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Denis Rake

Denis Rake (1902-1976) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret britannique ayant servi dans le Special Operations Executive. Envoyé en mission en France comme opérateur radio, il travailla en 1942 pour les réseaux SPRUCE et PRIVET et en 1944 pour le réseau FREELANCE.

Denis Rake
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Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Espion, agent du SOE, bouteiller

Identités

  • État civil : Denis Joseph Rake
  • Comme agent du SOE, section F
    • Nom de guerre (field name) : « Justin » (1942) puis « Roland » (1944)
    • Nom de code opĂ©rationnel : JUNIPER, RECEIVER (en français RECEVEUR)
    • Nom de code du Plan, pour la centrale radio : SLACKS
    • Fausse identitĂ© : RenĂ© DieudonnĂ©, Denis Joseph Rocher
    • Surnom (pour Nancy Wake) : Denden

Parcours militaire : captain, puis major

Famille

  • Son père : Anglais, correspondant du Times. Pendant la Première Guerre mondiale, il fournissait des faux papiers au rĂ©seau d’Edith Cavell. Il Ă©chappe Ă  la rafle qui conduit l'infirmière au poteau (le ), mais meurt peu après de tuberculose.
  • Sa mère : Galloise, cantatrice (soprano coloratur) Ă  l'OpĂ©ra de La Monnaie de Bruxelles.

Biographie

Avant la guerre

1902. Naissance de Denis Rake le Ă  Bruxelles[1].

1905. Sa mère le confie au cirque Sarazini. Ainsi, pendant toute son enfance, il va parcourir l'Europe.

1914. Empêché par la guerre, le cirque le rend à ses parents.

1915. Son père meurt. Sa mère réussit à passer en Angleterre avec Denis.

Denis suit des cours de transmissions radio.

1918. À la fin de la guerre, il retourne à Bruxelles.

1920-1923. Un diplomate anglais, qui s'éprend de lui, l'emmène à Athènes. Après leur séparation, Rake a une liaison avec un prince de la famille royale grecque, qui l'entretient mais qui, entrant en politique, devient la cible de la presse d'opposition. Rake va à Venise, puis rentre en Angleterre.

1924. Pendant 15 ans, il joue dans des comédies musicales[2]. Il atteint l'apogée professionnelle avec le premier rôle de Mercenary Mary.

Pendant la guerre

1939. Il est mobilisé. Parlant parfaitement français, il sert comme interprète à Nantes.

1940. Il subit deux naufrages :

  • Ă  la dĂ©bâcle, il rĂ©ussit Ă  s'embarquer in extremis sur le Lancastria, qui est coulĂ© (nuit du 17 au ) ; il ne sait pas nager, mais un camarade le sort de l'eau ;
  • il est affectĂ©, comme interprète, sur un dragueur de mines ralliĂ© Ă  de Gaulle, Pollux, qui est coulĂ© en juillet ; Rake en rĂ©chappe de justesse. Il est alors affectĂ© Ă  terre.

1942.

