David III d'Ibérie
David III dâIbĂ©rie (° vers 930 - â vers 1000), dit « le Curopalate » (en gĂ©orgien : ááááá III ááŁá ááááááąá, Davitâ III Kuropalati) ou David III le Grand (ááááá III áááá, Davitâ III Didi) ou David de Tao, est un prince dâIbĂ©rie de la dynastie des Bagratides qui a rĂ©gnĂ© sur le Tao et la KlarjĂ©thie de 966 Ă 1000. David le Grand a jouĂ© un rĂŽle essentiel dans la constitution du royaume unifiĂ© de GĂ©orgie mĂ©diĂ©vale.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs | |
Nom dans la langue maternelle |
ááááá III ááŁá ááááááąá |
Famille |
Bagration (en) |
PĂšre | |
ParentĂšle |
Bagrat III de GĂ©orgie (fils adoptif) |
Origine
David est le fils du prince AdarnassĂ© V d'IbĂ©rie, duc de Tao et curopalate mort en 961. Du fait de lâhomonymie des membres de la famille des Bagratides, lâorigine de ce dernier personnage est contestĂ©e :
- Marie-FĂ©licitĂ© Brosset dĂ©crit son pĂšre comme un AdarnassĂ© Curopalate mort en 983, second fils de Soumbat Ier (mort en 958), lui-mĂȘme fils dâAdarnassĂ© IV d'IbĂ©rie[1].
- Cyrille Toumanoff considĂšre de son cĂŽtĂ©, avec les historiens contemporains, ce mĂȘme AdarnassĂ© V[2], comme un fils de Bagrat le Magistros (mort en mars 945), autre fils du roi AdarnassĂ© IV d'IbĂ©rie (mort en 923)[3].
En tout Ă©tat de cause, David appartient Ă une branche cadette de la dynastie bagratide dâIbĂ©rie qui sâest dĂ©veloppĂ©e pendant que la branche aĂźnĂ©e restait comme roi titulaire dâIbĂ©rie dans lâombre de la puissance des rois abkhazes.
David est dĂ©crit par les Chroniques contemporaines comme pieux et magnanime envers chacun et comme un grand bĂątisseur dâĂ©glises.
Duc de Tao et de Klarjéthie
David succÚde conjointement avec son frÚre Bagrat Ier à leur pÚre Adarnassé V d'Ibérie, duc de Tao et Curopalate mort en 961.
AprĂšs la disparation prĂ©maturĂ©e de son frĂšre Bagrat en 966, David rĂšgne seul dans son patrimoine de Tao-KlarjĂ©thie qui devient une principautĂ© importante et dont les frontiĂšres sâĂ©tendent progressivement de la mer Noire au lac de Van. La crĂ©ation et la consolidation de sa principautĂ© a puissamment contribuĂ© Ă lâexpansion de la culture gĂ©orgienne sur les royaumes et principautĂ© voisins.
Relations avec lâEmpire byzantin
En 976, un gĂ©nĂ©ral byzantin, Bardas SklĂšros, gouverneur du thĂšme de MĂ©sopotamie, se soulĂšve contre lâempereur Basile II. Le pouvoir impĂ©rial charge alors un autre chef de guerre, Bardas Phocas le Jeune, neveu de lâancien empereur NicĂ©phore II Phocas, de mettre fin Ă la rĂ©volte. Ce dernier est vaincu, se retire vers lâest Ă SĂ©baste et sollicite lâaide de David de Tao avec qui il entretenait des relations cordiales.
Lâempereur Basile II, de son cĂŽtĂ©, charge un noble gĂ©orgien, IoannĂ© Thornik, qui vivait dans un des couvents de lâAthos, dâune mission auprĂšs de David de Tao pour obtenir de lâaide.
Le prince David envoie un contingent de 12 000 hommes qui, sous le commandement de Thornik, renforcent lâarmĂ©e de Basile II qui Ă©crase Bardas SklĂšros le Ă la grande bataille de Pankalia, Ă lâissue de laquelle le vaincu se rĂ©fugie Ă Bagdad.
