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Famille Acciaiuoli

La famille Acciaiuoli (aussi orthographiĂ© Acciaioli/Accioly/Acciajuoli; orthographe en grec : Άτζαϊᜠλης) est une importante famille florentine originaire de Brescia qui tire son nom du commerce de l’acier, Ă  la base de sa richesse. Elle joue un rĂŽle important dans l’histoire du duchĂ© d'AthĂšnes oĂč elle succĂšde Ă  la Compagnie de Navarre qui avait conquis ThĂšbes en 1379 et Ă  la maison d'Aragon dans le reste du duchĂ©. NĂ©rio Acciaiuoli, aventurier, conquiert AthĂšnes en 1388, puis NĂ©opatras en 1390. AprĂšs une Ă©phĂ©mĂšre domination vĂ©nitienne (1395-1402), les Acciaiuoli demeurent maĂźtres des duchĂ©s jusqu’à leur reconquĂȘte par les Byzantins en 1430. Ils reconnaissent alors la suzerainetĂ© de Constantinople et rĂ©ussissent Ă  se maintenir jusqu’en 1456, date de la prise d'AthĂšnes par Mehmed II.

d'argent au lion d'azur armé et lampassé de gueules[1].

Origines de la famille – NiccolĂČ Acciaiuoli

Les origines de la famille remontent au XIIe siĂšcle lorsque Gugliarello Acciaiuoli s’enfuit de Brescia en 1160 en raison de son appui Ă  la cause des Guelfes. La famille se rĂ©fugie alors Ă  Florence fuyant l’avance de FrĂ©dĂ©ric Barberousse. Elle y Ă©tablit une manufacture d’acier (d’oĂč selon la tradition proviendrait leur nom). S’étant enrichis considĂ©rablement dans cette industrie, les Acciaiuoli deviennent banquiers au siĂšcle suivant (Compagna di Ser Leone degli Acciaiuoli e de’ suioi consorti) et leur banque ouvre des comptoirs en GrĂšce et en Europe occidentale. Ils jouent bientĂŽt un rĂŽle aussi bien politique que financier dans leur ville d’adoption. Lorsque les Florentins sollicitent l’appui du roi de Naples contre leurs ennemis gibelins, les Acciaiuoli entrent en contact avec les Angevins ; leurs services sont rĂ©compensĂ©s, un membre de la famille devenant chambellan et conseiller privĂ© du roi Robert. Un fils de ce chambellan, NiccolĂČ, est envoyĂ© encore trĂšs jeune diriger la succursale napolitaine de la banque en 1331[2].

Portrait par Andrea del Castagno

Habile banquier et dotĂ© d’un grand charme personnel, il ne tarde pas Ă  se gagner les faveurs de Catherine de Valois-Courtenay, impĂ©ratrice titulaire de Constantinople et veuve depuis 1331, devenant son chambellan[N 1] et le tuteur de ses trois fils en bas Ăąge[3].

En 1333, NiccolĂČ offre ses bons offices pour mettre un terme Ă  la querelle opposant Jean de Gravina, prince d'AchaĂŻe oĂč il n’a fait qu’un bref sĂ©jour et son neveu Robert Ă  qui son pĂšre Philippe a lĂ©guĂ© la suzerainetĂ© de la principautĂ© d'AchaĂŻe et du duchĂ© d'AthĂšnes ainsi que ses droits sur l'Albanie. En vertu de l’accord alors nĂ©gociĂ©, Jean de Gravina transfĂšre Ă  l’impĂ©ratrice Catherine la principautĂ© et ses dĂ©pendances pour son fils Robert en Ă©change de possessions angevines en Épire, du royaume d’Albanie et du duchĂ© de Durazzo, ainsi que d’une somme de 5000 onces en espĂšces, avancĂ©es par la banque Acciaiuoli qui obtient quelques forteresses et domaines en garantie de ses prĂȘts. La principautĂ© d’AchaĂŻe retourne ainsi entre les mains des prĂ©tendants au trĂŽne du dĂ©funt empire latin[4] - [5].

Ayant ainsi rĂ©ussi Ă  faire de son pupille Robert un prince d’AchaĂŻe, et ayant Ă©tĂ© fait chevalier par les Angevins en 1335, NiccolĂČ investit massivement dans la principautĂ©, rachetant les deux domaines donnĂ©s par Jean de Gravina Ă  la banque Ă  titre de biens affectĂ©s en garantie ainsi que les propriĂ©tĂ©s avoisinantes. Il acquiert d’autres propriĂ©tĂ©s Ă  Andravida, Prinitza et Kalamata alors que Catherine lui concĂšde l’ile de CĂ©phalonie en rĂ©compense de ses services. NiccolĂČ devient ainsi un noble, vassal du prince d’AchaĂŻe, et son influence dĂ©passe rapidement celle du bailli angevin[6] - [5].

