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Fadela Amara

Fadela Amara, née Fatiha Amara le à Clermont-Ferrand, est une militante féministe, haute fonctionnaire et femme politique française. Ancienne présidente de l'association « Ni putes ni soumises », elle a également été présidente de la Maison des potes et conseillère municipale PS de Clermont-Ferrand. Elle devient secrétaire d'État chargée de la Politique de la Ville du deuxième gouvernement François Fillon (2007-2010) sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Elle est désormais inspectrice générale des affaires sociales.

Fadela Amara
Illustration.
Fadela Amara en 2009.
Fonctions
Secrétaire d'État chargée de la
Politique de la ville
–
(3 ans, 4 mois et 25 jours)
Président Nicolas Sarkozy
Gouvernement François Fillon II
Prédécesseur Christine Boutin (ministre)
Successeur Maurice Leroy (ministre)
Biographie
Nom de naissance Fatiha Amara
Date de naissance
Lieu de naissance Clermont-Ferrand (France)
Nationalité Française
Algérienne[1]
Parti politique PS (1983-2007)
Diplômée de Comptabilité
Profession Haute fonctionnaire

Biographie

Origines, famille et Ă©tudes

Elle est issue d'une famille algérienne originaire de Kabylie[2] - [3], dont les parents étaient des sympathisants du FLN[4]. Elle a quatre sœurs et six frères. Son père était ouvrier en bâtiment, sa mère femme au foyer[3].

Se destinant Ă  des Ă©tudes de lettres[3], elle est orientĂ©e vers un CAP de comptabilitĂ©. En 1978, Ă  l'âge de 14 ans, Fadela Amara assiste au premier des deux drames qui vont changer sa vie : son jeune frère Malik, âgĂ© de 5 ans, est renversĂ© par un automobiliste Ă  Clermont-Ferrand. Il meurt quelques heures plus tard. Elle dit avoir Ă©tĂ© bouleversĂ©e par l'attitude des policiers, qui auraient dĂ©fendu le conducteur ivre sur les lieux mĂŞme de l'accident[3] - [5].

Parcours militant

Elle participe Ă  la première marche civique Ă  Clermont-Ferrand pour l’inscription des jeunes sur les listes Ă©lectorales. Dès 16 ans, quand la mairie de Clermont-Ferrand dĂ©cide de raser entièrement son quartier, elle dĂ©cide de faire du porte-Ă -porte pour en obtenir la rĂ©habilitation[3].

Elle revendique avoir participé en 1983 à la Marche des beurs[6] et milite à SOS Racisme à partir de 1986[3]. Elle est élue en 2000 présidente de la Fédération nationale des maisons des potes (FNMP).

En 1989, elle met en place la première maison des potes et crée ensuite la « Commission femmes » dont le principal objectif était de faire un état des lieux sur les femmes des quartiers défavorisés et d'entendre les demandes formulées par la population vivant dans ces quartiers.

Dans les années 1990, son frère, Hassein Amara, est condamné à 16 ans de prison pour le meurtre d'un bijoutier lors d'un braquage avec prise d'otage, à Clermont-Ferrand, en 1984. C'est le début d'une période difficile de la vie de Fadela Amara, qui se bat pour lui obtenir un titre de séjour en France[7] et s'endette pour lui fournir un avocat[8].

Elle est ensuite élue conseillère municipale sur la liste du Parti socialiste à Clermont-Ferrand en 2001[3]. À ce propos, elle a déclaré le : « J'ai envoyé ma démission le lendemain de l'élection municipale de 2001, mais elle a été refusée. Je figurais sur sa liste en place éligible, et il me confiait la responsabilité de la politique de la ville. Et puis, dès l'élection passée, tous les élus socialistes se sont réunis pour se répartir le pouvoir, sans rien pour moi. Clermont est à l'image du PS : un cercle de notables qui se partagent un gâteau. Le Parti socialiste, c'est un shaker : on met toujours les mêmes dedans, on secoue et les mêmes ressortent dans un autre ordre. Mais où sont les nouvelles têtes[9] ? »

En 2002, elle organise des Ă©tats gĂ©nĂ©raux Ă  la Sorbonne qui ont rĂ©uni plus de 250 femmes ; elle rĂ©dige une pĂ©tition qui rassemble près de 20 000 signataires et dont la synthèse deviendra le « Manifeste de revendication des femmes des quartiers » adressĂ© Ă  tous les candidats rĂ©publicains Ă  l’élection prĂ©sidentielle de 2002.

Elles furent peu soutenues au début sur ces questions et ces thématiques de la condition des femmes, des mères, des mamans et des filles des quartiers et en France, de la ghettoïsation, des discriminations et de la place de cette jeunesse des quartiers.

