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MĂ©nandre Ier

Ménandre Ier, aussi nommé Minedra ou Menadra (en sanskrit Milinda)[1], est un roi indo-grec qui succÚde à la dynastie gréco-bactrienne en Afghanistan, au Pakistan et en Inde du Nord. Il rÚgne d'environ 160 à et administre un large territoire en Inde du Nord-Ouest depuis sa capitale Sagala (actuelle Sialkot, au Pakistan).

MĂ©nandre Ier
Biographie
Naissance
Alexandrie du Caucase (en)
DĂ©cĂšs
Époque
Conjoint
Enfant
Straton Ier (en)

Il est unanimement considĂ©rĂ© par les historiens et les numismates comme l’un des plus grands souverains indo-grecs, sinon le plus grand[2]. Son rĂšgne est Ă©galement un des plus longs parmi les rois indo-grecs, comme l’atteste le grand nombre de ses monnaies retrouvĂ©es.

Il rĂšgne sur un territoire s’étendant de la vallĂ©e de Kaboul Ă  l’ouest jusqu’à la Ravi Ă  l’est, et de la vallĂ©e du Swat au nord jusqu’à l’Arachosie au sud.

Il est connu pour avoir Ă©tĂ© un protecteur du bouddhisme durant son rĂšgne, et il s’y serait mĂȘme converti. Il est le seul souverain indo-grec mentionnĂ© par la littĂ©rature indienne. Il y est considĂ©rĂ© comme un chef de guerre et est respectĂ© comme philosophe pour avoir conversĂ© avec le sage indien Nagasena. Le rĂ©cit de ses entretiens avec Nagasena, le Milindapañha (« Les questions de MĂ©nandre », pañha signifiant question en pali), est un des livres canoniques du bouddhisme.

Le rĂšgne de MĂ©nandre donne une premiĂšre impulsion Ă  l’art grĂ©co-bouddhique, lequel connaĂźt son apogĂ©e sous la dynastie kouchane qui succĂšde aux rois indo-grecs et dont le reprĂ©sentant le plus remarquable est Kanishka Ier.

RĂšgne

Le royaume de MĂ©nandre en violet

MĂ©nandre est nĂ© dans une famille grecque, appartenant Ă  l’aristocratie (il aurait Ă©tĂ© fils de roi, sans que l’on sache prĂ©cisĂ©ment lequel), dans la ville de BĂ©gram-Kavisi (ou Kalasi, actuel BagrĂąm en Afghanistan), prĂšs d’Alexandrie du Caucase, selon le Milindapañha. D’autres sources, cependant, indiqueraient qu’il serait nĂ© prĂšs de Sagala (Sialkot moderne, dans la rĂ©gion du Punjab au Pakistan[3]).

Il est montĂ© sur le trĂŽne Ă  BĂ©gram-Kavisi, toujours selon le Milindapañha, et a commencĂ© Ă  rĂ©gner sur les Paropamisades, vers 150 av. J.-C. Le gĂ©ographe Strabon l’inclut pourtant parmi les Grecs de Bactriane[4], et Plutarque rapporte mĂȘme qu’il a rĂ©gnĂ© sur cette rĂ©gion[1], Ă  tort.

Certains historiens font cependant de Ménandre un général de Démétrios Ier, roi de Bactriane, ou un vice-roi de Démétrios II à Taxila[5].

Sa capitale aurait Ă©tĂ© Sagala, une citĂ© prospĂšre du nord du Pendjab. Cependant, O. Bopearachchi propose plutĂŽt que BĂ©gram-Kavisi aurait Ă©tĂ© sa capitale, en raison du grand nombre de monnaies qui y ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s et du fait qu’Eucratide Ier ait choisi l’atelier de cette ville pour faire frapper ses monnaies cĂ©lĂ©brant ses conquĂȘtes indiennes[6].

