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Devadatta

Devadatta (« Dieu donnĂ© Â» en sanskrit), cousin et membre de la communautĂ© monastique (sangha) du Bouddha, est surtout connu pour avoir Ă©tĂ© l'ennemi acharnĂ© de ce dernier et le mauvais disciple du sangha[1]. Il aurait tentĂ© Ă  au moins trois reprises de tuer Gautama et fut Ă  l’origine d’une tentative de schisme.
Rival ou opposant du Bouddha, son image a certainement été noircie, et il est difficile de savoir qui il fut réellement.

Devadatta
Biographie
DĂ©cĂšs
Nom dans la langue maternelle
à€Šà„‡à€”à€Šà€€à„à€€, 𑀀𑁂𑀯𑀀𑀹𑁆𑀹, æć©†é”ć€š (TĂ­pĂłdĂĄduƍ), æć©†èŸŸć€š (TĂ­pĂłdĂĄduƍ), æć©†é”ć€š, àč€àž—àž§àž—àž±àž•, Đề-bĂ -đáșĄt-đa, ទេវទត្ត, ເàș—àș§àș°àș—àș±àș”, à¶Żà·šà·€à¶Żà¶­à·Šà¶­, ဒေဝဒတá€ș ou ì œë°”ë‹Źë‹€
Activité
Famille
Famille de Siddhartha Gautama (en)
PĂšre
ƚuklodana (d) ou Amritodana (d)
Fratrie

Certains historiens, actuellement, proposent des dates pour les étapes essentielles de sa vie : 527 av. J.-C. pour son ordination ; 493 av. J.-C. pour ses méfaits contre le Bouddha ; 490 av. J.-C. pour son décÚs[2].

Cousin et rival

Selon certaines sources, il serait fils de Bandaka Suppabuddha, oncle maternel du Bouddha, et de son Ă©pouse Amitā. Gautama aurait Ă©pousĂ© sa sƓur Bhaddakaccānā. Selon d’autres, il est le fils d’Amitodana, oncle paternel de Gautama, et le demi-frĂšre d’Ananda. Il est mentionnĂ© aussi sous le nom de Godhiputta, Godhi pourrait donc ĂȘtre le nom de famille ou de clan de sa mĂšre.

Il aurait eu la force de cinq Ă©lĂ©phants et manifestĂ© un acharnement prĂ©coce contre son cousin. Quand Siddhartha dut faire la preuve de ses talents de guerrier, un Ă©lĂ©phant blanc lui fut amenĂ©, mais Devadatta le tua et sa carcasse obtura l’entrĂ©e de la ville jusqu’à ce que Siddharta lui-mĂȘme s’occupe de la faire enlever.
Dans la version qui en fait le demi-frĂšre d’Ananda, il aurait proposĂ© le mariage Ă  la femme du Bouddha aprĂšs son dĂ©part du palais.

Moine

Il fait partie des jeunes Shakyas et Koliyas entrĂ©s dans les ordres au moment du retour de Gautama Ă  Kapilavastu aprĂšs son illumination. Il pratique sĂ©rieusement et obtient rapidement les quatre pouvoirs d’iddhi, qui permettent de se dĂ©doubler, se transformer, de faire apparaĂźtre des objets et de n’ĂȘtre jamais gravement blessĂ©. Il est au nombre des onze moines confirmĂ©s vantĂ©s par le Bouddha ; Sariputra, l’un des disciples principaux de Gautama, fait son Ă©loge.

Les choses semblent se gĂąter quelque huit ans avant la mort du Bouddha. Il circonvient Ajatasattu, fils du roi de Magadha, qui lui fait bĂątir un monastĂšre Ă  Gayasisa. Il y aurait fait servir rĂ©guliĂšrement de la nourriture en si grande abondance qu’il dĂ©voyait jusqu’aux fidĂšles du Bouddha qui venaient s’y restaurer en cachette.

Devadatta conçut le dĂ©sir de prendre la place de son cousin. La tradition affirme que cette pensĂ©e impure fit immĂ©diatement disparaĂźtre ses pouvoirs d’iddhi. Il alla proposer Ă  Gautama de lui abandonner la direction du sangha et de prendre sa retraite, mais celui-ci, qui avait eu vent de ses projets d’usurpation, refusa avec dĂ©dain et dĂ©clara publiquement que dĂ©sormais, Devadatta devait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme parlant en son nom propre et plus au nom du Bouddha.

