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Dominique Cabrera


Dominique Cabrera, née le à Relizane en Algérie, est une réalisatrice et actrice française. Elle a enseigné le cinéma à La Fémis, à Harvard et à l'université Panthéon-Sorbonne.

Dominique Cabrera
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Dominique Cabrera
Naissance
Relizane
Nationalité Drapeau de la France Française
Profession Réalisatrice, scénariste, actrice

Son film L'Autre CĂ´tĂ© de la mer a Ă©tĂ© montrĂ© dans la section CinĂ©mas en France au Festival de Cannes ainsi que Nadia et les Hippopotames dans la section Un certain regard, Demain et encore demain, journal 1995 et Grandir dans la sĂ©lection de l’ACID. Ses films ont Ă©galement Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s Ă  la Berlinale et au New Directors New Films[1] au Museum of Modern Art et dans les festivals internationaux de TorontoVienneLocarno, Rotterdam, et New York entre autres.

Biographie

Dominique Cabrera naĂ®t en AlgĂ©rie, dans une famille pied-noir rapatriĂ©e en France en 1962. Après une licence de lettres, elle entre Ă  l'IDHEC en 1978. En 1981, elle rĂ©alise son premier court-mĂ©trage J'ai droit Ă  la parole (FĂ©dĂ©ration des PACT-ARIM SOLIHA), exemple de dĂ©mocratie participative avec les locataires d’une citĂ© de transit Ă  Colombes Ă  l’échelle de la construction d’un terrain de jeux pour enfants.

Les documentaires qu'elle rĂ©alise ensuite la font connaĂ®tre pour le regard original qu'elle porte sur la vie sociale en banlieue, Chronique d'une banlieue ordinaire[2] (Iskra, INA, Canal+) et Une poste Ă  La Courneuve (Iskra, Arte).

Dans Chronique d’une banlieue ordinaire, elle filme le retour d’habitants d’une tour murée du Val Fourré dans leurs appartements. Portée par la caméra de Jacques Pamart, c’est l’occasion d’une évocation de la mémoire ordinaire de la banlieue et d’une analyse de la transformation des quartiers des années 1960 aux années 1990.

Dans Une poste Ă  la Courneuve, elle montre les rapports entre les salariĂ©s et les usagers d’un bureau de poste. Ă€ travers le rapport Ă  l’argent, le film montre les solidaritĂ©s et tensions entre les « exclus Â» et ceux qui ont un emploi. Le film contient notamment une sĂ©quence d’anthologie sur le jour des allocs.

Dans Rester lĂ -bas (MĂ©li-MĂ©lo, INA, Arte), elle aborde les liens entre la France et l'AlgĂ©rie, Ă  travers son retour Ă  Alger Ă  la rencontre de ceux qui sont restĂ©s « lĂ -bas », en particulier Pierre Chaulet, Yves Grangaud, Fanny Colonna (figure centrale du film) et de leurs enfants[3].

Après avoir lu l’un de ses scenari lors d'un concours du meilleur scĂ©nario en 1990, le producteur Didier Haudepin reconnaĂ®t le talent Ă©mergent de Cabrera et six ans plus tard produit son premier long-mĂ©trage de fiction, L’autre cĂ´tĂ© de la mer[4].

Elle est membre du collectif 50/50 qui a pour but de promouvoir l’égalité des femmes et des hommes et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel[5] - [6].

Ĺ’uvre

L’engagement, et en particulier l’engagement politique, traverse la filmographie de Cabrera, qui comprend des documentaires, des fictions et des films essais hybrides[7]. Selon certains critiques, Cabrera évite les jugements moraux ou idéologiques, elle aborde ses films avec lyrisme, amour et émerveillement devant la vie qui va, préférant laisser le jugement aux spectateurs[8]. Ses fictions portent sur le temps qui passe, la politique, l’utopie, la famille, la maternité, l’assimilation culturelle et l’identité. Les origines pied-noir de Cabrera orientent son attention vers l’histoire entrelacée de la France et du Maghreb.