Strabon le prĂ©sente comme un conquĂ©rant de l’Inde :

« Les Grecs qui rendirent [la Bactriane] indĂ©pendante acquirent une telle puissance du fait de sa richesse qu’ils devinrent les maĂźtres et de l’Ariane et de l’Inde, au tĂ©moignage d’Apollodore d’Artamita, et qu’ils soumirent plus de peuples que n’en avait soumis Alexandre. Ce fut l’Ɠuvre surtout de MĂ©nandre, du moins s’il est exact qu’il franchit l’Hypanis en direction de l’est et s’avança jusqu’à l’Isamos, les conquĂȘtes se partageant entre lui et DĂ©mĂ©trios, fils d’EuthydĂšme, le roi des Bactriens. Ils possĂ©dĂšrent non seulement la PatalĂšne, mais aussi sur le reste de cette cĂŽte, les royaumes de Saraostos et Sigerdis, ainsi qu’on les appelle. En rĂ©sumĂ©, estime Apollodore, la Bactriane est l’ornement de toute l’Ariane ; et qui plus est, ses rois en Ă©tendirent l’empire jusqu’aux SĂšres et aux Phrynes. »

— Strabon, GĂ©ographie, XI, 11, 1

Selon les sources, MĂ©nandre a menĂ© plusieurs campagnes militaires au cƓur de l’Inde, allant jusqu’à Pataliputra[6].

Strabon raconte qu’il a conquis la PatalĂšne (il pourrait aussi s’agir de DĂ©mĂ©trios Ier, l’auteur ne faisant pas la distinction) et qu’il s’est aventurĂ© jusqu’à l’Isamos (actuelle Yamuna).

Justin relate Ă©galement deux campagnes menĂ©es par les Indo-Grecs, l’une vers le Rajasthan et l’autre vers la vallĂ©e du Gange jusqu’à Pataliputra, et qui sont attribuĂ©es Ă  MĂ©nandre. Ces informations sont corroborĂ©es par les sources indiennes, puisqu’on les retrouve dans le traitĂ© grammatical de Pantanjali, le Mahabhashya, et le drame de Kalidara, Malavikagnimitra.

C’est justement lors de cette expĂ©dition militaire de MĂ©nandre dans la vallĂ©e du Gange que le souverain grĂ©co-bactrien Eucratide Ier en profite pour envahir son royaume et Ă©tendre ses propres conquĂȘtes territoriales en Inde. Il s’agirait de la « guerre civile » entre les Grecs qui est rapportĂ©e dans le Yugapurāáč‡a, un texte sanskrit. Cet Ă©vĂšnement expliquerait que MĂ©nandre Ier ait dĂ» soudainement mettre fin Ă  son expĂ©dition militaire dans la vallĂ©e du Gange et qu’il soit retournĂ© prĂ©cipitamment sur ses terres pour combattre Eucratide Ier.

Les deux rois s’affrontĂšrent alors dans une bataille meurtriĂšre, dont MĂ©nandre ressortit grand perdant. Il ne conserva que la partie orientale de son royaume, composĂ©e de Sagala et de sa rĂ©gion, pendant qu’Eucratide occupa le reste de ses territoires. Cependant, l’assassinat d’Eucratide Ier par l’un de ses fils lors de son retour en Bactriane provoque une crise politique importante dans son royaume. Son successeur, HĂ©lioclĂšs Ier, ne parvint pas Ă  conserver le pouvoir sur les rĂ©gions au sud de l’Hindu Kush. Cela marqua l’occasion pour MĂ©nandre Ier de rĂ©cupĂ©rer les territoires qu’il avait perdu auparavant, lui permettant de devenir, comme Bopearachchi l’appelle, « le monarque suprĂȘme de l’ensemble des territoires indo-grecs ».

Il semble que MĂ©nandre ait eu par la suite un rĂšgne plutĂŽt prospĂšre, comme en tĂ©moigne l’essor Ă©conomique marquĂ© par le nombre trĂšs important de monnaies qui ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es. Cette effervescence Ă©conomique est accompagnĂ©e d'un syncrĂ©tisme culturel et artistique entre l'art Grec et le bouddhisme (attestĂ© par la dĂ©couverte de nombreuses statuts dans la rĂ©gion du Gandhara).

