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Durotriges

Les Durotriges ou Durotrages furent un des peuples celtes qui vivaient dans le sud de l’actuelle Grande-Bretagne durant la protohistoire, avant l’invasion romaine. Ils sont mentionnĂ©s par Claude PtolĂ©mĂ©e qui les nomme Dourotriges (en grec ancien Î”ÎżÏÏÎżÏ„ÏÎčÎłÎ”Ï‚). Il se pourrait que, plus qu’un peuple homogĂšne, il se soit agi d'une confĂ©dĂ©ration, puisque plusieurs souverains pourraient avoir rĂ©gnĂ© simultanĂ©ment. Ils ont laissĂ© leur nom au Dorset, ainsi qu'Ă  la ville de Dorchester.

Durotriges
Image illustrative de l’article Durotriges
StatÚre de billon frappé par les Durotriges. c. 60 AC. - 20 AD.

Période Second ùge du fer, Antiquité
Ethnie Celtes
Langue(s) Britonnique
Religion Celtique
Villes principales Durnovaria, Lindinis, Hengistbury Head
RĂ©gion actuelle Dorset

Les Durotriges sont de ceux qui ont rĂ©sistĂ© Ă  l’invasion romaine de l’üle de Bretagne. Dans sa Vie des douze CĂ©sars, SuĂ©tone fait Ă©tat de batailles contre la seconde lĂ©gion d’Auguste, commandĂ©e alors par Vespasien. La romanisation est complĂšte vers 70 ap. J.-C.

Étymologie

La graphie du nom de ce peuple notĂ©e par PtolĂ©mĂ©e Durotriges semble douteuse. Une inscription plus vraisemblable note Durotrag(es) : Ci(vitas) Duro/trag(um). Selon Xavier Delamarre, il faut probablement comprendre Durotrages comme un composĂ© *DĆ«ro-trag-es signifiant « Aux-Pieds-d’Acier Â» ou « Coureurs-d’Acier Â», au regard du sens de *dĆ«ro- en brittonique, avec le premier membre DĆ«ro- Ă  rapporter Ă  irl. dĂșr « rigide, solide, ferme Â»â€™, bret. dir « acier Â», gallois dur « acier Â»[1].

Territoire

Le territoire des Durotriges, situĂ© en bordure de la Manche, s’étendait sur le Dorset[2], le sud du Somerset, le sud du Wiltshire et une partie du Hampshire. Leurs villes principales, aprĂšs la conquĂȘte romaine, Ă©taient Dorchester - anciennement Durnovaria - et Ilchester - anciennement Lindinis. Ils avaient pour principaux voisins les Dumnones Ă  l’ouest. Ils Ă©taient vraisemblableent sĂ©parĂ©s de ces dernier par les Quantock Hills, dont le nom peut suggĂ©rer une frontiĂšre, et par les Blackdown Hills[3]. Leurs autres voisins sont les Dobunni au nord, les AtrĂ©bates et les Regni Ă  l’est[4]. Selon le tĂ©moignage de Claude PtolĂ©mĂ©e, dans sa gĂ©ographie, les Durotriges sont sĂ©parĂ©s des Dobunnes, AtrĂ©bates et Regni par un peuple qu'il appelle les belgai[5].

Les peuples celtes du sud de l'Angleterre selon la description de Ptolémée.

Le territoire Ă©tait dĂ©fendu par des forteresses qui Ă©taient encore utilisĂ©es au milieu du Ier siĂšcle apr. J.-C. telles que Maiden Castle, un important hillfort d'une superficie de 20 hectares, dont la construction remonte au VIe siĂšcle av. J.-C. Ă  proximitĂ© de Dorchester[6]. En tout, prĂšs d'une quarantaine de hillforts sont connus pour le seul Dorset, tous ne sont pas datĂ©s et seuls ceux en usage Ă  l'Ăąge du fer et Ă  la pĂ©riode romaine peuvent ĂȘtre attribuĂ©s aux Durotriges, parmi eux les sites de Hambledon Hill[7], de Hod Hill[8], de Poundbury[9], de Buzbury Rings[10], de Badbury Rings[11] ou de Dudsbury Camp[12] sont aussi datĂ©s du second Ăąge du fer et peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des sites durotriges.

Sur le territoire des Durotriges, deux autres sites remarquables se distinguent, notamment par leur taille. Il s'agit, pour l'un, du site de Ham Hill, dans le Sommerset, un vaste oppidum de plus de 80 hectares oĂč les traces d'une confrontation militaire avec les romains ont pu ĂȘtre dĂ©celĂ©es par les campagnes de fouilles de 2011-2013[13]. L'autre est le site de Hengistbury Head[14], l'un des ports de commerce les plus actifs de la rĂ©gion, en relation avec les peuples armoricains, Unelles, Coriosolites, Osismes ou VĂ©nĂštes. La dĂ©couverte, en 1964, d'un bateau de l'Ăąge du fer dans la baie de Poole Harbor peut suggĂ©rer pour ce peuple, l'existence d'un second port. Le bateau dĂ©couvert n'est cependant pas adaptĂ© Ă  la navigation en haute mer[15].

Histoire

À l'Ă©poque protohistorique

Le site de Hengistbury Head.

