AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Explosion de l'Ocean Liberty

L'Ocean Liberty est un cargo norvégien, d'un modÚle liberty ship, dont l'explosion, lors du déchargement le , a causé d'importants dégùts à Brest. Il s'agit de l'explosion, dans des conditions fortement confinées, d'un mélange trÚs sensible de nitrate d'ammonium et de combustibles liquides.

Ocean Liberty
illustration de Explosion de l'Ocean Liberty
Profil de l’Ocean Liberty

Autres noms Park Holland
Type Liberty ship, cargo-vraquier
Histoire
Chantier naval South Portland Shipbuilding Corp., Portland (Maine)[1]
Lancement Fin septembre 1943[1]
Statut A explosé dans le port de Brest en juillet 1947
Caractéristiques techniques
Longueur 134,6 m[1]
MaĂźtre-bau 17,3 m[1]
Tonnage 7 176 tjb[1]
Propulsion vapeur[1]
Puissance 339 n.h.p. (nominal horse vapeur)[1]
Vitesse 11 nƓuds[1]
CarriĂšre
Armateur A/S Sjofart (T.S Bendixen, Lillesand)[2]
Pavillon NorvĂšge[2]
IMO 2244268[1]

ChargĂ© de 3 133 tonnes de nitrate d'ammonium[3], de paraffine, de pĂ©trole en fĂ»ts, de piĂšces dĂ©tachĂ©es de voiture et de diverses marchandises, l'Ocean Liberty prend feu pour se dĂ©sintĂ©grer en grande partie portant un panache de fumĂ©e Ă  1 500 m de hauteur. L'onde de choc, un petit raz-de-marĂ©e de m[4], et des morceaux de mĂ©tal incandescents projetĂ©s en l'air, parfois de plusieurs tonnes, vont ravager la ville et son port de commerce. Le rapport d'enquĂȘte de la Compagnie des bateaux Ă  vapeur du Nord (CBVN) du fait Ă©tat de 33 morts et 1 000 blessĂ©s graves. Les blessĂ©s lĂ©gers sont au nombre de 4 000 environ. Le nombre de victimes est contestĂ©, la presse locale faisant Ă©tat d'un bilan lĂ©gĂšrement revu Ă  la baisse. La base ARIA des accidents maritimes rapporte vingt-six morts et plusieurs centaines de blessĂ©s.

L'explosion de l'Ocean Liberty est Ă  rapprocher de deux autres grandes catastrophes provoquĂ©es par l'explosion dans un port d'un navire chargĂ© de nitrate d'ammonium : celle du cargo français Mont-Blanc (1917, environ 2 000 morts, Ă  Halifax, Nouvelle Écosse, Canada) et celle du cargo français Grandcamp (1947, 581 morts, Ă  Texas City, Texas, États-Unis).

Le contexte

L'Europe sort exsangue des annĂ©es de conflit et d'occupation. Les bombardements ont rĂ©duit en cendres de nombreuses villes, les ressources d'une grande partie du continent ont Ă©tĂ© pillĂ©es par l'Allemagne nazie. Cette guerre Ă  outrance, inĂ©dite au regard de l'Histoire et essentiellement aĂ©rienne, a dĂ©truit des centaines de milliers de logements. En France, comme ailleurs, on ne compte plus les villes martyres, Brest en fait partie, dĂ©truite Ă  75 %. Les destructions passĂ©es, la ville renaĂźt peu Ă  peu de ses cendres Ă  travers l'habitat provisoire et les baraques dans un premier temps. AmĂ©ricaines, canadiennes ou françaises, elles ont Ă©tĂ© montĂ©es rapidement dĂšs 1944 et leur nombre s'accroit rapidement occupant peu Ă  peu les emplacements urbains dĂ©gagĂ©s des ruines. En 1949, on en compte cinq-mille, rĂ©parties en vingt-cinq citĂ©s. Nombreux sont les Brestois qui retrouvent alors un abri, mĂȘme sommaire, pour autant les conditions de vie restent au quotidien trĂšs difficiles.