Plutarque rapporte Ă©galement qu’un certain roi de Bactriane nommĂ© MĂ©nandre avait rĂ©gnĂ© avec beaucoup de modĂ©ration. Bien que MĂ©nandre Ier n’ait en rĂ©alitĂ© jamais rĂ©gnĂ© sur la Bactriane, il ne fait aucun doute qu’il s’agit bien de lui dont il est question.

Les dates du rĂšgne de MĂ©nandre restent encore aujourd’hui floues et font l’objet de dĂ©bats parmi les historiens et numismates. A. Cunningham propose un rĂšgne allant de 160 Ă  140 av. J.-C., tandis qu’A. von Gutschmid suggĂšre une chronologie entre 125 et 95 av. J.-C. D’autres comme W. W. Tarn et E. J. Rapson font de lui un contemporain d’Eucratide Ier, alors qu’A. K. Narain en fait un successeur immĂ©diat. O. Bopearachchi lui attribue plutĂŽt un rĂšgne allant de 155 Ă  130 av. J.-C., et dĂ©veloppe l’hypothĂšse qui fait de lui comme un contemporain d’Eucratide.

Mort et succession

Plutarque rapporte que MĂ©nandre dĂ©cĂšde dans un camp, lors de l’une de ses campagnes militaires.

« Au contraire, un roi de la Bactriane nommĂ© MĂ©nandre, qui rĂ©gnait avec beaucoup de modĂ©ration, Ă©tant mort dans son camp, les villes de ses États firent ses funĂ©railles en commun ; elles se disputĂšrent les restes de son corps, et ce ne fut qu'aprĂšs de longs dĂ©bats qu'elles convinrent enfin d'en emporter chacune une portion Ă©gale, et de bĂątir autant de monuments pour les y renfermer. »

— Plutarque, ƒuvres morales, PrĂ©ceptes d’administration publique


À sa mort, son Ă©pouse AgathoclĂ©ia lui succĂšde. Elle rĂ©gente le royaume en attendant que leur jeune fils Straton atteigne l’ñge de rĂ©gner, rĂ©ussissant de ce fait une vĂ©ritable prouesse politique.

Cependant, la mort de MĂ©nandre dĂ©stabilise le royaume et rompt l’unitĂ© politique formĂ©e par ce dernier. Son royaume se divise alors en deux ensembles territoriaux aux frontiĂšre vagues. AgathoclĂ©ia et Straton ne conservent que la partie orientale, c’est-Ă -dire le Pendjab et le Gandhara oriental.

Deux rois nommĂ©s ZoĂŻle Ier et DiomĂšde s’emparent de l’Arachosie, des Paropamisades et du Gandhara occidental. Une hypothĂšse avancĂ©e par O. Bordeaux affirme que les deux se seraient alliĂ©s, peut-ĂȘtre pour dĂ©trĂŽner MĂ©nandre dans un premier temps, mais l’évidence numismatique manque pour en attester[7].

MĂ©nandre et le bouddhisme

Drachme bilingue du royaume de Bactriane à l'effigie de Ménandre Ier, vers 160-155 av. J.-C. Description revers : Athéna Alkidémos combattant à gauche, casquée et drapée, tenant de la main gauche un bouclier orné de l'égide et brandissant de la main droite un foudre ; derriÚre, un monogramme écrit en kharosthi.

Le Milindapañha

La relation de MĂ©nandre Ier avec la religion bouddhiste questionne depuis longtemps les historiens et les numismates.

L’ouvrage en pali Milindapañha, se traduisant par « Les questions de Milinda », relate des entretiens entre un roi identifiĂ© comme MĂ©nandre et le sage indien Nagasena. ComposĂ© comme un dialogue, le Milindapañha raconte la conversion du roi indo-grec Ă  la foi bouddhiste. Le style a pu ĂȘtre influencĂ© par les Dialogues de Platon[1].

