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Tado

Tado est une petite localitĂ© situĂ©e au sud-est du Togo, Ă  la frontiĂšre du BĂ©nin et Ă  15 km de Tohoun. C'est un village frontalier situĂ© Ă  km de la frontiĂšre Togo-BĂ©nin. Il est composĂ© de 4 grands quartiers Ă  savoir : AdjatsĂš, DomĂ©, Alou, ApetougbĂ©.

Tado
Administration
Pays Drapeau du Togo Togo
Indicatif téléphonique international +(228)
Fuseau horaire UTC +0
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 7° 09â€Č 00″ nord, 1° 34â€Č 59″ est
Localisation
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Tado
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Tado
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Tado

    En Pays-Adja, c'est la cité d'origine ancestrale du peuple Adja qui regroupe les Fons, les Ewés ou Dogbos, les Anlons, les Xlas, les Ayizos, les Ezas, les Alus, les Houénons, les Neglokpés, les Saxwé, les Guns...

    Historique

    La ville est refondĂ©e par les Adjas en 1000 et est devenue la capitale du premier royaume, le plus puissant du sud du Togo actuel, appelĂ© royaume de Tado, qui prospĂ©ra en rayonnant sur un territoire de plus en plus immense, surtout culturellement, jusqu'au XIXe siĂšcle. Dans son Ăąge d’or, qu’on peut situer entre le XVe et le XVIIe siĂšcle, le royaume Adja de Tado s'apparentait Ă  une confĂ©dĂ©ration couvrant un espace allant de la Volta au Kouffo jusqu'Ă  Gbadagli (frontiĂšre NigĂ©riane) et de l'ocĂ©an Ă  Agbonou (AtakpamĂ©) et Ă  KambolĂ© (Tchamba)

    La ville de Tado est le berceau des Adja-EwĂ©, une ethnie qui peuplait le Sud du Togo et du BĂ©nin. Autrefois, le village s'appelait "EZAME". En langue adja, EZA est le nom d'un arbre. Ainsi Ezame veut dire "implantĂ© dans les arbres Eza". A ce moment donnĂ© de son histoire, le village souffrait de plusieurs maladies. Il y avait des morts infantiles, la sĂšcheresse et la famine. Cela coĂŻncida avec l'arrivĂ©e d'un homme: TOGBUI-ANYI. qui proposa de guĂ©rir la population, Ă  condition qu'on l'accepte comme roi. Par ses pouvoirs magiques l'Ă©tranger guĂ©rit le village de tous ses maux et devint le roi. DĂšs lors, il changea le nom du village en Tado, ce qui signifie: enjamber. Selon ce roi, tous les malheurs vont enjamber le royaume. Chaque annĂ©e, les Adja de Tado fĂȘtent cette dĂ©livrance dans le courant du mois d'aoĂ»t. Cette fĂȘte est dĂ©nommĂ©e "fĂȘte TOGBUI-ANYI". En 2012, c'est le187e roi qui rĂšgne. Au cours de cette fĂȘte "TOGBUI-ANYI", les Adja-EwĂ© du Togo, du BĂ©nin et du Ghana reviennent Ă  leur berceau commun pour prier les mĂąnes de leurs ancĂȘtres pour avoir des pluies et une bonne santĂ© dans l'annĂ©e Ă  venir.

    Le JĂ©suite espagnol Alonzo de Sandoval dĂ©crivit le Pays-Adja en 1627 comme « un puissant royaume s’étendant sur un territoire immense Ă  l’intĂ©rieur des terres avec une zone cĂŽtiĂšre oĂč se trouve un port sĂ»r, gouvernĂ© par un noir appelĂ© Eminence ». Il s'agissait du territoire sur lequel rĂ©gnaient les AnyigbĂŁfio(roi de la terre).

    Tado est le fer de lance des autres royaumes comme Agbomey, Notsé, Allada, Porto Novo. Ce sont les princes de Tado qui ont fondé ces royaumes.

    Aujourd'hui, Tado est une ville oubliĂ©e par les autoritĂ©s togolaises. Cette ville ancestrale est devenue une ruine. Tado vit en septembre de chaque annĂ©e une fĂȘte particuliĂšre, en mĂ©moire du puissant roi Togbui Anyi, le fondateur du royaume. Ce sont des retrouvailles entre les fils et filles du peuple Adja venus de tous les horizons, dispersĂ©s en diasporas, elles reprĂ©sentent pour d'autres un pĂšlerinage.

