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Edmond Debeaumarché

Biographie

Se destinant à l'aviation, sa vocation de pilote est brisée par une vue trop faible. Il entre alors par concours aux Postes, télégraphes et téléphones (PTT).

Mobilisé en septembre 1939 en qualité de sergent radio dans l'Armée de l'Air, il est démobilisé en juin 1940 et, refusant la défaite, entreprend ses premiÚres actions de résistance.

RĂ©sistance

Au MinistÚre des PTT, Ernest Pruvost, assisté de Simone Michel-Lévy et de Maurice Horvais, tous trois rédacteurs, créent un groupe de Résistance de niveau national baptisé ACTION PTT, auquel il se joindra un peu plus tard.

En 1942, il crĂ©e l’État-Major PTT (EM-PTT), aussi appelĂ© « RĂ©sistance PTT » ou « Service transmissions », en zone Nord. Les milieux rĂ©sistants socialistes se regroupent ensuite, Action PTT et État-major PTT se rassemblent en 1943 dans RĂ©sistance PTT.

L’EM-PTT prend en main les liaisons postales de la "ConfrĂ©rie Notre-Dame" (CND), le rĂ©seau de renseignement crĂ©Ă© par le Colonel RĂ©my, et s’associe, avec un objectif plus militaire, avec l’Organisation civile et militaire (OCM)[2]. En juillet 1943, le service des Ambulants qu'il a crĂ©Ă© pour l’acheminement du courrier clandestin touche la Normandie.

« Les courriers et le matĂ©riel arrivant de Londres par voie maritime Ă©taient transportĂ©s depuis Pont-Aven jusqu’au plus proche ambulant qui les enfermait dans un sac postal plombĂ©. À Paris, ce sac Ă©tait chargĂ© dans une camionnette des PTT qui en faisait la livraison Ă  l’adresse indiquĂ©e. Le mĂȘme procĂ©dĂ© Ă©tait employĂ© pour nos courriers Ă  destination de l’Angleterre, et la chose devenait plus simple encore s’il s’agissait d’une opĂ©ration aĂ©rienne : une camionnette des PTT, qui Ă©tait autorisĂ©e Ă  circuler partout, Ă  toute heure de jour ou de nuit, se rendait Ă  proximitĂ© du terrain, emportant le courrier et les passagers «dĂ©part» et ramenait le courrier et les passagers « arrivĂ©e ». »

— Colonel RĂ©my

Edmond DebeaumarchĂ© dit « DURY » alias « l'Ami », et ses ambulants, les L.S.G.D. (Lignes Souterraines Ă  Grande Distance), assurent le transport de l’ensemble du courrier des organisations de RĂ©sistance[3].

Jour J

AprÚs une premiÚre arrestation par la Gestapo le 2 janvier 1944, il réussit à se procurer les trois codes secrets de codification utilisés par la Milice française de Darnand et les utilise pour déchiffrer les copies de tous les télégrammes chiffrés qui transitent par le central télégraphique de Paris et les fait passer aux services secrets britanniques (SOE). Le Jour J, il assure toutes les destructions et sabotages des voies de communications téléphoniques prévues par le plan "Violet", son plan de sabotage des télécommunications de l'ennemi adopté par les Anglais pour accompagner le débarquement allié en Normandie[4].

DĂ©portation

Amoncellements de cadavres dans la cour du camp de Dora-Nordhausen lors de sa libération par les Alliés le 12 avril 1945.