Catherine demeure deux ans en GrĂšce. Pendant ce temps, NiccolĂČ s’emploie Ă  assurer la dĂ©fense de la vallĂ©e de Kalamata, le « jardin de la GrĂšce », menacĂ©e par les Catalans d’Attique et les Turcs qui, installĂ©s en Asie, ravagent les cĂŽtes de la GrĂšce. Au dĂ©part de celle-ci, NiccolĂČ, hĂ©ritier de la baronnie de Kalamata ainsi que de la forteresse de Piada et d’autres terres, est Ă©levĂ© au rang de bailli pour le compte de l’impĂ©ratrice titulaire, devenant ainsi l’un des plus riches propriĂ©taires terriens de la principautĂ© qu'il quitte en 1341 pour retourner en Italie[7].

À la mort de Catherine en 1346, le prince Robert hĂ©rite du titre d’ « empereur latin de Constantinople », mais, retenu pendant plusieurs annĂ©es dans les prisons hongroises, il ne se rend jamais sur ses domaines en GrĂšce. Le pouvoir rĂ©el Ă©choit alors Ă  l’archevĂȘque de Patras et Ă  NiccolĂČ, lequel ne nĂ©glige pas ses propriĂ©tĂ©s de GrĂšce. Il ajoute Ă  celles-ci la forteresse de Vourkano et, en 1358, est nommĂ© gouverneur de Corinthe et de huit forteresses situĂ©es dans les environs. Corinthe revĂȘt alors une importance particuliĂšre parce que, situĂ©e sur les bords du golfe du mĂȘme nom, elle est rĂ©guliĂšrement la cible de pirates turcs. C’est pourquoi, aprĂšs avoir vainement fait appel au pape et aux VĂ©nitiens, le prince Robert s’est adressĂ© Ă  NiccolĂČ, entretemps nommĂ© grand sĂ©nĂ©chal de Sicile et comte de Malte. Bien qu’absent, celui-ci entreprend rapidement la rĂ©paration des fortifications de l’Acrocorinthe et obtient du prince la rĂ©mission des arriĂ©rĂ©s de tous ses vassaux au trĂ©sor princier ainsi que le retour des serfs que la situation incertaine avait fait Ă©migrer hors de leurs domaines. Ne pouvant retourner lui-mĂȘme en GrĂšce, il charge son cousin Donato de le reprĂ©senter Ă  Corinthe et le nomme responsable de ses autres domaines en AchaĂŻe. Il devait s’éteindre Ă  Florence en 1365[8].

Parmi les membres de sa famille qui s’établissent en GrĂšce figurent les frĂšres Giovanni, archevĂȘque de Patras (dignitĂ© lucrative dĂ©volue par la suite Ă  deux autres membres de la famille) et NĂ©rio, qui achĂšte l’ensemble de la cĂŽte entre Corinthe et Patras[9] - [5].

Les successeurs de NiccolĂČ : NĂ©rio Accaiaioli

NĂ©rio Ier Acciaiuoli

Par testament, NiccolĂČ divise ses possessions de GrĂšce entre son ainĂ©, Angelo, et son cousin et fils adoptif, aussi prĂ©nommĂ© Angelo (le futur archevĂȘque de Patras). Le premier hĂ©rite de la ville de Corinthe et de tous les autres domaines de GrĂšce Ă  l’exception de ceux dĂ©volus Ă  son fils adoptif : le chĂąteau de Vourkano en MessĂ©nie et la baronnie de Kalamata. Le nouvel empereur titulaire, Philippe II de Tarente, en tant que suzerain de l’AchaĂŻe, ratifie ces dĂ©cisions; un peu plus tard, il accorde la dignitĂ© de « palatin » au premier afin de le remercier pour l’avoir accompagnĂ© durant le temps passĂ© en captivitĂ© avec son frĂšre en Hongrie. Mais trop occupĂ© par ses affaires en Italie, Angelo confie Corinthe Ă  un reprĂ©sentant, poste pour lequel il choisit Rainero ou NĂ©rio Acciaiuoli, un autre cousin et fils adoptif de NiccolĂČ, lequel possĂ©dait dĂ©jĂ  la cĂŽte entre Corinthe et Patras[10].