  • Deux baraques : une française Ă  gauche, une canadienne Ă  droite, dans le quartier de Saint-Marc Ă  Brest
    Deux baraques : une française à gauche, une canadienne à droite, dans le quartier de Saint-Marc à Brest
  • Baraques du quartier de Kerangoff Ă  Brest
    Baraques du quartier de Kerangoff Ă  Brest
  • Vue aĂ©rienne de Brest en 1946
    Vue aérienne de Brest en 1946


Carte de ravitaillement-charbon 1945-1946

Les restrictions demeurent, on manque de tout. Le systĂšme de rationnement reste en vigueur et perdure jusqu'en 1949-1950, il apparaĂźt mĂȘme Ă  un niveau plus strict que pendant les pires annĂ©es de guerre. À titre d'exemple, la ration de pain Ă©tait de 275 g en 1942, en elle est de 200 g. Le tissu industriel, Ă©conomique est donc Ă  rebĂątir.

C'est dans ce contexte que les États-Unis lancent le plan Marshall[3] : vecteurs de cet approvisionnement massif du vieux continent en ruine, les liberty ships.

Ces cargos dont la construction en série débute dÚs 1936 sont conçus dans un premier temps pour soutenir l'effort de guerre allié en Angleterre (transport de troupes, de matériel, etc.). En 1947, ils irriguent les ports européens de produits de toute sorte : produits agricoles, machines, charbon etc.

Brest ne fait pas exception Ă  la rĂšgle : le port demeure, malgrĂ© de lourdes destructions, l'un des ports de l'Atlantique pouvant accueillir ces navires de 130 m de long. Ainsi depuis le printemps, c'est tous les deux ou trois jours qu'un de ces cargos sous pavillon amĂ©ricain ou norvĂ©gien est accueilli au 5e bassin du port de commerce. L'Ocean Liberty est l'un d'entre eux, construit en 1943.

Un liberty ship

Construit dans un chantier de la New England Shipbuilding Corporation de l'État du Maine (États-Unis) Ă  Portland[1] il commence sa carriĂšre fin septembre 1943 sous le nom de Park Holland. Il navigue pour la compagnie W.J. Rountree et Cie de New-York[2]. La charge de plusieurs centaines de ces liberty ships pĂšse lourd sur l'Ă©conomie amĂ©ricaine au sortir de la guerre 1939-1945. La dĂ©cision est prise de les prĂȘter en gĂ©rance puis de les cĂ©der Ă  des pays amis ayant un besoin vital de reconstituer une flotte marchande. C'est ainsi que ce Park Holland entre, dĂ©finitivement, sous pavillon norvĂ©gien en fĂ©vrier 1947 sous la dĂ©nomination Ocean Liberty[2].

Le 5 juillet 1947, il part de Baltimore, les cales chargĂ©es de 3 330 tonnes d'acier, de machines, de lubrifiants, d'objets en bakĂ©lite et en celluloĂŻd, de fourrures et de nitrate d'ammonium. Une escale Ă  New York complĂšte le chargement de graisse, de peinture, de caoutchouc, de pneus et de paraffine. Cette derniĂšre se trouve stockĂ©e avec du nitrate d'ammonium en cale 3. Le 11 juillet, le navire lĂšve l'ancre et essuie du gros temps en traversant l'Atlantique.

Plan type d'un liberty ship
Caractéristiques type
  • 134 m (longueur), tirant d'eau : m (en pleine charge)
  • capacitĂ© : 15 000 tonnes de marchandises
  • Ă©quipage : 35
LĂ©gende
  • Jaune : chĂąteau, poste de commande
  • Bleu clair : cales (1 Ă  5, numĂ©rotation supposĂ©e)
  • Orange : liquides, combustibles
Ocean Liberty Cargaison (disposition supposée)
  • Cale 1 : 740 t (nitrate d’ammonium)
  • Cale 2 : 200 t (avec 350 t de pĂ©trole en fĂ»ts de 200 l)
  • Cale 3 : 1 300 t (mazout, peintures, lubrifiants, caoutchouc, polystyrĂšne, paraffine)
  • Cale 5 : 1 090 t (mazout, peintures, lubrifiants, caoutchouc, polystyrĂšne, paraffine)

DĂ©roulement de l'accident

Traversée de l'Atlantique

PropriĂ©tĂ© d’une compagnie norvĂ©gienne, l’Ocean Liberty part de Baltimore le 5 juillet, les cales chargĂ©es de 3 300 tonnes d’acier, de machines, de lubrifiants, d’objets en bakĂ©lite et en celluloĂŻd, de fourrures et de nitrate d’ammonium.