De nouveau arrĂȘtĂ© le 3 aoĂ»t 1944, il est emmenĂ© au 11 rue des Saussaies, siĂšge de la Sipo (police de sĂ»retĂ©) - SD (Service de sĂ©curitĂ©), qui comprenait dans ses services, la section IV connue sous le nom de Gestapo, oĂč il est interrogĂ© par le capitaine Wagner lui-mĂȘme qui brisera deux nerfs de bƓuf au cours de cet "entretien". Pendant plusieurs jours, l'hĂ©roĂŻque postier connaĂźtra toutes les tortures de la Gestapo : baignoire, pendaison par les pieds, volĂ©es de laniĂšres en cuir sur les chairs Ă  vif, matraquages, tortures psychologiques vis Ă  vis de ses camarades libres ou incarcĂ©rĂ©s, de sa famille, de la Nation[5], etc. Il n'indiquera jamais les lieux de rassemblement et de tri des courriers, pas plus qu'il ne citera le moindre nom[6]. Il confiera aprĂšs la guerre : "je n'ai jamais eu conscience d'ĂȘtre un hĂ©ros, mais seulement un homme qui, Ă  un moment donnĂ©, s'est dressĂ© contre une insulte Ă  sa dignitĂ© d'homme. C'est un rĂ©flexe qui m'a permis de tenir"[5].

Le 15 aoĂ»t 1944, jour du dĂ©barquement alliĂ© en Provence (nom de code Anvil Dragoon[7]) est aussi le jour ou les Allemands forment le dernier convoi[8] massif de dĂ©portation de la rĂ©gion parisienne[9] - [10]. Le 10 aoĂ»t les cheminots parisiens entamaient une grĂšve qui retardera le convoi prĂ©vu pour le 12[11] - [12]. Dans la nuit du 12 au 13, c'est la RĂ©sistance qui dĂ©truit les installations de la gare de l’Est. Il est alors dĂ©portĂ© le 15 aoĂ»t 1944 sur Buchenwald[13] matricule "77119"[14], puis transfĂ©rĂ© Ă  Dora[15] le 2 septembre 1944[16] - [17].

Avec Marcel Petit, le gĂ©nĂ©ral Louis Gentil, Émile Bollaert, Richard Pouzet, des TchĂšques dont le mĂ©decin Jan Cespiva, il est des principaux instigateurs de ce qu'on a appelĂ© le complot de Dora. DĂ©couvert, il est InternĂ© Ă  Nordhausen et condamnĂ© Ă  mort par pendaison le 11 novembre 1944 mais la sentence n'est pas exĂ©cutĂ©e. TransfĂ©rĂ© de nouveau Ă  Dora le 17 mars 1945 il est libĂ©rĂ© le par la 11e division blindĂ©e britannique. Il devance ses camarades pour organiser, assistĂ© de trois d’entre eux, leur dĂ©filĂ© sur les Champs-ÉlysĂ©es le oĂč ils sont accueillis par le gĂ©nĂ©ral KƓnig, alors gouverneur militaire de Paris[18].

AprĂšs la Seconde Guerre mondiale

Le lieutenant-colonel de réserve (Transmissions) Edmond Debeaumarché est membre de l'Assemblée consultative en 1945[19], délégué au titre des prisonniers et déportés

Président de l'Union nationale des associations de déportés, internés et familles de disparus, il consacre son action en faveur des déportés, des veuves et des orphelins.

Il exerce la fonction de directeur de cabinet ou de chef de cabinet du ministre des P.T.T.Jean Letourneau du 26 janvier 1946 au 16 décembre 1946 et à nouveau directeur de cabinet ou de chef de cabinet du ministre des P.T.T.EugÚne Thomas jusqu'au 7 février 1950[20].

Il exclut du Parti socialiste Paul Rassinier, Ă  la date du 19 avril 1951, la SFIO considĂ©rant que la collaboration de Rassinier avec Albert Paraz (qui Ă©crit la prĂ©face de Le Mensonge d'Ulysse, paru en octobre 1950) ne peut ĂȘtre admise (Paraz participe alors Ă  la revue d'extrĂȘme droite Rivarol).

