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Empire du Macina

L’empire du Macina (parfois Masina ou Maasina), appelĂ© aussi la Diina, est un empire peul thĂ©ocratique fondĂ© en 1818 par le marabout peul SĂ©kou Amadou du clan des Barry et qui sera dĂ©truit par l'invasion des Toucouleurs sous la conduite d'El Hadj Omar en 1868. Son cƓur Ă©tait le Macina, qui dĂ©signe toute la zone inondĂ©e du delta intĂ©rieur du Niger, c'est-Ă -dire la zone comprise entre les cercles de Mopti, TĂ©nenkou et Youwarou[1]. Il s’étendait plus largement de Tombouctou au nord, au pays Mossi au sud, de la Mauritanie Ă  l’est Ă  la rĂ©gion de Mopti, et avait Hamdallaye comme capitale.

Empire du Macina

1818–1862

Drapeau
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Empire peul du Macina vers 1830 aux cÎtés des autres empires et royaumes peuls
Informations générales
Statut Théocratie
Capitale Hamdallaye
Langue(s) Peul de Maasina
Bambara
Religion Islam
Histoire et événements
1818 battaille contre les Ardos, alliés du roi de Ségou
1862 El Hadj Oumar Tall s'empare de Djenné et de Hamdallaye
Empereur
1818-1845 SĂ©kou Amadou
1845-1852 Amadou SĂ©kou (Amadou II)
1852-1862 Amadou Amadou (Amadou III)

Entités suivantes :

Territoire actuellement au Drapeau du Mali Mali

Histoire

Les Peuls, venus du Fouta Toro, se sont installés dans la région vers la fin du XIVe siÚcle. Au début du XIXe siÚcle, les « Satigué Ardos », chefs de clan peuls, de clan Dicko, contrÎlent la région.

Sékou Amadou, membre de la confrérie soufie Qadiriyya[2] et exilé à Noukouma aprÚs avoir eu un conflit avec les oulémas de Djenné, y livre sa premiÚre bataille en 1818 contre les Ardos, alliés au fama (roi) de Ségou. Cette victoire le conduit à déclarer le jihad et à conquérir Djenné un an plus tard en 1819.

Il fonde alors un empire thĂ©ocratique qu’il nomme Diina (« la religion » en arabe dĂ©formĂ©) avec une nouvelle capitale, Hamdallaye (« Dieu soit louĂ© »). Il ordonne que la grande mosquĂ©e, construite par le roi Koi Koumboro, soit abandonnĂ©e, et en fait Ă©difier une nouvelle. Il dĂ©veloppe l’enseignement coranique. La Diina est plus un royaume qu'un vĂ©ritable empire. Son autoritĂ© s'Ă©tend des actuelles rĂ©gions maliennes de Mopti, le nord de la rĂ©gion de SĂ©gou, jusqu'Ă  Tombouctou, avec frontiĂšre avec les États mossis au nord du Burkina Faso.

Alors que son fondateur est membre de la Qadiriyya, l'empire est régi par une application rigoureuse de la charia malékite[3] et se montre particuliÚrement intolérant vis-à-vis des non musulmans[2]. Le cheikh al-Bakkay, chef spirituel de la Qadiriyya et petit-fils de Sidi al-Muងtar, tentera d'ailleurs en vain de rappeler à Amadou Sekou, fils de Sékou Amadou, les principes de leur tarßqa, à savoir la tolérance et la paix avec les musulmans et les non musulmans[2].

L’économie repose sur l’élevage bovin et ovin. SĂ©kou Amadou impose aux nomades peuls la sĂ©dentarisation. Les populations bambaras, soninkĂ©es, bwa, dogons, et peuls animistes, sont rĂ©duites en esclavage et travaillent dans l’agriculture. Pour dĂ©velopper le commerce, SĂ©kou Amadou uniformise les unitĂ©s de mesure sur le territoire de l’empire. Les royaumes bambaras de SĂ©gou et du Kaarta, rĂ©sistants, Ă©chappent Ă  l'autoritĂ© de la Diina.

En 1844, Ă  la mort de SĂ©kou Amadou, son fils Amadou SĂ©kou puis son petit-fils Ahmadou Ahmadou en 1852 dirigent l'empire.

En 1862, l’empire, encore prospĂšre, est attaquĂ© par l’empereur toucouleur El Hadj Oumar Tall, qui s’empare de DjennĂ© et d’Hamdallaye, et met fin Ă  l'empire du Macina.

En 1887, le capitaine français Louis-Gustave Binger situe Macina prÚs de Bandiagara.

Organisation politique

Dans la nouvelle capitale, Hamdallaye (« Dieu soit loué ») siÚge le conseil de la diina, composé de quarante chefs religieux et militaires, placé sous l'autorité de Sékou Amadou.

Il divise son empire en cinq régions[4] :

  • Le DiennĂ©ri, entre le Niger et le Bani
  • Le Fakala-Kunari qui s’étend de la rive droite du Bani et du Niger jusqu’à Konna au nord et jusqu’au plateau rocheux Ă  l’est
  • Le Hayre-Sine qui se trouve dans l’arriĂšre-pays du Kunari et du Fakala
  • Le Macina sur la rive gauche du Niger
  • Le Nabbe-Dubbe, allant du nord du lac Debo jusqu’à Tombouctou.

Un amiru, qui Ă©tait un gouverneur qui est aussi chef militaire et reprĂ©sentant de l’empereur au niveau rĂ©gional, Ă©tait placĂ© Ă  la tĂȘte de chaque rĂ©gion. Il Ă©tait assistĂ© par un conseil religieux, judiciaire et technique[4].