Comme l'ensemble des sociétés celtiques, celle des Durotriges était fortement hiérarchisée et son économie était essentiellement basée sur l'agriculture. Par leur accÚs à la Manche et via leur port de Hengistbury Headt, ils étaient également des acteurs majeurs du commerce trans-Manche, en particulier en direction des peuples armoricains, notamment les Unelles et le site d'Urville-Nacqueville dans le Cotentin[16]. Ils entretenaient aussi des relations avec d'autres Celtes du continent, Baiocasses du Bessin, Coriosolites des CÎtes-d'Armor, Osismes du FinistÚre et VénÚtes du Morbihan.

Les Durotriges possĂ©daient un systĂšme monĂ©taire (Ă  partir de 65 av. J.-C.), mais leurs piĂšces ne comportent aucune inscription qui pourrait nous renseigner sur les dynasties souveraines. Leurs monnaies ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es en diffĂ©rents endroits de l'Ăźle de Bretagne ainsi qu'Ă  Jersey, mĂȘlĂ©es Ă  celles de peuples gaulois. De nombreuses piĂšces de poteries ont aussi Ă©tĂ© retrouvĂ©es, tĂ©moignant de la maĂźtrise de cette industrie. L'analyse du corpus cĂ©ramique durotrige suggĂšre Ă  l'archĂ©ologue Barry Cunliffe que la production Ă©tait de plus en plus centralisĂ©e Ă  Poole Harbour[17].

Leur principal dĂ©bouchĂ© pour le commerce d'outre-Manche s'est cependant refermĂ© aprĂšs la conquĂȘte romaine de la Gaule, et ce, jusqu'Ă  ce que les Romains aient soumis l'Ăźle de Bretagne. Des preuves numismatiques montrent une dĂ©gradation progressive de la monnaie, ce qui suggĂšre un repli Ă©conomique accompagnant un isolement culturel accru.

AprĂšs la conquĂȘte romaine

Les Durotriges ont rĂ©sistĂ© Ă  l’invasion romaine en 43 apr. J.-C. Les historiens SuĂ©tone et Dion Cassius enregistrent ainsi des combats trĂšs durs menĂ©s par les peuples bretons contre les troupes romaines. L'archĂ©ologie montre aussi des traces d'affrontements sur certains sites fortifiĂ©s, ainsi Maiden Castle ou Ham Hill. En dĂ©pit de cette opposition farouche, les Durotriges se romanisent trĂšs vite et, en 70 apr. J.-C., ils sont fermement inclus dans la province romaine de Britannia. Au sein de leur territoire, les Romains ont exploitĂ© des carriĂšres ainsi une industrie locale de la cĂ©ramique.

Antiquité tardive

À la fin du IIIe siĂšcle, la rĂ©forme de DioclĂ©tien intĂšgre la citĂ© des Durotriges au sein de la province de la Bretagne PremiĂšre.

Articles connexes

Sources

Note

  1. Xavier Delamarre, Notes d'onomastique vieille-celtique, Keltische Forschungen, no 5, 2012, p.99-138
  2. Le nom des Durotriges se retrouve dans celui du comté de Dorset et celui de la ville de Dorchester.
  3. Stephen Ripon, Making sense of an historc landscape, chap.14 "Regional variation in landscape character during the late prehistoric and Roman periods", Pages 287–314, 2012, https://doi.org/10.1093/acprof:osobl/9780199533787.003.0014
  4. Wenceslas Kruta, Les celtes, histoire et dictionnaire, Robert Laffont, 2000.
  5. Claude Ptolémée, Géographie, Livre II, 26-29.
  6. Maiden Castle sur l'Atlas of Hillforts of Britain and Ireland, G. Lock, I. Ralston, University of Oxford, University of Edimburgh, 2017.
  7. Hambledon Hill sur l'Atlas of Hillforts of Britain and Ireland, G. Lock, I. Ralston, University of Oxford, University of Edimburgh, 2017.
  8. Hod Hill sur l'Atlas of Hillforts of Britain and Ireland, G. Lock, I. Ralston, University of Oxford, University of Edimburgh, 2017.
  9. Poundbury sur l'Atlas of Hillforts of Britain and Ireland, G. Lock, I. Ralston, University of Oxford, University of Edimburgh, 2017.
  10. Buzbury Rings sur l'Atlas of Hillforts of Britain and Ireland, G. Lock, I. Ralston, University of Oxford, University of Edimburgh, 2017.
  11. Badbury Rings sur l'Atlas of Hillforts of Britain and Ireland, G. Lock, I. Ralston, University of Oxford, University of Edimburgh, 2017.
  12. Dudsbury Camp sur l'Atlas of Hillforts of Britain and Ireland, G. Lock, I. Ralston, University of Oxford, University of Edimburgh, 2017.
  13. final excavations underway at Ham Hill, University of Cambridge, 2013.
  14. Hengistbury Head sur [oppida.org]
  15. Présentation du Poole logboat sur le site internet du Poole Museum.
  16. Anthony Lefort et Cyril Marcigny, 2009 – La probable agglomĂ©ration portuaire du second Ăąge du Fer d’Urville-Nacqueville : un Ă©tat de la documentation, bulletin de l’Association Manche Atlantique pour la Recherche ArchĂ©ologique dans les Iles (AMARAI), no 22, p. 39-82.
  17. B. Cunliffe Iron Age Communities in Britain: An Account of England, Scotland and Wales from the Seventh Century BC Until the Roman Conquest, p. 183, 4th ed., 2005. Lire en ligne
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