Accueil🇫🇷Chercher

Daniel Villey

Daniel Villey (4 juillet 1911[1] – 25 avril 1968) est un économiste français néolibéral, professeur aux universités de Caen, Poitiers puis Paris, membre du comité technique de l'INED, directeur adjoint de l'Institut de démographie de l'université de Paris, résistant, membre du Comité départemental de Libération de la Vienne, vice-président de la Société du Mont-Pèlerin, président de la Société d'économie politique et de l'Association pour la liberté économique et le progrès social (ALEPS).

Daniel Villey
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  56 ans)
Nationalité
Activités
Père
Fratrie
Autres informations
A travaillé pour

Biographie

Milieu social, formation et carrière universitaire

Daniel Villey est issu d’une famille d’universitaires. Son grand-père, Edmond Villey, est l’un des fondateurs de la Revue d’économie politique. Son père, Pierre Villey, est un professeur de faculté spécialiste de la littérature française du XVIe siècle. Un de ses frères, Raymond Villey, est professeur de médecine et l'autre, Michel Villey, professeur de philosophie du droit. La mère de Daniel, Louise Boutroux, est la fille du philosophe Émile Boutroux et d'Aline Poincaré, sœur du mathématicien et physicien Henri Poincaré[2].

Il est élève au lycée de Caen et poursuit des études supérieures aux facultés de droit et de lettres de Caen[3]. Il est alors membre du comité de la fédération du Calvados de l'Association française pour la SDN (Société des Nations) et membre du conseil d'administration de la Ligue caennaise contre les taudis[4].

Il obtient son doctorat en droit avec une thèse sur Charles Brook Dupont-White[5]. Reçu premier à l'agrégation des facultés de droit en 1938[6], il enseigne comme professeur aux Universités de Caen, Poitiers et, à partir de 1956, Paris. Il a également enseigné à l'étranger, à Rio de Janeiro[7] et en Égypte (Le Caire)[8].

Membre du comité technique de l'Institut national d'études démographiques (INED), il est également directeur adjoint de l'Institut de démographie de l'université de Paris de 1957 à 1958.

Il est marié à Florence Métois, fille d'Alexis Métois, lieutenant-colonel en retraite (1921), franc-maçon, militant socialiste SFIO, pacifiste, fondateur et président en 1934 d'un parti politique, le parti de la IVe République, « républicain-populiste »[9]. Avec son épouse, il a traduit un article consacré au problème de « la valeur dans la communauté socialiste » , publié dans un recueil intitulé L'Économie dirigée en régime collectiviste : études critiques sur les possibilités du socialisme, paru en 1939, aux éditions de la librairie de Médicis, une maison d'éditions spécialisée dans la défense des thèses néolibérales[10].

Un jeune intellectuel catholique : de la revue Esprit à la résistance

Dans sa préface à Redevenir des hommes libres (1946), il se présente rétrospectivement comme un « jeune homme qui fut un adepte enthousiaste du Front populaire et dès 1940 un gaulliste sans hésitation »[11]. Il a collaboré à partir de 1934 à la revue catholique et antilibérale Esprit, qui cherche alors une troisième voie entre le capitalisme libéral et le marxisme; il y approuve en effet les réformes du Front populaire : « Les grands patrons incorrigibles ont dû (...) offrir d'eux-mêmes ce qu'ils avaient toujours proclamé impossible d'accorder: reconnaissance des délégués ouvriers, contrats collectifs, augmentation de salaires, congés payés, semaine de 40 heures »[12]. Son ami Jacques Madaule, autre collaborateur d'Esprit, le dépeint ainsi en 1973 : il était « l'un des personnages les plus curieux de la bande », « l'un de ceux que l'on se serait le moins attendu à y rencontrer. Ce ferme républicain - plus républicain que démocrate, comme Mounier - ne s'était jamais abreuvé à la fontaine maurrassienne, ni baigné dans le fleuve thomiste, le socialisme ne lui inspirait que de l'éloignement, mais il avait très bien compris le personnalisme et il lui est demeuré fidèle jusqu'au bout »[13].

Il signe en 1935 le "manifeste pour la justice et la paix" initié par François Mauriac, avec d'autres collaborateurs de la revue Esprit, au sujet du conflit entre l'Italie et l'Éthiopie[14]. Antimunichois, il désapprouve les Accords de Munich en 1938, au nom de « l'honneur chrétien » et par opposition à l'Allemagne nazie d'Hitler. Il écrit dans les colonnes d'Esprit :

« Ce n'était pas seulement que nous voulions arrêter l'expansion (..) d'un régime dont la doctrine nous révolte (...). Ce n'était pas seulement cette certitude que nous avions: qu'un nouveau succès diplomatique fulgurant (...) renforcerait dangereusement le prestige et l'élan d'un homme qui est un danger public [ Hitler ], et que notre faiblesse d'aujourd'hui (...) nous préparerait bien mal à la résistance obstinée qui sera certainement nécessaire un jour prochain. C'est bien plus que cela. C'est bien plus que l'existence de notre pays qui était en jeu: c'est son honneur. (...) Une nation manque à l'honneur quand elle abuse de sa force contre le faible; mais elle n'y manque pas moins quand elle se montre faible devant la violence injuste qu'elle a promis d'empêcher. Pas plus que l'invasion de la Ruhr [par la France en 1923] et la politique exigeante que nous avons menée en matière de réparations, au temps où l'Allemagne était affamée et désarmée, l'honneur ne permettait notre complicité avec l'attentat mussolinien en Éthiopie, et ne nous permet celle que certains consentent aujourd'hui...c'est l'honneur de l'Angleterre et de la France qu'on a vendu à Berchtesgaden[15]. »

Il désapprouve à son retour de captivité[16] en mars 1941 la reparution de cette revue après la défaite de 1940 et la mise en place de la Révolution nationale du régime de Vichy. En 1942, il a fait partie du bureau de la section du Calvados de la Confédération générale des familles[17].

