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Denis Lazure

Denis Lazure, né le à Napierville et mort le à Montréal, est un psychiatre et homme politique québécois. Réformateur médical et social, praticien, dirigeant, il fut aussi député à l'Assemblée nationale du Québec et ministre.

Denis Lazure
Fonctions
Député à l'Assemblée nationale du Québec
–
Circonscription La Prairie
Prédécesseur Jean-Pierre Saintonge
Successeur Monique Simard
–
Circonscription Bertrand
Prédécesseur Premier titulaire
Successeur Robert Bourassa
–
Circonscription Chambly
Prédécesseur Guy Saint-Pierre
Successeur Luc Tremblay
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Napierville
Date de décès
Lieu de décès Montréal
Parti politique Parti québécois
Diplômé de Université de Montréal,
Université de Pennsylvanie,
Université de Toronto
Profession Psychiatre, administrateur

Biographie

Né le à Napierville, fils de Thomas [Hazeur dit Hazur, dit Azur dit][1] Lazure, fabricant de beurre, et de Berthe Durivage, Denis Lazure entre à l'Université de Montréal, y devient président de l'Association générale des étudiants (1950-1951), y réussit sa médecine et va se spécialiser ensuite à l'Université de Pennsylvanie en pédopsychiatrie.

Il restera toute sa vie combatif et grand sportif amateur, dont au tennis, après avoir établi, comme jeune adulte, un record dans la ligue de hockey interuniversitaire, en faveur de l'équipe Les Carabins de l'Université de Montréal, en comptant cinq buts et en fournissant quatre assistances au cours d'un match.

Il est le père de quatre enfants, dont l'actrice Gabrielle Lazure est l'aînée.

Le fonds d’archives de Denis Lazure est conservé au centre d’archives de Québec de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[2].

Carrière médicale

Comme psychiatre, Denis Lazure devient vite sensible à « l'insensibilité des institutions religieuses à certaines problématiques humaines difficiles », dont :

  • les mères-cĂ©libataires (dites « filles-mères ») que ces institutions culpabilisaient et incitaient Ă  leur abandonner les nouveau-nĂ©s,
  • les « orphelins » non-adoptĂ©s (dont surtout les enfants de celles-ci), malmenĂ©s, asservis puis gardĂ©s comme « malades mentaux » et main-d'Ĺ“uvre bon marchĂ© dans les hĂ´pitaux… dirigĂ©s par des nonnes.

Dès sa première année de résidence en psychiatrie, il découvre et dénonce les travers des institutions psychiatriques et des psychiatres qui y œuvrent. Cet admirateur de Norman Bethune est donc d'abord exclu rapidement de l'immense hôpital Saint-Jean-de-Dieu (ensuite renommé Hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine) et doit terminer sa formation dans le réseau (plus sensé) de l'Université McGill, notamment au Douglas Hospital, où il participe aux premiers essais du largactil auprès du grand Heinz Lehmann.

Le psychiatre Camille Laurin, de trois ans son aîné, innovateur lui aussi et futur collègue politique, l'invite à développer la pédopsychiatrie à l'Université de Montréal.

Denis Lazure assume donc en réformateur ou pionnier différentes fonctions socio-psychiatriques :

