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David III d'Ibérie

David III d’IbĂ©rie (° vers 930 - † vers 1000), dit « le Curopalate Â» (en gĂ©orgien : დავით III კუროპალაჱი, Davit’ III Kuropalati) ou David III le Grand (დავით III დიდი, Davit’ III Didi) ou David de Tao, est un prince d’IbĂ©rie de la dynastie des Bagratides qui a rĂ©gnĂ© sur le Tao et la KlarjĂ©thie de 966 Ă  1000. David le Grand a jouĂ© un rĂŽle essentiel dans la constitution du royaume unifiĂ© de GĂ©orgie mĂ©diĂ©vale.

David III d'Ibérie
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom dans la langue maternelle
დავით III კუროპალაჱი
Famille
Bagration (en)
PĂšre
ParentĂšle
Bagrat III de GĂ©orgie (fils adoptif)

Origine

David est le fils du prince AdarnassĂ© V d'IbĂ©rie, duc de Tao et curopalate mort en 961. Du fait de l’homonymie des membres de la famille des Bagratides, l’origine de ce dernier personnage est contestĂ©e :

En tout Ă©tat de cause, David appartient Ă  une branche cadette de la dynastie bagratide d’IbĂ©rie qui s’est dĂ©veloppĂ©e pendant que la branche aĂźnĂ©e restait comme roi titulaire d’IbĂ©rie dans l’ombre de la puissance des rois abkhazes.

David est dĂ©crit par les Chroniques contemporaines comme pieux et magnanime envers chacun et comme un grand bĂątisseur d’églises.

Duc de Tao et de Klarjéthie

David succÚde conjointement avec son frÚre Bagrat Ier à leur pÚre Adarnassé V d'Ibérie, duc de Tao et Curopalate mort en 961.

AprĂšs la disparation prĂ©maturĂ©e de son frĂšre Bagrat en 966, David rĂšgne seul dans son patrimoine de Tao-KlarjĂ©thie qui devient une principautĂ© importante et dont les frontiĂšres s’étendent progressivement de la mer Noire au lac de Van. La crĂ©ation et la consolidation de sa principautĂ© a puissamment contribuĂ© Ă  l’expansion de la culture gĂ©orgienne sur les royaumes et principautĂ© voisins.

Relations avec l’Empire byzantin

En 976, un gĂ©nĂ©ral byzantin, Bardas SklĂšros, gouverneur du thĂšme de MĂ©sopotamie, se soulĂšve contre l’empereur Basile II. Le pouvoir impĂ©rial charge alors un autre chef de guerre, Bardas Phocas le Jeune, neveu de l’ancien empereur NicĂ©phore II Phocas, de mettre fin Ă  la rĂ©volte. Ce dernier est vaincu, se retire vers l’est Ă  SĂ©baste et sollicite l’aide de David de Tao avec qui il entretenait des relations cordiales.

L’empereur Basile II, de son cĂŽtĂ©, charge un noble gĂ©orgien, IoannĂ© Thornik, qui vivait dans un des couvents de l’Athos, d’une mission auprĂšs de David de Tao pour obtenir de l’aide.

Le prince David envoie un contingent de 12 000 hommes qui, sous le commandement de Thornik, renforcent l’armĂ©e de Basile II qui Ă©crase Bardas SklĂšros le Ă  la grande bataille de Pankalia, Ă  l’issue de laquelle le vaincu se rĂ©fugie Ă  Bagdad.

David de Tao reçoit en rĂ©compense en 979 les cantons qui dĂ©pendaient de l’Empire Ă  la frontiĂšre de ses domaines propres. David devient ainsi le seigneur d’un vaste territoire allant de l’Euphrate au nord-ouest Ă  travers le pays d’Erzurum jusqu’au cours supĂ©rieur du Mourad-sou au sud-est. La Chronique gĂ©orgienne spĂ©cifie toutefois qu’il s’agissait de la part de l’empereur Basile II d’un don viager en faveur du prince ibĂšre. David occupe dans les annĂ©es suivantes le territoire de l’émirat de Manazkert, situĂ© au nord-ouest du lac de Van.