Il entre en résistance dans la Vienne ; il est alors gaulliste. Il devient membre du Comité départemental de Libération de la Vienne en 1944 ; il participe à ses séances plénières de septembre 1944 à janvier 1946[18]. Il est aussi délégué régional à l'information du Commissaire régional de la République[19]. Ce dernier brossera ultérieurement le portrait suivant de Villey : « De petite taille, la figure ronde, le front dégagé, il portait à la bouche, perpétuellement, une pipe à demi calcinée. L'esprit toujours en mouvement, la confiance et l'amitié spontanément offertes à tous ceux qui l'approchaient, il s'exprimait avec chaleur, espérant convaincre. Mais, s'il n'y réussissait pas, il n'en tenait pas rigueur à son interlocuteur: il respectait toutes les opinions »[20].

Il est hostile à la Libération aux comités de libération et aux milices « patriotiques » communistes, à la « résistance spécialisée » qui se distingue par « sa volonté de faire table rase (...), la violence de son verbe et le vide de son programme », à l'épuration « qui sert les fins communistes » et qui nuit à l'économie française[21]. Il réfléchit dans Le Monde sur la résistance et sa « stratigraphie » - de ses « couches primitives », parmi lesquelles les « provinces qui souvent votaient à droite mais qui étaient républicaines jusqu’à l’os » comme la Normandie, et les milieux universitaires dont il fait partie, jusqu'aux « tard-venus ». Il veut en fait suggérer « comment il s'est fait qu'il y a aujourd'hui deux pôles idéologiques de la Résistance. (...) La libération pour les uns signifie avant tout restauration, pour les autres révolution »[22].

Un économiste néolibéral et catholique

Dans les premières lignes de sa préface à Redevenir des hommes libres, au titre éloquent, il écrit : « Une passion hante les pages qu'on va lire, celle de la dignité humaine, liée à l'indivisible liberté. Et l'horreur corrélative du totalitarisme que la domination hitlérienne nous apprit à connaître et à combattre, et qu'il nous faut maintenant affronter sous la seule forme où présentement il existe et menace: celle du communisme ». Dans Le Monde, il réfléchit en 1945 à la signification de la crise des années 1940: il ne croit pas alors à « l'interprétation tout eschatologique des événements »[23]: « Il arrive fort bien qu'une femme crie qu'elle va mourir cependant qu'on lui arrache une dent. Ainsi ferait peut-être la civilisation individualiste et libérale, si le choc tragique qu'elle subit aujourd'hui la prenait à désespérer de son avenir ». Il défend le libéralisme et critique le dirigisme des années qui ont suivi la Libération, dans Redevenir des hommes libres[24], ou dans des conférences données sous les auspices du Comité d'action économique et douanière[25]. Il fait alors partie d'un mince « pôle de résistance idéologique aux réformes de la Libération »[26], à l'instar d'un Louis Baudin ou d'un Jacques Rueff.

Catholique fervent, il essaie de comprendre pourquoi les catholiques français rĂ©cusent le libĂ©ralisme et l'Ă©conomie de marchĂ©, et tente de convaincre que l'on peut ĂŞtre Ă  la fois catholique et libĂ©ral dans son article de 1954 « L'Ă©conomie française face Ă  la pensĂ©e catholique ». C’est en France, dĂ©plore-t-il, que « l’opposition du libĂ©ralisme et de la pensĂ©e catholique s’affirme de la façon la plus brutale, au point qu’elle y pousse une fraction de l’opinion catholique dans le sillage marxiste »[27]. Et aussi lors de la Semaine sociale de Toulouse en 1945[28] et lors de la Semaine des intellectuels catholiques de 1956[29]. Villey dĂ©plore « qu’une  grande partie de la pensĂ©e catholique contemporaine se trouve prĂ©sentement occupĂ©e (…) Ă  rĂ©pĂ©ter (…) des critiques très anciennes contre le rĂ©gime [ Ă©conomique ] qui est celui de notre temps, dont elle s'obstine Ă  mĂ©connaĂ®tre l’âme. Elle se nourrit de nostalgies mĂ©diĂ©vales et de rĂŞves millĂ©naristes ». Dans son livre de 1967 A la recherche d’une doctrine Ă©conomique, il se dĂ©sole du « climat mental anti-capitaliste » dans l'UniversitĂ© et les Églises, du Â« regain marxiste des trente dernières annĂ©es », « en dĂ©pit de l’usure de ses dogmes, de l’archaĂŻsme de sa construction thĂ©orique (…), nonobstant l’inhumanitĂ© de son humanisme athĂ©e et collectiviste, en dĂ©pit des tyrannies qu’il a engendrĂ©es, de tous les crimes commis en son nom, en dĂ©pit de la menace mĂŞme que suspend sur l’existence de notre civilisation, et de nos patries occidentales, l’impĂ©rialisme de celles qui se rĂ©clament de lui ». Il appelle alors Ă  « mettre fin Ă  cette situation de dĂ©sarmement idĂ©ologique unilatĂ©ral »: « Plus que toute autre chose, ce qui nous fait aujourd'hui dĂ©faut, c'est une doctrine Ă©conomique libĂ©rale amplement conçue, solidement pensĂ©e, fermement fondĂ©e, accordĂ©e au contexte du troisième quart du XXe siècle, et qui soit propre Ă  Ă©clairer, rĂ©gir, ordonner notre politique Ă©conomique »[30].