    Presque tous ces peuples se rĂ©clament de Tado qui apparaĂźt ainsi comme un territoire gros producteur d’hommes. Ces peuples issus de migrations successives Ă  la suite de querelles dynastiques, de migrations liĂ©es Ă  des Ă©pidĂ©mies, pour des raisons Ă©conomiques ou Ă  la suite de la saturation ethnique, ont constituĂ© ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui l’aire culturelle Adja-Tado, le Pays-Adja. Cette aire comprenant des peuples qui se rattachent Ă  Tado par leur histoire, leur mĂ©moire collective, leur langue, leur culture.

    L’aire culturelle Adja-Tado

    LimitĂ©e Ă  l’est par le fleuve WĂ©mĂ©, Ă  l’ouest par le AmugĂą, au sud par ce qui Ă©tait appelĂ© la CĂŽte des esclaves, l’aire culturelle Adja-Tado s’étend sur une profondeur de 200 Ă  300 km de la cĂŽte de l'ocĂ©an en direction du nord entre les degrĂ©s 0 et 3 de longitude est au cƓur de ce que les gĂ©ographes nomment la savane soudanaise[1]

    Tado, site ancestral de la zone ainsi dĂ©finie dont les coordonnĂ©es gĂ©ographiques sont 1°35’E et 7°9’N, Ă©tait restĂ©e pendant la pĂ©riode coloniale une citĂ© enclavĂ©e.

    Le peuplement de l’aire culturelle[2] ainsi dĂ©finie est composĂ© majoritairement des groupes ethniques suivants :

    •  Les ADJA (AJA) : ils habitent en gĂ©nĂ©ral l’espace compris entre le Yoto au Togo et le Couffo au BĂ©nin. Ils sont essentiellement des agriculteurs.
    •  Les ÉVÉ (EWE) : Ils peuplent la rĂ©gion comprise entre AmugĂą et le Yoto. Ils exercent des activitĂ©s Ă©conomiques trĂšs variĂ©es.
    •  Les FON (FON) : Ils peuplent la rĂ©gion comprise entre l’OuĂ©mĂ© et le Couffo. Ils sont surtout commerçants.
    •  Les GUIN (GÊ) : Ils s’étendent sur la CĂŽte dite des esclaves. Ils sont surtout commerçants.
    •  Les XWLA et Les XWÉDA : ils habitent globalement la mĂȘme zone gĂ©ographique que les GĂȘ, mais ils sont essentiellement des pĂȘcheurs et spĂ©cialistes de la fabrication du sel marin.
    •  Les GOUN (GUN) : Ils peuplent essentiellement la ville de Porto-Novo et ses environs.
    •  Les AÏZO (AYIZO) : Ils occupent le lac NokwĂ©, la rĂ©gion d’Allada et ses alentours.
    •  Les SAHWÉ : Ils peuplent les terres noires du Ko dans la rĂ©gion de Bopa.

    Ces groupes ont Ă©migrĂ© soit directement de Tado, ou encore des groupes non originaires de Tado qui vinrent s’installer dans la rĂ©gion et donnĂšrent un coup certain Ă  la culture du territoire Tado.

    Dans l’exposĂ© qui va suivre, nous nous occuperons essentiellement du groupe originel, les Adja de Tado et de ses environs, c’est-Ă -dire le groupe qui Ă©tait sous administration directe de Tado au moment de l’agression coloniale. Nous essayerons de montrer comment a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e la citĂ© et l’origine des diffĂ©rents groupes qui y ont contribuĂ©.

    Qui sont les ADJA ?

    Le groupe ethnique Adja actuel, rĂ©sulte de plusieurs communautĂ©s qui s’étaient implantĂ©es dans la rĂ©gion : les Alu, les Azanu ou Za et les Adja-Ewe.

    Les Alu constituent le groupe qui habitait la rĂ©gion au millĂ©naire passĂ©. Leur origine est Ă©nigmatique. On raconte qu’ils sont descendus du ciel. Il s’agit lĂ  de propos qui ressemblent fort Ă  des affabulations, mais auxquels tiennent fortement les vieux Alu du pays Adja. Selon ces derniers, leur ancĂȘtre, un certain Eyru serait descendu du ciel avec dans les mains le marteau et l’enclume, symbole du travail et de la forge.

    Les Alu forment avec les Akpafu situés au nord-ouest, à la confluence de la Volta noire et de la Volta blanche, ce que les historiens appellent le peuplement primitif.