C’est Ă  cette mĂȘme Ă©poque que David de Tao s’impose comme arbitre dans le diffĂ©rend territorial qui oppose le « Roi des rois » Smbat II d'ArmĂ©nie, qui rĂšgne Ă  Ani, Ă  son oncle Mouchel, roi de Kars.

En 986, Bardas SklĂšros revient et se fait proclamer empereur Ă  MĂ©litĂšne. Presque aussitĂŽt l’ancien gĂ©nĂ©ral loyaliste Bardas Phocas se rĂ©volte de son cĂŽtĂ© Ă  Kharsian en Cappadoce en se proclamant Ă©galement empereur le . Bardas Phocas se dĂ©barrasse rapidement de son concurrent en le capturant par trahison et en l’emprisonnant dans une forteresse[4]. Il sollicite Ă©galement l’aide de David de Tao qui ne lui accorde que 2 000 cavaliers. Cependant, David dĂ©fait une force byzantine loyaliste conduite par GrĂ©goire TaronitĂšs qui avait pour objectif de s'attaquer au cƓur du territoire de Bardas SklĂšros[5] - [6]. L’usurpateur marche sur Constantinople mais il est vaincu et tuĂ© par Basile II Ă  la bataille d’Abydos sur les Dardanelles le .

Le prince David, compromis dans la tentative de Bardas Phocas et menacĂ© d’une expĂ©dition impĂ©riale, doit pour obtenir son pardon jurer obĂ©issance Ă  Basile II et s’engager Ă  lui lĂ©guer la totalitĂ© de ses Ă©tats Ă  sa mort. En contrepartie l’empereur byzantin lui confirme en 990 le titre de curopalate accordĂ© traditionnellement aux membres de sa famille et lui envoie les insignes de cette dignitĂ© sous la forme de riches vĂȘtements d’apparat.

Successions

Croix de procession de David de Tao, Ɠuvre de l'orfùvre Asat.

David le Curopalate n’ayant a priori pas contractĂ© d’union, n’a pas d’hĂ©ritier naturel. Il considĂšre donc comme tel, son fils adoptif le jeune Bagrat, fils de son cousin Gourgen Ier d'IbĂ©rie[7].

Mettant Ă  profit l’effondrement de la puissance des rois abkhazes consĂ©cutif aux querelles de la famille royale, il favorise avec l’appui d'IonĂ© MarouschidzĂ©, le puissant ersitavi de Karthlie, la restauration en 975 du royaume d’IbĂ©rie au profit de Gourgen Ier, d’abord comme roi de facto pour le compte de son pĂšre le faible Bagrat II d'IbĂ©rie, puis comme roi de jure Ă  partir de 994.

David de Tao organise ensuite la succession du roi ThĂ©odose III d'Abkhazie, qui a Ă©tĂ© aveuglĂ© par son frĂšre DĂ©mĂ©trius III avant de parvenir au trĂŽne. En 978, David rĂ©ussit Ă  faire reconnaĂźtre comme hĂ©ritier Bagrat, le fils de Gourgen Ier et de Gourandoukht, la propre sƓur du roi des Abkhazes. Le jeune Bagrat obtient ainsi un premier titre royal avec l’expectative de l’hĂ©ritage de son pĂšre.

David le Curopalate meurt le [8], sans doute empoisonnĂ© lors d'un complot organisĂ© par quelques nobles peut-ĂȘtre Ă  l'instigation des autoritĂ©s byzantines[9].

Bagrat III de GĂ©orgie hĂ©rite alors du Tao-KlarjĂ©thie. Il tente mĂȘme d’incorporer dans son royaume la KakhĂ©tie et l’HĂ©rĂ©thie en 1008-1010, fondant ainsi le royaume de GĂ©orgie unifiĂ© avec comme capitale KoutaĂŻssi, car Tiflis reste aux mains des musulmans.

