Endocaste
Un endocaste est le moulage interne d'un espace creux. Il s'agit souvent d'une boite crĂąnienne. Les endocastes sont utilisĂ©s pour l'Ă©tude de l'Ă©volution du cerveau[1], objet de la palĂ©oneurologie. Les endocastes peuvent ĂȘtre fabriquĂ©s artificiellement pour examiner les propriĂ©tĂ©s d'un espace creux et inaccessible, ou ils peuvent se produire naturellement par fossilisation.
Endocaste crĂąnien
Moulages artificiels
Les endocastes de l'intĂ©rieur de la boĂźte crĂąnienne (neurocrĂąne) sont souvent rĂ©alisĂ©s en palĂ©oneurologie pour Ă©tudier les structures cĂ©rĂ©brales et la spĂ©cialisation hĂ©misphĂ©rique d'espĂšces Ă©teintes, par exemple celles des ancĂȘtres de la lignĂ©e humaine. Bien qu'un endocaste ne puisse pas rĂ©vĂ©ler directement la structure du cerveau[1], il peut permettre aux scientifiques d'Ă©valuer la taille des zones du cerveau situĂ©es prĂšs de la surface, notamment celles de Wernicke et de Broca, responsables de l'interprĂ©tation et de la production de la parole.
Traditionnellement, le matĂ©riau de coulĂ©e est une sorte de caoutchouc ou un matĂ©riau semblable. Les ouvertures de la cavitĂ© cĂ©rĂ©brale, Ă l'exception du foramen magnum, sont fermĂ©es, et le caoutchouc liquide est coulĂ© dans la boite crĂąnienne vide, puis durci. La sphĂšre creuse rĂ©sultante peut alors ĂȘtre extraite comme un ballon Ă travers le foramen magnum[2]. Les endocastes en caoutchouc Ă©taient la pratique courante jusqu'Ă la fin du XXe siĂšcle et sont encore utilisĂ©s dans certains domaines. Aujourd'hui, les scientifiques utilisent de plus en plus la technologie de tomographie informatisĂ©e pour crĂ©er des endocastes numĂ©riques qui prĂ©sentent l'avantage d'Ă©viter de risquer d'endommager des spĂ©cimens prĂ©cieux[3].
Endocastes naturels
L'endocaste crùnien naturel est un moulage de la boite crùnienne formé naturellement au cours de la fossilisation. L'Enfant de Taung, premier AustralopithÚque découvert (en 1924), consiste en un endocaste naturel relié à la partie faciale du crùne. La forme du cerveau a contribué à convaincre Raymond Dart que le fossile était celui d'un parent de l'Homme plutÎt que celui d'un Hominidae éteint plus éloigné[4].
Les endocastes de mammifĂšres sont particuliĂšrement utiles, car ils ressemblent au cerveau vivant avec la dure-mĂšre en place. Des « cerveaux fossiles » de plusieurs centaines d'espĂšces de mammifĂšres ont Ă©tĂ© dĂ©couverts[1]. Plus d'une centaine de moulages naturels de la boite crĂąnienne de Bathygenys (un petit Artiodactyle de l'ĂocĂšne) sont connus, certains ayant des caractĂ©ristiques identifiables jusqu'aux principales circonvolutions cĂ©rĂ©brales[5]. Plusieurs centaines de moulages de dinosaures divers sont connus, dont une boite cĂ©rĂ©brale de Tyrannosaurus, montrant que l'animal avait une intelligence limitĂ©e et un odorat bien dĂ©veloppĂ©[6]. Le plus ancien endocaste crĂąnien naturel connu est un cerveau d'un poisson fossile HolocĂ©phale, vieux de 300 millions d'annĂ©es[7].
Autres endocastes
Les fossiles d'endocastes d'animaux dont les coquilles se dĂ©sintĂšgrent ou se dissolvent facilement peuvent souvent ĂȘtre trouvĂ©s libres de leur coquille, comme les coquilles d'aragonite de certains mollusques et d'oursins. Une forme frĂ©quente est le moulage interne des brachiopodes et des bivalves. Dans le genre assez symĂ©trique des brachiopodes Pentamerus, l'endocaste ressemble Ă une vulve, donnant Ă ces fossiles le nom de Schamstein ou Mutterstein (« pierre de la honte » ou « pierre de la mĂšre » en allemand), alors que certains endocastes bivalves sont traditionnellement connus sous le nom de cĆur de pierre ou de cĆur de taureau en Grande-Bretagne[8]. La vĂ©nus de Svinesund, une figurine de VĂ©nus mĂ©solithique prĂ©coce de NorvĂšge, est un endocaste bivalve ordovicien retravaillĂ©[9]. Les endocastes sont Ă©galement connus pour se dĂ©velopper Ă partir de coquilles d'escargots et d'oursins, et mĂȘme Ă partir du creux de l'estomac des mĂ©duses, un groupe qui laisse rarement des traces fossiles.
Les endocastes artificiels sont parfois fabriquĂ©s Ă partir de vaisseaux sanguins pour des raisons mĂ©dicales ou anatomiques. Le vaisseau sanguin d'un organe (par exemple le cerveau ou le foie) est injectĂ© avec une rĂ©sine. Lorsqu'il est fixĂ©, l'organe lui-mĂȘme est dissous, ce qui laisse une image tridimensionnelle de l'apport sanguin Ă l'organe.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Endocast » (voir la liste des auteurs).
- (en) Jerison, H.J., « Paleoneurology: The study of brain endocasts of extinct vertebrates », sur brainmuseum.org (consulté le )
- (en) Christopher McGowan, Dinosaurs, Spitfires, and Sea Dragons, Harvard University Press, , 365 p. (ISBN 978-0-674-20770-7, lire en ligne)
- (en) M. K. Brett-Surman, Thomas R. Holtz Jr et James O. Farlow, The Complete Dinosaur, Second Edition, Indiana University Press, , 1128 p. (ISBN 978-0-253-00849-7 et 0-253-00849-2, lire en ligne)
- (en) « Raymond Dart and our African origins », sur www.press.uchicago.edu (consulté le )
- (en) Wilson, John Andrew., « Early Tertiary vertebrate faunas, Vieja Group Trans-Pecos Texas: Agriochoeridae and Merycoidodontidae. », exas Memorial Museum, The University of Texas at Austin,â
- (en) « Harry J Jerison », Dinosaur Brains,â (lire en ligne)
- « Oldest Fossil Brain Find Is 'Really Bizarre' », Live Science,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (de) Wiener Zeitung Online, « Museum - Wiener Zeitung Online », sur Museum - Wiener Zeitung Online (consulté le )
- (en) HĂ kon GlĂrstad, Hans Arne Nakrem & Vanja TĂrhaug, « Nature in society: reflections over a Mesolithic sculpture of a fossilised shell », Norwegian archaeological review,â , p. 95-110 (lire en ligne)