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Hengistbury Head

Hengistbury Head est un promontoire du Dorset qui s'avance dans la Manche entre Bournemouth et Christchurch. C'est un site d'importance internationale du point de vue archĂ©ologique et il est en consĂ©quence classĂ© monument historique[1]. [1] DĂ©clarĂ©e rĂ©serve naturelle locale en 1990, le promontoire et ses environs font partie du site d’intĂ©rĂŞt scientifique particulier du port de Christchurch. Il s'agit Ă©galement d'une zone spĂ©ciale de conservation , d'une zone de protection spĂ©ciale , d'une zone sensible pour l'environnement et d'un site prĂ©sentant un intĂ©rĂŞt pour la conservation de la nature. Le nom de « Hengistbury Head Â» dĂ©signe l'ensemble du site. La partie surĂ©levĂ©e du promontoire est connue sous le nom de « Warren Hill Â».

Hengistbury Head
Image illustrative de l’article Hengistbury Head
Localisation
CoordonnĂ©es 50° 42′ 59″ nord, 1° 45′ 24″ ouest

Le site est frĂ©quentĂ© par les humains depuis le PalĂ©olithique supĂ©rieur[2] - [3]. La hauteur de Warren Hill porte ainsi une variĂ©tĂ© de vestiges datĂ©s d’environ 10 000 av . J.-C. jusqu’à l’époque Romaine[4].

En conséquence de cet intérêt tant historique qu'écologique, le site d'Hengistbury head reçoit plus d'un million de visiteurs par an.

Localisation

Hengistbury Head est un promontoire en grès faisant partie de Southbourne, la banlieue la plus Ă  l'est de l'arrondissement de Bournemouth. Le promontoire marque le point le plus Ă  l'est de la baie de Poole, sur la Manche. La ville la plus proche est Christchurch au nord. Le versant nord de Warren Hill se prolonge au nord dans la mer et forme le « Mudeford pit Â», un banc de sable fermant la baie de Christchurch au sud. Faisant historiquement partie du Hampshire, Hengistbury head a rejoint le Dorset en 1972.

Toponymie

MentionnĂ© comme Hednesburia dans un acte d' Ă©glise du dĂ©but du XIIe siècle, appelĂ© Hynesbury Head au XVIIe siècle, Hengistbury ne prit son orthographe actuelle qu'au XIXe siècle, une pĂ©riode empreinte de « romantisme antique Â» selon l'archĂ©ologue Barry Cunliffe. L'Ă©poque voulait que le lĂ©gendaire chef anglo-saxon Hengist ait Ă©tĂ© inhumĂ© lĂ . Les fouilles archĂ©ologiques ont cependant permis d'Ă©tablir au XXe siècle que les tumulus d'Hengistbury Head remontaient Ă  l' âge du bronze[4].

Histoire

Hengistbury Head abrite une pléthore de sites archéologiques d'importance, datés du paléolithique supérieur à la période romaine. Le site a été ensuite lentement abandonné au haut Moyen Âge, après les invasions anglo-saxonnes. Hengistbury head n'est réellement réinvestie qu'à la période moderne.

Paléolithique supérieur et mésolithique

Plusieurs fouilles archĂ©ologiques ont rĂ©vĂ©lĂ© que le site Ă©tait occupĂ© pendant le PalĂ©olithique supĂ©rieur[4]. Les traces d'une station datĂ©e du Creswellien ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es sur la colline au milieu du promontoire. L'ensemble est datĂ© d'environ 14 100 ans. Avec plus de 13 000 artĂ©facts lithiques, il s’agit probablement du site le plus vaste de cette pĂ©riode[5].

À cette époque, le promontoire de Hengistbury aurait surplombé une large vallée fluviale, vallée qui allait devenir la Manche à la suite de la montée des eaux marines. L'analyse du pollen des sédiments du lit du Solent suggère pendant cette période, un promontoire légèrement boisé, relativement dépourvu de sous-bois, un habitat idéal pour le gibier et la chasse[6].

Ă‚ge du Bronze

Durant l'âge du bronze, Hengistbury head est le siège d'un Ă©tablissement portuaire d'importance[7]. Mais la pĂ©ninsule semble surtout affectĂ©e Ă  une fonction funĂ©raire. Onze tumulus de l'âge du bronze se trouvent sur le sommet du Warren Hill. Deux autres se trouvent un peu plus Ă  l'intĂ©rieur des terres. Plusieurs ont Ă©tĂ© fouillĂ©s, trois par Bushe Fox en 1911-1912 et huit par Harold St George Gray en 1919 et 1922. Deux semblent ĂŞtre encore intacts. De nombreuses trouvailles, notamment des haches de l'âge du bronze ancien et des urnes de crĂ©mation, ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans ces tumulus, dont l'âge se situe entre 3 500 et 4 000 ans[8].