« Que si cet écrivain a cru pouvoir tourner en ridicule les résistants en général, se gausser de leurs sacrifices et de leurs souffrances, leur attribuer les ambitions les plus fantaisistes, cela ne regarde que lui, et la Commission nationale des Conflits n'a pas à le juger, Mais considérant que si Rassinier se défend de partager le point de vue de M. Paraz ou son opinion sur la Résistance, il n'en a pas moins accepté de faire précéder son ouvrage d'une préface qui constitue une atteinte intolérable à l'honneur des résistants, ce qu'aucun socialiste sincÚre ne saurait admettre ou excuser, Considérant qu'une telle préface n'est en fait qu'un moyen de publicité utilisé pour attirer l'attention du public sur l'ouvrage de Paul Rassinier et en faciliter la vente. »[21]

  • 21 janvier 1954 : Inspecteur principal des PTT Ă  la direction dĂ©partementale de Dijon (poste et bĂątiments), pour une pĂ©riode de cinq ans, dĂ©tachĂ©, Ă  compter du 1er janvier 1954, auprĂšs du ministĂšre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, pour exercer les fonctions d’inspecteur gĂ©nĂ©ral[22].
  • 2 juin 1954 : Inspecteur principal Ă  Paris ligne de l’Ouest (changement de branche), et maintenu en cette qualitĂ© dans sa position actuelle de dĂ©tachement auprĂšs du ministĂšre des Anciens Combattants[22]
  • 8 fĂ©vrier 1956 : Directeur dĂ©partemental, titularisĂ© dans le grade correspondant et maintenu en sa nouvelle qualitĂ©, dans sa position actuelle de dĂ©tachement[22] [cf. B.A. 1956 (cabinet du Ministre)]
  • 21 fĂ©vrier 1956 : rĂ©intĂ©grĂ© dans les cadres de l’administration des PTT en qualitĂ© de directeur dĂ©partemental des PTT et Ă  compter de la mĂȘme date, dĂ©tachĂ© jusqu’au 31 dĂ©cembre 1958, auprĂšs du ministĂšre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, pour exercer les fonctions d’inspecteur gĂ©nĂ©ral de cadre temporaire[22]
  • 15 octobre 1957 : intĂ©grĂ© dans le corps de l’inspection gĂ©nĂ©rale du ministĂšre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en qualitĂ© d’inspecteur gĂ©nĂ©ral
  • 9 janvier 1959 : Inspecteur gĂ©nĂ©ral au ministĂšre des Anciens combattants[22]

Il dĂ©cĂšde le 28 mars 1959, Ă  Suresnes. Ses obsĂšques ont Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©es dans la cour d’honneur des Invalides. Il est inhumĂ© au cimetiĂšre des PĂ©joces Ă  Dijon[23].

Distinction

Hommages et postérité

  • Ses obsĂšques ont Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©es Ă  Paris dans la cour d'honneur des Invalides.
  • Sa tenue de dĂ©portĂ© est exposĂ©e au musĂ©e de l'Ordre de la LibĂ©ration.
  • À Pantin et Ă  Nanteuil(lequel ?) une commĂ©moration le 16 aoĂ»t perpĂ©tue le souvenir des dĂ©portĂ©s du « dernier convoi »[24] - [25].
  • Un square porte son nom Ă  Dijon 47° 18â€Č 46,61″ N, 5° 03â€Č 00,8″ E.
  • Une plaque commĂ©morative en sa mĂ©moire est apposĂ©e Ă  Dijon.
  • Une rue porte son nom Ă  Mantes-la-Ville.48° 58â€Č 31,89″ N, 1° 42â€Č 27,01″ E.
  • Son engagement est saluĂ© par l'Ă©mission, le 26 mars 1960, d'une enveloppe « premier jour » illustrĂ©e Ă  son nom[26] et l'Ă©dition d'un timbre commĂ©moratif Ă  son effigie — au sein d'une sĂ©rie de cinq timbres « HĂ©ros de la RĂ©sistance » Ă©mis le 28 mars 1960 et retirĂ©s de la vente le 10 septembre suivant[27].

Articles connexes

Notes et références

Notes

    .

