Endre Rozsda
Endre Rozsda, né le à Mohåcs et mort le à Paris 18e[1], est un peintre, dessinateur et photographe franco-hongrois.
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DĂ©cĂšs | |
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Nom de naissance |
RosenthĂĄl Endre |
Nationalité |
Français |
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Lieu de travail |
Paris () |
Mouvement |
DĂ©passant la distinction abstraction-figuration, sa peinture prend le temps comme sujet essentiel.
Biographie
Endre Rozsda est nĂ© Ă MohĂĄcs, petite ville hongroise situĂ©e sur les rives du Danube. Issu dâune famille bourgeoise, il est le second enfant dâErnĆ Rosenthal et dâOlga Gomperz. Son pĂšre Ă©tait propriĂ©taire dâune briqueterie. Sa mĂšre Ă©tait la descendante dâune famille juive dâorigine portugaise.
Les expĂ©riences de son enfance ont dĂ©terminĂ© toute son Ćuvre. Il a mis au point une technique artistique qui lui a permis de crĂ©er Ă partir de ses souvenirs un monde singulier, surrĂ©aliste : « De mes souvenirs et de la lumiĂšre, je fais un tissu dense et je contemple jusquâĂ ce quâil sâanime et me rende mon regard, et se dresse en face de moi. Câest le temps que je veux saisir, ordonner, Ă©valuer. Le temps, lâoubli multicolore et lumineux ; des jouissances et des souffrances, le temps fait ses perles. Autour, je tresse le lierre de mes souvenirs. Je ne veux ni estimer, ni expliquer mais comprendre. Je pose ma tĂȘte sur le temps et jâĂ©coute ce quâil me dit[2]. »
Rozsda a dĂ©cidĂ© tĂŽt quâau lieu de la carriĂšre Ă laquelle le destinait sa famille, il sera peintre. Il a acquis les rudiments du mĂ©tier Ă lâĂ©cole des beaux-arts de Vilmos Aba-NovĂĄk. Sa premiĂšre exposition individuelle, organisĂ©e Ă la Galerie TamĂĄs en 1936, alors quâil avait seulement 23 ans, eut un retentissement considĂ©rable. Il fut louĂ© par les critiques, le MusĂ©e des Beaux-Arts de Budapest lui acheta un tableau. Dans un article Ă©logieux, le quotidien Az Est [« Le Soir »] nota Ă propos du jeune peintre : « Rozsda surprend par lâampleur de son talent. Peu dâartistes ont su peindre des femmes ĂągĂ©es, des mendiantes, comme il lâa fait. [âŠ] Sur quelques-uns de ses beaux tableaux, une voile tissĂ©e de brume et de lumiĂšre amplifie la rĂ©alitĂ© jusquâĂ la transformer en une apparition quasi musicale. »
La premiĂšre pĂ©riode de Rozsda, qui le rattache au style postimpressionniste hongrois, a pris brusquement fin sous lâeffet dâun concert de BĂ©la BartĂłk. MalgrĂ© son succĂšs, Rozsda a compris en Ă©coutant le compositeur que dans sa peinture, il nâavait pas Ă©tĂ© jusque-là « contemporain de [s]oi-mĂȘme[3] ». En 1938, il partit Ă Paris en compagnie du sculpteur Lajos Barta. Il y poursuivit ses Ă©tudes Ă lâĂcole du Louvre. Dans la capitale française, il se lia dâamitiĂ© avec ĂrpĂĄd Szenes, Vieira da Silva, et Françoise Gilot, la future compagne de Picasso, Ă qui il donna des cours de peinture. Rozsda fit Ă©galement connaissance avec Max Ernst et Alberto Giacometti. Sa peinture changea totalement, elle se rapprocha du surrĂ©alisme.
Lâoccupation allemande le contraignit Ă retourner en 1943 Ă Budapest, câest lĂ que son style surrĂ©aliste arriva Ă sa maturitĂ© (Amour sacrĂ©, Amour profane, 1947, MusĂ©e des beaux-arts de Dijon).
AprĂšs la fin de la Seconde Guerre mondiale, Rozsda a pris part Ă la fondation du groupe dâartistes hongrois EurĂłpai Iskola [« Ăcole EuropĂ©enne »]. Il participa rĂ©guliĂšrement aux expositions du groupe. Selon lâhistorienne de lâart Krisztina Passuth, il a Ă©tĂ© une des figures les plus marquantes de lâĂcole EuropĂ©enne[4]. Le groupe sâest dissous en 1948, parce que le rĂ©gime communiste hongrois ne tolĂ©rait pas lâart abstrait et surrĂ©aliste. Au cours des annĂ©es suivantes, Rozsda a rĂ©alisĂ© des illustrations de livre. Il ne pouvait peindre que de maniĂšre clandestine, il Ă©tait naturellement hors de question quâil expose ses Ćuvres.
Ă la suite de lâĂ©crasement de la rĂ©volution de 1956, Rozsda sâinstalla dĂ©finitivement en France. Il entra en relation avec Raymond Queneau et AndrĂ© Breton, qui prĂ©faça le catalogue de son exposition organisĂ©e Ă la Galerie Furstenberg en 1957. Rozsda participa Ă lâexposition internationale du surrĂ©alisme Ă Milan en 1961. Il remporta en 1964 le prix Copley, dont le jury Ă©tait composĂ© de Hans Arp, Roberto Matta, Max Ernst, Man Ray, Roland Penrose, Herbert Read et Marcel Duchamp.
Au cours des annĂ©es 1960, la peinture de Rozsda a connu une nouvelle transformation : de la tension ou de lâharmonie nĂ©es de lâalternance de structures Ă©laborĂ©es de maniĂšre architectonique et de couleurs tourbillonnantes, il crĂ©a des microcosmes dâune exceptionnelle richesse de dĂ©tails. Son aspiration à « maĂźtriser le temps » et dissoudre la rĂ©alitĂ© dans son imagination continuait Ă se nourrir du surrĂ©alisme, mais si on considĂšre son mode dâexpression, cette pĂ©riode doit dĂ©jĂ plutĂŽt ĂȘtre classĂ©e dans lâabstraction lyrique.