Ce dernier a plus tĂŽt tentĂ© d’obtenir la main de Fiorenza Sanudo, duchesse de Naxos[11]. Toutefois, Venise s’oppose Ă  ce que ce duchĂ© de grand intĂ©rĂȘt stratĂ©gique tombe entre des mains autres que vĂ©nitiennes. FrustrĂ© dans ses ambitions en mer ÉgĂ©e, il se tourne vers le PĂ©loponnĂšse et achĂšte de Marie de Bourbon les baronnies de Vostitza et Nivelet. Devenu capitaine-adjoint de Corinthe et de ses dĂ©pendances, son autoritĂ© s’étend alors sur une bonne partie de la rive sud du golfe de Corinthe et sur l’isthme lui-mĂȘme. BientĂŽt, et bien qu’il ne possĂšde de nombreux domaines qu’à titre de biens affectĂ©s en garantie, NĂ©rio devient le vĂ©ritable maitre du pays dont il compte se servir pour attaquer les Catalans d’Attique. BientĂŽt, nombre de membres de la famille Acciaiuoli et autres Florentins viennent le rejoindre[12].

En 1373, le pape GrĂ©goire XI, Ă©mu par la description faite par l’archevĂȘque de NĂ©opatras du sort rĂ©servĂ© par les Turcs aux Grecs vivant aux frontiĂšres de la principautĂ© d’AchaĂŻe et du duchĂ© d’AthĂšnes, convoque une rencontre de toutes les parties intĂ©ressĂ©es Ă  ThĂšbes, Ă  l'occasion de laquelle les archevĂȘques de NĂ©opatras et Naxos prĂȘchent l’union des chrĂ©tiens contre les Turcs. Mais, sitĂŽt les invitĂ©s rentrĂ©s dans leurs foyers, NĂ©rio profite de la faiblesse des Catalans du duchĂ© d'AthĂšnes pour s’emparer de MĂ©gare en 1374, laquelle, situĂ©e Ă  l'extrĂ©mitĂ© est de l'isthme de Corinthe, Ă  mi-chemin entre Corinthe et AthĂšnes, contrĂŽle l’accĂšs au duchĂ©[13] ; il s'allie par la suite avec une troupe issue de la Compagnie de Navarre menĂ©e par Jean de Urtubia, contre les Catalans. Les Navarrais, traversant les terres de NĂ©rio, s'emparent de ThĂšbes en 1379[14].

Au cours de la dĂ©cennie suivante, NĂ©rio s’emploie Ă  conclure des alliances avec ses principaux voisins, tant grecs que latins. En 1385, aprĂšs s’ĂȘtre assurĂ© d’une armĂ©e et d’un navire de guerre, NĂ©rio croit avoir trouvĂ© un « casus belli ». Il demande alors la main de la jeune comtesse Marie, hĂ©ritiĂšre de Salona, au nom de son beau-frĂšre, Pietro Saraceno d’EubĂ©e. La comtesse HĂ©lĂšne, grande aristocrate, rejette cette offre venant « d’un marchand florentin », prĂ©fĂ©rant donner sa fille Ă  Étienne Doukas, un prince serbe de Thessalie. Cette alliance avec un Serbe provoque l’indignation de la population tant grecque que latine de Salona, endroit oĂč rĂ©sidaient les comtesses. NĂ©rio, qui craint que les Navarrais ne s’emparent d’AthĂšnes et n’établissent une tĂȘte de pont sur sa frontiĂšre nord, en profite pour attaquer le duchĂ© avec ses troupes pendant que son navire vogue droit vers le PirĂ©e[15]. Il s’empare de la ville d'AthĂšnes en ou [16] puis le de son Acropole oĂč le gouverneur catalan, Don Pedro de Pau, rĂ©siste pendant seize mois. AprĂšs quoi, il s’empare de leur capitainerie de NĂ©opatras devenant ainsi maitre de l’ensemble du duchĂ© d’AthĂšnes et de ThĂšbes. L’administration fĂ©odale est alors abolie, remplacĂ©e par un rĂ©gime plus centraliste contrĂŽlĂ©e par les Italiens. De plus, il donne nombre de postes de confiance Ă  des Grecs, permettant Ă©galement Ă  un Ă©vĂȘque orthodoxe de s’installer Ă  AthĂšnes, mais ce dernier est astreint Ă  rĂ©sider dans la basse-ville, NĂ©rio installant un archevĂȘque catholique dans la cathĂ©drale de l’Acropole[17] - [15].

À ce triomphe s’ajoute le fait que peu avant la chute de l’Acropole, il a pu marier sa seconde fille, Francesca, Ă  Carlo Tocco, duc de Leucade et comte palatin de CĂ©phalonie, un des plus importants seigneurs latins de la rĂ©gion[18]. Sa fille ainĂ©e, Bartholomea, a pour sa part Ă©pousĂ© ThĂ©odore Ier PalĂ©ologue, despote de MorĂ©e. Ainsi alliĂ© avec les Grecs et les Latins, NĂ©rio ne craint plus que la Compagnie de Navarre, laquelle s’était entretemps rebellĂ©e contre les chevaliers de Saint-Jean et, aprĂšs que leur leader, Pierre de Saint-SupĂ©ran se soit proclamĂ© prince d’AchaĂŻe, convoitait Corinthe[19] - [20].