    Selon des sources archĂ©ologiques, ils habitaient la rĂ©gion dĂšs avant les temps nĂ©olithiques[3], O. Davies[4] et P. Ozanne[5] pensent que le pays Adja-Ewe (sud-Togo, sud-ouest du BĂ©nin et sud-est du Ghana) « aurait Ă©tĂ© occupĂ© sans interruption depuis 3700 ans avant JĂ©sus-Christ environ[6] Â». On voit lĂ  des propos qui tĂ©moignent d’une occupation ancienne de la rĂ©gion dont les tout premiers habitants connus sont les forgerons Akpafu, dans le Ghana actuel, et les Alu de Tado dont R. Pazzi[7] pense d’ailleurs qu’ils constituent une pointe avancĂ©e vers l’orient du peuplement archaĂŻque Akpafu. Les Alu ont aujourd’hui perdu le secret de la fonte du fer, mais il semble qu’ils avaient Ă©tĂ© autrefois de grands forgerons maitrisant parfaitement les techniques de la fonte et de travail de fer. En tĂ©moignent les scories, dĂ©chets de « l’industrie du fer Â», aujourd’hui largement rĂ©pandues dans la rĂ©gion, mais aussi amassĂ©es en un Ă©norme monticule en forme de plateau Ă  la sortie ouest du village de Tado, comme en tĂ©moigne Ă©galement la dĂ©couverte en 1970, d’un haut fourneau dĂ©couvert lorsqu'on creusa sur le sommet du quartier DomĂ©, Ă  Tado, pour Ă©tablir les fondations du clocher de l’Église catholique.

    En dehors de ces Ă©lĂ©ments tĂ©moins du travail du fer, on dispose de nos jours de trĂšs peu de renseignements sur la sociĂ©tĂ© Alu. Mais on pense qu’à cĂŽtĂ© du travail du fer, ils devaient aussi s’employer Ă  chasser parfois dans cette rĂ©gion giboyeuse, Ă  pĂȘcher et Ă  cultiver la terre, du moins pour les besoins de leur subsistance. Dans leur tradition orale, les Alu affirment venir de la rĂ©gion de la source du Mono prĂšs de la Kora qui est un fleuve du Nord du Togo traversant une rĂ©gion riche en gisements de fer oĂč se pratique le travail de la forge. Les Alu racontent qu’à leur arrivĂ©e dans la rĂ©gion, ils ont rencontrĂ© les Agɛ ou Aziza : les gĂ©nies de la forĂȘt ! « C’est, disent-ils, de petits hommes. Les plus grands ont la taille des enfants de 12 Ă  14 ans. Ils ont la peau rouge, les cheveux lisses leur tombent sur le visage. Ils en portent mĂȘme sur le visage, ils sont rapides Ă  la course dans la forĂȘt[8] Â». Cette description correspond aux pygmĂ©es qui ont probablement Ă©tĂ© massacrĂ©s par les hommes venus de rĂ©gion au nord de leur site.

    Les Alu furent rejoints probablement dĂšs le dĂ©but du deuxiĂšme millĂ©naire par des communautĂ©s humaines venant du nord-ouest. Selon R. Pazzi[9], ces derniers seraient originaires du royaume soudanais des Za, dans la boucle du Niger. ConfrontĂ©s autour de l’an 1010 Ă  l’invasion berbĂšre aprĂšs une pĂ©riode glorieuse pendant laquelle ils avaient dominĂ© sur le fleuve entre Tombouctou et DjĂ©nĂ©, les Aza se jetĂšrent sur les routes de l’exode : un groupe parti vers le sud Ă  travers la forĂȘt de GuinĂ©e, serait arrivĂ© jusque dans notre rĂ©gion pour s’installer avec les Alu, dans un village qui prit le nom d’AzamĂ©, ancien nom de TADO. Selon la tradition rapportĂ©e par les anciens de Tado, l’ancĂȘtre du clan des Azanu aurait Ă©tĂ© le frĂšre du fondateur du royaume de Kumasi ; il faut dire que cette affirmation peut avoir des fondements sĂ©rieux si on s’appuie sur certains Ă©lĂ©ments socioculturels communs Ă  Kumasi et Ă  Tado et qui diffĂšrent de la tradition des peuples issus d’Ife, comme par exemple le mĂȘme cycle des jours de la semaine (avec la mĂȘme sĂ©rie des sept noms qu’on donne aux enfants selon le jour respectif de naissance : Kɔjo, KɔmlĂŁ, Kuaku, etc.). Il faut aussi mentionner que, Ă  la mort du roi de Tado, rien ne peut se faire sans l’aval du roi de Kumasi. On notera aussi le mĂȘme fondement juridique du pouvoir royal: le siĂšge Ă  cinq pieds. Or ces Ă©lĂ©ments semblent avoir existĂ© chez certains groupes SonghaĂŻ, dans la boucle du Niger, avant leur conversion Ă  l’islam. C’est pourquoi on peut Ă©mettre l’hypothĂšse que l’ancĂȘtre de la famille royale de Tado serait issu de l’aire culturelle SonghaĂŻ.