Rozsda a obtenu la nationalitĂ© française en 1970. Il installa en 1979 son atelier au Bateau-Lavoir, oĂč il travailla jusquâĂ la fin de sa vie.
La derniĂšre exposition Ă laquelle il a pu assister personnellement a Ă©tĂ© ouverte en 1999 par lâĂ©crivain PĂ©ter EsterhĂĄzy dans la Galerie VĂĄrfok Ă Budapest. « Tout comme la crĂ©ation elle-mĂȘme, ces tableaux ne se rĂ©vĂšlent que difficilement. Il faut les regarder longuement, silencieusement, sây absorber (Que ne faut-il pas, par ailleurs, traiter de la sorteâŠ). Mais ces tableaux-ci parlent dĂšs le premier regard. Ils ne disent Ă©videmment pas tous la mĂȘme chose, mais on dirait quâils possĂšdent une structure mĂ©lodique commune. Et ce quâils ont en commun â il se peut que je me trompe, et quâune fois de plus, je sois le sujet unique et abusif de mes propos â ce quâils ont en commun est passablement anachronique, nâest pas conforme Ă leur Ă©poque : les tableaux de Rozsda semblent dire que le monde est beau. Il se peut que ce soit cela, le surrĂ©alisme. Le surrĂ©alisme est-il en fait une attitude Ă©thique ? », se demanda lâĂ©crivain, ajoutant : « Jâemballerais bien mes livres dans ses toiles, ils sây sentiraient trĂšs bien. »
Endre Rozsda repose au cimetiĂšre Montmartre, Ă Paris.
Ćuvre
Du postimpressionnisme au surréalisme (1932-1937)
De ses dĂ©buts, Endre Rozsda sâest souvenu en ces termes : « Jâai commencĂ© Ă Ă©tudier la peinture Ă lâĂcole libre dâAba-NovĂĄk. Je suis devenu son apprenti. Ce fut une des expĂ©riences artistiques et humaines les plus importantes dans toute ma vie. CâĂ©tait une chance extraordinaire de pouvoir apprendre la peinture ailleurs quâĂ lâĂcole des beaux-arts oĂč lâenseignement Ă©tait terriblement acadĂ©mique. Aba-NovĂĄk Ă©tait un bon peintre, mais absolument pas rĂ©volutionnaire. CâĂ©tait, avant tout, une personnalitĂ© riche et libre[3]. »
Avec Aba-NovĂĄk, Rozsda a passĂ© beaucoup de temps Ă peindre en plein air. Il a participĂ© aux cĂŽtĂ©s de son maĂźtre Ă la rĂ©alisation de fresques dĂ©corant des Ă©glises et des monuments commĂ©moratifs. Lâoptique dĂ©terminant ses tableaux trouvait sa source dans le postimpressionnisme. Ă ses dĂ©buts, il peignait des paysages dâune dĂ©licatesse Ă©nigmatique, inondĂ©s de soleil, et des portraits rĂ©alisĂ©s dâun pinceau lĂ©ger, bĂątis sur de larges taches de couleur. Ă ce stade de son Ă©volution, il chercha Ă Ă©laborer sa vision personnelle, Ă aller de lâavant non pas en sâĂ©loignant de la reprĂ©sentation naturaliste, mais par lâemploi de dĂ©coupages audacieux, et par la rĂ©alisation, aprĂšs ses paysages dâune douceur pastel, de natures mortes parfois sombres et mĂ©lancoliques, dâautre fois vibrantes de vigueur. Les couleurs dâune douceur infinie ont peu Ă peu cĂ©dĂ© la place aux rouges, aux jaunes et aux lilas vigoureux, expressifs, qui crĂ©aient entre eux une sorte de tension. Des formes suggestives, peintes de maniĂšre approximative, remplacĂšrent la prĂ©sentation sensible dâobjets de tous les jours et de gens ordinaires.
Rozsda Ă©tait au beau milieu de ce processus au moment de sa premiĂšre exposition, Ă la Galerie TamĂĄs, dont le catalogue fut prĂ©facĂ© par Aba-NovĂĄk. Le quotidien Pesti NaplĂł [« Journal de Pest »] Ă©crivit Ă propos du jeune peintre : « Il a tout juste vingt-deux ans, et il est remarquablement talentueux. Il est plein de fraicheur, il est fin prĂȘt, dotĂ© dâune saine confiance en soi et dâun vif dĂ©sir dâexpĂ©rimentation. On voit quâil a reçu une excellente formation, ayant acquis sous lâĂ©gide dâAba-NovĂĄk un savoir-faire impeccable. Il dessine, peint, forme et compose avec une dextĂ©ritĂ© magistrale, triomphant, comme sâil en sâen jouait, des premiers obstacles excitants de lâexpĂ©rimentation vagabonde. Son maĂźtre a raison lorsquâil dit que la maturitĂ© de son optique dĂ©ment son Ăąge[5]. »
Toutes les conditions semblaient rĂ©unies pour que sa peinture, nettement plus moderne que les courants acadĂ©miques sans toutefois ĂȘtre dâavant-garde, lui permette de trouver sans heurt une place parmi les courants picturaux de la Hongrie de lâĂ©poque. Câest alors quâil fut bouleversĂ© par lâexpĂ©rience artistique la plus importante de sa vie, qui changea radicalement sa pensĂ©e et son art.