Le 4 octobre 2002, Sohane, 17 ans, meurt brĂ»lĂ©e vive dans un local Ă  poubelles de la citĂ© Balzac de Vitry-sur-Seine. Son ex-petit ami n'a pas tolĂ©rĂ© que Sohane rĂ©siste Ă  ses tentatives de reconquĂŞte. Il organise une expĂ©dition punitive avec complice et tĂ©moins. C'est l'affaire Sohane Benziane. Une marche est alors organisĂ©e, « La marche des femmes des quartiers contre les ghettos et pour l’égalitĂ© », autour d'un slogan provocateur : « Ni putes ni soumises »[3]. Cette marche, partie de Vitry-sur-Seine en hommage Ă  Sohane, qui s'achèvera Ă  Paris le dans une manifestation de 20 000 personnes, exigeait la fin de la loi du silence et la libertĂ© de parole de toutes les femmes et filles de la RĂ©publique.

Fadela Amara deviendra la présidente de ce mouvement, ayant adopté le nom de « Ni putes ni soumises » (NPNS), qui lutte pour l’émancipation des filles et des garçons, l’égalité des sexes, la laïcité et la mixité dans les quartiers[3].

Elle est par ailleurs signataire de l'appel de soutien à l'Initiative de Genève[10], plan de paix alternatif prévoyant la création d'un État palestinien aux côtés d'Israël.

En 2004, Fadela Amara est nommée membre de la Commission consultative des Droits de l’Homme. En 2005, elle devient membre de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE)[11] - [12]. En 2005, elle est faite docteur honoris causa de l'université libre de Bruxelles et en 2006, elle reçoit un Honorary Degree for French civil rights campaigner de la Manchester Metropolitan University[13].

Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination pour l'éducation à la non-violence et à la paix.

Nomination

Le 19 juin 2007, elle est nommée secrétaire d'État chargée de la Politique de la ville dans le gouvernement Fillon II sous la tutelle de la ministre du Logement et de la Ville, Christine Boutin[3]. Son entrée et sa participation dans un gouvernement de droite provoquent une certaine controverse, à droite comme à gauche, étant donné son engagement politique précédent avec le Parti socialiste et son appartenance à des organisations populaires ayant des affinités politiques à gauche.

Empreintes génétiques

Le 9 octobre 2007, elle provoque une polémique parmi les parlementaires de l'UMP en se déclarant contre l'utilisation de tests ADN pour identifier les enfants d'immigrés dans le cadre d'un regroupement familial en France en employant le terme « dégueulasse » pour ce qu'elle juge être une « instrumentalisation de l'immigration ». Le ton monte avec les députés UMP qui multiplient les réponses vindicatives par voie médiatique ; Patrick Devedjian, secrétaire général délégué de l'UMP, estime les propos de la secrétaire d'État « injurieux » pour les députés de la majorité[14]. Cette altercation sera néanmoins atténuée grâce à un repas organisé par Patrick Devedjian, afin « d'apprendre à se connaître »[15].

Espoir Banlieues

Elle présente son plan Espoir Banlieues « Une nouvelle politique en faveur des banlieues », soutenu par le président Nicolas Sarkozy, le 22 janvier 2008 à Vaulx-en-Velin[3].

Remaniements de 2009

Le 15 janvier 2009, à la suite du mini-remaniement, son secrétariat d'État est placé sous la tutelle du ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, Brice Hortefeux. Ainsi, elle n'est plus sous la tutelle de Christine Boutin, ministre du Logement. Fadela Amara disait des relations - quelquefois tendues - qu'elles avaient entre elles : « Parfois, c'est un peu folklo »[16]. Du 23 juin 2009 au 22 mars 2010, le ministère du travail est dirigé par Xavier Darcos. Éric Woerth a pris sa succession : Fadela Amara et ce dernier ne sont pas reconduits dans le troisième gouvernement François Fillon (novembre 2010).

Controverse sur le logement de fonction

En 2010, Le Canard enchaîné révèle que Fadela Amara prête son logement de fonction dans le 7e arrondissement de Paris à des membres de sa famille[17]. Fadela Amara reconnaît le 1er juin 2010 que cela s'est produit occasionnellement, et qu'elle n'habite pas dans ce logement car elle continue de vivre dans une habitation à loyers encadrés dits "moyens"[18]. Elle contredit ainsi de précédentes déclarations, et cela confirme qu'elle ne respecte pas les règles en vigueur sur les logements de fonction des ministres[19]. Par ailleurs, malgré les demandes répétées depuis 2009 de la Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP), Fadela Amara refuse à ce jour de libérer le logement à loyers encadrés qu'elle occupe dans le 13e arrondissement, estimant ce faisant défendre « la mixité »[20] - [21].