Elle rĂ©alise en 1995 son premier long-mĂ©trage documentaire, Demain et encore demain, un essai autobiographique, journal intime d'une cinĂ©aste en proie Ă  l'angoisse et au bonheur de vivre[9]. Dans ce film, elle expĂ©rimente des formes, cherche son style et trouve sa voix. Chacune de ses identitĂ©s (femme, mère, fille, sĹ“ur, amante) contribue Ă  une dĂ©finition croissante du rĂ´le de la cinĂ©aste[10]. Demain et encore demain est un des premiers journaux intimes tournĂ©s en vidĂ©o Ă  ĂŞtre distribuĂ© en salles en France par Maurice Tinchant[8]. Il reprĂ©sente un tournant dans la carrière de la cinĂ©aste et entame son passage vers des fictions qu’elle tissera d’inspiration documentaire et peuplera souvent d’interprètes issus du rĂ©el. Ses longs-mĂ©trages jusqu’en 2013 et Grandir seront des fictions[11].

Son premier long-mĂ©trage de fiction, L’Autre CĂ´tĂ© de la mer (1996), porte sur le dĂ©racinement des pieds-noirs exilĂ©s en 1962 et sur les AlgĂ©riens contraints Ă  l'exil par la montĂ©e du Front islamique du salut (FIS) dans les annĂ©es 1990. Un pied-noir agriculteur qui vit toujours en AlgĂ©rie (Claude Brasseur) va Ă  Paris pour se faire opĂ©rer de la cataracte. Son jeune chirurgien (Roschdy Zem) se trouve ĂŞtre un Français d’origine algĂ©rienne. Le rapport entre ces deux personnages et leurs familles fait Ă©merger les consĂ©quences dans la vie des gens de la guerre d’indĂ©pendance et de la dĂ©cennie noire de l’AlgĂ©rie contemporaine. Le film sera prĂ©sentĂ© Ă  Cannes dans la section CinĂ©mas en France, sĂ©lectionnĂ© aux CĂ©sars et gagnera un prix d’interprĂ©tation pour Brasseur Ă  Riga.

Les grèves de l'hiver 1995 en France Ă  la SNCF inspirent Nadia et les hippopotames. PrĂ©sentĂ© au Festival de Cannes dans la section Un certain regard, le film intègre des Ă©lĂ©ments documentaires dans une trame de fiction : des cheminots y jouent aux cĂ´tĂ©s d’Ariane Ascaride, Marilyne CantoThierry FrĂ©mont et Olivier Gourmet[12]. Arte a diffusĂ© une version courte du film sous le titre Retiens la nuit. HĂ©lène Louvart, directrice de la photo, a gagnĂ© le prix pour l’image au festival Tous Ă©crans de Genève.

Dominique Cabrera tourne en 2001 Le Lait de la tendresse humaine. PortĂ©e par Marilyne Canto cette histoire de baby blues reçoit un accueil critique chaleureux, qui souligne son usage de la couleur et la beautĂ© des cadres, l’empathie avec les personnages et le portrait très vrai d’une dĂ©pression post-partum[13]. Les acteurs, Patrick Bruel, Maryline Canto, Valeria Bruni-Tedeschi, Olivier Gourmet et Yolande Moreau reçoivent un prix d’interprĂ©tation collective Ă  Locarno en 2002.

Folle embellie (2004) est un film d’époque qui se passe pendant l’exode de juin 1940[14]. Sur ce fond tragique, Cabrera fait vivre une utopie, celle de la psychiatrie alternative dans ce conte de fĂ©es et de monstres. Un bande d’internĂ©s devant l’avancĂ©e de l’armĂ©e allemande et la dĂ©sertion des responsables, s’échappe d’une asile pour errer dans la nature et trouver qui la mort, qui ?? une vie nouvelle. Dans ce film Cabrera dirige Jean-Pierre LĂ©aud, Miou-Miou, Yolande Moreau, Marilyne Canto et Olivier Gourmet.  Elle s’est inspirĂ©e d’une histoire vraie qu’elle a recueillie lorsqu’elle travaillait Ă  l’hĂ´pital psychiatrique de Fleury-les-aubrais comme fille de salle dans les annĂ©es soixante-dix. Folle embellie, le cinquième long-mĂ©trage de Cabrera, a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© Ă  la Berlinale dans la section Forum oĂą il a gagnĂ© le prix du jury Ĺ“cumĂ©nique.