Une escale Ă  New York complĂšte le chargement de graisse, de peinture, de caoutchouc, de pneus et de paraffine. Celle-ci se trouve entreposĂ©e Ă  proximitĂ© de fĂ»ts de nitrate d’ammonium en cale 3. Le navire lĂšve l’ancre le 11 juillet et essuie du gros temps en traversant l’ocĂ©an Atlantique. Il arrive Ă  Brest le 23 juillet et se met Ă  quai au 5e bassin du port de commerce.

L’Ocean Liberty devait arriver plus tard, aprĂšs avoir fait escale Ă  Anvers, mais une grĂšve des dockers belges contraint le commandant norvĂ©gien Erwein Holst Ă  inverser l’itinĂ©raire initialement prĂ©vu : Anvers, Boulogne-sur-Mer (oĂč le tiers du nitrate d’ammonium devait ĂȘtre dĂ©barquĂ©), Le Havre, Brest et donc de commencer par Brest. Le dĂ©chargement dĂ©bute le 24 juillet.

Journée du 28 juillet

Plan du port de Brest en 1946, localisation de la zone d'amarrage et de la zone de l'explosion de l’Ocean Liberty

Il fait beau Ă  Brest. La ville ne s'est pas encore remise des sĂ©quelles de la guerre[Note 1] mais le port fonctionne. L’OcĂ©an Liberty est donc Ă  quai.

À 6 h, une Ă©quipe d'ouvriers dockers commence un shift (travail de 8 h en continu) dans une des cales du bateau. À 9 h, un fort vent de nord-est plaque le bateau contre le quai. La tempĂ©rature Ă  bord monte sans que rien d'autre ne soit dĂ©tectĂ©.

À 12 h 25, les caliers (manƓuvres) de la maison Le Bras rapportent une chaleur insupportable dans la cale ; LĂ©on Blois, pointeur de l'Ă©quipe (l'homme qui, par des signes spĂ©cifiques, guide le grutier lors de ce dĂ©chargement) voit une Ă©paisse fumĂ©e sortir de la cale 3 dont le contenu est destinĂ© au Havre et Ă  Boulogne. Il prĂ©vient le bord, stoppe le travail de ses collĂšgues et signale le fait Ă  sa hiĂ©rarchie. Il sait qu'Ă  Texas City une catastrophe a eu lieu Ă  la suite de l'explosion de nitrate d'ammonium.

À 12 h 35, Pierre Jaffredou, 18 ans, intervient sur le bateau avec ses collĂšgues des Ponts et ChaussĂ©es. Dix minutes plus tard, le capitaine de vaisseau commandant de la Direction du port (de la marine), averti par son instinct professionnel qu'il y a un incendie trĂšs inquiĂ©tant Ă  bord, fait alerter les pompiers et les remorqueurs portuaires. Dans son rapport, datant du 9 aoĂ»t 1947, le lieutenant Palu (commandant du corps des sapeurs-pompiers incendie de Brest) signale que dĂšs l'arrivĂ©e des vĂ©hicules Leyland[Note 2] il a fait stopper la maniĂšre de combattre cet incendie. Du fait d'un risque d'accumulation des gaz Ă  l'intĂ©rieur de la coque, il ordonne d'ouvrir les panneaux des cales 2 et 3 et d'enlever les chapeaux des cheminĂ©es d'aĂ©ration. Cette dĂ©cision spontanĂ©e et rĂ©flĂ©chie arrive, sans doute, trop tard.

