Federico Commandino
Federico Commandino[1] (né en 1509 à Sassocorvaro, dans la province de Pesaro et Urbino, dans la région des Marches – mort le à Urbino), est un humaniste et mathématicien italien, qui, à la Renaissance, fut le principal traducteur et restaurateur des œuvres scientifiques de l'Antiquité.
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Biographie
Commandino est né dans le duché d'Urbino, citadelle qui devint, aux mains de la famille Della Rovere, un centre militaire et culturel majeur dans l'Italie de la Renaissance. Son père, Giovan Battista Commandino, était un architecte réputé, et sa mère Laura Benedetti lisait le latin. En 1530 son maître de mathématiques entra au service du cardinal Niccolò Ridolfi, intéressé par les mathématiques, chasseur de manuscrits et possesseur d'une riche bibliothèque[2].
Il étudia la médecine à l'université de Padoue (1534) puis à celle de Ferrare (1544), cursus qui lui permit certainement d'acquérir des connaissances poussées de géométrie et d'astronomie ; la médecine le déçut et il l'abandonna. À son retour à Urbino en 1546, il fut pris par le duc Guidobaldo II della Rovere comme professeur de mathématiques.
L'éditeur vénitien Paul Manuce, soucieux de concurrencer les éditions bâloises, demanda à Federico Commandino de réviser :
- l'édition Grynæus du texte grec du Planisphæra de Ptolémée (1538),
- les œuvres d'Archimède compilées chez Herwagen par l'humaniste Thomas Gechauff dit Venatorius (1544).
Commandino, s'appuyant sur ses connaissances mathématiques, produisit pour les deux collections une édition bilingue latin–grec accompagnée de commentaires (1558). Pour bien des termes grecs de géométrie, il dut rechercher un équivalent latin, s'appuyant sur les rares indices trouvés chez Cicéron, Vitruve et Frontin et créant de toutes pièces en latin une terminologie mathématique qui s'imposa après lui.
En 1563, le prince héritier François Marie II della Rovere avait rappelé Commandino à la cour ducale pour qu'il y poursuive l'enseignement dispensé à son père quelques années plus tôt. Là , il se lia avec Le Tasse et le philosophe Bernardino Baldi, mais n'interrompit pas pour autant son prodigieux travail de traduction et de critique textuelle.
Les fatigues et les dangers du voyage vers Venise incitèrent Commandino à travailler avec une imprimerie plus proche d'Urbino : en effet, il était d'usage dans les débuts de l'imprimerie que l'auteur relise les épreuves de son texte dans une salle attenante aux ateliers de presse, ce qui pouvait durer plusieurs semaines. Sous le patronage du duc d'Urbino, Commandino obtint en 1565 la création d'une imprimerie dans la ville voisine de Pesaro, où ses œuvres seront désormais publiées.
Le succès de ses traductions commentées fit rapidement de Commandino une célébrité, et nombre de chercheurs, comme l'Anglais John Dee, prirent le chemin d'Urbino pour le rencontrer et solliciter son avis. Il correspondait par ailleurs avec Francesco Maurolico et enseigna les mathématiques au jeune Guidobaldo del Monte.
Ĺ’uvres
Commandino Ă©dita :
- les œuvres d'Archimède (à l'exception du Traité des corps flottants, dont il ne retrouva pas de manuscrit grec, et du traité De la méthode, découvert bien plus tard),
- les Ĺ“uvres de HĂ©ron d'Alexandrie,
- l'Almageste et la Petite Astronomie de Ptolémée,
- les Éléments d'Euclide,
- les Coniques d'Apollonios de Perga,
- le traité Des Distances relatives du Soleil et de la Lune d'Aristarque de Samos,
- la Collection mathématique de Pappus d'Alexandrie.
Grâce à ses connaissances mathématiques, Commandino améliora de manière décisive les éditions antérieures de Zamberti (pour Euclide), de Giorgio Valla (pour Archimède), d'Hermannus Secundus (pour Ptolémée). Ses traductions firent autorité jusqu’à la parution de la Bibliotheca teubneriana au XIXe siècle. C'est d'elles que Stevin, Galilée, Descartes, Fermat, Huygens, Wallis, Newton se servirent.
- Ptolemæi planisphærium, Jordani planisphærium. Federici Commandini Urbinatis in Ptolemæi planisphærium commentarius in quo universæ scenographicis ratio quam brevissime traditur, ac demonstrationibus confirmatur (1558, Venise, « apud Paulum Manitium Aldi », 2e éd., Rome, 1562). Ce livre comporte également le traité Scenographia, exposé géométrique du dessin en perspective. Un vol. in-4°, 201 × 148 mm, en deux parties : la première partie. [i-vi], 1-37, [38-40, avertissement de l'imprimeur] pp.; 28 pages numérotées incluant la page de titre, caractères romains et italiques. La marque d'imprimeur figure sur les deux pages de titre, et au verso des dernières feuilles. La seconde partie contient le commentaire de Commandino. Texte et commentaire comportent des bois gravés. Le « planisphère » est une projection de la sphère sur l'équateur, l'œil étant placé au pôle ; on l'appelle aujourd'hui projection stéréographique.