NĂ©rio aurait voulu complĂ©ter ses possessions en prenant Nauplie et Argos, reliquats des domaines francs du duchĂ© d'AthĂšnes. L’annĂ©e oĂč NĂ©rio s’emparait d’AthĂšnes, la duchesse d’Argos, Marie d’Enghien, perdit son mari, le VĂ©nitien Pietro Cornaro. Craignant une attaque de ses deux puissants voisins, NĂ©rio Acciaiuoli d’une part, ThĂ©odore despote de Mistra d’autre part, elle dĂ©cida de transfĂ©rer la propriĂ©tĂ© des domaines d’Argos Ă  Venise moyennant une rente viagĂšre. Mais avant que l’envoyĂ© de Venise n’ait pu prendre possession de l’Argolide, ThĂ©odore, sous l’influence de NĂ©rio, s’emparait d’Argos. Venise rĂ©pondit en instaurant un embargo commercial sur les produits en provenance d’AthĂšnes et de la MorĂ©e. Elle fit Ă©galement appel Ă  la compagnie navarraise pour arrĂȘter NĂ©rio ce qui fut fait le [21].

Le clan Acciaiuoli se mobilisa immĂ©diatement pour obtenir la libĂ©ration de NĂ©rio. Son Ă©pouse offrit Ă  ThĂ©odore une Ă©norme somme pour que celui-ci rende Argos. L’un de ses frĂšres, Angelo, cardinal archevĂȘque de Florence, implora l’intervention du pape. Un autre frĂšre, Donato, gonfalonnier florentin, persuada le gouvernement de la ville d’envoyer une dĂ©lĂ©gation auprĂšs de Venise pendant qu’il dĂ©pĂȘchait des Ă©missaires requĂ©rir l’aide de GĂȘnes. La crainte d’une intervention gĂ©noise et les prĂ©paratifs du despote pour libĂ©rer son beau-pĂšre de force eurent raison des VĂ©nitiens. NĂ©rio fut libĂ©rĂ© dans la deuxiĂšme moitiĂ© de 1390, non sans avoir envoyĂ© sa fille, la comtesse de CĂ©phalonie, en otage et avoir promis aux VĂ©nitiens de les aider Ă  reprendre Argos. Il dut Ă©galement verser une Ă©norme somme aux Navarrais, ce qui l’obligea Ă  faire enlever les plaques d’argent qui couvraient les portes du ParthĂ©non et Ă  saisir les joyaux du trĂ©sor de la cathĂ©drale de Corinthe. Toutefois, le despote ne cĂ©da qu’en 1394 et remit Argos aux VĂ©nitiens. Ce sur quoi, Venise retourna l’administration de MĂ©gare Ă  NĂ©rio ainsi qu’une importante somme d’argent qui lui appartenait et qu’elle avait sĂ©questrĂ©e[22] - [23].

Finalement, l’administration de l’Argolide fut l’objet d’un compromis. Sous les ducs titulaires d’AthĂšnes, les villes de Nauplie et d’Argos avaient Ă©tĂ© gouvernĂ©es par un bailli ou capitaine-gĂ©nĂ©ral assistĂ© d’un conseil ; chacune des deux villes fut dotĂ©e d’un capitaine ou podesta sous lesquels se trouvaient deux gouverneurs, crĂ©ant ainsi une administration bicĂ©phale comme Ă  Modon et Coron[24].

NĂ©rio, rĂ©duit au rang de « seigneur de Corinthe », chercha Ă  se venger des Navarrais qui s’étaient emparĂ©s de la presque totalitĂ© de ses possessions en MorĂ©e. Pour ce faire, il demanda l’aide du prĂ©tendant Ă  la principautĂ© AmĂ©dĂ©e de Savoie-AchaĂŻe, alors fort actif diplomatiquement, lequel Ă©pousa sa cause. Toutefois, la mort d'un parent, le comte de Savoie, le força Ă  abandonner ses projets[25].

Pendant que les Occidentaux se querellaient ainsi, les Turcs progressaient en Europe. La bataille de Kosovo Polje en 1389 leur ouvrait la porte de la GrĂšce oĂč dĂ©jĂ  en 1391 les Navarrais avaient invitĂ© les Turcs pour les aider Ă  renverser le despote de Mistra. L’annĂ©e suivante, les Turcs avançaient en Thessalie, BĂ©otie et en Attique. En 1394, un gouverneur turc s’établissait Ă  Salona sur la cĂŽte nord du golfe de Corinthe. La Thessalie devint un fief hĂ©rĂ©ditaire du gĂ©nĂ©ral Evrenosbeg qui commandait les troupes turques en 1391. NĂ©rio n’eut guĂšre de choix et dut accepter de verser tribu au sultan[26].