  • Il est recrutĂ© par le Special Operations Executive. Il suit l'entraĂ®nement, mais refuse de participer aux exercices physiques.
  • Mai. Dans la nuit du 13/14, une felouque le largue dans un canot en caoutchouc au large d'Antibes, ainsi que Charles Hayes[3].
  • Déçu par le fonctionnement des rĂ©seaux de la CĂ´te d'Azur, il va Ă  Lyon et prend contact avec Virginia Hall. Dès le dĂ©but, ils s'entendent bien. Elle commence par le loger chez une prostituĂ©e. Mais lĂ , les Ă©missions radio ne passent pas bien. Il doit changer d'adresse. Dans la journĂ©e, il fait son travail d'opĂ©rateur radio, aux cĂ´tĂ©s d’Edward Zeff « Mathieu », opĂ©rateur du rĂ©seau SPRUCE. Le soir, il se produit comme chanteur dans le cabaret lyonnais La Cigogne. Un jour qu'un policier lui demande d'ouvrir sa valise, il s'en tire en prĂ©tendant faire du marchĂ© noir et en payant grassement le policier !
  • Il est trahi : un jeune agent du SOE, rĂ©cemment parachutĂ©, qu'il a rencontrĂ© chez Virginia Hall, rĂ©vèle Ă  une parente lyonnaise pĂ©tainiste qu'il vient de Londres. La parente le dĂ©nonce Ă  la police. InterrogĂ©, il livre le signalement de Rake.
  • Fin juin, apprenant que la Gestapo connaĂ®t le nom de Rake, Virginia Hall le prĂ©vient qu'il doit quitter Lyon et rentrer Ă  Londres. Mais Rake se propose comme opĂ©rateur radio d’Edward Wilkinson, qui attend en vain Ă  Paris que l'opĂ©rateur radio attendu rĂ©ussisse Ă  franchir la ligne de dĂ©marcation.
  • Juillet. Au dĂ©but du mois, il tente de passer la ligne de dĂ©marcation près de Montceau-les-Mines, mais il est arrĂŞtĂ©[4]. Il est d'abord interrogĂ© par la Gestapo Ă  Chalon-sur-SaĂ´ne, de manière brutale, mais sans succès, bien qu'il perde plusieurs dents. Il corrompt un gardien et saute du train qui l'emmène Ă  la prison de Dijon[5]. Ă€ Paris, il se rend au BĹ“uf sur le toit, qu'il connaĂ®t d'avant guerre. Au bar, il rencontre Max, officier de l'Ă©tat-major de la Wehrmacht Ă  Paris, vĂŞtu en civil. C'est le coup de foudre. Ils deviennent amants. Il finit par rencontrer Edward Wilkinson « Alexandre », qui lui demande de mettre un terme Ă  sa liaison. Celui-ci commence par refuser. L'arrivĂ©e du poste Ă©metteur tardant, Edward Wilkinson « Alexandre » dĂ©cide de retourner Ă  Lyon auprès de « Marie ». « Justin » devant l'accompagner, doit rompre avec son amant. Ils repassent la ligne de dĂ©marcation et se rendent Ă  Lyon le 15[6] auprès de « Marie », qui leur remet un poste Ă©metteur. Rake souffrant de dysenterie, Virginia Hall le cache quelque temps, avant qu'il retourne Ă  Paris. Puis « Alexandre » ayant retrouvĂ© son camarade d'entraĂ®nement Richard Heslop « Fabien », le trio dĂ©cide de repasser la ligne de dĂ©marcation près de Limoges.
  • AoĂ»t. Le 15, Ă  Limoges, les trois hommes sont arrĂŞtĂ©s par la Surveillance du territoire et incarcĂ©rĂ©s.
RĂ©cit de l'arrestation. Ă€ Limoges, « Alexandre » et Richard Heslop « Fabien » dĂ©posent Rake dans un cafĂ© qui loue des chambres et s'installent eux-mĂŞmes dans un hĂ´tel. Le trio se retrouve pour dĂ®ner au restaurant de l'hĂ´tel des Faisans. « Alexandre » et Richard Heslop « Fabien » s'abstiennent de mentionner oĂą ils sont descendus. Rake pense qu'ils se mĂ©fient de lui. Il est ulcĂ©rĂ©. Ils prennent rendez-vous pour le lendemain Ă  11 heures devant Les Faisans. Rake n'y est pas. Une règle de sĂ©curitĂ© du SOE impose dans ce cas de ne pas insister. Pourtant, « Alexandre » et Richard Heslop « Fabien » insistent et font le tour du pâtĂ© de maisons. Ils sont arrĂŞtĂ©s au moment oĂą ils repassent devant Les Faisans. Trois heures auparavant, Rake a Ă©tĂ© arrĂŞtĂ© Ă  l'occasion d'un contrĂ´le de police. Redoutant la curiositĂ© de la logeuse, il avait bien cachĂ© son Ă©metteur au vestiaire des Faisans. Mais le policier a trouvĂ© dans sa valise une importante somme d'argent (65 000 francs). De plus, les billets n'Ă©taient pas Ă©pinglĂ©s comme d'habitude par liasses de dix. « Alexandre » et Richard Heslop « Fabien » dĂ©clarent ne connaĂ®tre Rake que de la veille. Or deux indices prouvent le contraire : les billets de Rake et ceux d'« Alexandre » sont numĂ©rotĂ©s Ă  la suite et leurs cartes d'identitĂ©, supposĂ©es avoir Ă©tĂ© Ă©tablies dans des villes diffĂ©rentes, sont Ă©crites de la mĂŞme main.
  • Transfert des trois prisonniers Ă  la prison de Castres. Le rĂ©gime d'incarcĂ©ration est beaucoup plus dur : isolement, privations, sĂ©vices[7].
  • Novembre. Le 8, nouveau transfert au camp de Chambaran (Isère). Le 11, la Wehrmacht franchit la ligne de dĂ©marcation. AussitĂ´t le directeur du camp, qui penche pour les AlliĂ©s, libère les trois hommes. Wilkinson et Richard Heslop « Fabien », sans papiers et avec peu d'argent, reprennent leur chemin interrompu vers Angers, et ils laissent aller Denis Rake de son cĂ´tĂ© (car ils le soupçonnent d'ĂŞtre Ă  l'origine de leur arrestation). Rake rĂ©ussit Ă  passer en Espagne avec deux compatriotes qui ne parlent pas français. Il fait un sĂ©jour dans un camp d'internement espagnol, oĂą il se lie avec un garçon qui lui montre ses photos de famille. Il reconnaĂ®t « Alexandre ». Le garçon est George Wilkinson, le frère de celui que Rake ne connaissait que par son pseudo « Alexandre ». Rake est rĂ©cupĂ©rĂ© par le consulat britannique[8].

