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Danse macabre (Saint-Saëns)

La Danse macabre, opus 40, est un poème symphonique en sol mineur composé en 1874 par Camille Saint-Saëns d'après le poème d'Henri Cazalis Égalité-Fraternité, tiré des Heures sombres, quatrième partie de son recueil L'Illusion paru en 1875. Elle est jouée pour la première fois à Paris le , sous la direction d'Édouard Colonne. Contrairement à la légende, la Danse macabre n'a été ni chahutée ni sifflée à la première de Colonne, ni à la seconde audition, le . Colonne dut même la bisser[1]. En revanche, elle le fut chez Pasdeloup, lorsque ce dernier la présenta le de la même année[2]. C'est aujourd'hui un morceau célèbre.

Fichier audio
Camille Saint-Saëns, Danse macabre.
Orchestre Colonne,
Louis Fourestier, direction (18 février 1953).

Histoire

Cette danse macabre est une version pour orchestre d'une mélodie écrite par Saint-Saëns en 1872 et publiée en 1873, dédiée à Gustave Jacquet.

La première audition en 1875 surprit par l'emploi du xylophone, inutilisé à l'époque dans un orchestre symphonique.

Saint-Saëns lui-même cite le thème principal dans son Carnaval des animaux - no 12 « Fossiles », avec l'indication « Allegro ridicolo ». Il en a aussi écrit un arrangement pour deux pianos.

Franz Liszt, ami du compositeur, en a effectué un arrangement pour piano seul, qui a été ensuite réarrangé par Vladimir Horowitz.

De très nombreuses autres transcriptions de cette œuvre populaire ont été réalisées pour différentes formations.

Scénario

Minuit sonne. Satan va conduire le bal. La Mort paraît, accorde son violon, et la ronde commence, presque furtivement au début, s'anime, semble s'apaiser et repart avec une rage accrue qui ne cessera qu'au chant du coq. Le sabbat se dissout avec le lever du jour.

Analyse

Tout comme dans son Carnaval des animaux, tous les instruments utilisĂ©s viennent jouer un rĂ´le, ce sont de vĂ©ritables acteurs. La harpe sonne les douze coups de minuit, les pizzicati des violoncelles reprĂ©sentent la Mort qui frappe du talon pour rĂ©veiller les dĂ©funts, avant « d'accorder » son violon solo sur le Diabolus in musica (nom donnĂ©, d'après le système de Guido d'Arezzo, Ă  la quinte diminuĂ©e ou « triton Â», ici : la-mi bĂ©mol) et de lancer la danse sur un tempo de valse. Le xylophone reprĂ©sente le son des os des squelettes qui dansent et s'entrechoquent durant la nuit. Les violons marquent la cadence sur des quintes criardes et rappellent le vent d'hiver et la quinte diminuĂ©e du dĂ©but (la-mi bĂ©mol) pourrait aussi suggĂ©rer la sĂ©cheresse et l'aigreur de la saison.

Trois thèmes sont développés : l'un rythmique, exposé par la flûte ; le second mélodique, énoncé par le violon solo ; enfin, la citation du motif mélodique du premier vers de la Séquence liturgique Dies iræ, mais il s'agit ici d'un Dies iræ transposé en mode majeur sautillant qui sonne bizarrement à la trompette, appuyée par les cymbales ; les esprits infernaux semblent ridiculiser cette phrase solennelle de la liturgie des morts. Ces trois motifs sont valsés. Le thème A se développe sous la forme de variations, le thème B est traité en fugue et, à un certain moment, les deux se superposent. On soulignera aussi le déchaînement de l'orchestre, à grand renfort de clameurs dues aux cuivres, exprimant le frénétique, forcené, de ce monde souterrain. Et, quand le hautbois fait entendre le cocorico, les morts se dispersent.

Poème d'Henri Cazalis

Le poème entier d'Henri Cazalis (alias Jean Lahor) est utilisé pour le chant. Le livret, accompagnant la première représentation et publié en exergue de la partition, ne comportait que les parties en gras :

Zig et zig et zig, la mort en cadence
Frappant une tombe avec son talon,
La mort Ă  minuit joue un air de danse,
Zig et zig et zag, sur son violon.

Le vent d'hiver souffle, et la nuit est sombre,
Des gémissements sortent des tilleuls ;
Les squelettes blancs vont Ă  travers l'ombre
Courant et sautant sous leurs grands linceuls,

Zig et zig et zig, chacun se trémousse,
On entend claquer les os des danseurs,
Un couple lascif s'assoit sur la mousse
Comme pour goûter d'anciennes douceurs.

Zig et zig et zag, la mort continue
De racler sans fin son aigre instrument.
Un voile est tombé ! La danseuse est nue !
Son danseur la serre amoureusement.

La dame est, dit-on, marquise ou baronne.
Et le vert galant un pauvre charron —
Horreur ! Et voilĂ  qu'elle s'abandonne
Comme si le rustre Ă©tait un baron !