Membre de la Société du Mont-Pèlerin à partir des années 1950[31], il est vice-président de cette société de pensée libérale et transnationale en 1965[32], et président par intérim à partir de la fin de l'année 1967, jusqu'à son décès en avril 1968, alors qu'il est de santé fragile ; il a eu une double crise cardiaque avant 1967[33]. Ce néolibéral se distingue des prises de position extrêmes d'un Milton Friedman ou d'un Friedrich Hayek[34]. Ainsi, dans Leçon de démographie (1958), il évoque le 10e meeting de la société du Mont-Pèlerin à Saint-Moritz en 1957 et un « collègue américain, économiste ultra-libéral », pour s'en désolidariser[35]. Il n'est pas hostile à John Maynard Keynes.

En France, il s'exprime dans plusieurs cercles. Membre depuis 1950 de la SociĂ©tĂ© d'Ă©conomie politique de Paris, il en est l'un des vice-prĂ©sidents en 1957 - il y cĂ´toie notamment d'autres nĂ©olibĂ©raux comme Gaston Leduc, Jacques Rueff, Louis Baudin, Luc Bourcier de Carbon ou Louis Rougier -, et il est Ă©lu prĂ©sident en 1966 de cette sociĂ©tĂ© savante[36]. Il y donne en dĂ©cembre 1957 une confĂ©rence intitulĂ©e « esquisse d'une doctrine libĂ©rale Ă  l'usage de notre temps ». Il y affirme que le « système libĂ©ral n'est pas tant enrayĂ© que l'intelligence libĂ©rale Ă©branlĂ©e ». « A l'idĂ©e du laisser-faire, il faut substituer une thĂ©orie positive des fonctions Ă©conomiques de l'Etat libĂ©ral ». Il faut aussi rompre avec « l'hĂ©donisme » du vieux libĂ©ralisme et avec l'idĂ©e « d'un ordre naturel »[37]. Il est proche Ă  partir de 1963 d'une association patronale lyonnaise libĂ©rale, l'Association des chefs d'entreprise libres (ACEL) dont les dirigeants sont aussi membres de la sociĂ©tĂ© du Mont-Pèlerin. Il assiste Ă  une manifestation de libĂ©raux organisĂ©e par l'ACEL et le Point de rencontre spiritualiste de Pierre Lhoste-Lachaume en 1963, donne une confĂ©rence la mĂŞme annĂ©e aux journĂ©es d'Ă©tudes de l'ACEL, assiste Ă  une confĂ©rence de Lhoste-Lachaume en 1964 Ă  l'occasion de l'installation de la nouvelle annexe parisienne de l'ACEL, livre un exposĂ© lors du 25e anniversaire de l'ACEL en 1965, assiste Ă  une confĂ©rence de Gaston Leduc en 1967[38] - [39]. Il frĂ©quente aussi les dĂ®ners-dĂ©bats du Centre d'Ă©tudes politiques et civiques dans les annĂ©es 1960. Son prĂ©sident, Georges Laederich, le prĂ©sente Ă  sa mort comme un « grand ami du CEPEC », « un homme dont l’amitiĂ© prĂ©cieuse ne s’est jamais dĂ©mentie »[40]. Il y a prĂ©sentĂ© son disciple, François Bilger (1934-2010) - qui considère Villey comme un des penseurs du nĂ©olibĂ©ralisme français[41] -, alors maĂ®tre de confĂ©rences Ă  la facultĂ© de droit et de sciences Ă©conomiques de Strasbourg, confĂ©rencier en 1965 sur « la pensĂ©e Ă©conomique libĂ©rale dans l’Allemagne contemporaine Â» [42]. Dans son intervention, Villey tente de convaincre les convives d'accepter sans rĂ©ticence l'Ă©conomie de marchĂ© : « Sans doute beaucoup d’esprits au CEPEC qui sont restĂ©s marquĂ©s par les thèmes du corporatisme [43]Ă©prouveront-ils quelque rĂ©pugnance (…) mais quiconque refuse le communisme totalitaire doit nĂ©cessairement accepter et prĂ©coniser l’autre terme de l’alternative : l’économie de marchĂ© c’est-Ă -dire le système capitaliste ». Dans sa conclusion, il souligne plusieurs points. Il faut en France « repenser le libĂ©ralisme sur des bases philosophiques neuves », comme l’ont fait les Allemands mais « dans des cadres de pensĂ©e français », diffĂ©rents de l’utilitarisme britannique. Villey affirme que le libĂ©ralisme Ă©conomique « prĂ©fère le système de l’économie de marchĂ© ». Et il critique la planification indicative Ă  la française, qualifiĂ©e « d’élucubration doctrinale de quelques technocrates français »[44].