Meurtrier et schismatique

Devadatta incite un éléphant à charger le Bouddha. Devadatta, jaloux de Bouddha, lance contre lui et ses disciples un éléphant en colÚre du nom de Nalagiri. Alors que l'animal se rue vers eux, le Bouddha fait la mudra de l'Abhaya-mudrā, symbole de la bonté et de la douceur, et calme Nalagiri. L'histoire suggÚre que la bonté (metta[3]) touche tout le monde. Wat Phra Yuen Phutthabat Yukhon, Uttaradit, Thaïlande, s.d.

AprĂšs le parricide de BimbisĂąra, roi de Maghada, par son fils Ajatasattu — crime dont Devadatta a Ă©tĂ© l’instigateur — il aurait fomentĂ© l’assassinat du Bouddha par des archers. L’incident est expliquĂ© dans certaines sources par des restes de mauvais karma dont Gautama n'Ă©tait pas encore dĂ©barrassĂ©. NĂ©anmoins, les archers ne purent se rĂ©soudre Ă  tirer et se convertirent. Devadatta dĂ©cida alors d’agir seul. Alors que son cousin gravissait le GijjhakĆ«ta, il fit rouler vers lui un rocher qui blessa son pied. Gautama dut ĂȘtre transportĂ© Ă  Maddakucchi, puis Ă  Ambavana, oĂč le mĂ©decin JÄ«vaka prit soin de lui. Il refusa nĂ©anmoins les gardes du corps. Ensuite, ce fut l'incident bien connu de l’élĂ©phant Nalāgiri (ou Dhanapāla) que Devadatta fit enivrer et lancer vers le Bouddha, mais ce dernier le calma d’un geste.

Soutenu par certains moines dont son principal assistant Kokālika, ainsi que Katamoraka-tissa, Khandadeviyāputta et Samuddadatta, il décida de pousser au schisme en imposant cinq rÚgles supplémentaires (qui correspondent à ce que peuvent pratiquer les saddhus, hindous ou jaïns) :

  1. vivre toujours dans la forĂȘt ;
  2. ne jamais accepter de repas, utiliser seulement les aumÎnes reçues pour se nourrir ;
  3. ne jamais accepter de don de vĂȘtements et ne se vĂȘtir que de chiffons ;
  4. ne jamais coucher sous un toit mais seulement sous les branches des arbres ;
  5. ne jamais consommer ni viande ni poisson.

Il alla les soumettre au Bouddha. Celui-ci jugea la troisiĂšme inacceptable et laissa au libre arbitre des moines d'appliquer les autres rĂšgles, sans en rendre aucune obligatoire. Devadatta l’accusa alors de rechercher la facilitĂ© et se sĂ©para de lui. Il accomplit une uposatha (rĂ©citation rituelle) indĂ©pendamment, puis se retira dans son monastĂšre de GayāsÄ«sa, entraĂźnant Ă  sa suite cinq cents moines de la citĂ© de Vaisali, ainsi que des nonnes, telles Hullanandā qui semble avoir Ă©tĂ© une de ses plus enthousiastes partisanes. Une autre nonne fidĂšle de Devadatta l’avait suivi avec le consentement de son mari alors qu’elle Ă©tait enceinte Ă  son insu. Quand sa grossesse devint Ă©vidente, Devadatta la rejeta, et elle trouva refuge auprĂšs du Bouddha. Son fils, Kumarakassapa, sera ordonnĂ© moine Ă  sept ans. Quoi qu’il en soit, il est permis de penser que le Devadatta historique avait su s’attirer des fidĂšles. Trois sutras auraient Ă©tĂ© prĂȘchĂ©s Ă  l'occasion du schisme : les deux Devadatta sutta et le Mahāsāropama sutta.

La fin

Le Bouddha aurait dĂ©lĂ©guĂ© Sariputra et Moggallana Ă  GayāsÄ«sa pour prĂȘcher la raison aux moines rebelles. Devadatta, qui pensait qu’ils venaient faire allĂ©geance, les laissa entrer dans le monastĂšre malgrĂ© l’opposition de Kokālika. Les deux assistants du Bouddha seraient repartis avec les brebis Ă©garĂ©es et Devadatta en aurait crachĂ© le sang pendant neuf mois. Certaines sources prĂ©tendent mĂȘme qu’il dormait lorsqu’ils partirent et que Kokalika le rĂ©veilla d’un coup de pied pour lui annoncer la nouvelle.

Devadatta s'enfonçant dans le sol.(Temple du parc Nava Jetavana, Sāvatthī, Uttar Pradesh).