Après le gouvernement

Fadela Amara décline la proposition de devenir ambassadrice de l'Union pour la Méditerranée et elle est nommée inspectrice générale des affaires sociales au tour extérieur[22] - [23] - [24].

Le 17 avril 2012, elle annonce qu'elle votera François Hollande lors de l'élection présidentielle[3] - [25].

En avril 2016, elle rejoint une nouvelle fédération rattachée au PS et lancée par Jean-Christophe Cambadélis en vue de l'élection présidentielle de 2017[26].

DĂ©coration

Ouvrages

  • Avec Sylvia Zappi, Ni putes ni soumises, Éditions La DĂ©couverte, 2003 (ISBN 2707141429).
  • Avec Mohammed Abdi, La Racaille de la RĂ©publique, Le Seuil, 2006.
  • Dialogue avec Albert Jacquard, Jamais soumis, jamais soumise, Stock, 2007.
  • Comment peut-on ĂŞtre Français ?, avec Jean Daniel, Forum LibĂ©ration de Grenoble, sur CD audio chez FrĂ©meaux & AssociĂ©s, 2008.

Notes et références

  1. Elle s'est déclarée « très fière de [ses] origines algériennes » et de la « nationalité algérienne [qu'elle a] conservée, bien [qu'elle] occupe un poste ministériel en France, étant naturellement française » (extraits d'une interview au quotidien arabophone El-Khabar reproduits in Agence France-Presse) : « Fadela Amara : je suis musulmane pratiquante et laïque en politique »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Tout sur l'Algérie, (consulté le ).
  2. Libération, 26 février 2003 Portrait
  3. Yannick Ripa, « Amara Fadela », Dictionnaire des féministes, PUF,‎ , p. 31-33
  4. « Les débats de l'Obs : Comment peut-on être français ? », 27 septembre 2007.
  5. « Planète Non-violence: Fadela Amara se sent “comme à la maison” en Israël », planetenonviolence.org, 22 avril 2008
  6. Fadela Amara. Le Destin d'une femme, de CĂ©cile Amar : ni droite ni gauche, ambitieuse.
  7. Ludovic Vignone, « La face cachée de Fadéla », L'Express, 6 juillet 2009.
  8. Cécile Amar, Fadela Amara : Le destin d'une femme, Hachette Littératures, , 208 p. (ISBN 978-2-01-237622-9)
  9. Michel Revol, « La ministre qui dérange », Le Point, n°1842, 3 janvier 2008.
  10. « Il faut soutenir le Pacte de Genève »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ), Marianne, 1er décembre 2003.
  11. « TV5MONDE : Fadela Amara », sur TV5MONDE (consulté le )
  12. « L'actualité sur Fadela Amara par Téléobs », sur Teleobs (consulté le )
  13. « Fadela Amara - Honorary Degree for French civil rights campaigner »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )
  14. « liberation.fr/actualite/politi… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  15. « Fin de la polémique Amara ? », Le Journal du dimanche, 11 octobre 2007
  16. http://www.tetu.com/actualites/france/Banlieues-Fadela-Amara-souhaite-quun-mouvement-gay-emerge-dans-les-quartiers-12723 Interview de Fadela Amara par Paul Parant en mars 2008.
  17. « Fadela Amara attaquée sur son logement de fonction », sur L'Express, (consulté le )
  18. « Fadela Amara admet héberger son frère dans un logement de fonction », (consulté le )
  19. Michel Revol, « Quand Fadela Amara affirmait que son appartement de fonction servait à des réceptions officielles », (consulté le )
  20. « Logements sociaux. Jean-Pierre Chevènement et Fadela Amara refusent de déménager », sur Le Télégramme, (consulté le )
  21. Marie Huret, « Fadela Amara: "Pourquoi je veux rester dans mon HLM" », sur L'Express, (consulté le )
  22. Fadela Amara nommée inspectrice générale des affaires sociales, Le Point, 5 janvier 2011.
  23. Voir « Calendrier 2011 du tour extérieur des administrateurs civils » sur le site du ministère de la Fonction publique.
  24. Pratique légale, utilisée par les gouvernements de toute sensibilité mais dénoncée par beaucoup, dont les partisans de la Convention pour la sixième République : « Léotard un p'tit tour et puis s'en va », blog sur LeMonde.fr, 16 mars 2005.
  25. Fadela Amra : je vais voter François Hollande sur liberation.fr
  26. Décret du 31 décembre 2010 portant promotion et nomination

Voir aussi

Bibliographie

  • CĂ©cile Amar, Fadela Amara : le destin d'une femme, Hachette LittĂ©rature, 2009.

Articles connexes

Liens externes

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