    Mais c’est cependant vers le XIIIe siĂšcle que se produisit le grand mouvement de population qui a conduit Ă  l’occupation de la rĂ©gion nommĂ©e Pays-Adja : il s’agit de la migration venant de l’est, celle des Adja qui donneront le nom de l'ethnie et le nouveau nom de la citĂ© qui, de AzamĂ©, deviendra Tado. Certaines traditions les disent venir de la vallĂ©e du Nil, via Oyo au NigĂ©ria et KĂ©tou au BĂ©nin ; certains les font mĂȘme descendre des lieux saints de la Bible comme Babel[10]. Combien Ă©taient-ils ? On ne saurait le dire. On pense seulement qu’ils seraient arrivĂ©s par vagues successives et en nombre considĂ©rable, Ă  la recherche de la sĂ©curitĂ© et du bien-ĂȘtre sous la conduite d’un certain Togbui-Anyi[11]. Quoi qu'il en soit, l’arrivĂ©e de ces derniers changea radicalement le visage de la rĂ©gion.

    AzamĂ© appelĂ©e dĂ©sormais Tado, devint une grande ville. À cause de la convoitise des voisins (Oyo notamment) jaloux de sa prospĂ©ritĂ©, elle fut entourĂ©e de remparts. Les trois communautĂ©s en prĂ©sence (Alu, Za et Adja-Ewe) formĂšrent ensemble la communautĂ© Adja et le puissant royaume de Tado qui prospĂ©ra en rayonnant sur un territoire de plus en plus immense, surtout culturellement, jusqu’au XIXe siĂšcle. Dans son Ăąge d’or, qu’on peut situer entre le XVe et le XVIIe siĂšcle[12], le royaume Adja de Tado s’apparentait Ă  une confĂ©dĂ©ration couvrant un espace allant de la Volta au Kouffo et de la mer Ă  Agbonou (AtakpamĂ©) et Ă  KambolĂ© (Tchamba)[13]. Le JĂ©suite espagnol Alonzo de Sandoval le dĂ©crivit en 1627 comme « un puissant royaume s’étendant sur un territoire immense Ă  l’intĂ©rieur des terres avec une zone cĂŽtiĂšre oĂč se trouve un port sĂ»r gouvernĂ© par un noir appelĂ© Eminence Â». Le territoire sur lequel rĂ©gnaient les AnyigbĂŁfio — on appelle ainsi les rois Adja de Tado — n’était en fait que la partie du pĂ©rimĂštre occupĂ©e par des migrants ayant quittĂ© la ville ancestrale Ă  des Ă©poques diffĂ©rentes pour les rĂ©gions environnantes.

    Constitution de l'ethnie ADJA

    La constitution de l’ethnie Adja est le fait de trois tribus : la tribuAlu, la tribuAzanu et la tribuAdja. Les deux premiĂšres sont d’origine guãƋ et la troisiĂšme d’origine YorĂčbĂĄ. Il est clair que la langue adja Ă©tait fixĂ©e comme dĂ©rivĂ©e dialectale d’une langue guãƋ avant l’arrivĂ©e des yorĂčbĂĄ vu la diffĂ©rence entre les langues YorĂčbĂĄ et Adja. Mais pourquoi cette appellation de la langue qui, de plus, a donnĂ© le nom Ă  l’ethnie dans son ensemble ? Adja peut ĂȘtre la dĂ©formation du terme yoruba alejɔ qui veut dire Ă©tranger ; ou de oba aledjo qui veut dire « patriarche Ă©tranger Â». En effet, la tradition de Porto-Novo rapporte que, parmi les Yoruba venus s’installer Ă  Tado, il y en avait un qui possĂ©dait des puissances magiques avec lesquelles il sut Ă©pargner la ville d’une Ă©pidĂ©mie. Ceci lui valut l’estime du chef de la tribu des Azanu nommĂ© AholĂ”hu, qui lui accorda la main de sa fille. Il dĂ©possĂ©da ses fils dans son testament au profit de sa fille et de son gendre yoruba nommĂ© Ijɛbu Adimola. C’est ainsi que celui-ci fut nommĂ© Roi, ce qui en yoruba se dit “Oba Aledjo” aprĂšs avoir Ă©tĂ© purifiĂ© du sang Ă©tranger qu’il portait dans ses veines. Â»

    L'origine du nom TADO.