Villey devient aussi le premier président, jusqu'à son décès, d'une autre association patronale libérale, l'Association pour la liberté économique et le progrès social (ALEPS), fondée fin 1966.

Daniel Villey distingue en économie les « architectes » et les « médecins ». Les premiers, résonnant a priori et in abstracto, sont en faveur de réformes de structures. Les autres, auquel allait son soutien, pensent qu'on ne construit pas une structure mais qu'on la fait évoluer [45]. Dans l’après Seconde Guerre mondiale, il est attristé de voir la science économique se détacher de la philosophie sociale pour s’engager « dans la voie d’une science prétendument positive et neutre » et se mettre « surtout à l’apprentissage des techniques comptables et mathématiques ». Il pressentait « l’échec d’une Université technocratique renonçant à donner aux étudiants une véritable culture»[46] ». Cela le conduisit à inaugurer à Paris un cours de « philosophie économique ».

Ce catholique libéral rejoint certaines des inquiétudes des catholiques traditionalistes ou conservateurs après le concile Vatican II ; il signe en 1967 une pétition internationale de laïcs, initiée par la revue Itinéraires de Jean Madiran et adressée à l'épiscopat, demandant le rétablissement de l'expression « consubstantiel au père » dans le Credo (religion) en français (remplacée par l'expression « de même nature »), aux côtés notamment de Louis Salleron, Henri Massis, François Mauriac, Stanislas Fumet, Roland Mousnier ou Gustave Thibon[47].

Un engagement proeuropéen

Daniel Villey s'enthousiasme pour les débuts de la construction européenne, par crainte du péril soviétique[48] et dans le cadre du mouvement européen et du mouvement fédéraliste français La Fédération. Il participe ainsi au 3e congrès de la Fédération, à Beaune, en juillet 1950, aux côtés de Louis Salleron et d'Henri Frenay[49].

Dans le contexte de la constitution du Conseil de l'Europe, alors qu'il enseigne à la Faculté de droit de Poitiers, il lance en décembre 1949 un appel aux jeunes puis fonde dans la foulée et dirige les « Volontaires de l'Europe », chargés de mener une campagne en faveur de l'unification européenne, pour que l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe s'engage à instituer un gouvernement européen responsable devant un Parlement élu. Ces jeunes devaient s'engager durant deux années à mener le combat proeuropéen, fondé sur 6 points : la diffusion en France et l'officialisation par la France du drapeau européen, la fête légale de l'Europe, l'unification totale des armées européennes, l'intégration de l'Allemagne dans l'Europe occidentale, l'élection d'un Parlement européen souverain, l'instauration d'un exécutif européen responsable devant ce Parlement et devant lui seul. Il signe en avril 1950 un appel d'un Comité national pour le drapeau européen :

« La guerre menace. (...) La tyrannie [allusion à l'URSS communiste] est à nos portes. (...) Il faut unir l'Europe avant qu'il ne soit trop tard. (...) Un signe doit rallier toutes les volontés: le drapeau de l'Europe. (...) Un drapeau, c'est le signe d'une communauté politique souveraine. Cela même que l'Europe doit être pour que vive la France. Français de toutes conditions, de tous partis, de toutes opinions, les 8-14 mai prochain (fête de l'armistice et fête de Jeanne d'Arc) et le 14 juillet vous plébisciterez l'Europe unie. Vous pavoiserez en masse aux couleurs européennes et françaises. »

Le drapeau européen, c'est alors celui du Mouvement européen, le E vert sur fond blanc[50].

En août, il tente vainement de faire voter par les parlementaires du Conseil de l'Europe à Strasbourg un nouveau « serment de Strasbourg » : « Il faut que les délégués à Strasbourg rompent avec leur ordre du jour et avec leur statut, qu'ils renouvellent le serment du jeu de Paume, qu'ils jurent de demeurer en session jusqu'à ce qu'ils aient donné à l'Europe une constitution fédérale qui sera soumise à la ratification des parlements ou à l'approbation directe des peuples par référendum »[51]. Puis en septembre 1950, déçu par les hésitations du Conseil de l'Europe, il contribue à lancer avec André Voisin de La Fédération le Conseil européen de vigilance. Pour cela, il se rend aux États-Unis pour rencontrer les dirigeants de l'American Committee on united Europe (ACUE), afin de bénéficier de leur appui, financier notamment. Le Conseil européen de vigilance est une assemblée de militants proeuropéens qui veut faire pression sur les parlementaires du Conseil de l'Europe pour qu'ils prennent des initiatives en faveur de l'unification européenne[52].

Il écrit ensuite dans le XXe siècle fédéraliste, périodique de La Fédération, et demeure membre de l'organisation française du Mouvement européen.

