013, page 1
  9. « Sillons d'Europe », Espagne, MinistĂšres de l'Ă©conomie et des finances d'Allemagne, de l'Espagne, de l'Irlande, de l’Italie, de la Pologne et de la Roumanie, no 144 du 6 avril 2012, page 8
  10. Orlando Bolas, article : Protégeons « la muette », revue Archipel no 220 de novembre 2013, page 2
  11. Bois et sciage, France, AGRESTE, 2013, page 93

Bibliographie

  • Victor Giurgiu, Nicolae Donita, Constantin Bandiu, Stelian Radu, Radu Cenusa, Radu Dissescu, Cristian Stoiculescu, Iovu-Adrian Biris, Les forĂȘts vierges de Roumanie, Belgique, asbl ForĂȘt wallonne, Croix du sud 2/9, 2001 (ISBN 2-9600251-1-3)
  • Yves Bastien, Dumitru-Romulus Tarziu, Revue forestiĂšre française, Chronique internationale, France, avril 1999
  • « Sillons d'Europe », Espagne, MinistĂšres de l'Ă©conomie et des finances d'Allemagne, de l'Espagne, de l'Irlande, de l’Italie, de la Pologne et de la Roumanie, no 144 du 6 avril 2012.
  • Orlando Bolas, ProtĂ©geons « la muette », revue Archipel no 220 de novembre 2013.
  • Bois et sciage, France, AGRESTE, 2011
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