Au mĂȘme moment toutefois, il en appelait Ă  la fois au pape et au roi de Naples, Ladislas, qui se considĂ©rait comme suzerain d’AchaĂŻe dont AthĂšnes constituait une dĂ©pendance. En , il confĂ©ra officiellement Ă  NĂ©rio le titre de duc portĂ© depuis longtemps par ses prĂ©dĂ©cesseurs, titre qui, en l’absence de prospĂ©ritĂ© de NĂ©rio, Ă©chouerait Ă  son frĂšre Donato et Ă  ses hĂ©ritiers. Son frĂšre, le cardinal Angelo Acciaiuoli, aprĂšs l’avoir intronisĂ© comme duc, fut nommĂ© Ă  sa place bailli d’AchaĂŻe Ă  condition de ne reconnaitre d’autre souverain que le roi de Naples. La fiction longtemps maintenue qu’AthĂšnes Ă©tait un fief de la principautĂ© d’AchaĂŻe s’écroulait. Le pape pour sa part nomma le cardinal archevĂȘque de Patras. À la fin de sa vie, NĂ©rio qui avait rĂ©ussi Ă  devenir duc d’AthĂšnes et de ThĂšbes, Ă©tait en revanche vassal du sultan. Il devait s’éteindre le [27] - [28].

La succession de NĂ©rio; Antonio Acciaiuoli

Antonio Ier Acciaiuoli

Son Ă©pouse Ă©tant dĂ©cĂ©dĂ©e quelques mois avant lui, NĂ©rio laisse Ă  sa mort deux filles, Bartholomea, Ă©pouse du despote de MorĂ©e, et Francesca, mariĂ©e au comte de CĂ©phalonie Carlo Ier Tocco, ainsi qu’un fils illĂ©gitime, Antonio, Ă  qui il laisse ThĂšbes et le chĂąteau de Livadia. Enfin, il laisse AthĂšnes Ă  la cathĂ©drale catholique de la ville, confiant celle-ci « aux bons soins de la rĂ©publique de Venise » Ă  qui ses exĂ©cuteurs pourraient avoir recours en cas de besoin. Cet Ă©trange legs ne peut plaire Ă  ses sujets orthodoxes qui refusent alors de se soumettre Ă  l’Église catholique[29] - [30].

Le titre de « duc d’AthĂšnes » aurait dĂ» revenir Ă  son frĂšre, Donato Acciaiuoli, gonfalon de Florence et sĂ©nateur de Rome. Mais celui-ci, qui avait Ă©tĂ© le reprĂ©sentant de NĂ©rio trente ans auparavant, prĂ©fĂšre la tranquillitĂ© de ses domaines en Italie aux hasards de la vie en GrĂšce [31].

InvitĂ©s par le mĂ©tropolitain orthodoxe Ă  aider les AthĂ©niens contre les catholiques, les Turcs sous la conduite de Timourtash envahissent la basse ville; le gouverneur Matteo de Montona doit organiser la rĂ©sistance sur l’Acropole et envoyer des messagers au bailli vĂ©nitien d’EubĂ©e, promettant de remettre la ville Ă  Venise pourvu que les anciennes franchises de la ville soient respectĂ©es. Ceci ayant Ă©tĂ© acceptĂ©, les VĂ©nitiens envoient une force dĂ©loger les Turcs, un podesta est nommĂ© pour administrer la ville et, pour la premiĂšre fois, le lion de saint Marc flotte sur l’Acropole Ă  la fin de 1394[32] - [33].

Les VĂ©nitiens ont acceptĂ© de prendre charge d’AthĂšnes en raison de sa proximitĂ© de leurs propres colonies et du danger que constituerait la prise de la ville par les Turcs. Toutefois, l’avancĂ©e de ceux-ci doit ĂȘtre arrĂȘtĂ©e lorsque Sigismond, roi de Hongrie, rĂ©pondant Ă  l’appel du basileus Manuel II, s’apprĂȘte Ă  venir au secours de Constantinople. Bayezid Ier se retire alors de GrĂšce pour faire face Ă  Sigismond qu’il dĂ©fait lors de la bataille de Nikopolis[34]. AprĂšs avoir conquis Argos en 1397 et s’ĂȘtre emparĂ©s de Leondari en MessĂ©nie, les Turcs se dirigent vers AthĂšnes occupant la basse-ville[N 2].