La présence de symboles bouddhistes dans son monnayage semble confirmer cela. Il existe notamment un type représentant au droit une roue à huit rayons, ou chakra, qui fait référence à la tradition bouddhiste et hindouiste.

Le rĂ©cit de la mort de MĂ©nandre par Plutarque semble Ă©galement tĂ©moigner de la relation particuliĂšre de celui-ci avec le bouddhisme. En effet, Plutarque rapporte qu’aprĂšs sa mort les villes de son royaume se sont rĂ©parties ses restes, bĂątissant chacune des monuments (possiblement des stupas) pour les y conserver.

Cependant, aucun Ă©lĂ©ment ne peut vĂ©ritablement attester de la conversion rĂ©elle de MĂ©nandre au bouddhisme. Bien que le Milindapañha l’affirme, il faut prendre cette information avec prĂ©caution, en raison de la nature de l’ouvrage. Il s’agit en effet d’un texte doctrinal bouddhiste visant Ă  faire l’éloge de cette religion. Cet Ă©loge passe notamment par le rĂ©cit de la conversion d’un roi grec, synonyme de « victoire » du bouddhisme sur celui-ci. Par ce fait, les informations dispensĂ©es par le Milindapañha doivent ĂȘtre nuancĂ©es.

Les diffĂ©rents symboles bouddhistes dans le monnayage du roi, ainsi que le rĂ©cit de Plutarque, pourraient, eux, simplement signifier que celui-ci s’est prĂ©sentĂ© comme un patron et un protecteur du bouddhisme, sans pour autant s’y convertir.

Monnayage

Le monnayage de MĂ©nandre est le plus abondant parmi tous ceux des souverains indo-grecs. Il est surtout composĂ© de monnaies d’argent et de bronze, bien que quelques monnaies d’or aient aussi Ă©tĂ© retrouvĂ©es.

Sous son rÚgne, Ménandre achÚve la création du systÚme monétaire indo-grec initié par Apollodote[5].

Son monnayage est remarquable de plusieurs maniĂšres. Il marque d’abord l’apogĂ©e de la fusion entre les standards monĂ©taires attique et indien.

Il est Ă©galement le tĂ©moin de plusieurs innovations monĂ©taires mises en place durant le rĂšgne de MĂ©nandre, sous l’impulsion de celui-ci. Les plus notables sont l’introduction d’un tĂ©tradrachme de poids indien (pesant 9,80 g), l’introduction d’un nouvel Ă©talon indien, ainsi que l’introduction du type Ă  l’AthĂ©na AlkidĂ©mos.

Ce monnayage présente également une grande diversité dans les types monétaires utilisés.

Les monnaies de MĂ©nandre portent la lĂ©gende grecque ΒΑΣΙΛΕΩΣ ÎŁÎ©Î€Î—ÎĄÎŸÎŁ ÎœÎ•ÎÎ‘ÎÎ”ÎĄÎŸÎ„ (translittĂ©ration : basileos soteros menandrou, « du Roi MĂ©nandre le Sauveur ») et kharoshthi 𐹟𐹿đšȘ𐹟đšȘ𐚯 𐹹𐹅𐹣𐹡𐹿đšȘ𐚯𐚚𐚱đšȘ𐹗𐹯 (translittĂ©ration : Maharajasa tratarasa Menaáčƒdrasa, « Roi Sauveur MĂ©nandre »).

Les monnaies d’or, d’étalon attique et sans lĂ©gende, portent un seul type : celui de la tĂȘte casquĂ©e d’AthĂ©na au droit et d’une chouette, son attribut, au revers.

