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Ewe (peuple)

Les Ewe ou Éwé sont un peuple d'Afrique de l'Ouest, vivant principalement au sud-est du Ghana (6 millions environ) et dans la région sud du Togo (3 millions environ) – où ils sont majoritaires –, ainsi qu'au sud-ouest du Bénin (600 000) et un peu moins encore au Nigeria. Au Togo, la ville de Notsé est considérée comme le berceau du peuple Éwé. Ils parlent l'éwé, du groupe des langues voltaïco-nigériennes.

Ewe
Description de cette image, également commentée ci-après
Musiciens ewe du Togo
Populations importantes par région
Autres
Langues Ewe
Ethnies liées Minas

Ethnonymie

Selon les sources et le contexte, on observe de multiples formes : Bayikpe, Bubutubi, Éhoué, Éhvé, Ehwe, Eibe, Éoué, Éphé, Évé, Évhé, Éwés, Krepe, Krepi, Vhe, Wegbe[1].

Implantation

Région de langue ewe (en jaune).

Le peuple ewe est implanté principalement dans les régions côtières de l'Afrique de l'Ouest : dans la région située à l'est de la Volta (pour la partie de ce fleuve située vers l'embouchure dans le golfe de Guinée) jusqu'aux environs du fleuve Mono, à la frontière du Togo et du Bénin[2]. On les trouve en particulier dans la région de la Volta au sud-est du Ghana (ancien Togoland britannique), au sud du Togo (ancien Togoland français) et dans le sud-ouest du Bénin[3]. La région est parfois appelée « nation des Ewes » ou région Eʋedukɔ́[4].

Histoire

Fétiche éwé, Togo

Le peuple ewe comporte plusieurs groupes selon le dialecte et l'implantation géographique : les "Anlo Ewe", les ""Mina", "Anechɔ", "Ʋedome" ("Danyi"), "Tongu" ou "Tɔŋu"[2]. Tous ces groupes ont émigré depuis l'Afrique de l'Est en passant par le Nigeria (Oyo) puis se sont installés à Tado avant que certains ne se regroupent à Notsè, leur capitale sous le roi Agokoli[5]. On distingue les Adja-Ewes des Ewes, bien qu'ils aient tous suivi les mêmes routes depuis l'Afrique de l'Est. En quittant l'Afrique de l'Est certains se sont installés par clans : le peuple Ewe s'est dispersé le long de l'Océan Atlantique jusqu'au Ghana (Volta Region) et ses environs[6]. Toute cette histoire légendaire des Ewes raconte leur migration depuis l'Afrique de l'Est, qu'ils appellent eux-mêmes « l'exode des Ewes », en l'assimilant à l'Exode de Moïse. Par cette légende, les Ewe se rattachent au roi Salomon et à la reine de Saba, et par elle à l'Éthiopie. Toute l'Afrique noire descendrait des cultures anciennes de l'Éthiopie et de l'Égypte, selon les croyances de l'afrocentrisme ou kémitisme panafricain.

Les Éwés du Ghana, du Togo, et du Bénin, sont tous en bonnes relations culturelles avec les peuples Kotafon, et Xlwa. Le peuple Ewe est anciennement connu comme "Dogbo".

Selon la tradition, le peuple Éwé migre du nord du Bénin à la frontière avec le Nigeria à partir du XVIIe siècle. Dans le Sud, les populations venues de l'Est, à l'exemple des Ewés, s'installent en vagues successives à partir du XVe siècle et jusqu'au XVIIe siècle[7], au moment même où les Portugais débarquent sur la côte[8].

Les Éwés s'établissent autour de Tado, près de Notsé, au début du XVIIIe siècle. Leur roi, Agokoli (vers 1670-1720), fait édifier une enceinte faite d'argile pour protéger Notsé des réfugiés affluant du Nord[9].

Au XVIIe siècle, devenus nombreux, les Éwés se dispersent dans l'Ouest, jusqu'à la rive gauche de la Volta. D'après divers documents culturels, les Ewés continuent à reconnaître des sous-groupes, ethnies (toujours de racine éwé), clans, avec des royaumtés traditionnelles[10].