À 13 h, sur ordres de l'ingĂ©nieur du port, de la Marine nationale (prĂ©fecture maritime) et d'autres responsables portuaires et civils, un plan de sauvegarde est mis en place. Les secours de la Marine et des Ponts et ChaussĂ©es (dont dĂ©pend le port de commerce) refroidissent, Ă  l'aide d'une motopompe munie de 4 lances de 70 mm, la partie avant de
 la cale 1. Une initiative de sabordage Ă  quai est proposĂ©e par Yves Bignon, directeur de la compagnie de remorquage des Abeilles portuaires[Note 3]. Elle n'est pas retenue. Les remorqueurs de la marine Portzic (de 600 ch) et Canari (de 120 ch) arrivent sur place. Au vu du vent de nord-est et du gabarit du liberty ship, ils sont peu puissants. L’Abeille 25 de la compagnie prĂ©citĂ©e a la capacitĂ© d'emmener une telle unitĂ© vers le large. Étant en station brestoise au mois de mars 1947, il rejoint le Havre en Ă©tĂ© pour rĂ©intĂ©grer la pointe du FinistĂšre Ă  l'automne. L'Ă©quipage quitte l’Ocean Liberty et les abords. Le capitaine Holst reste auprĂšs de son cargo.

Á 13 h 15, trois violentes explosions projettent des dĂ©bris enflammĂ©s qui embrasent les proches dĂ©pĂŽts portuaires. La coque vibre, des bruits sourds sortent de la cale 3. Une fumĂ©e noire accompagne des flammes. Le feu est nourri par le gazole, l'huile, la graisse et autres produits inflammables stockĂ©s parmi le nitrate d'ammonium. La marĂ©e est descendante et mĂȘme avec un faible coefficient, ceci cause un nouveau problĂšme. Un officier de la D.P. (un officier principal des Ă©quipages) est alertĂ© ainsi que le remorqueur Plougastel. Sous la chaleur l'autopompe du service incendie voit sa peinture se cloquer et roussir.

Á 13 h 30, les autoritĂ©s en place, dont M. Piquemal directeur du port, dĂ©cident de faire sortir le navire en le remorquant vers le large. Le pilote civil trouvant la mission trop risquĂ©e se retire ; la direction du port (de la marine) prend le relais. Le Plougastel et le Portzic prennent le liberty ship en remorque. Les haussiĂšres sont coupĂ©es Ă  la hache. Le vent contrarie les manƓuvres. Le feu situĂ© Ă  l'avant du navire porte des fumĂ©es nitreuses mortelles. Le bateau touche l'angle du quai Ă  chevaux et du 3e Ă©peron, la tentative de sortie par le sud Ă©choue. Le remorquage par l'arriĂšre est compliquĂ© mais se rĂ©alise vers la passe Est, peu profonde et assez Ă©troite. C'est la seule solution, raisonnablement envisageable. La coque de l’Ocean Liberty est brĂ»lante. Le Rosic vient supplĂ©er les autres unitĂ©s. Le lieutenant Raymond Palu du service incendie, par le truchement du sous-prĂ©fet des Brest, demande Ă  la police de faire Ă©vacuer l'ensemble des ouvriers travaillant sur le port de commerce.

Entre 14 h 0 et 16 h 30, un bateau-pompe de la marine arrose la zone d'incendie. Des pompiers luttent depuis le quai. Les remorqueurs sont rejoints par une nouvelle unitĂ©, le Huelgoat. Un Ă©cueil se prĂ©sente : le banc sablonneux de Saint-Marc[3]. Le liberty ship talonne car son tirant d'eau est de 7 mĂštres et les fonds sur ce banc ne sont que de 5 mĂštres. Sur cent mĂštres encore le Plougastel dĂ©hale l’Ocean Liberty qui s'Ă©choue dĂ©finitivement. Le rivage, la ville, les habitants du port et autres employĂ©s, les commerces, les gens sur les plages, les enfants en colonie de vacances au chĂąteau de Ker-Stears sont sous une menace imminente. Yves Bignon propose Ă  nouveau de saborder le bateau. Il trouve un volontaire pour l'emmener prĂšs du navire : François QuĂ©rĂ©. Ce dernier pilotera la vedette des Abeilles. Munis de cordeau et de dĂ©tonateurs ils iront placer des explosifs afin de percer et neutraliser la coque du bateau. MalgrĂ© sa spĂ©cialisation dans le nettoyage du port des Ă©paves, le feu vert escomptĂ© ne viendra pas. Les autoritĂ©s font venir le patrouilleur cĂŽtier Goumier. Á 15 h 5, des hommes montent Ă  bord de cette unitĂ© militaire : le prĂ©fet maritime, le sous-prĂ©fet, l'administrateur de l'inscription maritime, l'ingĂ©nieur Piquemal, M. StĂ©phan de l'Import-Export, M. Ravisse, consignataire du liberty ship, le commandant Holst. À l'approche de l’Ocean Liberty l'ordre est donnĂ© de viser la ligne de flottaison avec des obus d'exercice inertes. De 15 h 25 Ă  16 h 30 Ă  distance de 50 Ă  200 mĂštres 19 coups de 76 percutent le cargo, en vain. Alors le Huelgoat et le bateau-pompe reviennent Ă  l'abord de l'Ă©pave, les pompiers (dont EugĂšne Le Fustec) gravissent dessus et essaient une ultime neutralisation de l'incendie qui n'aboutira pas.

