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Erhard Milch

Erhard Milch ( - ) est un maréchal d'aviation allemand (Generalfeldmarschall). Il supervisa le développement de la Luftwaffe et joua ainsi un rôle important dans le réarmement de l'Allemagne après la Première Guerre mondiale.

Biographie

Famille

Milch est né à Wilhelmshaven, ville portuaire du royaume de Prusse, d'Anton Milch, pharmacien dans la marine impériale allemande[1] et de Clara Milch, née Vetter[2]. Son père était juif, mais, sur intervention de Hermann Goering, Hitler délivre à Erhard Milch un certificat d'aryanisation le (« aryen d'honneur »).

Un de ses frères a espionné pour les services secrets français[3].

Première Guerre mondiale

Il rejoint la Deutsches Heer, l'armée impériale allemande, en 1910 comme Fahnenjunker[4].

Le jeune Erhard sert dans l'armée allemande pendant la Première Guerre mondiale, au début en tant qu'officier d'artillerie. Il est transféré ensuite dans un corps aérien et entraîné comme observateur aérien. Vers la fin de la guerre, il atteint le poste de commandant d'escadrille[5] (Jagdgruppe 6). En 1920, il quitte l'armée pour poursuivre, dans le secteur privé, son expérience aéronautique.

Carrière dans le privé

La carrière de Milch, avant l'avènement du Troisième Reich, est le reflet de l'industrie aéronautique naissante en plein bouleversement. Il crée une petite ligne aérienne à Dantzig avec Gotthard Sachsenberg (en), un copain d'escadrille, sous la bannière Lloyd Luftdienst, intégrée à l'association régionale des compagnies aériennes allemandes Norddeutscher Lloyd. La ligne aérienne se nomme Lloyd Ostflug et relie Dantzig aux Pays baltes. En 1923, il devient le directeur de la compagnie Danziger Luftpost qui est le résultat de la fusion de Lloyd Luftdienst avec son concurrent Aero Union, la nouvelle société porte le nom de Deutscher Aero Lloyd. Puis, Milch et Sachsenberg (en) la quittent pour le concurrent Junkers Luftverkehr, où Sachsenberg vient d'être nommé directeur. Sachsenberg occupe cette position jusqu'en 1925, il est alors remplacé par Milch. C'est à ce poste que Milch supervise la fusion de Junkers Luftverkehr avec Deutscher Aero Lloyd en 1926, il devient ainsi le premier directeur de la Lufthansa.

Ascension politique

Erhard Milch (à gauche) avec le maréchal de l'air Goering, Hitler et le S.A Viktor Lutze en 1936

En 1933, Milch est nommé au poste de secrétaire d'État du Reichsluftfahrtministerium (ministère de l'Aviation) nouvellement créé, sous la responsabilité directe d'Hermann Göring. À ce titre, il contribue à mettre en place la Luftwaffe, à l'origine chargé de la production du matériel de guerre, même si c'est Ernst Udet qui prend la majorité des décisions concernant les contrats militaires aéronautiques. Il se sert rapidement de cette position pour régler des comptes personnels avec d'autres personnalités de l'industrie aéronautique, notamment Hugo Junkers et Willy Messerschmitt. Son différend avec Messerschmitt est une des raisons pour lesquelles Willy Messerschmitt ne parvient pas à acquérir personnellement la compagnie Bayerische Flugzeugwerke (BFW) avant juillet 1938, c'est pourquoi le préfixe Bf est utilisé pour désigner les avions Messerschmitt avant l'acquisition de la compagnie par Messerschmitt.

En 1935, l'origine juive de son père Anton Milch refait surface, le plaçant dans la catégorie des « Mischling au premier degré » qui ne peuvent plus, en principe, rester officiers dans l'armée allemande. La Gestapo ouvre une enquête, rapidement étouffée par Göring qui produit une déclaration sous serment, signée par la mère de Milch, déclarant qu'Anton n'est pas véritablement le père d'Erhard et de ses enfants, et que le nom du vrai père est Karl Brauer, son oncle alors décédé. Hitler promulgue lui-même, le 7 août 1935 à Berlin, une attestation d'aryanisation[6]. C'est à cette époque qu'on attribue à Göring la célèbre phrase « Je décide qui est et qui n'est pas un juif. »[7] Erhard Milch rencontre Charles Lindbergh, lors de la visite officielle que fit le célèbre aviateur américain à Berlin en 1936[8].

Seconde Guerre mondiale

Milch (au centre) avec le ministre de l'armement Albert Speer (à gauche) et le constructeur aéronautique Willy Messerschmitt en 1944

Alors que la Seconde Guerre mondiale Ă©clate, Milch, qui est maintenant gĂ©nĂ©ral, commande une aile de la Luftwaffe pendant la campagne de Norvège. Après la dĂ©faite de la France, Milch est promu au rang de Generalfeldmarschall (19 juillet 1940) et on lui donne le titre d'inspecteur en chef de l'aviation. Ă€ cette Ă©poque, Milch est chargĂ© de la production d'avions, mais ses erreurs (plus nettement celles de Goering et d'Ernst Udet)[9] contribuent Ă  la perte de la supĂ©rioritĂ© aĂ©rienne allemande au fur et Ă  mesure que la guerre progresse. Les fabricants, tel que Messerschmitt, sont incapables de concentrer leurs efforts sur la production d'avions, Ă  cause des changements de conception et d'exigences frĂ©quentes. L'Allemagne ne produit que 5 000 avions en 1942, alors que les SoviĂ©tiques augmentent leur production Ă  plus de 40 000, faisant basculer la supĂ©rioritĂ© sur le front de l'Est. Curieusement, en 1944, alors que les AlliĂ©s bombardent et rasent les usines et villes allemandes, la production allemande atteint le niveau des SoviĂ©tiques, soit 40 000 avions, mais trop tard.