En 2009, elle tourne (dans la sĂ©rie de France 2 Suite noireQuand la ville mord, adaptation du roman Ă©ponyme de Marc Villard avec AĂŻssa MaĂŻga. Ce film est applaudi pour son portrait rĂ©aliste d’une jeune Malienne, passionnĂ©e par l’œuvre de Basquiat, asservie par un rĂ©seau de prostitution qui se libère de ses proxĂ©nètes[15]. AĂŻssa MaĂŻga obtient le prix d’interprĂ©tation au festival Cinema e donne Ă  Florence.

En 2012, elle rĂ©alise une coproduction entre France 2 et la ComĂ©die-Française, Ça ne peut pas continuer comme ça, fiction politique inspirĂ©e de la crise de la dette et jouĂ©e par les comĂ©diens de la comĂ©die française comme Denis Podalydès, Serge Bagdassarian et Sylvia BergĂ©. Sylvia BergĂ© reçoit le prix d’interprĂ©tation au festival Cinema e donne Ă  Florence.

En 2013 Grandir, son deuxième long-mĂ©trage autobiographique[16] est sĂ©lectionnĂ© Ă  Cannes dans la sĂ©lection de l’ACID et sort en salles[17]. Le film reçoit le prix Potemkine au CinĂ©ma du rĂ©el.

En 2015, Cabrera tourne l’adaptation du roman de Maylis de Kerangal Corniche Kennedy (Canal+ Everybody on deck, Jour2fĂŞte), prĂ©sentĂ© en 2016 en ouverture du FIDMarseille et sorti en salles au dĂ©but 2017. Ce film met en scène la grâce et le risque Ă  travers les tribulations d’une bande de jeunes Marseillais des quartiers populaires que rencontre une jeune fille des beaux quartiers (Lola CrĂ©ton) et qu’observent des flics de la brigade des stups (Aissa MaĂŻga, Moussa Maaskri, Philippe GĂ©oni). Elle y enrĂ´le des amateurs et Ă©crit les dialogues avec eux. Les jeunes Alain De Maria et Kamel Kadri, entraĂ®nĂ©s par le plongeur de haut-vol champion du monde Lionel Franc sont la rĂ©vĂ©lation de ce film qui obtient le prix du public au festival Renc'art de Montreuil et le prix Claude Chabrol coup de cĹ“ur cinĂ©ma au festival du Croisic.

Certains comédiens, tels Marilyne Canto, Yolande Moreau, Olivier Gourmet, Ariane Ascaride et Aïssa Maïga apparaissent plusieurs fois dans les films de Cabrera. Elle est fidèle à son équipe, notamment sa chef opératrice Hélène Louvart, l’ingénieur du son Xavier Griette, l’assistante Ariel Sctrick et la compositrice Béatrice Thiriet.

La Cinémathèque du documentaire lui consacre une « intégrale documentaire » à la BPI du 5 au 14 mai 2021[18].

Vie privée

Elle a été, de 1977 à 1989, la compagne de Jean-Pierre Sicard, avec qui elle a un fils, Victor, né en 1984.

Elle a été la compagne de Didier Motchane[19], qu'elle a épousé en 2006[20].

Filmographie

Comme réalisatrice

Comme actrice

Publications

  • 1986 : La Treuille[35] avec Jacques Gayard (Éditions de la DiffĂ©rence)
  • 1992 : Rester lĂ -bas (Éditions du FĂ©lin)
  • 2016 : Chronique d’une banlieue ordinaire et Une poste Ă  la Courneuve (Documentaire sur grand Ă©cran)

Distinctions

En 2008, elle est membre du jury du prix du meilleur premier film de la Berlinale[36] et, en 2014, du jury du 36e Festival international du film du Caire, prĂ©sidĂ© par l'Égyptienne Youssra.