- Archimedis de iis quæ vehuntur in aqua libri duo a Frederico Commandino restituti et commentariis illustrati, Bologne, ex officina Alexandri Benacii (1565), 45 p..
- Monumenta, seu Archimedis opera nonnulla, nuper in latinum conversa (1558), Venise, Alde Manucce ; contient les traités De la mesure du cercle, des Spirales, la Quadrature de la parabole, Sur les conoïdes et les sphéroïdes, et l’Arénaire.
- Ptolemæus Claudius. Liber Analemmate, a Federico Commandino Urbinate instauratus, & commentariis illustratus, qui nunc primum ejus opera e tenebris in lucem prodit. Eiusdem Federici Commandini liber de horologiorum descriptione. (1562) – Rome, Apud Paulum Manutium Aldi -1 vol. in-4° (201 x 148 mm).Pages [4]+93+[3], avec 98 bois gravés en plein texte. Ancre aldine et dauphin en page de titre. Caractères romains. Commentaires de Commandino et errata. Ce Liber Analemmate montre comment trouver les angles entrant dans la construction des cadrans solaires. « La vraie détermination des angles s'obtient, non par trigonométrie (encore que Ptolémée montre que cela serait possible) mais par une méthode graphique ou nomographique. Quoique l'idée ne fût pas nouvelle (Ptolémée critique ses prédécesseurs, et une technique similaire est décrite aussi par Vitruve v. 30 av. J. C.), la sophistication du développement est bien de Ptolémée[3]. » Commandino établit l'édition latine de ce texte à partir de témoins en arabe, aucun témoin grec n'étant connu. La dernière partie du livre contient son propre traité sur la graduation des cadrans solaires.
- Liber de centro gravitatis solidorum (1565)
- Apollonii Pergæ Conicórum libri quattuor. Una cum Pappi Alexandrini lemmatibus et commentariis Eutocii Ascalonitæ. Sereni Antinsensis philosophi libri duo, (1566), Bologne (Bononiæ), impr. Alex. Benatio (Benatius), traduction fiable des quatre premiers livres (les seuls connus jusqu'en 1661) qui fut celle utilisée par les géomètres par la suite. Elle fut réimprimée à Paris en 1626.
- (en coll. avec John Dee) De superficium divisionibus liber Machometo Bagdedino ascriptus, nunc primum Joannis Dee & Federici Commandini Urbinatis opera in lucem editus (1570) Pisauri.
- Aristarchi de magnitudinibus et distantiis Solis et Lunæ liber cum Pappi Alexandrini explicationibus quibusdam, (1572) Pisauri.
- Euclidis Elementorum libri XV : Ăąna cum scholiis antiquis Ă Federico Commandino urbinate nuper in latinum conversi commentariisque quibusdam illustrati, Pisauri, apud Camillum Francischinum, 1572.
- Heronis Alexandrini Spiritalium liber (1575), Urbino — Première trad. en latin des Pneumatiques de Héron d'Alexandrie.
- En ligne : Ă©ditions de 1583, 1680
- Pappi Alexandrini Mathematicæ collectiones in latinum conversæ et commentariis illustratæ (1588), Pisauri, chez H. Concorde, trad. en latin et comm. par Commandin d’Urbino
- En ligne : Édition de Bologne, 1660
Bibliographie
- (en) Edward Rosen : « Commandino, Federico », dans Complete dictionary of scientific biography, Charles Scribner's Sons, 2008
- (it) Bernardino Baldi, « Vita di Federico Commandino », dans Versi e prose scelte, F. Le Monnier, 1859, p. 513–537 — Baldi a daté son texte de 1587.
- (it) Concetta Bianca, « Commandino, Federico », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 27, 1982
- (en) Henk J. M. Bos, Redefining geometrical exactness, coll. « Sources and Studies in the Hist. of Math. and Phys. Sc. », Springer, 2001 (ISBN 0-387-95090-7)
- Michel Chasles, Aperçu historique sur l'origine et le développement des méthodes en géométrie, 2e éd., Paris, Gauthier-Villars, 1875
- Pierre Duhem, Les origines de la statique (t. 1, 1905 ; t. 2, 1906), Paris, Hermann
- Paul Ver Eecke, La Collection Mathématique de Pappus d'Alexandrie, introduction, Paris, Libr. A. Blanchard, 1932, rééd. 1982
- Paul Lawrence Rose, « Plusieurs manuscrits autographes de Federico Commandino à la Bibliothèque Nationale de Paris », Revue d'histoire des sciences, vol. 24, no 4,‎ , p. 299-307 (ISSN 1969-6582, lire en ligne)
Notes
- Les géomètres francophones du XVIIe siècle écrivaient « Commandin ».
- Bianca.
- Dictionary of Scientific Biography (New York 1970-1990).
Voir aussi
Article connexe
- Théorème de Commandino (de)
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :