Rahula
Rahula est le fils unique de Gautama Bouddha[1] et de Yashodhara, et serait devenu disciple de son pĂšre. Il est aussi appelĂ© Rahula Thera (doyen Rahula). Son nom, identique en pĂąli et en sanscrit, peut recevoir deux interprĂ©tations. Selon certains il Ă©voque Rahu, divinitĂ© responsable des Ă©clipses lunaires. Une lĂ©gende des JÄtakas (rĂ©cits des vies antĂ©rieures du Bouddha) relate quâun devin prĂ©dit Ă Yashodhara que son fils naĂźtrait avec lâimage dâun croissant de lune sur la main. Une autre interprĂ©tation y voit le sens dâ« entrave », Siddharta Gautama ayant dĂ©clarĂ© en apprenant la naissance de son fils quâil Ă©tait pour lui une attache Ă briser. Les deux hypothĂšses se rejoignent peut-ĂȘtre, lâĂ©clipse pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un obstacle Ă la lumiĂšre. Les informations concernant Rahula sont parfois contradictoires et sujettes Ă caution, particuliĂšrement celles tirĂ©es des JÄtakas, clairement lĂ©gendaires.
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Famille de Siddhartha Gautama (en) |
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Les chronologies sont extrĂȘmement diverses, mais beaucoup d'historiens tiennent pour, av. J.-C. : nĂ© en 534, novice en 527 lors du premier retour de son pĂšre Ă Kapilavastu, moine en 515 (Ă 20 ans), dĂ©cĂ©dĂ© avant son pĂšre[2].
Naissance
Lâhistoire du Bouddha telle quâelle est le plus souvent relatĂ©e le fait abandonner sa vie de prince le soir mĂȘme de la naissance de Rahula, mais il existe dans les JÄtakas des versions qui prĂ©tendent quâil venait Ă peine dâĂȘtre conçu, et que sa mĂšre ayant dĂ©cidĂ© de devenir elle aussi ascĂšte, sa grossesse dura six ans. Lorsquâelle devient Ă©vidente, Yashodhara fut soupçonnĂ©e dâinfidĂ©litĂ© et dut recourir Ă des miracles pour prouver son innocence. Parfois, des mages sont requis et identifient sur lâenfant Ă naĂźtre les marques qui prouvent sa filiation. Parfois le Bouddha la confirme lui-mĂȘme Ă son retour Ă Kapilavastu.
Entrée dans le sangha
Un thĂšme souvent traitĂ© est celui du premier retour du Bouddha Ă Kapilavastu. Rahula a alors sept ou huit ans. Tout dâabord, apercevant Gautama Ă lâextĂ©rieur du palais, Yashodhara le dĂ©signe Ă son fils en improvisant un poĂšme oĂč elle lâappelle « le lion parmi les hommes ». Ensuite, elle le pousse Ă aller lui rĂ©clamer son hĂ©ritage (dÄyajja). Le Bouddha refuse de sâexprimer et retourne au monastĂšre de Nigrodharama. Rahula lây suit. Gautama lui explique alors que les biens matĂ©riels ne sont rien et quâil dĂ©sire lui donner le dharma en hĂ©ritage. Il demande Ă Sariputra, son principal disciple, de lâordonner moine.
Selon certaines versions, Shuddhodana, inquiet que Rahula, son premier héritier, ne veuille devenir moine comme Gautama, a ordonné à Yashodhara sous peine de mort de lui cacher que le prestigieux personnage qui revient avec une grande escorte de disciples est son pÚre. Celle-ci finit néanmoins par tout avouer devant la curiosité pressante de son fils.
Quoi quâil en soit, la prise dâhabit de Rahula entraĂźne un grand dĂ©sarroi dans le palais. Le Bouddha aurait alors demandĂ© quâon nâordonne plus Ă lâavenir les jeunes sans la permission de leurs parents.
Ăducation monastique
Sariputra enseignait Ă Rahula le dharma et Moggallana la conduite (vinaya). Dans la tradition bouddhique, Rahula reprĂ©sente le novice idĂ©al, studieux et respectueux des rĂšgles. Il aurait commencĂ© ses journĂ©es en jetant en lâair tous les matins une poignĂ©e de sable, disant quâil recevrait ce jour autant dâenseignements que de grains de sable. Devenu arahant alors quâil Ă©tait encore un jeune moine, il dormit par deux fois dehors pour ne pas enfreindre la rĂšgle interdisant Ă un novice de coucher sous le mĂȘme toit quâun moine confirmĂ©. Il eut dans un cas Ă braver les menaces de MÄra transformĂ© en Ă©lĂ©phant noir. Plus tard, son pĂšre le proclama devant lâassemblĂ©e premier de ceux qui Ă©tudient avec ardeur (sikkhÄkÄmÄnam). Le Bouddha aurait relatĂ© le Tipallatthamiga JÄtaka et le Tittira JÄtaka pour attester que dans ses vies antĂ©rieures dĂ©jĂ , Rahula Ă©tait un modĂšle dâobĂ©issance.