David de Tao reçoit en rĂ©compense en 979 les cantons qui dĂ©pendaient de lâEmpire Ă la frontiĂšre de ses domaines propres. David devient ainsi le seigneur dâun vaste territoire allant de lâEuphrate au nord-ouest Ă travers le pays dâErzurum jusquâau cours supĂ©rieur du Mourad-sou au sud-est. La Chronique gĂ©orgienne spĂ©cifie toutefois quâil sâagissait de la part de lâempereur Basile II dâun don viager en faveur du prince ibĂšre. David occupe dans les annĂ©es suivantes le territoire de lâĂ©mirat de Manazkert, situĂ© au nord-ouest du lac de Van.
Câest Ă cette mĂȘme Ă©poque que David de Tao sâimpose comme arbitre dans le diffĂ©rend territorial qui oppose le « Roi des rois » Smbat II d'ArmĂ©nie, qui rĂšgne Ă Ani, Ă son oncle Mouchel, roi de Kars.
En 986, Bardas SklĂšros revient et se fait proclamer empereur Ă MĂ©litĂšne. Presque aussitĂŽt lâancien gĂ©nĂ©ral loyaliste Bardas Phocas se rĂ©volte de son cĂŽtĂ© Ă Kharsian en Cappadoce en se proclamant Ă©galement empereur le . Bardas Phocas se dĂ©barrasse rapidement de son concurrent en le capturant par trahison et en lâemprisonnant dans une forteresse[4]. Il sollicite Ă©galement lâaide de David de Tao qui ne lui accorde que 2 000 cavaliers. Cependant, David dĂ©fait une force byzantine loyaliste conduite par GrĂ©goire TaronitĂšs qui avait pour objectif de s'attaquer au cĆur du territoire de Bardas SklĂšros[5] - [6]. Lâusurpateur marche sur Constantinople mais il est vaincu et tuĂ© par Basile II Ă la bataille dâAbydos sur les Dardanelles le .
Le prince David, compromis dans la tentative de Bardas Phocas et menacĂ© dâune expĂ©dition impĂ©riale, doit pour obtenir son pardon jurer obĂ©issance Ă Basile II et sâengager Ă lui lĂ©guer la totalitĂ© de ses Ă©tats Ă sa mort. En contrepartie lâempereur byzantin lui confirme en 990 le titre de curopalate accordĂ© traditionnellement aux membres de sa famille et lui envoie les insignes de cette dignitĂ© sous la forme de riches vĂȘtements dâapparat.
Successions
David le Curopalate nâayant a priori pas contractĂ© dâunion, nâa pas dâhĂ©ritier naturel. Il considĂšre donc comme tel, son fils adoptif le jeune Bagrat, fils de son cousin Gourgen Ier d'IbĂ©rie[7].
Mettant Ă profit lâeffondrement de la puissance des rois abkhazes consĂ©cutif aux querelles de la famille royale, il favorise avec lâappui d'IonĂ© MarouschidzĂ©, le puissant ersitavi de Karthlie, la restauration en 975 du royaume dâIbĂ©rie au profit de Gourgen Ier, dâabord comme roi de facto pour le compte de son pĂšre le faible Bagrat II d'IbĂ©rie, puis comme roi de jure Ă partir de 994.
David de Tao organise ensuite la succession du roi ThĂ©odose III d'Abkhazie, qui a Ă©tĂ© aveuglĂ© par son frĂšre DĂ©mĂ©trius III avant de parvenir au trĂŽne. En 978, David rĂ©ussit Ă faire reconnaĂźtre comme hĂ©ritier Bagrat, le fils de Gourgen Ier et de Gourandoukht, la propre sĆur du roi des Abkhazes. Le jeune Bagrat obtient ainsi un premier titre royal avec lâexpectative de lâhĂ©ritage de son pĂšre.
David le Curopalate meurt le [8], sans doute empoisonnĂ© lors d'un complot organisĂ© par quelques nobles peut-ĂȘtre Ă l'instigation des autoritĂ©s byzantines[9].
