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Datation par le plomb 210

La datation par le plomb 210 est une méthode de radiodatation qui repose sur la radioactivité de l'isotope 210 du plomb dont la demi-vie est d'environ 20 ans[1] - [2]. La méthode est utilisée pour déterminer des âges de quelques décennies en glaciologie[1] et en œnologie[2]. Elle peut aussi être utilisée pour attester l'ancienneté d'objets métalliques contenant du plomb[3]. Elle peut donner des âges jusqu'à environ 150 ans[1].

Cycle du plomb 210

Origine

Chaîne de désintégration de l'uranium 238 faisant intervenir le radon 222 et le plomb 210.

Le plomb 210 est issu de la chaîne de désintégration de l'uranium 238 présent dans la croute terrestre[1]. Au cours de celle-ci, se forme du radon 222 qui se trouve à l'état gazeux et peut donc s'échapper dans l'atmosphère[1]. Ayant une demi vie de 3,825 jours, le radon 222 se désintègre pour produire des isotopes dont la demi-vie est inférieure à la demi-heure puis des isotopes de durées de vie plus longues : le plomb 210, puis le bismuth 210 (demi-vie d'environ 5 jours) et le polonium 210 (demi-vie d'environ 4 mois) qui donne finalement du plomb 206 stable[1].

Le radon étant un gaz noble il ne prend part à aucune réaction chimique et donc tout le radon produit est rejeté dans l'atmosphère[1]. Il est émis principalement depuis la surface des continents et de manière négligeable par le radium 226 dissous dans l'eau de mer et par l'activité volcanique[1]. Son flux d'entrée dans l'atmosphère est donc régulier, et on peut supposer que sa teneur dans l'atmosphère est dans un état stationnaire, la désintégration du radon atmosphérique étant compensé par un flux d'entrée en provenance de la surface des continents de 0,72 atomes par seconde et par centimètre carré[1].

Séjour du plomb 210 dans l'atmosphère

La durée de vie moyenne d'un atome de radon 222 étant d'environ 5,5 jours, sa désintégration se produit alors qu'il a déjà atteint l'atmosphère[1]. Ses produits de désintégration étant tous des métaux, ils se fixent alors sur des aérosols[1]. De plus comme la demi-vie des produits de désintégration situés entre le radon 222 et le plomb 210 est très petite devant la durée du séjour d'un aérosol dans l'atmosphère (plusieurs jours) : il s'ensuit que le plomb 210 produit l'est presque exclusivement dans l'atmosphère où il se lie lui aussi à des aérosols, de diamètre inférieur à µm, qui ne retombent que marginalement au sol sans l'action des précipitations du fait de leur faible taille[1].

Le plomb 210 produit dans la troposphère y séjourne environ une semaine avant de retomber au sol sous l'effet de la pluie et de la neige, celui produit dans la stratosphère (environ % du total[1]) y séjourne environ un an avant de passer dans la troposphère[1].

Présence du plomb 210 en surface

Après être envoyé au sol par les précipitations, le plomb 210 est accumulé dans les océans et dans le sol.

Utilisation pour la datation

Datation de couches de neige

Le plomb 210 présent dans une couche de neige a une origine exclusivement atmosphérique[1]. Par conséquent dans le cas où la neige s'accumule sur plusieurs années, notamment en Antarctique, on peut déterminer l'âge d'une couche de neige à une profondeur donnée en comparant l'activité du plomb 210 à cette profondeur par rapport à celle en surface grâce à la formule est l'activité du plomb 210 mesurée dans l'échantillon de profondeur , et est la constante radioactive du plomb 210[1].

Contrairement à la méthode de la datation par le tritium la méthode de datation par le plomb 210 ne peut pas exploiter l'existence de pics de concentration périodiques ou de pics plus importants connus lors de certaines années, ce qui la rend davantage sujette au incertitudes[1]. De plus la teneur en plomb 210 à la surface n'est pas toujours la même[1]. Si la teneur surfacique en plomb 210 a pu être confirmée lors d'un prélèvement à la station D 100 en Terre-Adélie, elle a été infirmée sur un prélèvement réalisé au Pôle Sud[1]. Il n'est donc en général pas possible de dater un prélèvement de neige en se contentant d'une comparaison avec l'activité du plomb 210 en surface : pour obtenir des résultats exploitables il faut au moins prélever une couche dont l'épaisseur correspond à environ une trentaine d'années d'accumulation, afin que les variations de concentration en plomb 210 soient lissées[1].

Calcul de vitesse de sédimentation

Lorsque les sédiments des fonds océaniques ne sont pas mélangés par les organismes vivant à ces profondeurs, par exemple dans le cas de régions peu oxygénées, il est possible de mesurer la vitesse de sédimentation par la décroissance radioactive du plomb 210 apporté par l'eau de surface. De telles mesures ont permis d'estimer la vitesse de sédimentation dans le bassin de Santa Barbara de 0,4 cm/an[4].

Datation du vin

Le plomb 210 quitte l'atmosphère sous l'action des précipitations, une partie est alors déposée sur les plantes et en particulier sur les grappes de raisin[2]. Sur un vin rouge jeune, l'activité du plomb 210 mesurée pour des vins d'Aquitaine est d'environ 0,1 Bq par litre[2]. La teneur du raisin en plomb 210 étant peu dépendante de l'année[2], il est alors possible d'obtenir l'âge du vin en considérant que le plomb 210 n'en disparait que par décroissance radioactive. L'âge du vin est alors obtenue grâce à la formule est l'activité du plomb 210 mesurée dans l'échantillon à dater, et est la constante radioactive du plomb 210[2]. Cette méthode est peu adaptée pour des vins jeunes à cause de l'incertitude sur , elle est en revanche plus précise pour des vieux millésimes ce qui permet des mesures complémentaires de celles réalisées grâce au césium 137[2]. En revanche contrairement à ces dernières, les mesures utilisant le plomb 210 nécessitent l'ouverture préalable de la bouteille[2].

Expertise d'objets et peintures

La recherche de plomb 210 permet de distinguer un objet contenant du plomb ancien d'un objet fabriqué avec du plomb récent[3]. La teneur en plomb 210 diminue par décroissance radioactive au fil du temps. Après quelques siècles, l'isotope radioactif devient indétectable ; mais la quantité initiale n'étant pas connue, il n'est pas possible de donner d'âge précis par cette méthode[3]. Le plomb 210 a aussi été utilisé pour expertiser des peintures utilisant du blanc de plomb[4].

Références

  1. Étienne Roth (dir.), Bernard Poty (dir.), Gérard Lambert, Joseph Sanak et al. (préf. Jean Coulomb), Méthodes de datation par les phénomènes nucléaires naturels, Paris, Éditions Masson, coll. « Collection CEA », , 631 p. (ISBN 2-225-80674-8), chap. 18 (« La méthode du plomb 210, datation de la neige antarctique »)
  2. Centre Etudes Nucléaires de Bordeaux Gradignan, « Datation du vin par la détection du plomb 210 », sur cenbg.in2p3.fr (consulté le ).
  3. « Test d'ancienneté par le plomb 210 : principalement pour les objets d'art en alliage de cuivre », sur res-artes.com (consulté le ).
  4. Claude Lalou et al., Méthodes de datation par les phénomènes nucléaires naturels, Paris/New York/Barcelone, Masson, , 631 p. (ISBN 2-225-80674-8), chap. 7 (« Les méthodes de datation par les déséquilibres dans les familles de l'uranium »), p. 185
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