Gautama prĂȘcha de nombreux sutras pour lâĂ©ducation de son fils. Ainsi, il rĂ©cita le Rahulovada Sutta pour lui enseigner lâimportance de ne jamais mentir, le Rahula Samyutta et le(s) Rahula sutta(s) pour lui faire prendre conscience de lâinexistence du soi et de lâimpermanence des choses, ayant constatĂ© que le jeune homme ĂągĂ© de dix-huit ans devenait fier de son apparence physique.
Câest dâailleurs aprĂšs avoir entendu en compagnie de cent mille devas le Cula Rahulavada Sutta prĂȘchĂ© par son pĂšre Ă Andhavana quâil devint arahant. Ces devas avaient fait le vĆu de devenir arahant en mĂȘme temps que lui Ă lâĂšre du bouddha Padumuttara. Le neuviĂšme chapitre du SĂ»tra du Lotus prĂ©dit quâil atteindra la bouddhĂ©itĂ© (anuttara-samyak-sambodhi) sous le nom de SaptaratnapadmavikrÄntagÄmin[3].
Rahula Ă©tait surnommĂ© Rahulabhadda (Rahula le chanceux). Il sâĂ©teignit avant son pĂšre et ses deux instructeurs. On dit quâĂ l'Ă©poque de sa mort il ne dormait plus depuis douze ans. Ashoka aurait fait Ă©riger un stupa Ă sa mĂ©moire pour servir de lieu de dĂ©votion aux novices.
Vies antérieures
La tradition bouddhiste considĂšre que les destins religieux exceptionnels demandent plusieurs vies de pratique et dâaccumulation de perfections (paramita), et aussi dâavoir exprimĂ© le vĆu de devenir arahant, dont la rĂ©alisation future est garantie par le bouddha de lâĂšre en cours. Ă lâĂ©poque du bouddha Padumuttara, Rahula et Ratthapala (l'une des principales nonnes du temps de Gautama) Ă©taient Ă Hamsavati deux hommes riches faisant la charitĂ©. Un jour, Rahula reçut un ascĂšte qui connaissait le roi Naga Pathavindhara qui vivait dans la magnificence. Il exprima pour remercier son hĂŽte le souhait qu'il lui ressemble un jour. Cette phrase marqua Rahula, qui du coup renaquit roi Naga dans son existence suivante. NĂ©anmoins, malgrĂ© le luxe il se sentait insatisfait. Rattapala Ă©tait dans cette vie aussi son ami, sous le nom de Sakka. Il lui conseilla dâinviter chez lui le bouddha Padumuttara ; celui-ci vint avec son fils Uparevata. En le voyant, Rahula ressentit fortement le dĂ©sir dâĂȘtre un jour fils de bouddha et en exprima le vĆu.
Ă lâĂ©poque du bouddha Kassapa, Rahula Ă©tait Pathavindhara, fils ainĂ© du roi de BĂ©narĂšs Kiki. Ses sept sĆurs ayant fait chacune construire un logement pour les moines le persuadent dâen construire cinq cents.
Dans de nombreux JÄtakas, il est le fils de Gautama sous diffĂ©rentes formes, y compris une tortue. Une fois il est fils de Sariputra. Uppalavanna, une des principales nonnes du temps du Bouddha, apparait souvent comme son frĂšre.
Textes associés
Quatre versets lui sont attribuĂ©s dans le TheragÄthÄ et plusieurs dans le Milindapañha. Dix-huit sections du Samyutta NikÄya constituent le RÄhula Samyutta, leçons donnĂ©es par le Bouddha Ă son fils sur lâimpermanence des choses. Cinq textes portent le nom de RÄhula Sutta. Leurs thĂšmes principaux sont lâabsence de soi propre, lâimpermanence et les skandas, lâimportance de ne pas mentir et de bien choisir ses frĂ©quentations. Une rencontre a Ă©galement lieu avec VimalakÄ«rti dans le soutra Ă©ponyme[4].
Références
- (en) The Princeton dictionary of buddhism par Robert E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr aux Ă©ditions Princeton University Press, (ISBN 0691157863), pages 693 et 694
- Hans Wolfgang Schumann, Le bouddha historique (1982), trad., Sully, 2011, p. 38, 62, 123, 149.
- (en) « Saptaratnapadmavikrantagamin, SaptaratnapadmavikrÄntagÄmin: 1 definition », sur www.wisdomlib.org, (consultĂ© le )
- Alexis Lavis, La conscience Ă lâĂ©preuve de lâĂ©veil : Lecture, commentaire et traduction du BodhicaryÄvatÄra de ĆÄntideva, Paris, Les Ăditions du Cerf, coll. « Sagesses dâAsie », , 546 p. (ISBN 978-2-204-12762-2), p. 63â64.
Bibliographie
- AndrĂ© Bareau Recherches sur la biographie du Buddha, Presses de l'Ăcole française d'extrĂȘme-orient, 3 vol., 1963, 1970 et 1971.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- (en) La famille et les disciples du Bouddha par Radhika Abeysekera
- (en) Informations sur Rahula avec références dans le canon pali