Bagrat III de GĂ©orgie hĂ©rite alors du Tao-KlarjĂ©thie. Il tente mĂȘme dâincorporer dans son royaume la KakhĂ©tie et lâHĂ©rĂ©thie en 1008-1010, fondant ainsi le royaume de GĂ©orgie unifiĂ© avec comme capitale KoutaĂŻssi, car Tiflis reste aux mains des musulmans.
Notes et références
- Marie-Félicité Brosset, Histoire de la Géorgie, p. 280, et Addition IX, p. 155.
- Stephen H. Rapp, Studies in Medieval Georgian Historiography: Early Texts and Eurasian Contexts, Peeters Publishers, Louvain, 2003 (ISBN 9042913185), p. 409.
- « Chronique gĂ©orgienne : Addition I » dans Histoire de la GĂ©orgie de Marie-FĂ©licitĂ© Brosset : « Bagrat Magistros fils dâAdarnassĂ© roi des Karthles mourut en 945 au mois de mars. Le fils de Bagrat Magistros , (AdarnassĂ©) mourut en 961 ses fils lâayant pris et fait moine il mourut malgrĂ© lui sous le froc, et laissa deux fils Bagrat et David Ă©risthaw des Ă©risthaws. Ce Bagrat fils dâAdarnassĂ© curopalate mourut en 966 et son frĂšre David couropalate devint "grand" ».
- Louis Brehier, Vie et mort de Byzance. SklĂšros, libĂ©rĂ© par l'Ă©pouse de Phocas, tente de reprendre la lutte. Basile II lui fait assurer sa grĂące entiĂšre s'il se soumet. Le vieux prĂ©tendant accepte ; crĂ©Ă© curopalate, il se retire Ă Didymotika oĂč il meurt le .
- Holmes 2005, p. 98, note 69 ; 320 ; 406, note 21
- StrÀssle 2006, p. 78, note 1080
- Marie-FĂ©licitĂ© Brosset, Histoire de la GĂ©orgie, p. 292. Selon la Chronique gĂ©orgienne, « Bagrat Ă©tait lâarriĂšre-petit-fils de son oncle paternel ».
- DâaprĂšs Açoghâig, historien justement apprĂ©ciĂ© pour lâexactitude de ses dates, « il mourut dans une vieillesse avancĂ©e, le jour de la grande fĂȘte vivificatrice de PĂąques, en 449 de lâĂšre armĂ©nienne », 21 mars 1000 - 20 mars 1001 de lâĂšre chrĂ©tienne. Açoghâig, Hist. univ., III, ch. XLIII. PĂąques tombe cette annĂ©e-lĂ le 31 mars.
- Mathieu d'Ădesse : Ire partie, chapitre XXIV, p. 33, citĂ© par RenĂ© Grousset, Histoire de lâArmĂ©nie des origines Ă 1071 [dĂ©tail des Ă©ditions], p. 529-531.
Bibliographie
- Alexandre Manvelichvili, Histoire de la GĂ©orgie, Paris, Nouvelles Ăditions de la Toison d'Or, , 476 p., p. 145-147.
- Nodar Assatiani et Alexandre Bendianachvili, Histoire de la Géorgie, Paris, l'Harmattan, , 335 p. [détail des éditions] (ISBN 2-7384-6186-7, présentation en ligne), p. 104-111.
- Cyrille Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrétienne de l'Antiquité jusqu'au XIXe siÚcle : Tables généalogiques et chronologiques, Rome, , p. 131, 534 & 563.
- Louis Brehier, Vie et mort de Byzance, Albin Michel, Paris, 1946 & 1969.
- RenĂ© Grousset, Histoire de lâArmĂ©nie des origines Ă 1071 [dĂ©tail des Ă©ditions], p. 501-507, 514-517, 524-531.
- (en) Catherine Holmes, Basil II and the Governance of Empire (976-1025), Oxford University Press, , 625 p. (ISBN 978-0-19-927968-5, lire en ligne)
- (de) Paul Meinrad StrĂ€ssle, Krieg und KriegfĂŒhrung in Byzanz : die Kriege Kaiser Basileios' II. gegen die Bulgaren (976â1019), Cologne, Böhlau Verlag, , 578 p. (ISBN 3-412-17405-X)