Ce libéral est évidemment anticommuniste ; il appelle ainsi à ne pas abandonner les Berlinois de l'Ouest en 1961[53]. Il écrit en 1967 :

« Et-si l'Europe doit un jour se faire - j'entends les Etats-Unis de l'Europe des Six -, tout porte à pressentir que ce sera sur les structures libérales de l'Allemagne de l'Ouest, bien plus probablement que sur les nôtres, que s'alignera la fédération. S'il nous est au reste permis d'espérer que les Etats nationaux actuels accepteront d'immoler sur l'autel de l'Europe leurs pouvoirs économiques souverains, il semble beaucoup plus difficile d'imaginer qu'ils consentent à les transférer entiers à l'autorité politique commune. La logique même du processus d'unification implique que l'intégration de l'Europe la libéralise[54]. »

Un partisan de l'Algérie française

Il signe le Manifeste des intellectuels français pour la résistance à l'abandon de 1960 en réaction au Manifeste des 121 et écrit qu'il est « impensable d'abandonner aux fellaghas le sort du million de chrétiens et de juifs d'Algérie, qui comptent sur la protection de la métropole »[55]. Il espère donc la victoire des groupes paramilitaires de l'Organisation armée secrète[56].

Il tĂ©moigne Ă  dĂ©charge au procès du gĂ©nĂ©ral Raoul Salan, en 1962[57], et Ă  celui de Jean-Marie Bastien-Thiry en 1963. InterrogĂ© sur la question de la « rĂ©sistance lĂ©gitime Ă  l’oppression Â», il dĂ©clara Ă  la barre, lors du procès de Bastien-Thiry :

« Monsieur le PrĂ©sident, cela m’oblige Ă  parler de la personne qui a Ă©tĂ© visĂ©e [allusion au gĂ©nĂ©ral de Gaulle], dans l’attentat que vous jugez. (…) Et mon devoir ici (…) m’oblige Ă  dire pourquoi il me semble que les accusĂ©s ont pu ĂŞtre amenĂ©s, après des scrupules qui les honorent, mais avec une dĂ©cision qui, je crois, les honore aussi, Ă  envisager de commettre l’acte pour lequel vous les jugez. J’ai Ă©tĂ©, Monsieur, un très grand admirateur et un fervent partisan de l’homme que ces hommes ont attaquĂ©. (…) Monsieur le prĂ©sident, comme vous le savez, ces promesses [maintenir l’AlgĂ©rie française] n’ont pas Ă©tĂ© tenues. Si quelqu’un avait cherchĂ© Ă  assassiner M. Lebrun, ou M. Vincent Auriol, ou M. Coty, hĂ© bien, les assassins auraient Ă©tĂ© jugĂ©s par une cour d’assises. (…) Il faut donc que l’actuel prĂ©sident de la RĂ©publique ne soit pas un prĂ©sident de la RĂ©publique tout Ă  fait comme les autres pour qu’il faille un tribunal d’exception et pour qu’un peu partout se manifeste ou de l’approbation, et beaucoup plus largement qu’on le croit, ou de l’indulgence, ou de la sympathie, ou une pitiĂ© vraiment très grande pour les gens que vous avez Ă  juger. L’homme qu’ils ont attaquĂ© a capitulĂ©, amputĂ©, parjurĂ©, dĂ©shonorĂ©, et je dois le dire comme je le pense (…) : il a trahi la France en AlgĂ©rie. (…) VoilĂ  pourquoi, me mettant Ă  la place de ceux que vous allez juger, j’ai l’impression, Monsieur le PrĂ©sident, de les comprendre, de comprendre leurs mobiles. (…) Il ne faudrait pas que l’amour de la patrie soit vraiment la seule passion qui ne vaille pas d’excuses Ă  ceux qui la servent. »

En outre, selon lui, « le régime actuel (…) viole fréquemment les principes du droit, et les accusés ne peuvent pas ne pas penser que, s’ils avaient réussi d’une façon ou d’une autre à mettre hors d’état d’exercer le pouvoir celui qu’ils ont attaqué, il n’y aurait pas eu, par exemple, le viol de la Constitution qu’a constitué le recours au référendum le 8 octobre »[58].

La mĂŞme annĂ©e, le Centre d'Ă©tudes politiques et civiques lui confie le soin d’aborder la question de « la signification du drame algĂ©rien » lors d'un dĂ®ner-dĂ©bat. Ce « reniement des promesses solennelles », dĂ©clare-t-il, c'est « la destruction de la France car il a fallu dĂ©truire la Loi, le Droit, les institutions, les principes juridiques : la France n'a plus de constitution puisqu'elle est violĂ©e quotidiennement ». Il croit encore qu'il est impossible Ă  l'une de vivre sans l'autre et que la perte de l'AlgĂ©rie a Ă©branlĂ© l'Ă©quilibre du monde. Et dĂ©plore l'affaiblissement volontaire du monde libre, son « refus de se dĂ©fendre contre la subversion »[59].

Il déclare publiquement dans Le Monde, lors des présidentielles de 1965, qu'il entend voter au second tour « pour le candidat de mes adversaires » (François Mitterrand), par antigaullisme et pour « la démocratie, la légalité constitutionnelle, l'Europe et nos naturelles et traditionnelles alliances »[60]. L'année suivante, il évoque encore « l’infiniment douloureuse et désastreuse et honteuse sécession de l’Algérie »[54].