Á environ 16 h 30, le commandant Holst, M. Ravisse et le commandant pont (du pilotage civil) interpellent Yves Bignon, sur place à ce moment-là. Ce dernier accepte d'intervenir à titre bénévole, demandant seulement le remboursement de ses frais. Yves Bignon demande alors au Huelgoat de s'écarter. Il place une premiÚre charge de dynamite, dont l'explosion ne fait qu'une gerbe d'eau de la hauteur du navire.

Á 17 h, les feux sur les quais sont circonscrits. L'ordre est donnĂ© aux pompiers de la marine et des ponts et chaussĂ©es de rentrer en casernement. Mais la position de l’Ocean Liberty Ă©chouĂ© face Ă  l'usine d'engrais chimiques Dior, Ă  l'usine Ă  gaz, aux raffineries de pĂ©trole, inquiĂšte le lieutenant Palu. Tout ce complexe industriel se trouve sous la falaise au bas du chĂąteau de Ker-Stears. Les entrepĂŽts de la CCI sont des baraques en bois oĂč sont stockĂ©s des matĂ©riaux pour la reconstruction. Une camionnette et une motopompe viennent se placer auprĂšs de ces structures. 7 hommes sont prĂȘts Ă  intervenir. Le Goumier tente toujours de percer la carĂšne de l'Ă©pave sans succĂšs. Le prĂ©fet maritime donne le signal du retrait aux bĂątiments d'intervention vers une zone de 200 mĂštres minimum.

À 17 h 15, une deuxiĂšme tentative de sabordage du liberty ship par Bignon et QuĂ©rĂ© Ă©choue. Ils reviennent vers le navire en feu, Yves Bignon relĂšve son cĂąble Ă©lectrique en l'enroulant. Le cargo Ocean Liberty explose Ă  17 h 24[3]. L'onde de choc est perçue jusqu'Ă  Landerneau et le panache de fumĂ©e monte jusqu'Ă  4 kilomĂštres de hauteur. Il pleut sur Brest des milliers de morceaux du navire disloquĂ©.

Le cƓur de la citĂ© en flammes

Morceau de l’Ocean Liberty retrouvĂ© plusieurs centaines de mĂštres au-delĂ  de l'explosion

Des matiĂšres en fusion retombant sur le sol dĂ©clenchent de nombreux incendies. 4 000 Ă  5 000 immeubles et maisons sont dĂ©truits. La rue Jules Guesde et la citĂ© Levot sont dĂ©molies. Le bureau de poste est ravagĂ©. De nombreux autres quartiers sont touchĂ©s : toits soufflĂ©s, vitres brisĂ©es
 Des installations industrielles, certaines Ă  risques, sont en feu : les rĂ©servoirs d’essence de la sociĂ©tĂ© de pĂ©trole Jupiter, ceux de la rue du Vieux-Saint-Marc, l’usine Ă  gaz, les hangars de la Chambre de commerce (remplis de nitrate d’ammonium).

La citĂ© commerciale, avenue Clemenceau, est la proie des flammes. La population est paniquĂ©e. Le souvenir de la guerre est trĂšs rĂ©cent. L’explosion passĂ©e, un second vent de peur s’abat sur la ville lors de l’annonce de l’incendie de l’usine Ă  gaz. La population s’empresse sur les routes et Ă  la gare, espĂ©rant partir le plus vite possible de la ville[5].