Zig et zig et zig, quelle sarabande !
Quels cercles de morts se donnant la main !
Zig et zig et zag, on voit dans la bande
Le roi gambader auprès du vilain!

Mais psit ! Tout Ă  coup on quitte la ronde,
On se pousse, on fuit, le coq a chanté
Oh ! La belle nuit pour le pauvre monde !
Et vivent la mort et l'égalité !

Programme de la première

Le , le programme du concert de la première exécution sous la direction d'Édouard Colonne comprenait [3] :

  1. Symphonie en si bémol de Joseph Haydn ;
  2. Ballet de l'opéra Le Dernier Jour de Pompéi de Victorin de Joncières (Pas de la séduction, fanfare, danse arabe) ;
  3. Cortège des funérailles du Saül de Georg Friedrich Haendel ;
  4. Danse macabre, 1re audition de Camille Saint-Saëns : le solo de violon par M. C. Lelong ;
  5. Fragments symphoniques de la tragédie Le Comte d'Egmont de Beethoven.

Utilisation dans d'autres domaines

Elle a été utilisée comme générique de la série britannique de la BBC One Jonathan Creek, dans la série américaine Grimm, saison 1, épisode 5 : « Le Joueur de violon », ou encore dans le film d'animation Shrek le troisième. La série Buffy contre les vampires s'est aussi servie de cette musique pour une scène du 10e épisode « Un silence de mort » (Hush) de la 4e saison, tout comme la série Numb3rs, dans l'épisode 5 de la saison 6 « Le Clone » (Hydra), dans lequel elle est jouée lors de l'introduction.

Le deuxième épisode de la deuxième saison de la série télévisée d'animation Mickey Mania sortie en 1999 aux États-Unis, mettant en scène Mickey Mouse et Minnie Mouse intitulé Hansel & Gretel en référence au conte des frères Grimm, sous-titre La Maison en Sucre, reprend la Danse macabre de Saint-Saëns dans une version revisitée d'environ 7 minutes et réalisée par Tony Craig et Roberts Gannaway[4].

Le groupe suédois de Black Metal Marduk se serait également inspiré du poème (ainsi donc de l'œuvre musicale de Saint-Saëns) pour l'un de leurs albums, La Grande Danse macabre.

Elle sert également de bande son pour l'attraction hantée Spookslot à Efteling.

Francis Blanche en a écrit une adaptation humoristique, la Danse Macchab', interprétée par Les Quatre Barbus, puis Entre 2 Caisses.

Dans le livre d'artiste de Serge Chamchinov, La Danse macabre, est crĂ©Ă©e dans la collection FĂŞte des fous. Il s'agit d'une Ĺ“uvre graphique originale Ă  sept variantes diffĂ©renciĂ©es, dont l’artiste interprète la mĂ©lodie de Camille Saint-SaĂ«ns, le poème d’Henri Cazalis, ÉgalitĂ©-FraternitĂ© 1872, et le thème de la danse de la Farandole. La variante conservĂ©e au dĂ©partement du patrimoine Ă  la bibliothèque Louis-NucĂ©ra, Ă  Nice, comporte trois cahiers dans un portfolio avec 21 pages au format du 31 x 43 cm : Partition, Paroles, Farandole[5].

Cinéma

La Danse macabre a été utilisée dans de nombreux films d'horreur ou de mystère, notamment dans :

Télévision

  • 2020 : dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Ratched, la Danse macabre est jouĂ©e pendant le gĂ©nĂ©rique.

Bande dessinée

  • Dans Les HelvĂ©tiques, aventure de Corto Maltese Ă©crite et dessinĂ©e par Hugo Pratt, le marin croise la route de squelettes musiciens qui lui proposent de danser. Il rĂ©cite alors des extraits du poème ÉgalitĂ©-FraternitĂ©.

Jeux vidéo

Dans l'univers des jeux vidéo, la Danse macabre a été utilisée dans :

Jeux de rĂ´le

  • La Danse macabre sert de point de dĂ©part Ă  un scĂ©nario[7] Ă©crit pour le jeu de rĂ´le français MalĂ©fices[8].

Web-série

  • 2020 : Elle est utilisĂ©e dans la deuxième saison de la web-sĂ©rie Parlez-moi de Vous, dans l’épisode 11 : La Mort, dans une adaptation de Leilani Meylan[9].

Discographie sélective

  • Ehzod Abduraimov, piano. CD Decca 2012. Choc de Classica

Notes

  1. Revue et Gazette Musicale de Paris, éditions des 31 janvier et 14 février 1875
  2. Camille Saint-Saëns, biographie par Jean Gallois, éditions Mardaga, page 161
  3. Le Ménestrel, 41e année, no 8, du 24 janvier 1875
  4. Chronique Disney, page Mickey Mania.
  5. cf. : Anne Arc, Postface pour la danse macabre, in Bulletin des livres d’artistes, année 2015, Paris, 2015 (ISBN 979-10-91274-44-9).
  6. Ridiculon
  7. scénario
  8. Maléfices

Liens externes

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