Ĺ’uvres

  • 1944, Petite histoire des grandes doctrines Ă©conomiques, PUF
  • 1946, Redevenir des hommes libres, Librairie de MĂ©dicis (recueil de textes publiĂ©s ou inĂ©dits, de 1941 Ă  1946: Lire en ligne )
  • 1948, Plaidoyer pour le conservateur dans Henri Guillemin, AndrĂ© Mandouze, Paul RicĹ“ur, Georges Hourdin, Daniel Villey, Marie-Ignace Montuclard, Les chrĂ©tiens et la politique, Temps prĂ©sent[61]
  • 1957-1958, Leçons de dĂ©mographie, Ed. Montchrestien
  • 1961, La question de Berlin, Éditions de l'Epargne, 39 p.
  • 1961, La Grande-Bretagne et le MarchĂ© commun: la CommunautĂ© europĂ©enne (Ă  six), le projet de zone europĂ©enne de libre Ă©change (Ă  dix-sept), et l'association europĂ©enne de libre Ă©change (Ă  sept), Éditions de l'Épargne, 47 p.
  • 1965-1966, Notes de philosophie Ă©conomique, Les cours de droit
  • 1967, A la recherche d’une doctrine Ă©conomique, Ed. GĂ©nin, Paris: En ligne sur le site de l'Institut Coppet).
  • 1967, « Jacques Rueff, un libĂ©ral moderne », dans E. Claassen (dir.), Les fondements philosophiques des systèmes Ă©conomiques, Payot, Paris.