Devadatta se serait ensuite dĂ©cidĂ© Ă  contre-cƓur Ă  aller parlementer avec le Bouddha. Les sources prĂ©cisent que c’est en litiĂšre, et non Ă  pied comme il se doit, qu’il se mit en route. Mettant pied Ă  terre prĂšs d’une riviĂšre pour faire ses ablutions, il fut avalĂ© par le sol et atterrit dans l’enfer AvÄ«ci oĂč il doit rester entre un et cent mille kalpas selon les sources (quatre autres personnes auraient connu la mĂȘme mĂ©saventure du vivant de Gautama). Les habitants du lieu dans lequel il avait disparu cĂ©lĂ©brĂšrent, dit-on, l’évĂ©nement par de grandes rĂ©jouissances. Le commentaire du Dhammapada dĂ©crit ses tourments en enfer. Heureusement pour lui, le souvenir de ses qualitĂ©s anciennes n’est pas effacĂ©, d’autant qu’il aurait au moment ultime pris refuge dans le Bouddha. Si bien qu'aprĂšs son sĂ©jour en Avici, il reviendra sur terre comme pacceka buddha sous le nom d’Atthissara, ou mĂȘme sous la forme d’un authentique bouddha nommĂ© Devarāja.

Vies antérieures

Selon les Jataka, recueil de rĂ©cits de la vie du Bouddha, Devadatta se serait, au cours de nombreuses existences antĂ©rieures, acharnĂ© contre l’incarnation de son cousin, parfois parfois le dessus, parfois Ă©tant lui-mĂȘme dĂ©fait. Le dĂ©but de cette rivalitĂ© est narrĂ© dans le Serivānija Jātaka. C'est un personnage nĂ©gatif dont la mĂ©chancetĂ© est maintes fois mise en Ă©vidence. Il serait le seul des contemporains connus du Bouddha Ă  avoir commis trois des cinq « pĂ©chĂ©s mortels » (anantarika-karma) ; le Dhamma Jātaka en fait mĂȘme une sorte d’anti-Bouddha du nom de Adhamma, incarnation de tout ce qui s’oppose Ă  la bonne doctrine. NĂ©anmoins, le souvenir d’un Devadatta d'avant le schisme n’a pas totalement disparu : au roi Milinda qui s’interroge sur l’origine de la force qui permet Ă  son cousin de vaincre parfois Gautama, Nagasena rĂ©pond que Devadatta ne fut pas toujours mauvais et qu'il avait accumulĂ© une certaine quantitĂ© de bon karma.

Notes et références

  1. Buswell et Lopez, 2014.
  2. Hans Wolfgang Schumann, Le Bouddha historique, trad., Paris, Sully, 2011 [1982], p. 275, 276, 281.
  3. Peter Harvey (trad. de l'angl. par Sylvie Carteron), Le bouddhisme. Enseignements, histoire, pratiques, Paris, Seuil, 1997 (ISBN 978-2-757-80118-5)

Voir aussi

Jataka

  • (en) E. B. Cowell (Ed.) (trad. Robert Chalmers, N° 3, SERIVĀáč†IJA-JĀTAKA), The JĂątaka or Stories of the Buddha's Former Births, vol. I, (lire en ligne)
  • (en) E. B. Cowell (Ed.) (trad. W.H.D. Rouse, N° 457 DHAMMA-JĀTAKA), The JĂątaka or Stories of the Buddha's Former Births, vol. IV, (lire en ligne)

Études

  • AndrĂ© Bareau, « Les disciples », dans RenĂ© de Berval, PrĂ©sence du Bouddhisme, Paris, Gallimard, coll. « BibliothĂšque illustrĂ©e des histoires », , 816 p. (ISBN 978-2-070-70516-0), p. 245-266 / V. p. 259;261
  • (en) Robert E. Buswell Jr. et et Donald S. Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton, Princeton University Press, , xxxii, 1265 (ISBN 978-0-691-15786-3), p. 233-234
  • Dennis Gira, Comprendre le bouddhisme, Paris, Le Livre de Poche, (1re Ă©d. 1998, Bayard), 222 p. (ISBN 978-2-253-14366-6), p. 108-114. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Alfred Foucher, La vie de Bouddha, d'aprĂšs les monuments et les textes de l'Inde, Paris, J. Maisonneuve, (1re Ă©d. 1949), 383 p. (ISBN 2-720-01052-9), p. 85; 236; 286-289

Manga

Articles connexes

Liens externes

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