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Yashodhara

Yashodhara (glorieuse) est la cousine et l’épouse principale de Gautama, mĂšre de son fils Rahula. Connue par les Jatakas (lĂ©gendes de la vie du Bouddha), elle serait devenue du vivant de Gautama une ascĂšte, une nonne prĂ©Ă©minente et l’un des quatre arahants de son entourage possĂ©dant l’intuition absolue[1]. Les dĂ©tails de sa lĂ©gende sont de nos jours surtout populaires dans le bouddhisme theravada. Elle est Ă©galement nommĂ©e Yashodhara Theri (doyenne Yashodhara), Bimbadevi, Bhaddakaccana ou Rahulamata (mĂšre de Rahula).

Gautama, devenu le Bouddha, revoit sa femme Yashodhara et son fils Rahula

La légende de Yashodhara

Origine

Contrairement Ă  Gautami Prajapati, tante et mĂšre adoptive du Bouddha, sa femme est pratiquement ignorĂ©e des textes prĂ©cĂ©dant le Ier siĂšcle av. J.-C., ne faisant qu’une brĂšve apparition en tant que « mĂšre de Rahula » (Rahulamata) dans le passage oĂč ce dernier rĂ©clame son hĂ©ritage Ă  son pĂšre. Seul le Theri Apadana (Ier - IIe siĂšcle av. J.-C..) [2] mentionne Yashodhara Theri, doyenne de neuf mille nonnes et Ă©pouse de Gautama. Ce nom sera retenu par les auteurs du Nord, mais d’autres lui sont attribuĂ©s dans les textes palis. Son pĂšre, lorsqu’il est mentionnĂ©, apparait Ă©galement sous diffĂ©rents noms (Suppabuddha, frĂšre cadet de Suddhodana, pĂšre du Bouddha, ou Shaliya Dandapani). Bhaddakaccana, mentionnĂ©e dans l’Anguttara Nikaya comme une moniale douĂ©e de pouvoirs extraordinaires responsable de nombreuses nonnes, est identifiĂ©e Ă  la mĂšre de Rahula dans le recueil de rĂ©cits de la vie du Bouddha Jatakatthavannana attribuĂ© Ă  Buddhaghosa (Ve siĂšcle).

Il semble qu’aucune Ă©pouse de Gautama n’ait eu de son temps une notoriĂ©tĂ© suffisante pour ĂȘtre nommĂ©e dans les premiers textes du canon bouddhique. NĂ©anmoins, Ă  partir du Ier siĂšcle av. J.-C., le personnage de la femme du Bouddha est de plus en plus frĂ©quemment mentionnĂ© et prend une place importante dans les Jatakas. AndrĂ© Bareau a fait remarquer qu’il Ă©tait logique qu’on prĂȘtĂąt Ă  Gautama, ĂȘtre exceptionnel, une compagne sortant de l’ordinaire et capable de le soutenir dans sa quĂȘte de perfection. Un passage du Kathavattu et du Samajivi-sutta mentionne d’ailleurs l’importance du conjoint.

L’aboutissement de l’évolution du personnage de Yashodhara est l’idĂ©al fĂ©minin du bouddhisme, une femme parĂ©e de nombreuses vertus que le bouddha Dipankara a dĂ©signĂ© comme compagne et disciple de Gautama dans les existences Ă  venir en mĂȘme temps qu’il dĂ©signait ce dernier comme futur bouddha, et Ă©galement une nonne exemplaire.

Épisodes connus

Les Ă©pisodes de la vie du Bouddha et des membres de sa famille sont relatĂ©s indĂ©pendamment en plusieurs versions de longueur trĂšs variable, rĂ©digĂ©es en pali, sanscrit ou chinois. Il existe entre elles de nombreuses diffĂ©rences dans les dĂ©tails et l’intention narrative de l’auteur. Ce qui suit n’est qu'un aperçu de l’ensemble.