Le tournant surréaliste (1938-1944)
Câest ainsi que Rozsda se remĂ©mora ce tournant : « Juste un an avant mon dĂ©part pour Paris, jâai rencontrĂ© par pur hasard un couple dâamis peintres : Imre Ămos et Margit Anna. Je nâavais rien prĂ©vu de particulier ce soir-lĂ . Ils mâont alors invitĂ© Ă un concert Ă lâAcadĂ©mie de musique. BartĂłk va jouer ce soir, mâont-ils dit. BartĂłk nâĂ©tait rien dâautre quâun nom pour moi. Je ne le connaissais pas. [âŠ] Puis BartĂłk a interprĂ©tĂ© avec sa femme une Ćuvre personnelle : Sonate pour deux pianos et percussion, qui est Ă mon avis lâune des Ćuvres les plus importantes du XXe siĂšcle. CâĂ©tait la premiĂšre mondiale. Je mâĂ©tais assis Ă un endroit dâoĂč je pouvais voir les mains de BartĂłk. JâĂ©tais Ă©bloui. Je nâavais jamais pensĂ© Ă ce que la musique aurait pu ĂȘtre au-delĂ de Bach, de Mozart, au-delĂ de Moussorgski. JâĂ©tais absolument ivre de cette musique. [...] Jâai compris Ă ce moment-lĂ que je nâĂ©tais pas le contemporain de moi-mĂȘme[3]. »
Dans la capitale française, Rozsda engrangea de nombreuses nouvelles expĂ©riences. « Lorsque je suis arrivĂ© Ă Paris, jâai avalĂ© tout ce qui mâĂ©tait offert », a-t-il dĂ©clarĂ© plus tard. Il loua Ă Montparnasse un atelier avec le sculpteur Lajos Barta. ImmergĂ© dans la vie de cafĂ© parisienne de la fin des annĂ©es trente, il fit bientĂŽt connaissance avec les personnes qui lâont aidĂ© Ă devenir contemporain de soi-mĂȘme[6]. Au cours de ces annĂ©es dâexpĂ©rimentation et de recherche de sa propre voie, il laissa derriĂšre lui le postimpressionnisme pour arriver jusquâau non-figuratif.
Ce processus apparaĂźt clairement dans ses Ćuvres de lâĂ©poque oĂč la reprĂ©sentation figurative cĂšde progressivement le pas Ă lâabstraction : Deux personnes seules (1939), Empereur sur le trĂŽne (1939-1940), Lit pour pommes (1942), Un verre dâeau surveille la naissance dâune chenille (1943), Le Roi du vrai (1942).
Officiellement, Rozsda ne sâest joint Ă aucun groupe artistique, mais les surrĂ©alistes Ă©taient ceux dont il Ă©tait le plus proche, autant par sa maniĂšre de penser que son caractĂšre. Sa mĂ©thode picturale, Ă©laborĂ©e afin de ramener Ă la surface ses expĂ©riences et ses souvenirs, et de mettre Ă jour les relations cachĂ©es de la conscience, Ă©tait fortement liĂ©e au programme du surrĂ©alisme et Ă la technique crĂ©ative des surrĂ©alistes.
Lâoccupation allemande ayant contraint Rozsda en 1943 Ă quitter la France, câest Ă Budapest que sa peinture surrĂ©aliste parvint Ă sa maturitĂ©. La Hongrie Ă©tait en guerre aux cĂŽtĂ©s de lâAllemagne, les lois « juives » successives avaient privĂ© les juifs de Hongrie de leurs droits, une partie considĂ©rable de la sociĂ©tĂ© hongroise soutenait les forces politiques extrĂ©mistes et approuvait leurs vues. La mĂšre dâEndre Rozsda fut dĂ©portĂ©e en 1944, lui-mĂȘme survĂ©cut aux persĂ©cutions en se cachant dans la capitale. Cela faisait alors dĂ©jĂ plusieurs annĂ©es quâil avait perdu son pĂšre, quâil respectait et idolĂątrait, et qui sâĂ©tait suicidĂ© lors de la Grande DĂ©pression.
Les tragĂ©dies familiales et les horreurs quâil a vĂ©cues ont certainement contribuĂ© Ă le renforcer dans sa dĂ©termination Ă dĂ©couvrir des mondes qui ne seraient pas rĂ©gis par les contraintes de lâhistoire et les lois de la nature, mais par les forces de lâimagination. Dans les tableaux quâil peignit Ă cette Ă©poque, le temps, tel un tissu prolifĂ©rant de maniĂšre organique, recouvre les formes transmuant au fond de la conscience, sortes dâempreintes dâune rĂ©alitĂ© disparue.
Les atrocitĂ©s de la guerre apparurent Ă©galement sur ses toiles : Danse macabre (1946-1947), Mes premiers pas en enfer (1947), Revenant perpĂ©tuel (1951), Enfant martyr au paradis (1958). « Des images saturĂ©es de couleurs incandescentes et sombres, reflets de son angoisse existentielle et du drame historique qui lâentoure », nota Françoise Gilot, qui estima que cette pĂ©riode avait signifiĂ© pour lâartiste « une vĂ©ritable descente aux enfers[7] ».
LâĂcole europĂ©enne (1945-1948)
Dans la Hongrie dâavant-guerre, peu de gens sâenthousiasmaient pour lâart abstrait et surrĂ©aliste. Lorsque de retour en Hongrie, Rozsda exposa ses Ćuvres en 1943, il fut incompris des critiques. « Encore une exposition dâart abstrait », rĂ©crimina lâun dâeux, avant de poursuivre : « Il nây a pas longtemps, au sujet dâune autre exposition, nous avons dĂ©jĂ touchĂ© quelques mots de lâart abstrait, câest-Ă -dire aliĂ©nĂ© de toutes les rĂ©alitĂ©s de la vie, de cette lubie dâune gĂ©nĂ©ration en voie de disparaĂźtre[4]. »
Câest dans ce climat que quelques artistes dĂ©cidĂšrent de crĂ©er un nouveau groupe dont lâobjectif principal fut de prĂ©senter et de faire accepter en Hongrie les courants artistiques europĂ©ens contemporains. La libertĂ© et lâeuphorie du renouveau suivant la fin de la guerre leur ont permis dâorganiser des confĂ©rences, de crĂ©er et dâexposer rĂ©guliĂšrement leurs Ćuvres.
