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Mischling

Mischling (en allemand : Mischling, « mĂ©tis » ; au pluriel : Mischlinge ou Mischlings) est le terme lĂ©gal employĂ© sous le Troisième Reich pour dĂ©signer les personnes d’ascendance partiellement non-allemande (c’est-Ă -dire, dans la plupart des cas, juive). Issus de mariages mixtes, les Mischlinge n’ont en gĂ©nĂ©ral pas d’attaches avec le judaĂŻsme mais ils pourraient dans l’esprit de lĂ©gislateurs prĂ©occupĂ©s par la puretĂ© raciale, avoir Ă©tĂ© soumis Ă  l’« influence juive Â» et corrompre leur entourage. Ils doivent par consĂ©quent ĂŞtre soumis Ă  des restrictions sociales et maritales afin de ne pas propager la « souillure Â» dont ils sont les porteurs.

Tableau de 1935 qui catĂ©gorise les individus « de sang allemand Â», les « Mischlinge Â» et les « Juifs Â» d'après les lois de Nuremberg.

Le nombre de Mischlinge est estimĂ© Ă  111 000 en . La dĂ©finition Ă©tant supposĂ©ment raciale, la conversion au christianisme ne permet pas de s’en prĂ©munir mais certaines personnes seront reclassifiĂ©es en « Aryens Â» avec l’aval des plus hautes autoritĂ©s nazies. Bien que les Mischlinge se soient vus restreints dans leur position sociale, l’armĂ©e allemande ne leur Ă©tait pas fermĂ©e (contrairement Ă  la Schutzstaffel) et l’on compterait selon une estimation environ 160 000 soldats d’origine partiellement juive dans l’armĂ©e de Hitler[1].

DĂ©finition du Mischling selon les lois de Nuremberg

Le terme Mischling, dont l'origine est à rapprocher du « mestizo » espagnol ou du « métis » français, signifie littéralement « personne mélangée ». Il n’a pas d’équivalent dans la loi juive, où kilayim et mamzer répondent à des catégories très précises de mélanges entre espèces végétales ou animales différentes — comme la semence dans une même aire de blé et d’orge ou l’attelage sous un même joug d’un âne et d’un bœuf — et d’enfants nés d’une femme mariée à un autre homme, respectivement. Dans le cas d’unions entre Juifs et Gentils, le judaïsme ne reconnaît comme Juifs que les enfants nés d’une mère juive, par naissance ou conversion ; les autres enfants ont le statut de Gentils. Pour les théoriciens nazis de la race, il en va autrement : les Allemands, unifiés dans le peuple germanique, descendraient des Aryens qui constituaient dans les théories d’Arthur de Gobineau la race maîtresse de l’Europe et de l’humanité. Germanité et judéité ne sont plus, selon les mêmes, des traits ethniques mais biologiques, obéissant aux règles de la transmission mendélienne des gènes.

Lorsque la loi sur la protection du sang allemand et de l'honneur allemand — dont de nombreux passages reprennent quasiment verbatim les statuts de la puretĂ© du sang Ă©dictĂ©s en Espagne après 1492 — est proclamĂ©e en 1935, le Mischling est plus spĂ©cifiquement un « non-Aryen Â» qui ne rĂ©pond pas aux critères Ă©tablis par cette loi pour dĂ©finir un Juif.

Étaient considĂ©rĂ©s, indĂ©pendamment de leur affiliation religieuse ou de leur identification propre, comme automatiquement Juifs les personnes dont au moins trois grands-parents Ă©taient « pleinement juifs Â» (volljĂĽdischen), ce critère racial n’étant pas dĂ©fini par des critères relevant plus ou moins de l’innĂ©, comme la physiognomonie, mais par la participation Ă  quelque degrĂ© que ce soit Ă  la vie communautaire juive. La loi catĂ©gorisait aussi comme « lĂ©galement juifs Â» (Geltungsjude) les personnes dont deux grands-parents Ă©taient « pleinement juifs Â» et rĂ©pondaient Ă  l’une des conditions suivantes :

  • ĂŞtre membre d’une communautĂ© juive lors de l’application des lois de Nuremberg ou ultĂ©rieurement ;
  • ĂŞtre mariĂ©(e) Ă  une personne juive ;
  • ĂŞtre issu(e) d’un mariage mixte après leur interdiction ;
  • ĂŞtre issu(e) d’une union illĂ©gitime avec une personne juive après le .

Il s’ensuit qu’un « JĂĽdischer Mischling Â» Ă©tait un individu descendant d’un ou deux grands-parents « pleinement juifs Â» sans rĂ©pondre Ă  l’une des conditions prĂ©citĂ©es. Par son ascendance « raciale Â» juive, il est porteur d’une Rassenschande (« honte raciale Â») inaliĂ©nable dont il convient de protĂ©ger la race « aryenne Â» en restreignant au possible les contacts entre Allemands « purs Â» et « mĂ©tissĂ©s Â» — de ce point, le Mischling est un « non-Aryen Â» et il ne peut occuper de fonction gouvernementale, acadĂ©mique ou dans un hĂ´pital public, en vertu de la loi sur la restauration de la fonction publique[2]. Cependant, il est « rĂ©dimĂ© Â» par sa composante « aryenne Â» qui, bien qu’« abâtardie Â», demeure « supĂ©rieure Â» et lui permet de jouer un rĂ´le dans la sociĂ©tĂ©. (C’est en cette qualitĂ© de « partiellement aryen Â» que le statut de Mischling est pensĂ©. Hors d’Allemagne, cette distinction n’a pas lieu d’être et les individus d’ascendance partiellement juive s’étant mĂ©langĂ©s Ă  des « races infĂ©rieures Â» ne sont pas considĂ©rĂ©s diffĂ©remment des Juifs).

Les personnes n'étant pas de confession judaïque étaient néanmoins considérées comme :

  • Mischling au premier degrĂ©, si deux de leurs grands-parents Ă©taient Juifs ;
  • Mischling au second degrĂ©, si un seul de leurs grands-parents Ă©tait Juif.

Étant donné qu'au XIXe siècle, de nombreux Juifs d'Allemagne se convertirent à la religion réformée et épousèrent des chrétiens, beaucoup de Mischlinge aux premier et second degrés étaient des protestants.

En 1939, le recensement du Reich dĂ©nombre environ 72 000 Mischlinge au premier degrĂ©, quelque 39 000 au second degrĂ©, et des dizaines de milliers Ă  des degrĂ©s autres.

Quelques Mischlings

Notes et références

  1. La tragédie des soldats juifs d'Hitler, Bryan Mark Rigg, Éditions de Fallois, 2002
  2. Mendes-Flohr 1995, p. 642

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