Avant Gautama

Les relations entre Yashodhara et Gautama se nouĂšrent Ă  l’ùre du bouddha Dipankara, trĂšs longtemps avant l’époque du prince Siddharta. Gautama Ă©tait alors un ascĂšte brahmane nommĂ© Sumedha. AprĂšs plusieurs existences passĂ©es Ă  pratiquer les dix vertus, il satisfaisait aux huit critĂšres requis pour ĂȘtre reconnu comme futur bouddha. Le jour oĂč il se prĂ©parait Ă  rencontrer Dipankara les mains vides car il n’avait pu trouver d’offrande, une jeune brahmane nommĂ©e Sumitta[3], qui attendait elle aussi le bouddha avec une gerbe dans les mains, reconnut d’un coup d’Ɠil sa nature exceptionnelle grĂące Ă  l’intuition que lui confĂ©rait la profondeur de sa pratique religieuse. Elle lui offrit les fleurs en Ă©change de la promesse qu’il la prendrait pour femme et disciple pendant toutes ses prochaines existences, jusqu’à ce qu’il atteigne l'illumination.

Un autre Ă©pisode de la vie du couple lors d’une existence antĂ©rieure est relatĂ©e par le Bouddha lui-mĂȘme pour illustrer la fidĂ©litĂ© de sa femme. Lorsqu’il Ă©tait le kinnara (musicien cĂ©leste) Canda, vivant avec sa femme Candaa (Yashodhara) dans les monts boisĂ©s de Himavanta, Anuruddha, roi de BĂ©narĂšs, vint Ă  passer. SĂ©duit par la beautĂ© de Candaa, il voulut tuer son mari d’une flĂšche. Selon une version, il y parvint, mais Candaa supplia tant les dieux que l’un d’eux le ressuscita. Selon une autre version, elle s’interposa, fut elle-mĂȘme tuĂ©e puis ressuscitĂ©e.

Du temps de Gautama

Yashodhara montrant Gautama alors qu'il démontre ses compétences d'archer. Wellcome Library.

Yashodhara, fille du roi Suppabuddha et de la reine Pamita et cousine de Gautama, Ă©tait nĂ©e le mĂȘme jour que lui. Lorsqu’il eut seize ans, son pĂšre dĂ©cida de lui trouver une Ă©pouse. De nombreuses princesses venues de tout le pays se prĂ©sentĂšrent au palais, mais Gautama les renvoya l'une aprĂšs l'autre avec un cadeau en guise de consolation. Yashodhara se prĂ©senta au dernier moment et le prince, l’ayant reconnue, dĂ©tacha le collier de perles qu’il portait au cou pour le lui offrir. Selon certains, le pĂšre de la jeune fille n’était pas enchantĂ© de l’union, jugeant Gautama trop doux pour faire un bon guerrier. Comme sa fille insistait, une sorte de tournoi fut organisĂ©e oĂč le prince dut faire ses preuves Ă  l’arc, Ă  l’épĂ©e et Ă  l’équitation.

Deux courants divergent en ce qui concerne les circonstances dans lesquelles le Bouddha quitta son palais et sa famille. Certains le font partir Ă  la naissance de son fils, avec un dernier regard Ă  celui-ci et Ă  sa femme endormie. D’autres relatent que Rahula venait tout juste d’ĂȘtre conçu, et qu’apprenant que son mari Ă©tait devenu ascĂšte, Yashodhara dĂ©cida elle aussi de pratiquer l’ascĂ©tisme, ce qui eut pour effet de prolonger sa grossesse jusqu’à la durĂ©e extraordinaire de six ans. Elle eut en rĂȘve la vision de l’illumination prochaine de Gautama. Ayant dĂ©cidĂ© de lui ĂȘtre fidĂšle, elle refusa toutes les demandes en mariage, dont celles de Suddhodava, demi-frĂšre du Bouddha, et de son cousin Devadatta. Sa grossesse extraordinaire la fit accuser d’infidĂ©litĂ© lorsqu’elle devint visible, et elle recourut Ă  diffĂ©rents miracles pour prouver son innocence. De retour pour une visite, le Bouddha confirma la filiation de Rahula et la droiture de Yoshadhara en relatant l’aventure de la flĂšche du temps qu'il Ă©tait kinnara.