« Rozsda a Ă©tĂ© une des figures les plus marquantes de lâĂcole europĂ©enne, ce groupe fondĂ© Ă Budapest en 1945 », Ă©crivit lâhistorienne de lâart Krisztina Passuth, qui estima que dans leur relation Ă lâespace et la surface du tableau, il y avait un parallĂšle entre les techniques crĂ©atives de Rozsda et de Max Ernst. Elle trouva cette similitude dâautant plus intĂ©ressante que dans ces annĂ©es-lĂ , aucun des deux nâa pu connaĂźtre les Ćuvres de lâautre. « Les compositions de Rozsda semblent ĂȘtre envahies par de petits flocons, des plumes de duvet ou couvertes de voiles trĂšs fins. Les motifs tantĂŽt serrĂ©s, tantĂŽt espacĂ©s composĂ©s dâĂ©lĂ©ments tourbillonnants fonctionnent par leur mouvement â ils nâont pas de contours exacts, nâont ni dĂ©but ni fin », Ă©crivit Passuth[4].
Dâautres critiques relĂšvent Ă©galement que les tableaux peints par Rozsda Ă cette Ă©poque sont caractĂ©risĂ©s par une prolifĂ©ration quasi psychĂ©dĂ©lique des motifs. Comme si nous assistions aux premiers instants de la naissance de nouveaux univers, ou au contraire, Ă lâextinction de galaxies ancestrales : Voie lactĂ©e (1945), Plein vol (1946), Face-Ă -mains de ma grand-mĂšre (1947).
Câest probablement Ă ces visions que faisait allusion lâĂ©crivain et philosophe BĂ©la Hamvas lorsquâil Ă©crivit : « Parmi nos peintres surrĂ©alistes jeunes et vivants, Endre Rozsda est celui en qui ce courant artistique Ă©clot le plus complĂštement. [...] Jusque-lĂ , deux points brĂ»lants apparaissaient dans ses Ćuvres : lâun est le fantasme Ă©rotique ; lâautre y est trĂšs Ă©troitement liĂ©, mais ne peut ĂȘtre exprimĂ© que par une comparaison tirĂ©e de lâhistoire mondiale. Le plus exact serait de dire quâil sâagit lĂ dâun monde Ă©trange dâaventures, de chevaliers et de troubadours, dâune diversitĂ© et dâune richesse Ă©vĂ©nementielle inimaginables[8]. »
Les années de censure (1949-1956)
AprĂšs la mise en place du rĂ©gime communiste, lâart non-figuratif et surrĂ©aliste se retrouva sur la liste des interdits. LâĂcole EuropĂ©enne fut contrainte de mettre fin Ă ses activitĂ©s.
« Avec lâinstauration du rĂ©gime communiste », se souvint Rozsda, « les choses sont allĂ©es trĂšs vite. En 1948, il a tout simplement fallu dissoudre le groupe. Notre derniĂšre rĂ©union eut lieu au CafĂ© Japon. Le lendemain, nous avons fait paraĂźtre une annonce dans les journaux : « Un EuropĂ©en a Ă©tĂ© tuĂ© au Japon ». CâĂ©tait la fin[3]. »
Certes, les artistes abstraits et surrĂ©alistes pouvaient crĂ©er en catimini les Ćuvres de leur choix, mais ces derniĂšres ne pouvaient pas figurer dans les expositions. Rozsda fut contraint de rĂ©aliser des illustrations de livre. Comme il ne pouvait peindre Ă sa guise, il se rĂ©fugia dans le dessin.
Dans les cahiers dâesquisses quâil avait toujours sur lui, il immortalisa les figures caractĂ©ristiques de la Hongrie des annĂ©es cinquante : les intellectuels, les paysans, les hommes du Parti[9]. Ces dessins Ă©lĂ©gants et sensibles offrent Ă voir le monde des concerts, des bains, des tribunaux, des coopĂ©ratives, et des hĂŽpitaux, mais ils laissent aussi transparaĂźtre lâantipathie de leur auteur pour ce rĂ©gime oppressif, comme lâatteste la reprĂ©sentation de ce juge sans visage, ou le sarcasme de cet autoportrait oĂč la figure de lâauteur recouvre en partie lâimage de Staline.
ParallĂšlement Ă ces Ćuvres, Rozsda nâa pas arrĂȘtĂ© de faire des dessins surrĂ©alistes, ceci Ă©tant son seul moyen dâexprimer son dĂ©sir incessant de rĂ©interprĂ©ter le rĂ©el (Conte surrĂ©aliste, 1955). Il eut cependant de plus en plus de mal Ă supporter lâentrave Ă la libertĂ© artistique. Le 13 septembre 1956, soit un mois avant la rĂ©volution, il signa une dĂ©claration commune avec cinq autres artistes. Ils y Ă©crivaient : « Nous sommes quelques-uns en Hongrie, qui nâavons jamais abandonnĂ© la conviction que lâart du XXe siĂšcle remplissait une mission culturelle considĂ©rable. Nous avons continuĂ© notre travail mĂȘme parmi les circonstances les plus difficiles. [...] Pour nous, un artiste moderne, câest quelquâun dont le style appartient au XXe siĂšcle et qui crĂ©e dans ce style des Ćuvres importantes. Nous exigeons donc que lâUnion [des artistes peintres] modifie sa politique Ă notre Ă©gard. [...] Nous aussi avons le droit de pouvoir exposer nos Ćuvres dans des lieux convenables. Nous exigeons le droit de pouvoir exprimer notre opinion sur tous les forums afin que la Hongrie cesse dâĂȘtre artificiellement coupĂ©e de lâĂ©volution artistique[10]. »
Ă la suite de cette dĂ©claration, les artistes signataires ont exposĂ© leurs Ćuvres au musĂ©e Balassi dâEsztergom sous le nom collectif de Hetek (« Les Sept »). Lâexposition fut immĂ©diatement interdite par la censure dâĂtat. Peu aprĂšs, la rĂ©volution a Ă©clatĂ©.