Celle-ci est prise en 1402 lorsqu’Antonio, le fils illĂ©gitime de NĂ©rio, insatisfait de son hĂ©ritage de ThĂšbes et de Livadia, et aprĂšs s’ĂȘtre assurĂ© de la neutralitĂ© des Turcs, se dirige sur AthĂšnes occupant la basse-ville. Craignant pour leur importante colonie d'EubĂ©e, les VĂ©nitiens dĂ©cident de nĂ©gocier et, aprĂšs un siĂšge de dix-sept mois, Montana capitule et remet l’Acropole Ă  Antonio succĂ©dant ainsi Ă  son pĂšre comme duc d’AthĂšnes[35] - [33].

RĂ©gnant une trentaine d'annĂ©es, Antonio se montre un nĂ©gociateur habile, louvoyant entre VĂ©nitiens et Turcs, Ă©chappant aux vicissitudes que connaissent alors les autres États latins du Levant[N 3]. Si l’on excepte les raids turcs de 1416 et les menaces de Mehmed Ier aprĂšs que des citoyens vĂ©nitiens eussent Ă©tĂ© molestĂ©s, ses relations avec les Turcs dont il est le vassal nominal et qu’il accompagne Ă  ce titre dans leur invasion de la MorĂ©e en 1423, se montrent correctes. Il rĂ©ussit mĂȘme Ă  rĂ©tablir des relations amicales avec Venise, notamment en ce qui concerne l’administration de la colonie vĂ©nitienne d’EubĂ©e avec laquelle le duchĂ© avait des relations importantes[36] - [33].

Il n’oublie pas non plus les origines florentines de sa famille. Aspirant au titre de puissance maritime, Florence lui demande l’octroi des mĂȘmes privilĂšges commerciaux que ceux dĂ©jĂ  dĂ©tenus par Venise et GĂȘnes. Antonio leur concĂšde la libertĂ© de transiter par les ports de ses États et rĂ©duit de moitiĂ© les taxes douaniĂšres Ă  travers ses territoires [37].

Enfin, dĂ©jĂ  Ă  demi-grec lui-mĂȘme, il se montre proche de ses sujets en choisissant Ă  deux reprises une Ă©pouse grecque. Les deux mariages n’ayant pas produit de progĂ©niture, il adopte deux filles mariĂ©es par ses soins, l’une au marquis titulaire de Boudonitza, l’autre Ă  l’un de ses favoris Ă  la cour, originaire d’EubĂ©e. À l’instar de Ioannina, AthĂšnes redevient un pĂŽle d’attraction pour les jeunes professionnels voulant faire carriĂšre[38].

Les derniers souverains

NĂ©rio II Acciaiuoli

Victime d’un arrĂȘt cardiaque, Antonio s’éteint en 1435. Deux partis rĂ©clament la succession. Le premier est NĂ©rio, fils ainĂ© de Franco Acciaiuoli, seigneur de Sycaminon, adoptĂ© par Antonio comme fils et hĂ©ritier. Celui-ci rĂ©ussit Ă  occuper la basse-ville. Mais l’Acropole est alors contrĂŽlĂ©e par Maria MelissenĂ©, Ă©pouse d’Antonio, ayant apportĂ© en dot plusieurs domaines situĂ©s Ă  Kynouria. Le parti grec tente sans succĂšs d’acheter les faveurs du sultan Mourad II. Le parti se tourne Ă©galement vers Constantin PalĂ©ologue offrant AthĂšnes Ă  l’empereur de Constantinople en Ă©change de domaines en Laconie prĂšs du territoire des MelissĂšne. Cette tentative Ă©choue Ă©galement, les Turcs s’étant emparĂ©s de ThĂšbes. Un compromis est finalement trouvĂ© et NĂ©rio Ă©pouse la duchesse douairiĂšre, alors que Venise et les Turcs n'interviennent pas, s’assurant simplement du maintien de sa politique d'Ă©quilibre entre les puissances[39] - [40].

Vite impopulaire en raison de son arrogance, le nouveau duc est renversĂ© quatre ans plus tard par son frĂšre, Antonio II. Celui-ci meurt en 1445 et NĂ©rio II revient alors de son exil florentin et continue Ă  rĂ©gner jusqu’à sa propre mort en 1451, l’annĂ©e de la mort de Mourad II. AprĂšs le dĂ©cĂšs de Maria MelissenĂ©, NĂ©rio Ă©pouse Chiara Giorgio, lui donnant un fils, Francesco. Celui-ci est encore mineur Ă  la mort de son pĂšre. Sa mĂšre, Chiara, tombe bientĂŽt Ă©perdument amoureuse d’un jeune noble vĂ©nitien, Bartolomeo Contarini qu’elle Ă©pouse. DĂ©jĂ  mariĂ©, celui-ci n’hĂ©site alors pas Ă  empoisonner sa premiĂšre Ă©pouse pour accĂ©der au trĂŽne d’AthĂšnes. Furieux de retourner sous la domination de Venise, les AthĂ©niens se plaignent Ă  Mehmed II qui ordonne Ă  Bartolomeo et Ă  son beau-fils Francesco de venir se justifier Ă  sa cour. profitant de l'Ă©motion gĂ©nĂ©rĂ©e par la tragique histoire de l’épouse empoisonnĂ©e, Mehmed ordonne la dĂ©position de Chiara Giorgio et de Bartolomeo Contarini et leur remplacement par Franco Acciaiuoli, fils unique du duc Antonio II et cousin de Francesco, par ailleurs l’un des favoris du sultan, rĂ©sidant alors Ă  Constantinople[41] - [42].