Éwés de Sahoué : le Chef Pobiry et ses deux frères, 1895

Chaque tribu ou clan du peuple éwé semble avoir traditionnellement été identifié par des signes corporels. Les guerriers portaient des scarifications sur le visage ainsi que des boucles d'oreilles spécifiques, comme certains sacrificateurs traditionnels du sacerdoce vaudou. Des cicatrices sur la joue gauche ou droite identifiaient les membres du peuple Ewe et des sous-ethnies. De nos jours à cause de la mondialisation et du christianisme ces cicatrices et ces signes d'identification ont presque disparu.

Les liens avec les Européens semblent avoir été assez bons avant l'esclavage et la colonisation : parfois victimes de raids, parfois fournisseurs de captures de guerre, entourés de royaumes négriers. En 1784, les Ewe entrent en guerre contre les troupes danoises, qui voulaient installer des forts (Fort Prinzenstein) et des comptoirs.

Les puissances européennes finissent par s'installer : Côte-de-l'Or (colonie britannique) (1821-1957), Togoland (1884-1916), Togo français (1916-1960), Togoland britannique (1916-1956), Haute-Volta (1919-1958)... et par développer la culture du coton, du café et du cacao, agriculture d'exportation et non pas vivrière .

Économie

Les activités des Ewes depuis l'exode sont la pêche, l'agriculture et l'élevage. Ils cultivent des céréales comme le maïs, et le riz. Leur nourriture de base avec les haricots et le mil. Le palmier à huile est une ressource primordiale : les femmes l'utilisent pour produire des balais, de l'huile de palme, de l'huile de noix de palme, des paniers, des claies...

Langues

Leur langue est l'éwé, une langue gbe dont le nombre total de locuteurs est estimé à plus de trois millions. Environ 225 000 étaient dénombrés au Ghana en 2003 et 862 000 au Togo en 1991[11].

La langue éwé a été écrite en 1891 par les Allemands, J. Knùsli, Chlegel, Westermann... pasteurs évangéliques en mission d'évangélisation. Ainsi ces Allemands, en collaboration avec les Ewes de Kéta (Anlo), ont pu écrire la langue Ewe et ont traduit la Bible en Ewe. Au Togo, d'anciens professeurs comme Anika Kodzo et Gbekobu Kofi écrivent des livres pour l'enseignement en langue ewe en Afrique et dans le monde.

Culture

Les Ewes sont christianisés, mais beaucoup conservent croyances et pratiques traditionnelles, dont un culte à la déesse créatrice du monde "Mawu".

Les Ewes produisent des pagnes traditionnels réputés, les pagnes kita (kente)[12].

Les Ewes fabriquent des instruments de musique traditionnels comme le gon, le sistre et les tambours.

Prénoms

Chez les Ewes du Togo et du Ghana, le prénom que porte un garçon ou une fille n'est pas le résultat d'un libre choix des parents mais est fixé en fonction des circonstances de la naissance de l'enfant. Les prénoms sont déterminés par les circonstances accompagnant la naissance, notamment le jour de naissance, le sexe de l'enfant, le rang dans la lignée, l'heure de naissance, la gémellité, voire la présentation céphalique ou caudale de l'enfant, l'existence ou non de fausses couches ou de mort-nés auparavant chez la mère.

Voici quelques exemples du code d'attribution des prénoms. Un enfant qui s'appelle « Kofi Mensah » est un garçon, né un vendredi, et le troisième d'une fratrie de trois frères. Si ses deux aînés sont des jumeaux (Atsu et Etsè), on l'appelle « Kofi Mensah Dovi » (ou Edoh). Si le garçon est né un vendredi par le siège, on l'appelle « Kofi Agossou ». Si c'est une fille née un vendredi, on l'appelle « Afiwa ». Si c'est une fille née un vendredi par le siège, elle est appelée « Afiwa Agossi ».