    Initialement Tado s’appelait AzamĂ©. Comment se fait-il alors qu’il soit devenu Tado ? Deux versions s’affrontent.

    La premiĂšre indique : « Le roi des Adja Ă©tablis sur les rives du Mono s’appelait Togbe Aholouho. Il s’est fait construire une grande maison entourĂ©e d’une muraille. Il avait de nombreuses femmes, et quiconque longeait la muraille royale devait s’abaisser, s’accroupir, marcher Ă  quattes pattes, Ă  la limite ramper sur le sol pour ne pas ĂȘtre tentĂ© de jeter un regard curieux dans les domaines du roi et surprendre ainsi ses nombreuses femmes. Ramper en Adja se dit taa ou saa, et la muraille se dit do ; ramper le long des murailles donc taa-do ou saa-do-u, d’oĂč le nom de Tado ou Sado, donnĂ© Ă  la citĂ©-fortifiĂ©e royale[14]. Â»

    La deuxiĂšme version, plus plausible, compte tenu de tout ce qui a Ă©tĂ© dit plus haut, indique que : « L’arrivĂ©e du Prince Togbui-Anyi Ă  AzamĂ© coĂŻncida avec une pĂ©riode de crise alimentaire et sanitaire que traversa la localitĂ©. Togbui-Anyi a Ă©tĂ© accueilli amicalement Ă  AzamĂ©, il se rĂ©vĂ©la trĂšs tĂŽt Ă  ses hĂŽtes comme un grand thaumaturge, nanti de pouvoirs surnaturels. Or AzamĂ© Ă©tait victime d’épidĂ©mies, de famine et de sĂšcheresse. Togbui-Anyi, ayant pris connaissance de la situation, fit signaler au roi en place qu’il Ă©tait en mesure d’éloigner tous ces maux, Ă  condition que les Azanu acceptent qu’il devienne leur roi. Le roi et son conseil, devant une telle situation aux issues imprĂ©visibles pour toute leur communautĂ©, acceptĂšrent les conditions de Togbui-Anyi. Ce dernier organisa alors les cĂ©rĂ©monies de purification du village AzamĂ©. C’est au cours de l’exorcisation des esprits qui nuisaient au village qu’il prononça la formule cabalistique qui contient l’expression “ata ado mi”, c’est-Ă -dire “elle nous enjambera”, autrement dit dĂ©sormais le village sera Ă©pargnĂ© de toute calamitĂ©. De la dĂ©formation de cette expression, nous aboutissons Ă  “Tado”, nom attribuĂ© dĂ©sormais Ă  la localitĂ©[15] Â». Selon les clauses de l’accord avec les Azanu, Togbui-Anyi succĂ©da au roi d’AzamĂš aprĂšs sa mort. Le changement du nom correspond ainsi Ă  sa prise de pouvoir.

    Quels sont les peuples issus de TADO ?