Les monnaies d’argent sont Ă  la fois d’étalon attique et indien, elles se rĂ©partissent en deux catĂ©gories :

  • Celles reprĂ©sentant la tĂȘte casquĂ©e d’AthĂ©na au droit et une chouette au revers. Selon O. Bopearachchi la sĂ©rie des drachmes d’argent portant ce type fait partie des premiĂšres monnaies frappĂ©es par le souverain et tĂ©moignent qu’il a succĂ©dĂ© Ă  Antimaque II, les poids et monogrammes de ces monnaies correspondant Ă  une sĂ©rie de ce mĂȘme roi.
  • Celles reprĂ©sentant le portrait du roi au droit et une AthĂ©na AlkidĂ©mos au revers. Ce type est une rĂ©elle nouveautĂ©. La pratique visant Ă  reprĂ©senter le roi sur les monnaies n’était pas courante parmi les rois indiens, quant Ă  AthĂ©na AlkidĂ©mos, sa reprĂ©sentation Ă©tait nouvelle chez les souverains indo-grecs, mais bien connu en MacĂ©doine[6].

Les monnaies de bronze prĂ©sentent une plus grande diversitĂ© dans leurs types et les plus frĂ©quents reprennent ceux des monnaies d’argent.

  • Il s’agit du type tĂȘte d’AthĂ©na au droit et chouette au revers, ainsi que le type du portrait du roi au droit accompagnĂ© d’AthĂ©na AlkidĂ©mos au revers. Une variante, oĂč AthĂ©na est remplacĂ©e par la dĂ©esse NikĂš, reprĂ©sentĂ©e ailĂ©e tenant une palme et une couronne, a Ă©galement Ă©tĂ© frappĂ©e.
  • Il existe Ă©galement des types propres aux bronzes : on y trouve NikĂš, le bouclier d’AthĂ©na ornĂ© de la tĂȘte de Gorgone, la tĂȘte d’HĂ©raclĂšs, sa massue associĂ©e Ă  une tĂȘte d’élĂ©phant, la tĂȘte de taureau, le dauphin, le cheval cabrĂ©, le chameau bactrien Ă  deux bosses ou encore la tĂȘte de sanglier.
  • Un exemplaire unique reprĂ©sente une roue Ă  huit rayons au droit, appelĂ©e chakra, avec une palme au revers. Selon Bopearachchi, la roue peut symboliser le Chakravartin, qui peut se traduire par « (le roi) qui fait tourner la roue (de la loi) », un symbole de la royautĂ©, mais il peut aussi avoir une connotation bouddhique. Cette monnaie reflĂšte la relation privilĂ©giĂ©e que MĂ©nandre entretenait avec le bouddhisme.

Si les monnaies d’or et d’argent prĂ©sentent des Ă©lĂ©ments surtout grecs et macĂ©doniens, les monnaies de bronze montrent beaucoup plus d’élĂ©ments indiens. Les historiens supposent que les premiĂšres Ă©taient plus destinĂ©es aux Ă©lites, tandis que les derniĂšres, qui circulaient probablement non loin de leur lieu d’émission, Ă©taient surtout utilisĂ©es par le reste de la population[6] - [8].

MĂ©andre le Juste

Des monnaies en argent et en bronze frappĂ©es au nom d’un roi MĂ©nandre portant l’épithĂšte de ΔΙΚΑΙΟ΄ (Dikaios, « Le Juste ») se sont clairement diffĂ©renciĂ©es du reste du monnayage de MĂ©nandre Ier SĂŽter.

Dans un premier temps, l’hypothĂšse la plus rĂ©pandue, et dĂ©fendue par des historiens comme A. Cunningham et W. W. Tarn, est qu’il s’agit de monnaies de MĂ©nandre Ier, datant de la fin de son rĂšgne :

  • Les traits du portrait royal de ces monnaies sont assez similaires Ă  ceux des monnaies de MĂ©nandre Ier, bien que semblant plus ĂągĂ©s.
  • L’épithĂšte Dikaios serait un tĂ©moignage de la conversion du roi au bouddhisme, sa traduction en kharoshthi au revers, Dharmikasa, signifiant « adepte du Dharma ».