Le surréalisme comme espace de recherche (1957-1967)
AprĂšs lâĂ©crasement de la rĂ©volution de 1956, Endre Rozsda sâenfuit Ă Paris. Le directeur de lâInstitut Français de Budapest lâaida Ă faire sortir ses tableaux clandestinement du pays.
Quelques mois Ă peine aprĂšs son arrivĂ©e Ă Paris, Rozsda put prĂ©senter ses Ćuvres dans lâun des lieux dâexposition les plus importants des surrĂ©alistes, la Galerie Furstenberg. Le catalogue de lâexposition de 1957 fut prĂ©facĂ© par AndrĂ© Breton qui caractĂ©risait ainsi lâart de Rozsda : « Ici se mesurent les forces de la mort et de lâamour : la plus irrĂ©sistible Ă©chappĂ©e se cherche de toutes parts sous le magma des feuilles virĂ©es au noir et des ailes dĂ©truites, afin que la nature et lâesprit se rĂ©novent par le plus luxueux des sacrifices, celui que pour naĂźtre exige le printemps[11]. »
Lâexposition valut Ă Rozsda une large reconnaissance. Un critique estima que grĂące Ă ces Ćuvres automatiques, vibrantes de dĂ©tails vertigineux, le surrĂ©alisme se montrait Ă nouveau sous son jour le plus intense et le plus pĂ©nĂ©trant[12]. En 1960, Rozsda fut invitĂ© Ă participer Ă lâexposition collective intitulĂ© Antagonisme, dont le catalogue fut prĂ©facĂ© par Herbert Read.
Câest Ă cette Ă©poque que Rozsda fit la connaissance de lâhistorien de lâart Arturo Schwarz, qui fut peut-ĂȘtre le plus grand collectionneur dâĆuvres surrĂ©alistes. Câest ainsi que Schwarz se souvint de leur rencontre : « Jâai connu Endre Rozsda au dĂ©but des annĂ©es soixante, ce fut AndrĂ© Breton qui me conseilla dâaller trouver « ce jeune hongrois possĂ©dant la clef dâun monde merveilleux ». Je me souviens exactement de ses paroles parce que, pour AndrĂ©, le terme merveilleux avait une connotation trĂšs particuliĂšre[13]. »
GrĂące Ă cette relation, lâun des tableaux de Rozsda (Les FenĂȘtres) fit partie de lâexposition surrĂ©aliste internationale rĂ©alisĂ©e en 1961 par AndrĂ© Breton et organisĂ©e sous lâĂ©gide de la Galleria Schwarz de Milan[14].
Rozsda a expliquĂ© dans un entretien que le surrĂ©alisme reprĂ©sentait avant tout Ă ses yeux « un espace de recherche » et une stimulation intellectuelle. Sa seconde exposition Ă la Galerie Furstenberg, en 1963, prĂ©senta les rĂ©sultats de ce travail de dĂ©couverte. AprĂšs cela, sa peinture passa par une nouvelle transformation et Ă©volua vers lâabstraction lyrique. Prenant acte de son propre Ă©volution, Rozsda demanda Ă Breton sâil pouvait encore ĂȘtre considĂ©rĂ© comme surrĂ©aliste, et rapporta comme suit la rĂ©ponse de Breton : « Comme ma conception de lâexistence Ă©tait surrĂ©aliste, je lâĂ©tais nĂ©cessairement moi-mĂȘme[3]. »
Au cours des annĂ©es qui suivirent, le tourbillon psychĂ©dĂ©lique des motifs se transforma progressivement sur ses tableaux en structures architectoniques. Ces structures ne sont pas gĂ©omĂ©triques, ni rĂ©guliĂšres, mais donnent toutefois le sentiment dâun certain ordonnancement. Lâobjectif de Rozsda Ă©tait probablement de recrĂ©er un monde qui tombait en miettes dans le cadre dâun systĂšme complexe, bĂąti sur la tension et lâharmonie des couleurs et des formes, oĂč les lois de lâespace habituelle, en trois dimensions, nâauraient plus vigueur, ce qui permettait de faire apparaĂźtre un horizon temporel. Voir par exemple les tableaux suivants : Plein poids dans le rĂȘve (1960), La Tour de Babel (1958-1961), Saphirogramme (1969).
Au-delà du surréalisme (1968-1999)
Il ressort des Ă©crits dâEndre Rozsda que ce qui le prĂ©occupait le plus, câĂ©tait de saisir par sa peinture le temps qui passe, de saisir ce temps quâune conscience subjective peut vivre et parcourir.