    Les EWE - C’est sur le XIVe et le XVe siĂšcle que le groupe des EwĂ© quitta la citĂ© de Tado en direction de l’ouest pour des causes non Ă©lucidĂ©es. Il semblerait qu'Ă  la suite de crimes commis par certains vieillards, une violente colĂšre de la part de l’anyi gbĂŁfio Ja-Kpojɛ̃ avait Ă©tĂ© soulevĂ©e. TerrorisĂ© par l’idĂ©e de reprĂ©sailles massives imminentes, le clan des anciens responsables de ces crimes (ou simplement dĂ©sireux de fuir un monarque tyranique) s’enfuirent de nuit[16]. Conduits par un vieux chasseur nommĂ© AfotsĂš, ils traversĂšrent le Mono et s’installĂšrent Ă  Tako (qui veut dire "devant l’étang"), lieu de la premiĂšre implantation. Puis d’autres groupes arrivĂšrent et constituĂšrent ainsi les autres quartiers de cette nouvelle ville, par exemple les AYIZO Ceux-ci sont partis de Tado sous le rĂšgne du roi Aja-Dasa (d'autres traductions disent Aja-Dosu) et se sont rĂ©pandus entre le Couffo et le WemĂ© autour de leur capitale Davie-Ali futur AdamĂ©).  Les NEGLOKPE - C’est le clan de forgerons qui se sont installĂ©s dans la rĂ©gion d’AfĂŁnyĂŁ . Il y ont diffusĂ© l'art et les travaux de la forge.  Les HWE ou HWENO - Ils ont Ă©galement quittĂ© Tado sous le rĂšgne du successeur de Togbui-Anyi, le roi Aja-Fufulili sous la conduite du frĂšre du roi , Zonu. Ils s'Ă©tablirent entre le Couffo et le Mono autour des deux centres que sont Hwegame et Ajahome. Ils sont d’excellents agriculteurs et ils vont contribuer Ă  rĂ©pandre l’influence de Tado dans cette rĂ©gion.  LES XWLA (PLA) et les XWEDA (PEDA) - Ils sont issus d’un mĂȘme groupe qui a quittĂ© Tado sous le rĂšgne du roi Aja-Ho, 3e successeur du Togbui-Anyi et ils ont Ă©migrĂ© vers le littoral par le Mono, puis se sont rĂ©partis tout autour du lac AhĂ©mĂ©. Ils s’établirent entre le Mono et le lac NokouĂ© Les Xweda s’établirent autour du lac AhĂ©mĂ© Ă  GĂ©zin, puis s’étendirent vers SaxĂ© et GlēxwĂ© (Ouidah) qui fut fondĂ© par Kpase, le 2e roi de SaxĂ©. - Les Xwla s’avancĂ©rent vers le Mono, s’établissant Ă  l’embouchure du Mono sous la conduite de leur ancĂȘtre Avlekpon. Ils crĂ©Ăšrent deux villes, AdamĂ© et Agbanakin, sur les bords du Mono, puis XwalagĂą (Grand Popo) —nommĂ© en hommage Ă  Xlaviho (Petit-Popo puis AnĂ©ho)— sur la plage. Cette ville deviendra cĂ©lĂšbre pour son commerce d'esclaves.  Les FON - Les ancĂȘtres des fon, les Agassouvi[17], sont partis de Tado sous le rĂšgne du roi Kponsu Aduwoene, aprĂšs que TandĂ© assassina le prĂ©tendant au trĂŽne (ce qui lui valut le surnom de Ajahutɔ)[18]. Ils sont partis vers Sahwe et sous la conduite de LandĂ©, investirent le village Ayizɔ qui deviendra Allada. Ils s’établirent dans la rĂ©gion jusqu’à ce que des querelles autour du trĂŽne d’Allada, les fils du 2e roi, Kokpon ou LansouhoutĂŽ, se sĂ©parĂšrent[19]. L’aĂźnĂ©, TĂ©-Agbanlin, s’en retourna vers Hɔgbonu ou Ajacɛ puis fonda par ruse le royaume de Porto-Novo[20]. Le cadet, Dako, et son autre frĂšre, s’imposĂšrent par ruse Ă  Abomey, puis Aho —surnommĂ© HouĂ©gbadja— instaura le royaume du Dahomey et il reviendra conquĂ©rir Allada sous Agadja.

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    Notes et références

    1. plus précisément ouest soudanaise et guinéenne...
    2. Une aire culturelle est une dĂ©finition socio-gĂ©ographique tendant Ă  rassembler dans une mĂȘme dimension spatiale une sociĂ©tĂ© ayant les mĂȘmes normes culturelles.
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    4. 1964
    5. 19xx
    6. opus cité : Gayibor N. L. (1980) ; p. 21
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    9. opus cité : Prazzi R. (1979)
    10. opus cité : Gayibor N. L. (1980)
    11. opus cité : Gayibor N. L. (1980) ; p. 32
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    16. opus cité : Pazzi R. (1979) ; pp. 169-170
    17. lignée de Aligbonon, fille du roi de Tado qui eut commerce avec un esprit déguisé en panthÚre
    18. opus cit : Oké R. (1984)
    19. Pliya Jean (1992). L’histoire de mon pays le BĂ©nin, 3e Ă©d., Presses du CNPMS, Porto-Novo, RIS, BibTeX.
    20. Passot Bernard (1996). Le BĂ©nin : les hommes et leur milieu : guide pratique, L’Harmattan, 117-119 p. (https://books.google.fr/books?id=jT-fFX6dQPwC&pg=PA118&lpg=PA118& (...)), RIS, BibTeX.
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