1944. Dans la nuit du 9/, un Lysander le dĂ©pose Ă  2,5 km O/SO de LuzillĂ© (Indre-et-Loire)[9]. Il est envoyĂ© comme opĂ©rateur radio du rĂ©seau FREELANCE (chef de rĂ©seau : major John Hind Farmer « Hubert » ; courrier : Nancy Wake ; QG Ă©tabli Ă  Chaudes-Aigues). Le , il est blessĂ© lors d'une attaque gĂ©nĂ©rale des Allemands Ă  Chaudes-Aigues, et il perd le contact avec le rĂ©seau. Le , il parvient Ă  reprendre contact avec John Hind Farmer. Il reçoit un nouveau jeu de codes et de cristaux et reprend son activitĂ© d'opĂ©rateur radio.

Après la guerre

Il est maître d'hôtel chez Douglas Fairbanks, Jr.

1976. Il meurt.

Ĺ’uvre

  • (en) Rake's Progress; the Gay - and Dramatic - Adventures of Major Denis Rake, MC, the Reluctant British War-Time Agent, with a foreword by Douglas Fairbanks, Hardcover, 271 p., 22 cm, Publisher: Leslie Frewin, 1968, ASIN: B001JPUDB6 ; (ISBN 009087580X)

Filmographie

  • Marcel OphĂĽls, Le Chagrin et la PitiĂ©, 1969. Denis Rake y tĂ©moigne de son action comme opĂ©rateur radio du rĂ©seau FREELANCE en Auvergne.

RĂ©compenses

Sources et liens externes

  • (en) Des agents du SOE en France - fiche Denis Rake, avec photographie
  • Fiche Denis Rake, avec photographies, sur le site Special Forces Roll of Honour.
  • Gilles Perrault, Les Jardins de l'Observatoire, Fayard, 1995. Cf. les chapitres 16 Ă  18.
  • (en) Richard Heslop, Xavier : the famous British agent's dramatic account of his work in the French Resistance, Londres, Hart-Davis, (ISBN 0-246-63989-X).
  • Brooks Richards (trad. Pierrick Roullet), Flottilles secrètes : les liaisons maritimes clandestines en France et en Afrique du Nord : 1940-1944, Le Touvet (Isère), Éditions Marcel-Didier Vrac (M.D.V.), (ISBN 978-2-910821-41-8).
  • Michael Richard Daniell Foot et Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac (annot.) (trad. de l'anglais par Rachel Bouyssou), Des Anglais dans la RĂ©sistance : le service secret britannique d'action (SOE) en France, 1940-1944, Paris, Tallandier, , 799 p. (ISBN 978-2-84734-329-8) Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) M. R. D. Foot, SOE in France an account of the work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London London Portland, OR, Whitehall History Pub. Frank Cass, (ISBN 978-0-7146-5528-4). Ce livre prĂ©sente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
  • Vincent Nouzille, L'espionne : Virginia Hall, une AmĂ©ricaine dans la guerre, Paris, Fayard, , 443 p. (ISBN 978-2-213-62827-1).
  • (en) Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographiĂ© (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable Ă  la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 12, TINKER CIRCUIT, et sheet 30B, FREELANCE-GASPARD CIRCUIT.
  • Nancy Wake (trad. de l'anglais), La Gestapo m'appelait la Souris blanche : une Australienne au secours de la France, Paris, Éditions du FĂ©lin, , 187 p. (ISBN 2-86645-402-2).
  • (en) Geoffrey Elliott, The Shooting Star : Denis Rake, MC : a Clandestine Hero of the Second World War, Londres, Methuen, , 320 p. (ISBN 978-0-413-77684-6 et 0-413-77684-0).
  • Daniel Cordier, Alias Caracalla, Paris, Gallimard, , 931 p. (ISBN 978-2-07-074311-7), p. 277-278

Notes

  1. 22 mai 1902, selon SFRoH. Mais année de naissance 1901, selon Gilles Perrault.
  2. Acteur Ă  Drury Lane [Source : SFRoH].
  3. Source : Brooks Richards, p. 925.
  4. Selon Foot, p. 294, il parvient à convaincre ses gardes français de le laisser sauter du train qui le conduit en prison.
  5. Selon Gilles Perrault, c'est l’aumônier de la prison qui le fait évader, en le mettant dans un bidon d'eaux grasses, avec le nez et les oreilles bouchées par de la ouate.
  6. Marcel Ruby, p. 102.
  7. Selon Vincent Nouzille, p. 208, l'évasion de Mauzac (16 juillet) provoque un renforcement de la surveillance : Rake est séparé de ses deux camarades et envoyé dans un camp près de Toulouse.
  8. Source : G. Perrault.
  9. Hugh Verity, p. 301.

Liens externes

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