Comme lâĂ©crivit lâhistorien de lâart SĂĄndor Hornyik : « Pour Rozsda, la subjectivitĂ© signifie cependant plus que la reprĂ©sentation des sentiments, son but Ă©tant de saisir par des moyens picturaux la conscience humaine, la maniĂšre dont lâhomme crĂ©e son propre univers. Ainsi, lâautre principe directeur de la peinture de Rozsda devint, au lieu de la reprĂ©sentation habituelle de lâespace perspectif, la reprĂ©sentation du temps : un temps disparu et inconcevable. Câest vers cette direction, celle du temps et de lâespace surrĂ©aliste que sâoriente la technique picturale de Rozsda, la structure non-figurative de ses Ćuvres et le choix de faire pivoter le tableau durant son exĂ©cution, mĂ©thode qui annihile en partie lâillusion de la profondeur, tout en la conservant dans certains dĂ©tails, de maniĂšre fragmentaire[15]. »
Ă partir des annĂ©es 1970, les tableaux de Rozsda gagnĂšrent encore en richesse de dĂ©tails. Lâorigine de ce foisonnement, il en donna la clef Ă propos de ses premiĂšres expĂ©riences dâadolescent avec la photographie : « Ă partir de quinze ou seize ans, jâai donc dĂ©veloppĂ© et agrandi moi-mĂȘme mes photos. Petit Ă petit, jâai commencĂ© Ă Ă©prouver une double attirance : je prenais la photo en vitesse pour pouvoir la dĂ©velopper. Je me suis aperçu que lâappareil photo Ă©tait myope, quâil Ă©tait beaucoup plus apte Ă donner une vĂ©ritable beautĂ© par des dĂ©tails, du moins pour moi. Je pense que tout cela, câest la base de ma peinture. Dans ma peinture existe et subsiste cette volontĂ© de faire des dĂ©tails[3]. »
ConformĂ©ment Ă cette ambition, Rozsda Ă©labora la surface de ses tableaux de maniĂšre telle que le spectateur puisse rĂ©ordonner dans son esprit les petits dĂ©tails selon de multiples variations. Le but de lâartiste Ă©tait de rendre le spectateur partie prenante du processus crĂ©atif. Pour ce faire, il dĂ©veloppa une mĂ©thode consistant Ă dĂ©construire dans un premier temps le monde en Ă©lĂ©ments dâune variĂ©tĂ© infinie, figuratifs ou non-figuratifs, pour quâensuite chaque spectateur puisse recrĂ©er un nouvel ensemble selon son propre regard, en faisant appel Ă lâassociation libre et Ă son imagination. Le surrĂ©alisme offrit Ă Rozsda lâoutil qui lui permit dâexprimer en images ses souvenirs et sa fantaisie. Mais ceci ne lui suffisait pas : il souhaitait que le spectateur devienne un partenaire de crĂ©ation, que ce soit son regard qui recrĂ©e le monde effondrĂ© et dĂ©construit.
CâĂ©tait Ă©galement Ă ce moment-lĂ , semble-t-il, quâil trouva le langage pictural qui lui permit dâillustrer les questions existentielles les plus fondamentales. Ses grands tableaux aux thĂšmes mĂ©taphysiques se succĂ©dĂšrent Ă partir du dĂ©but des annĂ©es 1970 : Ăternel MystĂšre de lâexistence (1971), Symbole hermĂ©tique (1974), Dieu (1976), Initiation (1976), Tu mâexpliques ton Dieu (1980). Ces tableaux Ă©taient une tentative ambitieuse de donner Ă sentir, par le biais de la peinture, ces strates de lâexistence que la raison ne peut apprĂ©hender et que la langue ne peut exprimer[16].
« Au fur et Ă mesure des annĂ©es, le langage sâatomise, se stratifie et se dĂ©veloppe. On pourrait mĂȘme dire quâil existe une fragmentation de lâespace sensoriel dont le remplacement progressif par un espace-temps existentiel et personnel fait certainement penser Ă La Recherche du temps perdu de Proust dans le domaine littĂ©raire. Dans ses Ćuvres tardives, le langage du peintre se stylise de plus en plus. Les formes-couleurs existent de plus en plus en soi et pour soi, lâapport subjectif venu de la mĂ©moire est mis en question hiĂ©rarchisĂ© par des contraintes et des impĂ©ratifs catĂ©goriques de nature initiatique et mĂ©taphysique », Ă©crivait Françoise Gilot dans son analyse, ajoutant que ces compositions de plus en plus fermĂ©es demandent du temps et de la patience au spectateur qui souhaite apprĂ©cier leur richesse intrinsĂšque[7].
Ă ce propos, Endre Rozsda dĂ©clarait : « A ceux qui regarderont mes toiles, je voudrais seulement demander de faire comme lâenfant que je fus, de donner assez de temps Ă la contemplation des images que je leur propose pour trouver le sentier qui y mĂšne et permet de sây promener[17]. »
Ćuvre graphique
Dans lâĂ©tude quâil a consacrĂ© Ă lâĆuvre graphique dâEndre Rozsda, Sarane Alexandrian, spĂ©cialiste reconnu du surrĂ©alisme, est parti du constat que contrairement Ă dâautres artistes, chez qui les activitĂ©s de dessinateur et de peintre se rejoignaient, Rozsda Ă©tait, pourrait-on dire, « un artiste double » : « en lui le dessinateur et le peintre sont presque totalement diffĂ©rents, et mĂšnent des activitĂ©s parallĂšles semblant aboutir Ă des univers visuels sans rapport lâun avec lâautre[18] ».
Il est vrai que ce processus de transformation qui mena la peinture de Rozsda du postimpressionnisme au surrĂ©alisme, puis finalement Ă lâabstraction lyrique, ne se retrouve pas dans ses travaux graphiques. Cette partie de son Ćuvre reprĂ©sente un monde autonome nĂ© de cette conception du surrĂ©alisme quâAndrĂ© Breton attribua Ă Rozsda, et que nous avons mentionnĂ©e plus haut. Dans toutes ses pĂ©riodes, Rozsda rĂ©alisa des dessins dâune extraordinaire variĂ©tĂ©, figuratifs autant quâabstraits, ou souvent un mĂ©lange particulier des deux, mais derriĂšre la diversitĂ© thĂ©matique et technique de cette partie de lâĆuvre, on trouve comme fil conducteur cette mĂȘme ambition surrĂ©aliste de libĂ©rer lâimagination et de donner Ă voir les locataires cachĂ©s de la conscience. Cela est vrai autant lorsquâil composa avec une lĂ©gĂšretĂ© raffinĂ©e, et sur le rythme ludique de formes simples, des dessins aux allusions Ă©rotiques, que lorsquâil immortalisa avec une minutie exceptionnelle des visions sombres et tourbillonnantes remplies dâĂȘtres fantastiques[19].