Cette visite eut lieu selon les auteurs six ou douze ans aprĂšs son dĂ©part. Le lendemain de son arrivĂ©e Ă  Kapilavastu, Gautama mendiait dans la rue devant le palais. Avertie, sa femme regarda par la fenĂȘtre et le vit en effet. Il lui parut si admirable qu’elle improvisa un poĂšme nommĂ© Narasihagatha dans lequel il est « le lion parmi les hommes Â». Les retrouvailles de Yashodhara et de son Ă©poux donnent lieu Ă  deux courants narratifs. Dans l’un d’eux, Yashodhara ne parait pas lors du repas offert au palais en l’honneur du Bouddha, alors que toutes les autres dames viennent le saluer. Elle sait qu’ayant reconnu sa vertu, il viendra de lui-mĂȘme la trouver. En effet, Gautama se rend dans sa chambre accompagnĂ© de ses principaux disciples et exprime qu’il la laisse libre de le saluer de la maniĂšre qu’elle voudra. Elle le salue Ă  la maniĂšre d’une disciple et il lui donne la libertĂ© de venir le visiter quand elle le voudra. Dans d’autres rĂ©cits, elle offre le repas, auquel sont conviĂ©es toutes les dames du palais. Tandis que ces derniĂšres rivalisent de sĂ©duction pour retenir Gautama, celui-ci les Ă©carte et leur adresse un prĂȘche, puis s’adresse Ă  Yoshadhara en vantant sa vertu. Dans certaines versions, c’est Ă  cette occasion qu’il la convertit et qu’elle dĂ©cide de devenir ascĂšte.

Yashodhara prononça ses vƓux de nonne en mĂȘme temps que Maha Pajapati Gautami, tante et mĂšre adoptive de Gautama. Lorsque cette derniĂȘre devint aveugle, elle la guĂ©rit avec l’eau provenant du corps du Bouddha. Elle devint l’un des quatre arahants douĂ©s de la facultĂ© de se remĂ©morer une infinitĂ© d’ùres passĂ©es, et s’éteignit Ă  l’ñge de 78 ans.

Sources

Yoshadhara (Rahulamata) est inconnue des quatre premiers Nikayas et Agamas. Seul le Vinayapitaka des theravadin en pali, le Mahisaka et le Dharmagupta (version chinoise) la mentionnent briĂšvement. Le Vinayapitaka des sarvastivadin l’ignore. Les textes mahasangika, sarvastivadin, theravadin, masisaka et dharmaguptaka ne mentionnent pas de femme de Gautama parmi les cinq cents nonnes qui prononcĂšrent leurs vƓux en mĂȘme temps que Mahaprajapati Gautami.

Le Mahavastu et une partie du Vinayapitaka des lokottaravadin contiennent par contre de nombreuses rĂ©fĂ©rences Ă  Rahulamata ou Yoshadhara. Dans le Mahavatsu en particulier, elle est prĂ©sentĂ©e comme une sainte bouddhiste aussi bien que comme la femme de Gautama. Les Ă©lĂ©ments de sa lĂ©gende sont Ă©galement nombreux dans le Vinayapitaka des mulasarvastivadin, l’Apadana pali et les Jatakas.

Références

  1. mahabhinnappattanam : elle permet à celui qui en est doué de se rappeler une infinité de kappas (Úres) ; les trois autres arahants sont Sariputta, Moggallana et Bakkula
  2. biographies de moniales incluses dans le Khuddaka Nikaya du canon pāli
  3. autres noms : Sumetta, Sumidha, Bhadra, Prakriti

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • AndrĂ© Bareau Recherches sur la biographie du Buddha, Presses de l'École française d'extrĂȘme-orient, 3 vol., 1963, 1970 et 1971.
  • (en) Suniti Devi et Bhuban Mohen Mukerjie, The Life of Princess Yashodara : Wife and Disciple of the Lord Buddha, Whitefish (Montana), Literary Lisencing LLC, 2013 (rĂ©impression de l'Ă©dition originale de 1929), 108 p. (ISBN 978-1-258-94135-2), lire: . ConsultĂ© le .
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