Bilan

  • 26 morts.
  • Plus de 500 blessĂ©s, dont une dizaine dans un Ă©tat grave, sont reçus dans les hĂŽpitaux.
  • 4 000 Ă  5 000 maisons et immeubles dĂ©truits, de nombreuses autres habitations sinistrĂ©es : toit soufflĂ©, vitres brisĂ©es[3]

  • Des infrastructures en partie ou totalement dĂ©truites : bureau de poste, salle du ravitaillement

  • Des installations industrielles et commerciales sinistrĂ©es : citĂ© commerciale de l’avenue Clemenceau, usine Ă  gaz, hangars de la Chambre de commerce


Création de la Kevrenn Sant-Mark

La Kevrenn Brest Sant Mark est un bagad qui trouve son origine dans un groupe de collecte de fonds pour les sinistrĂ©s de l'explosion de l’Ocean Liberty, improvisĂ© Ă  Brest en 1947 par Yann Camus et Pierre Jestin.

AprÚs l'explosion du liberty ship, le quartier de Saint-Marc à Brest est gravement touché. Plusieurs actions de solidarité se mettent en place pour venir en aide aux sinistrés. Yann Camus, sonneur de biniou, organise une tournée dans le FinistÚre pour récolter des dons en s'associant au Cercle celtique de Brest emmené par Pierre Jestin.

La création de la Kevrenn voit le jour à cette occasion[6].

Deux noms, une rue, un mémorial

Une rue Yves-Bignon existe à Brest mais la mention de la plaque de rue n'indique pas les raisons de ce nommage. Cette rue est située entre la rue Poullic-Al-Lor et les jardins au-dessus du port de commerce dans le quartier de Brest centre.

En 2011 la municipalité décide de compléter cette plaque de rue et en édite une nouvelle, soixante ans aprÚs le drame qui a coûté la vie à l'enseigne de vaisseau et directeur de la compagnie de remorquage des Abeilles, Yves Bignon. Ce dernier tentant de saborder l'Ocean Liberty pour éviter qu'il explose dans le banc du quartier Saint-Marc. Les dates de naissance et mort d'Yves Bignon ainsi que la mention « Explosion de l'Ocean Liberty » sont ainsi ajoutées à la plaque de rue.

Le la plaque est inaugurĂ©e par François Cuillandre, maire de Brest en prĂ©sence des familles d'Yves Bignon et de François QuĂ©rĂ©. Ce marin qui, en se portant volontaire lui aussi, est mort en sacrifiant sa vie pour essayer d'Ă©viter une explosion plus importante du navire. Il se trouvera, au mĂȘme titre qu'Yves Bignon, honorĂ© par la crĂ©ation d'un espace portant son nom sur le port de commerce en .

  • Ancienne plaque de rue Yves-Bignon, trĂšs neutre
    Ancienne plaque de rue Yves-Bignon, trĂšs neutre
  • Nouvelle plaque de la rue Yves-Bignon, par dĂ©cision du 14 dĂ©cembre 2010
    Nouvelle plaque de la rue Yves-Bignon, par décision du
  • Gerbe de fleurs posĂ©e devant le nouveau panneau de la rue Yves-Bignon
    Gerbe de fleurs posée devant le nouveau panneau de la rue Yves-Bignon


Notes et références

Notes

  1. Pour y parvenir, il lui faudra attendre le milieu des années 1960, soit une vingtaine d'années encore.
  2. Jeep-dévidoir et voitures sanitaires outillées de brancards puis d'appareils respiratoires Fenzy pour secours aux noyés ou asphyxiés.
  3. Officier de marine de réserve (enseigne de vaisseau), promotion 1937 de l'école navale.

Références

Annexes

Articles connexes

Ouvrages utilisés pour la rédaction de l'article

Autres ouvrages sur le sujet

  • Alain Cabon, Brest, Ă©ditions Ouest-France, Rennes 1990.
  • Collectif, Toute l’histoire de Bretagne, Skol Vreizh, Morlaix, 2007.
  • Alain Boulaire, Brest, Éditions Palantines, Quimper, 2004.

Article de presse

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.