  • fondateur et directeur pendant un an du premier hĂ´pital psychiatrique d'HaĂŻti,
  • fondateur et directeur du dĂ©partement de psychiatrie infantile de l'HĂ´pital Sainte-Justine Ă  MontrĂ©al de 1957 Ă  1969,
  • professeur de pĂ©dopsychiatrie Ă  l'universitĂ© de MontrĂ©al,
  • coauteur (avec les psychiatres Dominique BĂ©dard et Charles Roberts, tous trois suggĂ©rĂ©s par Camille Laurin) du rapport de la Commission BĂ©dard (1962), qui jetait les bases de la dĂ©sinstitutionnalisation et de la rĂ©gionalisation en psychiatrie au QuĂ©bec et, par la suite, coresponsable (avec ses 2 collègues commissaires) de l'implantation des rĂ©formes proposĂ©es par cette Commission BĂ©dard,
  • prĂ©sident de l'Association des psychiatres du Canada en 1966 et 1967,
  • prĂ©sident du Conseil interamĂ©ricain des psychiatres en 1967 et 1968,
  • directeur gĂ©nĂ©ral de l'HĂ´pital de Rivière-des-Prairies (hĂ´pital pĂ©dopsychiatrique, auparavant nommĂ© « Mont-Providence ») de 1969 Ă  1974 (qu'il laĂŻcise, sectorise, tout en libĂ©rant près de 40 % des 1 050 Â« patients » internĂ©s Ă  vie depuis l'enfance),
  • prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© Canada-Chine en 1974 et 1975,
  • directeur gĂ©nĂ©ral de l'HĂ´pital Louis-Hippolyte-Lafontaine, de 1975 Ă  1976, qu'il laĂŻcise et transforme…
  • auteur d'une Ă©tude sur les soins psychiatriques Ă  la Barbade pour l'Organisation mondiale de la santĂ©,
  • rĂ©organisateur des services de santĂ© mentale pour les gouvernements du QuĂ©bec, de l'Ontario et du Manitoba,
  • psychiatre clinicien Ă  l'HĂ´pital Charles-Lemoyne (de Greenfield Park), de 1986 Ă  1989,
  • psychiatre clinicien Ă  l'HĂ´pital Louis-Hippolyte-Lafontaine, de 1999 Ă  son dĂ©cès.

Carrière politique

Par deux fois, il Ă©choue Ă  se faire Ă©lire au niveau fĂ©dĂ©ral, sous la bannière du Nouveau Parti dĂ©mocratique : d'abord comme candidat dans Outremont—Saint-Jean Ă  l'Ă©lection partielle fĂ©dĂ©rale du , pour prendre le siège du dĂ©putĂ© libĂ©ral Maurice Lamontagne, nommĂ© au SĂ©nat; ensuite, en 1968, dans l'ancienne circonscription de Gamelin, oĂą il arrive troisième (15,00 %) derrière le candidat libĂ©ral Arthur Portelance et le conservateur Marcel Faribault.

Il est élu dans Chambly lors de la première victoire du Parti québécois en 1976 et devient aussitôt ministre des Affaires sociales (1976-1981) du Gouvernement Lévesque.

Puis il est élu député de Bertrand à la réélection du Parti québécois en 1981. Nommé « ministre d'État au Développement social » (1981-1982), il crée en 1981 l'Office des personnes handicapées du Québec[3].

En moins de six ans, ses actions de ministre auront surtout porté sur :

  • l'Ă©tablissement du rĂ©seau des garderies ;
  • l'aide aux personnes âgĂ©es ;
  • la crĂ©ation de cliniques d'avortement thĂ©rapeutique (depuis lors, dites « cliniques Lazure » par les opposants) ;
  • la mĂ©decine prĂ©ventive ;
  • l'intĂ©gration sociale des personnes handicapĂ©es (physiques ou mentales) ;
  • l'implantation de Commissions administratives rĂ©gionales (CAR, plus tard renommĂ©es Commissions de la santĂ© mentale, CSM, consultatives) et de tribunaux administratifs (Commission des affaires sociales, CAF) ;
  • l'adaptation de l'aide sociale.

Il est ensuite désigné « ministre délégué aux Relations avec les citoyens », lors du remaniement ministériel de septembre 1982.

Homme de principe et souverainiste convaincu, il démissionne de ses postes de ministre et de député, à la fin de 1984, parce qu'il est en désaccord avec René Lévesque sur la mise en veilleuse du projet de souveraineté du Québec. D'autres collègues, notamment Camille Laurin et Jacques Parizeau, prennent aussi cette voie du douloureux retrait politique par protestation.

Il Ĺ“uvre comme psychiatre Ă  l'HĂ´pital Charles-Lemoyne de Greenfield Park de 1986 Ă  1989.

Au retrait de Pierre-Marc Johnson, en 1988, lorsque Jacques Parizeau devient chef du Parti québécois, Denis Lazure revient à l'Assemblée nationale comme député de la circonscription de Napierville-La Prairie.

Mais, n'étant plus renommé ministre et voulant se sentir plus utile qu'un simple député, il quittera définitivement la politique en 1996, peu après Jacques Parizeau.

L'après-politique

Il devient président-directeur général de l'Office des personnes handicapées du Québec de 1996 à 1999. En 1999 il reprend à l'Hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine sa pratique de psychiatre, comme clinicien.