Le , Milch est chargé par Hitler d'organiser les transports de ravitaillement pour les troupes encerclées lors de la bataille de Stalingrad[10], qui se termine le .

En 1944, Milch se range aux côtés de Joseph Goebbels et Heinrich Himmler afin de convaincre Hitler de retirer à Göring le commandement de la Luftwaffe à la suite de l'échec de l'invasion de l'Union soviétique. Hitler refuse et Göring se venge en obligeant Milch à quitter son poste. Milch travaille ensuite pour Albert Speer jusqu'à la fin de la guerre.

Période d'après-guerre

Erhard Milch (Ă  gauche) dans un parloir de la prison de Nuremberg.

Milch tente de fuir l'Allemagne après le suicide d'Hitler, mais il est capturĂ© sur la cĂ´te de la Baltique le par les hommes du commando britannique de la 1st Special Service Brigade du gĂ©nĂ©ral Derek Mills-Roberts. InculpĂ© de crime de guerre, son procès se dĂ©roula Ă  Nuremberg, avec la prĂ©sence de plusieurs hauts responsables Hermann Göring, Alfred Jodl, Wilhelm Keitel, Joachim von Ribbentrop, Albert Speer, entre autres il fut reconnu coupable, et condamnĂ© Ă  perpĂ©tuitĂ© (sa peine fut commuĂ©e par John McCloy, Haut commissaire alliĂ©, en 15 annĂ©es de dĂ©tention en 1951). Il purgea sa peine Ă  la prison de Landsberg, puis fut finalement libĂ©rĂ© en .

Il passa alors le reste de sa vie à Düsseldorf, où il meurt en 1972 des suites d'une maladie hépatique. Milch est enterré au cimetière central de Lunebourg[11].

En 1973, David Irving, aux sympathies nazies et négationnistes notoires, publie une biographie très compatissante sur Milch, The Rise and Fall of the Luftwaffe: The Life of Field Marshal Erhard Milch.

Promotions militaires

Fähnrich18 octobre 1910
Leutnant18 août 1911
Oberleutnant18 août 1915
Hauptmann18 août 1918
Oberst (rejoint la Heer)28 octobre 1933
Generalmajor24 mars 1934
Generalleutnant28 mars 1935
General der Flieger (par intérim)30 janvier 1936
General der Flieger20 avril 1936
Generaloberst
Generalfeldmarschall19 juillet 1940


Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Erhard Milch » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Above the Lines: The Aces and Fighter Units of the German Air Service, Naval Air Service and Flanders Marine Corps, p. 32
  2. (de) Bunyan, Anita (21 March 2003). "Half-shadows of the Reich". Times Higher Education. A review of Rigg 2002.
  3. Paul Paillole, Notre espion chez Hitler, Paris, Nouveau monde, coll. « Poche », , 338 p. (ISBN 978-2-36942-164-1, OCLC 937901345), p. 105 et 258
  4. (de) Johann Georg Krünitz:Oeconomische Encyclopädie, 1773-1858, p. 338.
  5. Above the Lines: The Aces and Fighter Units of the German Air Service, Naval Air Service and Flanders Marine Corps, 1914-1918. p. 32.
  6. Selon l'auteur de La tragédie des soldats juifs d'Hitler (2005), Brian M. Rigg, de nombreuses autres attestations de cet ordre, signées de la main du Führer, ont été attribuées à des officiers supérieurs d’ascendance juive. Il cite Robert Borhardt, officier supérieur, Reinhard Heydrich, le colonel Walter Hollander, l'amiral Bernard Rog,.. Il montre que "des milliers de soldats ont présenté ce genre de demandes afin de pouvoir continuer à servir l’armée, et que Hitler a contresigné lui-même de nombreuses requêtes". En 1944, selon un rapport secret des services du personnel de l'armée allemande, une liste de soixante-dix-sept généraux et officiers hauts gradés d’origine juive ou mariés avec un tel conjoint, avaient obtenu un certificat d’aryanité signé de la main d’Hitler. Rigg ajoute : « On aurait pu ajouter à cette liste encore soixante noms de généraux et de hauts gradés de la Wehrmacht, des armées de l’air et de la marine, sans oublier deux Feld-maréchaux. »
  7. Uwe Bahnsen, « Der gute Göring ARD: Wie gut war Hermann Görings Bruder wirklich? », DIE WELT,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Figures de l'Aviation : Erhard Milch », sur fandavion.free.fr (consulté le )
  9. cf la bibliographie de Goering écrite par François Kersaudy.
  10. Erich von Manstein (trad. René Jouan), Victoires perdues, Paris, Plon, , 439 p. (OCLC 493056745), p. 273
  11. « World war II in graves », sur translate.google.fr (consulté le )

Annexes

Liens externes

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