On ignore le sort de Francesco. Quant Ă  Franco, sitĂŽt au pouvoir, il ordonne l’arrestation de sa tante Chiara qu’il fit assassiner. Soit qu’il ait Ă©tĂ© rĂ©ellement Ă©mu par ce meurtre commis par l’un de ses favoris, soit qu’il y vit une premiĂšre Ă©tape Ă  l’invasion de la MorĂ©e qu’il entreprendra deux ans plus tard, Mehmed envoya son gĂ©nĂ©ral Omar, fils du gĂ©nĂ©ral Turakhan, marcher contre AthĂšnes qui fut prise le . Franco II fut autorisĂ© Ă  rĂ©gner sur ThĂšbes et la BĂ©otie Ă  titre de vassal du sultan. Mehmed lui-mĂȘme fit son entrĂ©e dans la ville Ă  l’automne 1458 aprĂšs avoir forcĂ© les deux despotes de MorĂ©e, Thomas et Constantin PalĂ©ologue, Ă  lui verser le tribut qu’il estimait lui ĂȘtre dĂ»[43] - [42].

À son retour de MorĂ©e en 1460, Mehmed II marque un nouvel arrĂȘt Ă  AthĂšnes. Il y apprend de janissaires stationnĂ©s sur l’Acropole l'existence de complots visant Ă  rĂ©tablir Franco sur le trĂŽne. Ce dernier sert alors dans le camp de Mehmed Ă  la tĂȘte de la cavalerie de BĂ©otie, et reçoit l’ordre de se joindre Ă  l’attaque planifiĂ©e contre Leonardo III Tocco, repliĂ© dans le despotat d’Angelokastron et de LĂ©pante. OutrĂ© de devoir combattre contre d’autres chrĂ©tiens, Franco Ă©crit Ă  Francesco Sforza de Milan pour offrir ses services comme condotierre. ForcĂ© toutefois d’obĂ©ir aux ordres du sultan, il se retire, aprĂšs avoir dĂ©fait Tocco, auprĂšs du gouverneur de la MorĂ©e, le pacha Zagan, qui a dĂ©jĂ  reçu de Mehmed l’ordre de le faire assassiner. La nuit venue, se retirant dans sa tente aprĂšs s’ĂȘtre longuement entretenu avec le pacha, il meurt Ă©tranglĂ© par les gardes de celui-ci[44] - [45].

Mehmed annexe alors ThĂšbes et l’ensemble de la BĂ©otie, effaçant ainsi les derniĂšres traces du duchĂ© d’AthĂšnes. Les trois fils de Franco (Matteo, Jacopo et Gabriele) sont emmenĂ©s Ă  Constantinople et enrĂŽlĂ©s dans le corps de janissaires[46] - [42].

Principaux membres de la famille

La famille Acciaiuoli est issue de Guidalotto degli Acciaiuoli dont les deux fils NiccolĂČ & Mannino sont Ă  l'origine des deux branches.

  • NiccolĂČ Acciaiuoli citĂ© en 1290-1297, mort en 1339[47]
    • Acciajuolo mort en 1349
      • NiccolĂČ Acciaiuoli (1310-1365)[47], homme d'État
        • Angelo comte de Melfi co-seigneur de Malte mort vers 1391[47] cĂšde Corinthe Ă  son cousin Nerio Ier Acciaiuoli
          • Roberto comte de Melfi et de Malte mort en 1420[47]
  • Mannino Acciaiuoli citĂ© vers 1278-1299[47]

Leur lieu de sĂ©pulture est la chartreuse de Galluzzo Ă  Florence, fondĂ©e par NiccolĂČ Acciaiuoli.