Cependant, plusieurs numismates modernes, comme O. Bopearachchi, ont montrĂ© que plusieurs diffĂ©rences entre les deux monnayages attestaient plutĂŽt de l’existence de deux rois distincts.

  • Aucun des types utilisĂ©s par le second MĂ©nandre ne correspond Ă  ceux utilisĂ©s par MĂ©nandre Ier.
  • L’épithĂšte Dikaios a Ă©tĂ© employĂ© par d’autres souverains, comme Agathocle ou HĂ©lioclĂšs Ier, sans que ceux-ci ne se soient convertis au bouddhisme. L’épithĂšte Dikaios est en fait un Ă©pithĂšte assez banal dans le monnayage grec en gĂ©nĂ©ral.

À ce jour, il est supposĂ© que MĂ©nandre II le Juste Ă©tait le fils d’un autre roi indo-grec, peut-ĂȘtre Straton Ier, sans que cela n’ait encore pu ĂȘtre prouvĂ©.

HĂ©ritage de MĂ©nandre

Ménandre Ier a laissé un héritage important, autant dans le monde des royaumes indo-grecs que dans le monde bouddhiste.

Politique

Bien qu’il ait Ă©tĂ© le plus grand roi indo-grec et que son royaume fut lui aussi le plus grand des royaumes indo-grecs, la mort de MĂ©nandre marque la fin de l’unitĂ© politique de son État. Ce dernier se divise rapidement Ă  la mort du roi, et ses successeurs ne rĂšgnent chacun que sur des fragments du royaume autrefois formĂ© par ce dernier.

Le début du Ier siÚcle de notre Úre marque la fin totale du rÚgne indo-grec en Inde, au profit des Indo-Scythes.

Monnayage

Les types monétaires présents dans le monnayage de Ménandre Ier ont été réutilisés par de nombreux rois indo-grecs postérieurs.

On retrouve notamment le type de l'AthĂ©na AlkidĂ©mos de maniĂšre rĂ©guliĂšre, chez Apollodote II, Apollophane ou encore Straton II. Cette AthĂ©na, dite « protectrice du peuple », est reprĂ©sentĂ©e d’un pas vif, en armes, brandissant d’une main le foudre et tenant de l’autre un bouclier.

Les diffĂ©rents symboles bouddhistes qu’on peut retrouver dans ce monnayage se retrouvent Ă©galement dans plusieurs monnayages indo-grecs postĂ©rieurs, comme la roue Ă  huit rayons.

Les différentes nouveautés monétaires (nouvel étalon indien, etc.) introduites par Ménandre ont également été reprises par la grande majorité des rois indo-grecs.

Bouddhisme

MĂ©nandre Ier a Ă©galement Ă©tĂ© immortalisĂ© dans la littĂ©rature indienne avec l’ouvrage en pali Milindapañha (« Les questions de Milinda ») qui porte son nom. Il est d’ailleurs le seul roi indo-grec mentionnĂ© dans toute la littĂ©rature indienne.

Art gréco-bouddhique

Le rĂšgne de MĂ©nandre Ier a Ă©galement donnĂ© une premiĂšre impulsion Ă  l’art grĂ©co-bouddhique. Cet art est un mĂ©lange d’élĂ©ments artistiques et architecturaux grecs et bouddhiques.