cf. bibliographie, IDREF

Références bibliographiques et sources

Notes et références

  1. « Acte de naissance », sur le site des Archives départementales du Calvados
  2. "Le Figaro", . Daniel Villey fut le propriétaire et l'occupant de l'ancienne résidence d'Henri Poincaré à Lozère, commune de Palaiseau (Essonne), de 1958 jusqu'à sa mort en 1968. Voir : "Monsieur Henri Poincaré à Lozère-sur-Yvette (Seine & Oise)", par Hervé Martin, Bulletin de la SABIX, no 51, novembre 2012
  3. Le Temps, , Journal des débats,
  4. L'Ouest-Eclair, , L'Ouest-Eclair, , L'Ouest-Eclair, , L'Ouest-Eclair,
  5. Études, 1937, Revue des travaux de l'Académie des sciences morales et politiques, 1936
  6. Revue critique de législation et de jurisprudence, 1938
  7. Il publie dans Le Monde du 21 mai 1948 un article sur le projet d'une nouvelle capitale : « Rio de Janeiro sera-telle détrônée par une ville artificielle née dans la steppe ? »
  8. Le Monde, 2 septembre 1966
  9. Bottin mondain, 1953, p. 1194, Notice du Maitron-en-ligne, Dossier de la Légion d'honneur de Florentin Alexis Métois (1868-1955) dans la base Léonore, membre du Conseil national de la paix en 1938: Lettres de Lucien Le Foyer, 1926 et 1938, Conseil national de la paix. Ancien officier de la coloniale Mission Foureau-Lamy, Afrique du Nord) : cf. Paul Pandolfi, "In-Salah 1904/Tamanrasset 1905 : les deux soumissions des Touaregs Kel-Ahaggar", Cahiers d'études africaines, 1998, vol. 38, n° 149 ), il a été président de la Fédération des pensionnés militaires de l'armée de terre et de mer et directeur de son périodique, L'Armée nouvelle, membre du Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France (1921/24) ("Du Conseil de l'Ordre du GODF dans l'entre-deux-guerres : essai sur une équipe dirigeante maçonnique", Journal des débats, 21 septembre 1921, "Le convent du Grand orient", Le Populaire, 30 juillet 1922, "Contre la guerre. Une manifestation"), a collaboré à diverses publications (La Griffe, Le Progrès civique ), a signé un manifeste pacifiste en 1925 (Les Documents politiques, juillet 1925), a été secrétaire de la section SFIO du 9e arrondissement et a participé aux congrès de la fédération de la Seine Le Populaire, 28 mars 1927, Ibid., 11 avril 1927 ), dont il a été élu membre de sa commission de contrôle ( Le Populaire, 2 juillet 1930), a été conférencier (Le Populaire, 2 mars 1927, "Fêtes et conférences", aJournal des débats, 1er mars 1932, "Cours, conférences et réunions", Ibid., 17 mai 1926, etc.), a été candidat à plusieurs élections pour la SFIO - législatives de 1928 et 1932 à Paris (Le Populaire, 20 avril 1932 ), municipales de 1929 à Paris (Le Populaire, 5 mai 1929), cantonales de 1925 et de 1931 dans la Vienne - puis pour son parti ( élections sénatoriales dans le département de la Seine : Journal des débats, 21 octobre 1935, Ibid., 24 février 1936). Déclaration du parti de la IVe République, 1er juillet 1934: Journal officiel, 30 juillet 1934. Métois dirige le mensuel de ce parti, La vraie République (août/sept 1934-mars 1936). Ce groupuscule, fondé au lendemain des émeutes du 6 février, ne se veut pas « antiparlementariste » (n° 2, août-septembre 1934); il est hostile au suffrage universel et lui préfère un suffrage préférentiel, souhaite « l'avènement d'hommes nouveaux, probes et compétents » (n° 11, juin 1935), préconise surtout l'élection d'une assemblée constituante permanente, constituée de cent membres élus au vote préférentiel - Métois affirme préconiser cette solution depuis 1918 - et « l'affirmation de la souveraineté du peuple par l'adoption du principe du référendum » (n° 16, janvier 1936). Politiquement, il refuse à la fois le Front populaire et le Front national (alliance des droites) (n° 12, juillet-septembre 1935)
  10. Il a traduit seul un autre article de ce recueil: Lire en ligne
  11. Préface, p. IX, cité par Serge Audier, Néolibéralisme(s), Grasset, 2012
  12. Esprit, numéro de juillet 1936: Cf. ses articles: Esprit, juillet 1936, Esprit, mai 1936, Esprit, novembre 1934.
  13. Jacques Madaule, L’absent, Gallimard, 1973, et Esprit, juin-juillet 1968: Villey est un ami personnel de Mounier, parrain de son fils Emmanuel. Madaule et Villey sont allés ensemble visiter l'Allemagne d'Hitler avec deux autres personnes.
  14. Les intellectuels et l'engagement : deux revues au pied du mur, p. 97, Sept, , Sept, (texte du manifeste)
  15. D. Villey, "L'honneur qui se moque de l'honneur", Esprit, .
  16. Liste officielle des prisonniers de guerre, 1940
  17. L'Ouest-Eclair, 30 janvier 1942
  18. Pierre de Senarclens, Le mouvement "Esprit", 1932-1941, L'Âge d'homme, 1974 ; Philippe Buton, Jean-Marie Guillon, Les pouvoirs en France à la Libération, Belin, 1994, Archives départementales de la Vienne, Comité départemental de libération, p. 18-19, Michel Winock, Esprit. Des intellectuels dans la cité ( 1930-1950 ), Seuil, 1996, D. Villey, Redevenir des hommes libres : préface. Il rédige en juillet 1943 pour le Comité général d'études de la Résistance des "Notes sur la paix prochaine": cf. Redevenir des hommes libres, p. 14-22
  19. Les archives de la Vendée: "L'union des Vendéens à la Libération : Nouveaux aperçus apportés par des inédits".
  20. Ce commissaire, Jean Schuhler (Biographie de Jean Schuhler), ne mentionne pas la fonction occupée par Villey. Il décrit ultérieurement son arrivée à Poitiers et sa rencontre avec Villey dans Je m'étais réservé l'espérance, Ed. Fernand Lanore, 1979, p. 99-100.
  21. « Caracolades » (p. 27-44) et « Commentaire » (extrait d'un article de Villey publié dans Le Libre Poitou du 5 décembre 1944, consacré à « une petite tentative de pronunciamento F.F.I. » trois mois après la libération de Poitiers, p. 45-49) dans Redevenir des hommes libres
  22. « Stratigraphie de la résistance », Le Monde, 28 avril 1945. Article publié dans Redevenir des hommes libres (chap. IX).