L'unité politique de base est le village, dirigée par un Jooro si ce dernier un Peul noble, par un Jom Saare si c'est un Peul rimaïbé, par un amiru daaka si c'est un Bozo et enfin par un amiru saare s'il n'est ni Peul, ni Bozo[4]. Plusieurs villages forment un canton, et plusieurs canton une province (leydis).

Problématique pastorale

Dans le delta intĂ©rieur du Niger, trois systĂšmes d’exploitation des ressources naturelles cohabitent, Ă  la fois complĂ©mentaire et rivaux : l’agriculture, l’élevage et la pĂȘche[4]. Pour Ă©viter les conflits trop frĂ©quents, l'empire peul du Macina va mettre en place une organisation sociale, politique et Ă©conomique sophistiquĂ©e assurer le chassĂ©-croisĂ© des uns et des autres en fonction de la hauteur de la crue[5] et qui va constituer un legs majeur pour la rĂ©gion[4].

Il organisa la sĂ©dentarisation forcĂ©e des habitants dans les villages, procĂ©da au dĂ©coupage de l’espace en territoires agro-pastoraux (leyde) et rĂ©glementa l’activitĂ© pastorale en Ă©tablissant des pistes de transhumance et des prĂ©sĂ©ances d’accĂšs aux pĂąturages[6]. Les pouvoirs de surveillance, de contrĂŽle et de gestion des terres importants sont dĂ©lĂ©guĂ©s aux Jooro, propriĂ©taires coutumiers, perçus et reconnus comme les reprĂ©sentants de l’amiru provincial[4].

Le ÆŽaaral et le degal, les fĂȘtes de transhumance annuelles peules du delta intĂ©rieur du Niger, dateraient de la mĂȘme Ă©poque[7].

Les mesures prises Ă  cette Ă©poque vont rester les rĂ©fĂ©rences rĂ©gissant l’utilisation des terres, de l’eau et des pĂąturages[7], tout particuliĂšrement le rĂŽle des Jooro comme gestionnaires coutumiers des pĂąturages. C’est autour de ces maĂźtres de la terre et des pĂąturages, vĂ©ritables « cadastres vivants », que les autres lignages se sont regroupĂ©s[6]. Les Jooro touchent la redevance de pĂąturage (conngi), dont une partie est reversĂ© Ă  la Diina[7].

Notes et références

  1. Adam Thiam, « Centre du Mali : enjeux et dangers d'une crise nĂ©gligĂ©e », Rapport du Centre pour le dialogue humanitaire,‎ (lire en ligne)
  2. Hamadou Boly (dir. Eric Geoffroy), Le soufisme au Mali du XIXe siÚcle à nos jours, Strasbourg, Université de Strasbourg (thÚse de doctorat en Langues et littératures étrangÚres), 2013, 406 p. [fiche sur la BiAA (page consultée le 20 mai 2018)]
  3. Adam Ba Konaré, « Panorama historique », in Littérature malienne, au carrefour de l'oral et de l'écrit, Notre librairie, n°75-76, juillet-octobre 1984, cité par Véronique Petit, « Migrations et société Dogon », L'Harmattan, 1998, p.18.
  4. Poudiougou Ibrahima, « A qui appartiennent les terres dans le delta intĂ©rieur du Niger : aux notables, Ă  l’Etat ou Ă  Dieu ? », sur researchgate.net/,
  5. Marie-Laure De Noray, « Delta intĂ©rieur du fleuve Niger au Mali – quand la crue fait la loi : l’organisation humaine et le partage des ressources dans une zone inondable Ă  fort contraste. », VertigO - la revue Ă©lectronique en sciences de l'environnement, no Volume 4 NumĂ©ro 3,‎ (ISSN 1492-8442, DOI 10.4000/vertigo.3796, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. Kadidia Nianti BouarĂ©-Trianneau, « Le riz et le bƓuf, agro-pastoralisme et partage de l’espace dans le Delta intĂ©rieur du Niger (Mali) », Les Cahiers d’Outre-Mer. Revue de gĂ©ographie de Bordeaux, vol. 66, no 264,‎ , p. 423–444 (ISSN 0373-5834, DOI 10.4000/com.6993, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. AnaĂŻs Leblon, « Le patrimoine pastoral au prisme de la dĂ©centralisation politique. Les fĂȘtes du yaaral et du degal au Mali », GĂ©ographie et cultures, no 79,‎ , p. 11–28 (ISSN 1165-0354, DOI 10.4000/gc.362, lire en ligne, consultĂ© le )

Bibliographie

  • Amadou HampĂątĂ© BĂą et Jacques Daget, L'empire peul du Macina, 1818-1853, Mouton, Paris, La Haye, 1962, 309 p.
  • (en) William A. Brown, « Toward a chronology for the Caliphate of Hamdullahi (Māsina) Â», in Cahiers d'Ă©tudes africaines, 1968, 8 (31), p. 428–434
  • (en) Martin Klein, « Slavery and Colonial Rule in French West Africa Â», Cambridge University Press, 1998 (ISBN 0-521-59678-5).
  • Bintou Sanankoua, Un empire peul au XIXe siĂšcle. La Diina du Maasina, Ă©ditions Karthala ACCT, Paris, 174 p. (ISBN 978-286537234-8).
  • Ismail Traore, Les relations Ă©pistolaires entre la famille Kunta de Tombouctou et la Dina du Macina (1818-1864), École normale supĂ©rieure, Lyon, 2012 (thĂšse)

Articles connexes

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