Les Traces archéologiques

Les traces archĂ©ologiques concernant MĂ©nandre sont malheureusement peu variĂ©es n’aidant alors pas Ă  une clarification de son rĂšgne. En plus des sources Ă©crites tels que le Milinda-panha, nous disposons de piĂšces de monnaies en bronze et en argent Ă  son effigie, reprĂ©sentant souvent une roue ainsi qu’AthĂ©na. Cette roue aurait un lien avec le bouddhisme, selon certains historiens elle s’apparenterait Ă  la roue de la vertu bouddhique (cela serait alors une preuve numismatique Ă©ventuelle en faveur des partisans d’un MĂ©nandre bouddhiste). Le nombre important de monnaies retrouvĂ©es nous permet Ă©galement de prendre conscience de la prospĂ©ritĂ© Ă©conomique du royaume de MĂ©nandre. A part ces piĂšces de monnaies une seule inscription (sur un reliquaire bouddhique), trouvĂ©e Ă  Bajaur , fait rĂ©fĂ©rence Ă  MĂ©nandre. Il est a notĂ© qu’il est difficile aujourd’hui de vĂ©rifier les informations sur MĂ©nandre que nous transmettent Plutarque et le Milinda-panha. En effet, mener des fouilles dans ces rĂ©gions est devenu quasiment impossible Ă  cause, notamment, des talibans ou d’autres fondamentalistes musulmans (la rĂ©gion du Bajaur a vu de violents affrontements se dĂ©rouler entre l’armĂ©e Pakistanaise et Ail-QaĂŻda en 2008-2009). De nombreux sites archĂ©ologiques ont d’ailleurs Ă©tĂ© pillĂ©s voir dĂ©truit par ces mĂȘmes groupes.  

Notes et références

  1. (en) « Menander | Indo-Greek king », sur Encyclopedia Britannica (consulté le ).
  2. (en) Awadh K. Narain, The Indo-Greeks. Revisited and supplemented, Londres-Dehli, Oxford University Press, , 201 p. (ISBN 0-19-561046-6), p. 74
  3. (en) Frank Northen Magill, Dictionary of World Biography, vol. I, Taylor & Francis, , 717 p. (ISBN 9781579580407)
  4. Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne], XI, 11.
  5. François Widemann, Les successeurs d'Alexandre en Asie centrale et leur hĂ©ritage culturel, Paris, Édtions Riveneuve, (ISBN 978-2-914214-71-1), p. 156
  6. Osmund Bopearachchi, Monnaies gréco-bactriennes et indo-grecques. Catalogue raisonné, Paris, BibliothÚque nationale de France, (ISBN 2-7177-1825-7)
  7. Olivier Bordeaux, Les Grecs en Inde. Politiques et pratiques monĂ©taires, Bordeaux, Éditions Ausonius, , p. 121
  8. (en) Frank L. Holt, Thundering Zeus : The Making of Hellenistic Bactria, Berkeley, University of California Press, (ISBN 9780520211407), p. 120

Bibliographie

  • Bopearachchi Osmund, Monnaies grĂ©co-bactriennes et indo-grecques. Catalogue raisonnĂ©, Paris, BibliothĂšque nationale de France,
  • Bordeaux Olivier, Les Grecs en Inde. Politiques et pratiques monĂ©taires, Bordeaux, Éditions Ausonius,
  • Dubois RenĂ©, “HellĂ©nisme et Bouddhisme au GandhĂąra : huit siĂšcles d’art eurasien”, JournĂ©es de l’AntiquitĂ©, 2009, Saint-Denis, La RĂ©union
  • (en) Davids Thomas Rhys, The questions of King Milinda, t. II, The Clarendon press, .
  • (en) Halkias Georgios T., When the Greeks Converted the Buddha: Asymmetrical Transfers of Knowledge in Indo-Greek Cultures, Brill Publishers, (ISBN 978-90-04-25528-9), pp.90 - 91
  • Labarre Guy, “Les royaumes grĂ©co-bactriens et indo-grecs : un essai de reconstitution historique”, Dialogue d’histoire ancienne, vol.36, 2010, pp. 211-222
  • (en) Narain Awadh K. Narain, The Indo-Greeks. Revisited and supplemented, Londres-Dehli, Oxford University Press,
  • (en) Tarn William Woodthorpe, The Greeks in Bactria & India, Cambridge, Cambridge University Press,
  • Widemann François, Les successeurs d’Alexandre en Asie centrale et leur hĂ©ritage culturel, Paris, Éditions Riveneuve,

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