Notes et références

  1. Stephen Holden, « FILM FESTIVAL REVIEW; Aftershocks of Assimilation », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  2. Jean-Louis Comolli, Regards sur la ville, Paris, Centre Georges Pompidou, , 3 p. (lire en ligne), p. 41-43
  3. « Dominique Cabrera et ses personnages », France Culture,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Adeline Lamberbourg, « Parcours croisés de Dominique Cabrera, cinéaste, et de ses proches collaborateurs. », Temporalités. Revue de sciences sociales et humaines,‎ (ISSN 1777-9006, lire en ligne, consulté le ).
  5. « Femmes dans le cinéma : "La parité n'est pas qu'un problème de nana !" », sur LExpress.fr, (consulté le )
  6. « Le collectif 5050 », sur collectif5050.com (consulté le )
  7. « The New Face of Political Cinema: Commitment in French Film Since 1995 by Martin O’Shaughnessy • Senses of Cinema », sur sensesofcinema.com (consulté le )
  8. « Dominique Cabrera | Festival International du Film de la Rochelle », sur archives.festival-larochelle.org (consulté le )
  9. « Sans histoire ni scénario, ni même d'acteurs, Dominique Cabrera réussit un film sur sa dépression. Vivement “Demain et encore demain”. 79 min », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Juliette Goursat, Mises en je : Autobiographie et film documentaire, Marseille, Presses Universitaires, Aix-Marseille Université, , 284 p. (ISBN 9791032000618, lire en ligne)
  11. (en) Julia Dobson, « Timely Resistance in the Documentary Work of Dominique Cabrera », French Studies, vol. 62,‎ , p. 290–300 (ISSN 0016-1128 et 1468-2931, DOI 10.1093/fs/knn023, lire en ligne, consulté le )
  12. Isabelle Fajardo, « On a beaucoup rigolé, un peu pleuré aussi... », Télérama,‎ (lire en ligne)
  13. Thomas Sotinel, « La mère en fuite: Le Lait de la tendresse humain. Une femme plonge au plus profond d'elle-même. », Le Monde,‎
  14. Frédéric Strauss, « Montrer la beauté du monde durant la débâcle de Juin 40? Dominique Cabrera réussit le pari. », Télérama,‎
  15. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  16. « Dominique Cabrera : "Je me perdais et c’est devenu une richesse" UniversCiné VoD – Articles, critiques, cinéma indépendant. Téléchargement Films, Vidéo à la demande », sur www.universcine.com (consulté le )
  17. « Grandir (Ô Heureux jours !) - L'acid - Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion », sur www.lacid.org (consulté le )
  18. Romain Lefebvre, « Cabrera, les noms dits de l'histoire », Cahiers du cinéma, no 776, mai 2021, p. 48
  19. Isabelle Potel, « Dominique Cabrera sur les rails du mouvement de décembre 1995. La réalisatrice a écrit un téléfilm sur la grève à la SNCF. », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Philippe Corcuff, « Didier Motchane vivant », Club de Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. « « Ici là bas » de Dominique Cabrera », sur www.brefcinema.com,
  22. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  23. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  24. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  25. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  26. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  27. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  28. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  29. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  30. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  31. « Journal du réel n°4 : Entretien avec Laurent Roth et Dominique Cabrera | 38e Cinéma du réel » (consulté le )
  32. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  33. « Dominique Cabrera - Le Site », sur dominiquecabrera.uniterre.com (consulté le )
  34. « Goat Milk », sur pointculture.be (consulté le )
  35. « La Treuille (Pompey, hauts-fourneaux, forges et aciéries) », sur Éditions de la Différence (consulté le )
  36. « | Berlinale | Archive | Annual Archives | 2008 | Juries », sur www.berlinale.de (consulté le )

Bibliographie

  • Julie Savelli (dir.), Dominique Cabrera : l'intime et le politique, Saint-Vincent-de-Mercuze, De l'incidence-Ă©diteur, 2021, 440 p.

Liens externes

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