    Références

    1. Tenue de déporté d'Edmond Debeaumarché numéro matricule 77119
    2. philippe lecler, « AbĂ©cĂ©daire... C comme comme CARREAUX (Achille) - Ardenne, tiens ferme ! », Ardenne, tiens ferme !,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
    3. « Exposition normandie », sur libeptt.org (consulté le )
    4. « Plan Violet en Normandie - 6 juin 1944 - DĂ©barquement de Normandie », D-Day Overlord,‎ ??? (lire en ligne, consultĂ© le )
    5. Remy, "Et l'Angleterre sera détruite", 31 rue de Tournon, Paris VI, Editions j'ai lu, 4Úme trimestre 1970, 187 p., p. 106
    6. « Résistance PTT », sur beaucoudray.free.fr (consulté le )
    7. À l'origine appelĂ©e Anvil (enclume en anglais), le nom a Ă©tĂ© changĂ© en Dragoon par Winston Churchill car il Ă©tait contre ce dĂ©barquement il dĂ©clara y avoir Ă©tĂ© contraint, dragooned.
    8. « Les Cahiers de la Résistance Seine-et-Marnaise » (no 1, « Le Dernier Convoi »
    9. Sur 2200 déportés, 903 sont déclarés décédés en déportation, 143 sont disparus en déportation, pour 302 leur situation est inconnue
    10. AbbĂ© G. Henocque, Les antres de la bĂȘte-- : Fresnes, Buchenwald, Dachau, Paris, G. DurassiĂ©, , 250 p. (lire en ligne)
    11. Henri LĂ©on Jean Pierre Mazeaud, Visages dans la tourmente, 1939-1945., A. Michel,
    12. Richard Pouzet, Dora, propos d'un bagnard Ă  ses enfants., Impr. de A. Castet,
    13. « Survie – Buchenwald-Dora-Ellrich-Oranienburg » E. Lafond-Masurel 1945
    14. Le 17 aoĂ»t 1944, Ă  Dormans la RĂ©sistance essaie, sans y parvenir, de stopper le convoi. À Buchenwald, ce convoi est connu pour ĂȘtre celui des « 77 000 » , bien que les matricules commencent dans la sĂ©rie des « 76800 » et finissent Ă  « 78500 ».
    15. (en) Andre Sellier, A History of the Dora Camp : The Untold Story of the Nazi Slave Labor Camp That Secretly Manufactured V-2 Rockets, Ivan R. Dee, , 544 p. (ISBN 978-1-4617-3949-4, lire en ligne)
    16. http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.264
    17. Yvonne Pagniez, Evasion 44., Rennes, Ouest-France, , 199 p. (OCLC 641526853)
    18. biographie sur le site de l'Ordre de la Libération parlant d'Edmond Debeaumarché
    19. « Edmond Debeaumarché, 1038 compagnons, Compagnons - Musée de l'Ordre de la Libération », sur www.ordredelaliberation.fr (consulté le )
    20. « LE COURAGE », LES PROCÈS DE 1945-1948,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
    21. Nadine Fresco Fabrication d'un antisĂ©mite : Paul Rassinier, Paris, Éditions du Seuil, coll. « La librairie du XXe siĂšcle », 1999 (ISBN 2-02-021532-2) - Page 536 et 537.
    22. Comité pour l'Histoire de La Poste
    23. « Dijon - les mystÚres de la rue. edmond debeaumarché, résistant des transmissions », sur bienpublic.com, Le Bien Public, (consulté le ).
    24. « Deux survivants de la DĂ©portation tĂ©moignent », journallamarne.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
    25. « Il y a 70 ans, le dernier convoi de dĂ©portĂ©s... », journallamarne.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
    26. « Les cartes premier jour : Debeaumarché », sur duchene.gerald.free.fr (consulté le )
    27. « Série de timbres de 1957-1961 - Les cinq séries des héros de la résistance », sur www.phil-ouest.com (consulté le )
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