L'une des sépultures contenait la crémation d'un statut élevé d'une femme d'environ vingt ans, accompagnée d'un godet à encens, d'un pendentif fait d'ambre et d'un alliage de cuivre, et de deux cônes en or qui auraient recouvert des boutons en matière organique. Les dépôts funéraires retrouvés sont similaires à ceux de la culture du Wessex. Une urne provenant de l’un des tumulus a été identifiée comme étant de type Trevisker, un type de la fin de la riche culture du Wessex et du début de la culture archéologique de Deverel–Rimbury, largement répandu dans le Devon et le Cornwall, et plus rarement découvert vers l'Est. L'urne type Trevisker de Hengistbury head est la plus orientale de ce type mise au jour[4].

Ă‚ge du Fer

Vers 700 av. J.-C., un habitat prend place sur le promontoire. C'est Ă  la mĂŞme Ă©poque que celui-ci a Ă©tĂ© coupĂ© du continent par la construction de deux fossĂ©s et levĂ©es de terre appelĂ©s le Double Dykes, similaires Ă  ceux de Maiden Castle. La construction consiste en une levĂ©e de terre originellement de m de haut et 14 m de large, prĂ©cĂ©dĂ©e d'un fossĂ© de m de profondeur. En avant de ce dispositif se trouve un second système de fortification, une levĂ©e de terre de 10 m de large et 1,5 m de hauteur, accompagnĂ© d'un fossĂ© de m de large pour m de profondeur. Ce second système de fortification est aujourd'hui occultĂ© par l'action des vents[9]. Ces dĂ©fenses ont transformĂ© Hengistbury Head en habitat fortifiĂ© qui semble s’être dĂ©veloppĂ© au cours des siècles pour devenir un port important. Le site constitue le terminus d'une petite chaĂ®ne de fortifications, partant de Hambledon Hill, et comprenant Ă©galement les Hillforts de Hod Hill, Spetisbury Rings, Buzbury Rings, Badbury Rings et Dudsbury Camp[10].

Les fouilles ont rĂ©vĂ©lĂ© de nombreuses traces de travail du mĂ©tal. Lors de ces fouilles de 1911-1912, Bushe-Fox a trouvĂ© des preuves d’utilisation de plomb, de cuivre et d’argent. Deux lingots dĂ©couverts Ă  ce moment-lĂ  ont rĂ©vĂ©lĂ© que des matières premières auraient Ă©tĂ© importĂ©es dans la rĂ©gion. Un lingot Ă©tait en cuivre presque pur, tandis que l’autre, qui pesait 8,6 kg, contenait environ 50/50 alliages de cuivre et d’argent avec environ un pour cent d’or. Du cuivre argentifère a Ă©tĂ© raffinĂ© pour produire de l'argent. Il y a Ă©galement des indications que l'or a Ă©tĂ© travaillĂ© Ă  Hengistbury. Enfin des traces de travail de minerais de fer ont Ă©tĂ© relevĂ©es.

Des milliers de pièces de bronze datant de la période pré-romaine ont également été découvertes, la grande majorité ayant été frappée par les Durotriges. L'abondance de pièces de monnaie, ainsi que de divers foyers et résidus de fusion découverts à proximité, suggère que les monnaies durotriges ont été frappées sur place[4].

Le niveau avancé de la métallurgie dans la région a permis que Hengistbury Head devienne un port important de l'âge du fer, faisant le commerce de métal travaillé en fer, en argent et en bronze contre des produits méditerranéens. Le site offre en effet un accès facile depuis le continent, un mouillage protégé, la possibilité d'un transport par cabotage côtier et l'accès à l'intérieur des terres via les rivières Stour et Avon.

Des pièces de monnaie armoricaines et des poteries découvertes ici montrent des liens vers la péninsule bretonne[11]. Un grand nombre d'amphores utilisées pour le commerce du vin a d'ailleurs été retrouvé sur le site, plus que sur les autres sites d'Angleterre méridionale, montrant ainsi que Hengistbury Head était l'un des principaux ports du pays. Cependant, aucune amphore similaire n'a été découvert en Armorique, ce qui suggère une route commerciale plus directe entre Hengistbury Head et l'Italie. La découverte du site d'Urville-Nacqueville en Normandie est peut-être l'un des points de cette route. Le commerce du vin semble avoir diminué à peu près au moment où César a commencé sa conquête de la Gaule[4].

Périodes romaine et médiévale

Après la conquête romaine de la Grande-Bretagne sous le règne de Claude, le sud-est de l'Angleterre commence à développer une économie plus urbaine. Le système socio-économique du sud-ouest demeure, lui, peu modifié. Hengistbury sert toujours de plaque tournante importante pour les Durotriges et les peuples environnants, tels que les Dumnonii de Cornouailles et du Devon. Le site est progressivement désaffecté au cours du temps.