Cela ne l'empêche pas, lui, le sempiternel redresseur de torts, de devenir la même année (de 1999 à 2001, jusqu'à règlement final) le président du Comité d'appui aux Orphelins de Duplessis, qui réclament du gouvernement du Québec (alors sous la gouverne de Lucien Bouchard puis de Bernard Landry, du Parti québécois) une compensation monétaire pour les affres qu'ils ont jadis subies par la faute de l'État, de l'Église et du Collège des médecins…

Il décède à Montréal le samedi à l'âge de 82 ans[4], à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Ses obsèques ont lieu à l'Église St-Viateur d'Outremont le samedi suivant.

AncĂŞtres

(La numérotation utilisée ici est dite « Numérotation de Sosa-Stradonitz »)

8 - Jean-Baptiste Lazure
(Hazeur dit Hazur dit Azur dit Lazure)
4. Jean-Baptiste Lazure
9 - Émérance Longtin
(Lonquetin dit Longtin)
2. Thomas Lazure
10 - Vital Monchamp
(Monchamp dit Dirmont)
5 - Marie Ida Monchamp
11 - CĂ©lanire LanctĂ´t
(Laurent dit LanctĂ´t)
1. Denis Lazure (1925-2008)
12 - François-Xavier Durivage
(Ango? ou Baillargeon? ou Étienne? ou Jetté? dit Durivage)
6. 6 - Benoît Durivage
13 - Louise Rougeau
(Forgues dit Monrougeau dit Rougeau?
ou Rougeau dit Berger? ou Rougeau dit Veronneau?)
3. Berthe Durivage
14 - Henri Trudeau
(Truteau dit Trudeau)
7 - Fridoline Trudeau
15 - MĂ©thilde ou Mathilde LanctĂ´t
(Laurent dit LanctĂ´t)

Publications

Honneurs

  • 1961 — officier de l’Ordre national Honneur et MĂ©rite de la rĂ©publique d’HaĂŻti
  • 1990 — membre honoraire de l’Association mĂ©dicale du Canada
  • 2004 — prix Heinz E. Lehmann, de l'Association des mĂ©decins psychiatres du QuĂ©bec, pour sa contribution Ă  l'avancement et au rayonnement de la profession
  • 2007 — chevalier de l'Ordre national du QuĂ©bec

Citations

  • « The commission work was exciting and highly reformist ; we blasted the nuns in our report. » — Denis Lazure, dans une entrevue en anglais parue dans le quotidien montrĂ©alais The Gazette, le 5 septembre 1979, concernant le rapport de la Commission BĂ©dard (1962) sur la santĂ© mentale.
Traduction littérale : Le travail de la Commission fut exaltant et hautement réformateur ; nous avons descendu les nonnes dans notre rapport.
  • « Puisque mes gènes me transmettent une longĂ©vitĂ© respectable, j'espère bien pouvoir participer Ă  cette expression de bien-ĂŞtre et de joie qui s'empare d'un peuple lorsque, gonflĂ© de fiertĂ©, il dĂ©cide enfin de prendre en main son destin. » — Dernière phrase de son autobiographie, 2002, op. cit.
  • « Il n'y avait que la mort pour mettre Denis Lazure au repos. » — Guillaume Bourgault-CĂ´tĂ© / part. Claude Turcotte, Mort d'un ardent patriote, dans Le Devoir, 25 fĂ©vrier 2008 (voir ci-dessous, section liens externes)
  • « Le vrai combat de sa vie, ce fut celui contre les inĂ©galitĂ©s sociales. Mais comme il pensait que la souverainetĂ© pourrait rĂ©gler certains de ces problèmes, il en a aussi fait une lutte permanente. » — Serge Geoffrion, journaliste, son attachĂ© politique (1989-1996), puis dĂ©putĂ©, citĂ© par Guillaume Bourgault-CĂ´tĂ©, ibid.
  • « Chaque fois qu'un combat progressiste Ă©tait Ă  faire ou qu'il y avait de la dĂ©tresse en vue, Denis Lazure Ă©tait lĂ . Toute son action Ă©tait marquĂ©e par l'humanisme et le dĂ©vouement. » — Bernard Landry, citĂ© par Guillaume Bourgault-CĂ´tĂ©, ibid.

Notes et références

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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