En examinant les diffĂ©rences entre ses peintures et ses Ćuvres graphiques, Sarane Alexandrian mit en exergue un autre trait caractĂ©ristique de Rozsda : « On trouve dans ses dessins une dimension qui semble absente dans sa peinture, ou qui y est si bien cachĂ©e quâon ne lâaperçoit pas au premier regard : lâhumour. Rozsda sait tourner en dĂ©rision, dâun trait de crayon ou de plume, des aspects de la rĂ©alitĂ© quâil observe. [...] Son humour est le plus souvent fantastique et se plaĂźt Ă crĂ©er des types humains dĂ©concertants. Ainsi, il dessine un personnage Ă la bouche en trompette, couvert de seins de femme sur le ventre et les cuisses. Ou encore, une femme grotesque en forme de trapĂšze, du genre de la mĂšre Ubu. Son portrait dâhomme qui bĂąille (ou crie?), la bouche bĂ©ante, avec des plis circulaires sous le menton est aussi tragique que comique. » Et Alexandrian de conclure : « Un tel artiste sut ĂȘtre ambigu et aller jusquâĂ la limite oĂč plaisir et douleur, rire et effroi se touchent[18]. »
Ćuvre photographique
Outre la peinture et le dessin, Rozsda laisse Ă©galement derriĂšre lui une Ćuvre durable dans le domaine de la photographie. Une de ses premiĂšres photos que nous connaissons, un autoportrait rĂ©alisĂ© Ă quatorze ans, laisse prĂ©sager autant de son art photographique que de sa vision picturale ultĂ©rieure. Sur cette photographie dâune composition Ă©tonnamment complexe rĂ©alisĂ©e en 1927, la profondeur du champ disparaĂźt, les divers dĂ©tails apparaissent sur un mĂȘme plan, dont le portait du jeune Rozsda, quâil parvint Ă capter grĂące Ă un systĂšme de reflet[20].
Quand il Ă©tait plus jeune, Rozsda a rĂ©alisĂ© de nombreuses photos Ă sujet social. Son intĂ©rĂȘt se porta plus tard principalement vers des objets quotidiens, comme des fleurs fanĂ©es, quâil rĂ©interprĂ©ta en les Ă©clairant de maniĂšre inhabituelle ou en juxtaposant les photos. Un des sujets quâil photographia le plus Ă©tait toutefois lui-mĂȘme. Les autoportraits, sur lesquels il apparaĂźt souvent multipliĂ©, accompagnent toute son Ćuvre.
Contrairement Ă sa peinture, mais Ă lâinstar de son Ćuvre graphique, ses photographies ne tĂ©moignent pas de changements brusques. Toute sa vie, il a Ă©tĂ© inspirĂ© par la mĂȘme ambition : crĂ©er de nouvelles images par lâobservation des dĂ©tails et lâempilement de diffĂ©rents Ă©lĂ©ments visuels. Pour ce faire, il a souvent photographiĂ© les reflets, les vitrines, les fenĂȘtres. Il aimait exposer plusieurs fois le mĂȘme clichĂ©, souvent en faisant pivoter lâappareil de 90 ou 180 degrĂ©s. Ses photos parmi les plus intĂ©ressantes sont celles oĂč il juxtaposa lâimage dâun de ses tableaux avec celles dâarbres et dâimmeubles voisins de son atelier.
Ces photographies, ces « visions dans la vision » semblent vouloir saisir cet instant Ă©phĂ©mĂšre oĂč la rĂ©alitĂ© de la nature se transmue en rĂ©alitĂ© picturale[21].
Endre Rozsda a légué dans son testament un grand nombre de photos, de négatifs et de diapositives au Musée hongrois de la photographie.
Expositions
Expositions personnelles
- LâĆuvre graphique, Institut Balassi, Bruxelles, 2019
- Rozsda « Retrouvailles », Galerie Les Yeux Fertiles, Paris, 2018
- Le Temps retrouvé, Orangerie du Sénat - Jardin du Luxembourg, Paris, 2017
- Initiation, Ambassade de France et Galerie VĂĄrfok, Budapest, 2017
- Centenaire Rozsda, Galerie Nationale Hongroise, Budapest, 2013
- Rozsda intime, Galerie La Hune Brenner, Paris, 2009
- Traces de mĂ©moire, 50e anniversaire de la RĂ©volution Hongroise, lâUniversitĂ© Centrale EuropĂ©enne, Budapest, 2006
- Un Peintre photographe, Maison des Photographes Hongrois, Budapest, 2006
- L'Ćil en fĂȘte, Palazzo Falconieri, Rome, 2004
- A Painter's trajectory, Université de New-York, New York, 2003
- RĂ©trospective de l'Ćuvre graphique, MusĂ©e des Beaux-Arts, Budapest, 2001
- L'Homme amoureux, Galerie VĂĄrfok, Budapest, 1999
- RĂ©trospective de l'Ćuvre peint, Grand Palais (MƱcsarnok), Budapest, 1998
- Rozsda, Espace Bateau-Lavoir, Paris, 1997, 1993, 1987, 1985, 1984
- Galerie Maguy-Marraine, Lyon, 1991
- Galerie Jacqueline Schotland, BĂąle, 1982
- The Vincent Mann Gallery, New Orleans, USA, 1977
- Gallery 8, Claremont, USA, 1977
- Salons de lâHĂŽtel Amigo, Bruxelles, 1970
- International Gallery, Cleveland, USA, 1966
- Endre Rozsda, Galerie Furstenberg, Paris, 1963, 1957
- Galerie TamĂĄs, Budapest, 1936
Expositions collectives
- Surréalisme - La troisiÚme saison (1945-1966), Galerie Les Yeux Fertiles, Paris, 2019
- Orient Express, Galerie Hervé Courtaigne, Paris, 2017
- Dada et Surrealism - Ćuvres choisies de la collection du MusĂ©e dâIsraĂ«l, Galerie Nationale Hongroise, Budapest, 2014