La promontoire n'a pas été sensiblement réoccupée jusqu'à ce qu'Alfred le Grand décide de reconstruire là, un port pour se défendre contre les raiders. Il fonde la ville de Christchurch, au nord de la baie pour défendre l’accès à Salisbury par la rivière Avon. Au XIe siècle, la construction du château de Christchurch utilise des pierres du promontoire de Hengistbury Head. On peut encore voir ces pierres de couleur rougeâtre, car riches en minerai de fer, à la base du château[12].

PĂ©riode moderne

À la fin des années 1600, des travaux, visant à améliorer le port de Christchurch sont lancés. Un chenal est creusé dans la mer, et une jetée a été construite à l'aide de blocs de pierre issus de Hengistbury Head[13]. Le projet s'est révélé mal conçus. La jetée était mal positionnée et les tempêtes ont rapidement détruits la plupart des aménagements. Des parties de la jetée, connues sous le nom de "Clarendon's Jetty" ou des "Long Rocks" sont encore visibles aujourd'hui.

Ă€ partir de 1733 et la promulgation d'une nouvelle loi douanière, le site devient un haut lieu de la contrebande. De 1848 Ă  1872, la Hengistbury Mining Company - formĂ©e par un marchand basĂ© Ă  Christchurch, John E. Holloway - a extrait un grand nombre de blocs de pierre par l'exploitation de carrières. Ces rochers, connus sous le nom d'« Iron Doggers », Ă©taient prisĂ©s pour leur grande quantitĂ© de minerai de fer. Holloway apportait du charbon de Southampton et se servait des Iron Doggers  comme lest pour le voyage de retour.

Cette exploitation n'a pas été sans conséquences. Ces pierres forment la base de Hengistbury Head et le retrait d’un grand nombre de Doggers au fil des ans a affaibli le promontoire. Ces excavations, s'ajoutant aux précédentes, ont entraîné la perte d'un tiers de la péninsule, principalement en raison de l'érosion après la fermeture des carrières. Le limon emporté a également menacé l'écologie du marais salant attenant.

En 1910, le promontoire de Hengistbury Head accueille le premier meeting international d’ aviation de Grande-Bretagne à l'aide d'un aérodrome spécialement aménagé, entre les "Double Dykes" et le village voisin de Tuckton[14]. Le Bournemouth Borough Council a acheté le site en 1930. Cependant, durant la Seconde Guerre mondiale, le promontoire est occupé par l'armée, devenant le siège de nombreuses installations, notamment une station radar. Le site est finalement débarrassée des défenses militaires dans les années 1950[15].

Le site est aujourd'hui une réserve naturelle, gérée par le Bournemouth Borough Council. Le site est aménagé pour accueillir les visiteurs et un nouveau centre d'accueil des visiteurs a ouvert ses portes en décembre 2013. Ce centre permet d'informer le visiteur sur l’archéologie, l’écologie et la géologie du site.

Références

  1. https://www.hengistbury-head.co.uk/
  2. (en) A. Mace, « An Upper Palaeolithic Open-site at Hengistbury Head, Christchurch, Hants », Proceedings of the Prehistoric Society, vol. 25,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Barton, « Hunters at Hengistbury: Some evidence from experimental archaeology », World archaeology, vol. 14,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Barry Cunliffe, Hengistbury Head, Elek Books Ltd., , 95 p. (ISBN 0-236-40125-4)
  5. (en) Paul Pettitt et Mark White, The British Palaeolithic : Human Societies at the Edge of the Pleistocene World, , 616 p. (ISBN 978-1-136-49677-6 et 1-136-49677-7, lire en ligne)
  6. (en) Peter James, The Archers of Hengistbury Head, New Scientist, (lire en ligne)
  7. Barry Cunliffe, Britain, the Veneti and beyond, Oxford journal of archaeology, Volume 1, Issue 1, 1982
  8. hengistbury-head.co.uk
  9. Fiche du site sur Oppida.org
  10. (en) David E. C. Jardine, Hill Forts of the Stour Valley, Bournemouth Local Studies Publications,
  11. (en) Barry Cunliffe et Malcolm Todd, A Companion to Roman Britain, Blackwell Publishing, (ISBN 978-0-236-40125-3 et 0-236-40125-4, lire en ligne).
  12. www.hengistbury-head.co.uk
  13. (en) D. A. E. Cross, Man and the Christchurch Avon : The Story of Navigation on the River Avon and in Christchurch Harbour, (lire en ligne)
  14. (en) John Walker, « Bournemouth's flying circuses », Dorset Life,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. W. A. Hoodless, Hengistbury Head, Poole Historical Trust, (ISBN 1-873535-60-0).
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