Sont Ă©galement issus de cette mĂȘme famille :

  • Donato Acciaiuoli (1429–1478) Ă©crivain humaniste et homme d'État.
  • Zanobi Aciaiuoli (1461-1519) moine dominicain et Ă©rudit
  • Filippo Acciaiuoli (1637 – 1700) musicien

Bibliographie

Sources premiĂšres

  • Chalcondyle, Laonikos. ገπόΎΔÎčΟÎčς áŒ±ÏƒÏ„ÎżÏÎčáż¶Îœ. Se trouve dans : Blaise de VigenĂšre (trad.), Histoire de la dĂ©cadence de l'empire grec et establissement de celuy des Turcs, comprise en dix livres par Nicolas Chalcondyle, AthĂ©nien, in-4, Paris, Nicolas Chesneau, 1577 (lire en ligne).
  • Sphrantzes, G. The Fall of the Byzantine Empire. Edited and translated by M. Philippides, Amherst, Mass., 1980.

Sources secondaires

  • (po) Albuquerque, Cassia et al. Acciaiolis no Brasil, 2011.
  • (en) Babinger, Franz. Mehmed the Conqueror and his Time. Princeton (N.J.), Princeton University Press, 1978. (ISBN 0-691-09900-6).
  • (en) Fine, John V.A. The Late Medieval Balkans, A Critical Survey from the Late Twelfth Century to the Ottoman Conquest. Ann Arbour, The University of Michigan Press, 1987, 1994. (ISBN 0-472-10079-3) (OCLC 13860868).
  • Grousset, RenĂ©. L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Paris, Payot, coll. « BibliothĂšque historique », 1949 (rĂ©impr. 1979). (ISBN 2-228-12530-X).
  • Grumel, Venance. TraitĂ© d'Ă©tudes byzantines, « La Chronologie I », Presses universitaires de France, Paris, 1958, « Maison Acciaiuoli » p. 407.
  • Charles Hopf, Chroniques grĂ©co-romanes inĂ©dites ou peu connues,
  • Laiou, Angeliki et CĂ©cile Morrisson. Le Monde byzantin III, l’Empire grec et ses voisins XIIIe siĂšcleXVe siĂšcle. Paris, Presses universitaires de France, 2011. (ISBN 978-2-13-052008-5)
  • (en) Lock, Peter (2006). "Acciaiuoli family". In Alan V. Murray. The Crusades: An Encyclopedia 1. Santa Barbara: ABC-CLIO. p. 3. OCLC 70122512.
  • R.-J. Loenertz, “AthĂšnes et NĂ©opatras” in Loenertz, Byzantina et Franco-Graeca. Rome 1978.
  • Longnon, Jean. L’Empire Latin de Constantinople et la PrincipautĂ© de MorĂ©e. Payot, Paris, 1949.
  • Miller, The Latins in the Levant, 1908
  • (en) Setton. « Catalan Domination of Athens »
  • Stokvis, Anthony. Manuel d'histoire, de gĂ©nĂ©alogie et de chronologie de tous les États du globe, depuis les temps les plus reculĂ©s jusqu'Ă  nos jours, prĂ©f. H. F. Wijnman, rĂ©Ă©dition IsraĂ«l, 1966, Chapitre VII : GĂ©nĂ©alogie des ducs d'AthĂšnes, « Maison Acciajuoli », tableau gĂ©nĂ©alogique, no 19, p. 470.
  • (it) Ugurgieri della Berardenga, Curzio (1962). Gli Acciaioli di Firenze nella luce de' loro tempi. Olschki (collana Biblioteca storica toscana), 1962.

Notes et références

Notes

  1. Catherine II de Valois-Courtenay (1303 – 20 septembre 1346), fille de Charles de France, comte de Valois, et de Catherine de Courtenay, est alors impĂ©ratrice titulaire de Constantinople. Elle Ă©pouse en 1313 Philippe d’Anjou, prince de Tarente.
  2. Toutefois, ni les sources vĂ©nitiennes, ni les sources byzantines ne font allusion Ă  ce fait. Seuls un document dĂ©couvert Ă  Zante et un passage de la Chronique d’Épire semblent confirmer cette occupation
  3. Le marquisat de Boudonitza, État-tampon au nord du duchĂ© disparut alors que les Turcs ravageaient la MorĂ©e et que la principautĂ© d’AchaĂŻe Ă©tait reprise par les Grecs (Miller (1908) p. 397.

Références

  1. Armorial de Rietstap
  2. Miller (1908) pp. 270-271.
  3. Miller (1908) p. 271.
  4. Miller (1908) p. 261.
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  6. Miller (1908) pp. 271-272
  7. Miller (1908) pp. 272-273.
  8. Miller (1908). pp. 286-287.
  9. Miller (1908) pp. 285-286.
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  44. Miller (1908) pp. 456-457.
  45. Babinger (1978) pp. 159-160, 178.
  46. Miller (1908) p. 457.
  47. Hopf 1873, p. 476.

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