Personnalités Ewe

  • Sylvanus Olympio (1902-1963), chef d'État togolais (1961-1963) assassiné
  • Robert Ayitee (1910-1980), musicien ghanéen, maître percussionniste
  • Komla Agbeli Gbedemah (en) (1913-1998), homme politique ghanéen
  • Anthony Deku (en) (1923-2015), homme politique ghanéen
  • Emmanuel Kotoka (de) (1926-1967), militaire participant du putsch de 1966, avec Joseph Arthur Ankrah
  • Nicéphore Soglo (1934-), président béninois (1991-1996)
  • Joseph Kokou Koffigoh (1948-), homme politique togolais, poète
  • Bella Bellow (1945-1993), chanteuse, musicienne, togolaise
  • Jerry Rawlings (1947-2020), chef d'État du Ghana (1981-2001)
  • Céphas Bansah (de) (1948-), roi (désigné et couronné en 1992) d'un important groupe éwé du Ghana, résident en Allemagne, musicien
  • King Mensah (1971), acteur, chanteur, musicien, la voix d'or du Togo (en éwé, mina, français)

Notes et références

  1. Source RAMEAU, BnF
  2. (en) John A. Shoup III, Ethnic Groups of Africa and the Middle East : An Encyclopedia, ABC-CLIO, (ISBN 978-1-59884-363-7, lire en ligne), p. 89–90
  3. (en) Anthony Appiah et Henry Louis Gates, Encyclopedia of Africa, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-533770-9, lire en ligne), p. 454–455
  4. (en) James Minahan, Encyclopedia of the Stateless Nations : Ethnic and National Groups Around the World A-Z, ABC-CLIO, (ISBN 978-0-313-07696-1, lire en ligne), p. 589–590
  5. « Origines des Ewes », sur www.24heureinfo.com,
  6. Jacques MAQUET, « EWE ou EVHE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  7. « Éwé ou Évhé », sur Encyclopedia Universalis
  8. François-Xavier Fauvelle, « L'âge des recompositions politiques », dans François-Xavier Fauvelle et Isabelle Surun (dir.), Atlas historique de l'Afrique, de la préhistoire à nos jours, Autrement, , p. 30-31
  9. E.G, « Le Royaume de Notse (Histoire du peuple Ewe) », Vakpo Magazine, (lire en ligne, consulté le )
  10. « L'histoire du peuple Ewe revisité dans un ouvrage baptisé "le Royaume de notsè" », sur www.togoenlive.info,
  11. (en) Fiche langue[ewe]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  12. (en) Ahiagble Bob Dennis, The pride of Ewe Kente, Sub-Saharan Publishers, Accra, (ISBN 9789988550714)

Voir aussi

Bibliographie

  • A. M. Aduayom, Nicoue Lodjou Gayibor et A. Amegbleame, Éléments d'une bibliographie ewe, Université du Benin, Centre d'études et de recherches sur les traditions orales, 1981, 336 p.
  • Nicoué Lodjou Gayibor, Recueil des sources orales du pays Aja-Ewe, Université du Benin, École des lettres, 1977, 206 p.
  • Svetlana Roubailo-Koudolo, Quelques aspects de la socialisation traditionnelle des enfants chez les Ewe dans la vie moderne, DI.FO.P, 1987, 49 p.
  • Agathe Latre Lawson, Image du corps et représentations du handicap dans les sociétés africaines : cas des Ewes du Togo, Université de Paris 5, 1988 (thèse)
  • Hovanna Yao Tossou, La mort Ewe, Université de Paris 5, 1987, 319 p. (thèse de 3e cycle)
  • N'Sougan Agblemagnon, Rôle du matériel oral dans les sociétés Africaines: Cas des Ewés du Togo

Discographie

  • (en) Music of the Ewe of Ghana (enreg. Seth Kobla Ladzekpo), Smithsonian Folkways recordings, Washington, D.C., 1969

Articles connexes

Liens externes

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