Notes et références

  1. Marie-Félicité Brosset, Histoire de la Géorgie, p. 280, et Addition IX, p. 155.
  2. Stephen H. Rapp, Studies in Medieval Georgian Historiography: Early Texts and Eurasian Contexts, Peeters Publishers, Louvain, 2003 (ISBN 9042913185), p. 409.
  3. « Chronique gĂ©orgienne : Addition I » dans Histoire de la GĂ©orgie de Marie-FĂ©licitĂ© Brosset : « Bagrat Magistros fils d’AdarnassĂ© roi des Karthles mourut en 945 au mois de mars. Le fils de Bagrat Magistros , (AdarnassĂ©) mourut en 961 ses fils l’ayant pris et fait moine il mourut malgrĂ© lui sous le froc, et laissa deux fils Bagrat et David Ă©risthaw des Ă©risthaws. Ce Bagrat fils d’AdarnassĂ© curopalate mourut en 966 et son frĂšre David couropalate devint "grand" ».
  4. Louis Brehier, Vie et mort de Byzance. SklĂšros, libĂ©rĂ© par l'Ă©pouse de Phocas, tente de reprendre la lutte. Basile II lui fait assurer sa grĂące entiĂšre s'il se soumet. Le vieux prĂ©tendant accepte ; crĂ©Ă© curopalate, il se retire Ă  Didymotika oĂč il meurt le .
  5. Holmes 2005, p. 98, note 69 ; 320 ; 406, note 21
  6. StrÀssle 2006, p. 78, note 1080
  7. Marie-FĂ©licitĂ© Brosset, Histoire de la GĂ©orgie, p. 292. Selon la Chronique gĂ©orgienne, « Bagrat Ă©tait l’arriĂšre-petit-fils de son oncle paternel ».
  8. D’aprĂšs Açogh’ig, historien justement apprĂ©ciĂ© pour l’exactitude de ses dates, « il mourut dans une vieillesse avancĂ©e, le jour de la grande fĂȘte vivificatrice de PĂąques, en 449 de l’ùre armĂ©nienne », 21 mars 1000 - 20 mars 1001 de l’ùre chrĂ©tienne. Açogh’ig, Hist. univ., III, ch. XLIII. PĂąques tombe cette annĂ©e-lĂ  le 31 mars.
  9. Mathieu d'Édesse : Ire partie, chapitre XXIV, p. 33, citĂ© par RenĂ© Grousset, Histoire de l’ArmĂ©nie des origines Ă  1071 [dĂ©tail des Ă©ditions], p. 529-531.

Bibliographie

  • Alexandre Manvelichvili, Histoire de la GĂ©orgie, Paris, Nouvelles Éditions de la Toison d'Or, , 476 p., p. 145-147.
  • Nodar Assatiani et Alexandre Bendianachvili, Histoire de la GĂ©orgie, Paris, l'Harmattan, , 335 p. [dĂ©tail des Ă©ditions] (ISBN 2-7384-6186-7, prĂ©sentation en ligne), p. 104-111.
  • Cyrille Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrĂ©tienne de l'AntiquitĂ© jusqu'au XIXe siĂšcle : Tables gĂ©nĂ©alogiques et chronologiques, Rome, , p. 131, 534 & 563.
  • Louis Brehier, Vie et mort de Byzance, Albin Michel, Paris, 1946 & 1969.
  • RenĂ© Grousset, Histoire de l’ArmĂ©nie des origines Ă  1071 [dĂ©tail des Ă©ditions], p. 501-507, 514-517, 524-531.
  • (en) Catherine Holmes, Basil II and the Governance of Empire (976-1025), Oxford University Press, , 625 p. (ISBN 978-0-19-927968-5, lire en ligne)
  • (de) Paul Meinrad StrĂ€ssle, Krieg und KriegfĂŒhrung in Byzanz : die Kriege Kaiser Basileios' II. gegen die Bulgaren (976–1019), Cologne, Böhlau Verlag, , 578 p. (ISBN 3-412-17405-X)

Voir aussi

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