- La Shoah et les arts, Institut hongrois, Paris, 2014
- Artistes hongrois aprĂšs-guerre Ă Paris, Galerie Le Minotaure, Paris, 2013
- Artistes du Bateau Lavoir, Galerie La Hune Brenner, Paris, 2010
- Repartir à zéro. 1945-1949, Musée des Beaux-Arts, Lyon, 2008
- Moi! Autoportraits du XXe siÚcle, Musée du Luxembourg, Paris, 2004
- Die SĂŒrrealisten, Schirn Kunsthalle, Francfort, 1990
- I Surrealisti, Palazzo Reale, Milan, 1989
- Le Surréalisme 1922-1942, Haus der Kunst, Munich / Musée des Arts décoratifs, Paris, 1972
- Der Geist der Surrealismus, Galerie Baukunst, Cologne, 1971
- Le Surréalisme, Galerie Charpentier, Paris, 1964
- Exposition internationale du Surréalisme, Galerie Schwarz, Milan, 1961
- Anatagonismes, Musée des arts Décoratifs, Paris, 1960
- Comparaisons, MusĂ©e dâArt Moderne, Paris, 1959
- JĂŒunger Maler der Gegenwart, KĂŒnstlerhaus, VienneJĂŒngere Maler der Gegenwart, KĂŒnstlerhaus, Vienne, 1959
- Exposition des sept, Balassi MĂșzeum, Esztergom, Hongrie, 1956
- LâĂcole europĂ©enne, Budapes, 1946-1948
Collections publiques
- Centre Georges Pompidou, Paris[22]
- Musée des beaux-arts de Dijon
- MusĂ©e d'art moderne de Saint-Ătienne
- Musée d'art moderne André Malraux, Le Havre[23]
- Mobilier national, Manufacture des Gobelins, Paris
- Fonds National dâArt Contemporain, Paris
- MAM, Paris
- Musée des Beaux-Arts, Budapest
- Galeries Nationales Hongroise, Budapest[24]
- Musée Kiscelli, Budapest
- Musée Ludwig, Budapest[25]
- Musée Hongrois de la Photographie
- Galerie Nationale dâArt Moderne et Contemporain, Rome
- Israël Museum, Jérusalem[26]
Notes et références
- Relevé des fichiers de l'Insee
- Endre Rozsda, Mes pensées, In: Rozsda Endre, MƱcsarnok, Budapest, 1998
- Entretiens avec Endre Rozsda, In: Rozsda Endre, MƱcsarnok, Budapest, 1998
- Krisztina Passuth, Endre Rozsda, In: Rozsda Endre, MƱcsarnok, Budapest, 1998
- Pesti NaplĂł, 26 avril 1936
- Françoise Gilot, Un peintre pour les peintres, in: Rozsda 100, Vårfok Galéria, Budapest, 2013
- Plaisir des yeux In: Hamvas Béla - Kemény Katalin, Forradalom a mƱvészetben, Pannónia Könyvek, Pécs, 1989.
- György Péter-Pataki Gåbor, Az Európai Iskola, Corvina, Budapest, 1990
- André Breton, « Endre Rozsda », In: Le surréalisme et la peinture, Gallimard, Paris, 1965
- RĂłna Kopeczky â BorbĂĄla KĂĄlmĂĄn, Rozsda et son temps â une histoire des coulisses, In: Le Temps retrouvĂ©, Galerie Nationale Hongroise, Budapest, 2013
- Arturo Schwarz, Souvenir dâEndre Rozsda, in: Rozsda 100, VĂĄrfok GalĂ©ria, Budapest, 2013
- http://www.rozsda.com/exposition-internationale
- Såndor Hornyik, Amour sacré, Amour profane ; Endre Rozsda et le surréalisme des années 1940, In: Rozsda 100, Vårfok Galéria, Budapest, 2013
- http://www.rozsda.com/transcendance
- Endre Rozsda, Souvenirs, In: Rozsda Endre, MƱcsarnok, Budapest, 1998
- Sarane Alexandrian, Lettres du peintre Ă lui-mĂȘme, In: Rozsda, MusĂ©e des Beaux-Arts, Budapest, 2001
- http://www.rozsda.com/dessins
- http://www.rozsda.com/photo-autoportraits
- http://www.rozsda.com/photo-superposition
- https://www.centrepompidou.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_R-ffde9a4dad5b8df0e4db60cfa27479c¶m.idSource=FR_O-dd613a3de5b3871b7662aa422c698a6
- http://www.muma-lehavre.fr/fr/expositions/la-donation-de-la-collection-dedouard-senn/en-images
- http://www.szepmuveszeti.hu/lista?search_text=rozsda+endre&search_inventory_number=
- https://www.ludwigmuseum.hu/en/author/rozsda-endre
- http://museum.imj.org.il/imagine/dada_surrealism/item.asp?table=comb&itemNum=194447
Annexes
Bibliographie
- André Breton, Le Surréalisme et la Peinture, Paris, Gallimard, 1965
- Maurice Henry, Antologia del surrealismo, Gabriele Mazzotta editore, 1972
- Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et ses environs, Paris, PUF, 1982
- Sarane Alexandrian, AndrĂ© Breton, Dominique Desanti, PĂ©ter EsterhĂĄzy, Françoise Gilot, Ădouard Jaguer, François Lescun, Joyce Mansour, Erik Orsenna, David Rosenberg (Ă©d.), Rozsda, l'Ćil en fĂȘte, Paris, Somogy Ă©ditions d'art, 2002
- Sarane Alexandrian, Les Peintres surréalistes, Paris, Hanna Graham, 2009
- Arturo Schwarz, Françoise Gilot, Såndor Hornyik, József Készman, Péter Esterhåzy, Borbåla Kålmån, Rozsda 100, Budapest, Galerie Vårfok, 2013
- Mélusine numérique no 1, Endre Rozsda, articles réunis par Françoise Py et José Mangani, éditions Mélusine, 2019
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Delarge
- (en) MutualArt
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- Site consacré à l'artiste
- Galerie Les Yeux Fertiles, Paris
- Galerie VĂĄrfok, Budapest
- Atelier André Breton