  23. « (...) notre guerre serait une révolution. Voici quinze ans - nous-dit-on - que la crise a provoqué les premières grandes mesures d'économie dirigée. La guerre les a partout multipliées, avec une cadence accélérée. Elles sont l'ébauche de l'économie socialiste de demain. Ce gigantesque développement de l'État qu'entraînent dans tous les pays - quelle que soit leur philosophie officielle - les exigences de la guerre totale, comment n'emporterait-il pas définitivement le régime capitaliste, dont le jeu déjà se trouvait complètement faussé par l'emprise moderne de la publicité de masse sur les consommateurs, par l'extension des monopoles du côté de la production ? Sur le plan social, les anciennes classes dirigeantes sont d'ores et déjà déchues. Après les dépréciations monétaires des trente dernières années, les mesures de confiscation qu'imposent les charges financières de la guerre actuelle portent le dernier coup à la fortune privée. Une société nouvelle est en train de se façonner, où le talent seul et la valeur personnelle fonderont les hiérarchies humaines : une société sans classe qui s'élabore sous nos yeux dans la résistance et dans les tranchées. Passons au politique. Le développement du pouvoir présidentiel aux États-Unis, l'accroissement universel des prérogatives de l'exécutif (amorcé chez nous dès avant la guerre par un constant recours aux décrets-lois), n'est-ce pas la preuve que la démocratie parlementaire a vécu ? Enfin les superstructures intellectuelles et morales ne sont pas moins atteintes. (...) L'individualisme, l'intellectualisme, le rationalisme, l'empirisme, l'esthétisme, tout cela qui nous venait de la Renaissance, de la Révolution française, de la philosophie anglaise du dix-huitième siècle, tout cela aussi a fait son temps. Partant, un homme nouveau s'avance : activiste, volontariste, social, " communautaire " »: « Point à la ligne ou parenthèse ? », Le Monde, 31 mars 1945, René Courtin, « Controverse », Le Monde, 31 mars 1945. Article reproduit dans Redevenir des hommes libres (chap. VIII). Cf. aussi son article "L'indemnisation des porteurs d'actions d'entreprises nationalisées" (Le Monde, 29 novembre et 30 novembre 1945), également reproduit dans son recueil
  24. Pamphlet contre l'idéologie des réformes de structure », Les Cahiers politiques, no 11, juin 1945, p. 29-53, article publié avec des passages inédits dans Redevenir des hommes libres, chap. X
  25. . Cf. Laurence Badel, Un milieu libéral et européen. Le grand commerce français 1925-1948, Institut de la gestion publique et du développement économique, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1999 (Chapitre IX. Le débat sur la politique économique de l’après-guerre) (en ligne): Pour une économie libérée, par Louis Baudin, D. Villey, André Marchal, Louis Fromont, Pierre Benaerts, René Courtin, Paul Naudin, Henri Solente, Charles Rist, introduction de Jacques Lacour-Gayet, Spid, 1946 ( en ligne : conférence de Villey, "Economique et morale", Le Monde, 6 juillet 1946), Vingt ans de capitalisme d'État, Spid, 1951
  26. Laurence Badel, op. cit.
  27. D. Villey, « L’économie de marché devant la pensée catholique », Revue d’économie politique, novembre-décembre 1954, p. 19 ( article écrit à la demande de Wilhelm Röpke) Cf. A lire sur le site www.institutcoppet.org/2011/10/27/leconomie-politique-daniel-villey/. Convictions également affirmées dans son article « Les sept péchés du catholicisme social » (Revue d'économie politique, 1950)
  28. Études, 1946. Sa leçon est publiée dans Redevenir des hommes libres, chap. XI
  29. « L'avarice et le monde de l'argent », Le Monde, 12 novembre 1956 : « Pour parler " de l'avarice et du monde de l'argent " les organisateurs de la Semaine des intellectuels catholiques avaient fait appel hier à deux orateurs qu'on aurait eu plaisir à entendre discuter ensemble tant leurs exposés lurent divergents : un économiste, M. Daniel Villey, et un dominicain, le R.P. Lebret. Avec une évidente conviction le premier se fit l'avocat du diable. Il s'attacha à laver le système capitaliste de tout soupçon. Le mal n'est pas dans les institutions ni dans les situations. Il n'est ni dans le libre marché, ni dans l'enrichissement, ni dans la monnaie, si souvent incriminés ; il est dans le cœur de l'homme et pas ailleurs, le péché d'avarice consiste à se ravaler au niveau des choses, à se replier sur soi dans un univers fermé et solitaire, à prendre les moyens pour des fins, en un mot à " s'aliéner " ».
  30. A la recherche d’une doctrine économique, p. 23-24, p. 139.
  31. Meetings du Mont-Pèlerin : il prend part aux meetings de 1954 (Venise), Saint-Moritz (1957), Kassel (1960), Turin (1961), Stresa (1965), Vichy (1967)
  32. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, 15 septembre 1965
  33. Serge Audier, "Néolibéralisme(s)", Grasset, 2012
  34. Philip Mirowski, Dieter Plehwe (dir.), The road from Mont-Pélerin, Harvard University Press, 2009, p. 60, Serge Audier, Néolibéralisme(s), Grasset, 2012
  35. Cité par Serge Audier, op. cit.
  36. Annales d'économie politique, vol. X, session 1957-59, La Revue des deux mondes, juillet 1962, Le Monde, 2 septembre 1966. Cette société savante donne notamment un dîner mensuel. Villey publie notamment : « Marché et Plan, l’option du système », Revue d’économie politique, mai-juin 1964, pp. p. 643-689.
  37. Annales d'Ă©conomie politique, vol. X, session 1957-59, p. 35-40
  38. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, , 7 décembre 1963, , ,
  39. Jean-François Colas, Patronat et réseaux d'influence : l'exemple de Georges-René Laederich, ou les ambiguïtés du néolibéralisme chrétien, dans Collectif, Histoire de l'Europe libérale, Libéraux et libéralisme en Europe, XVIIIe-XXIe siècle, Nouveau monde éditions, 2016, p. 274-275
  40. Les Cahiers du CEPEC, no 38. Il a assisté à plusieurs dîners, en 1962, pour un hommage à Maurice Barrès, en 1965, 1966, pour une conférence de Marcel Clément, et 1967. Il est conférencier en 1963 : cf. supra
  41. Bilger 2003, p. 3
  42. Les Dossiers du CEPEC, no 19, confĂ©rence du 25 mai 1965. Son exposĂ© reprend les conclusions de sa thèse parue l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Une thèse prĂ©facĂ©e par Villey, qui a Ă©tĂ© le prĂ©sident de son jury. Bilger se livre Ă  un Ă©loge du nĂ©o-libĂ©ralisme, qu’il distingue du libĂ©ralisme classique. Il prĂ©sente l’école dite de Fribourg et valorise l’expĂ©rience allemande, positive car elle a « donnĂ© un rĂ©gime Ă©conomique Ă  la fois humainement et techniquement satisfaisant ». On lira sa confĂ©rence de 2000, « La pensĂ©e nĂ©olibĂ©rale française et l’ordolibĂ©ralisme allemand Â» (colloque de dĂ©cembre 2000, L’ordolibĂ©ralisme allemand. Aux sources de l’économie sociale de marchĂ©, CIRAC/CICC 2003, en ligne), pour distinguer les divergences et les convergences entre les deux pensĂ©es.
  43. On trouve en effet au CEPEC d'anciens tenants du corporatisme, Ă  commencer par l'un de ses principaux animateurs, l'Ă©conomiste catholique Louis Salleron.
  44. Jean-François Colas, Patronat et réseaux d'influence : l'exemple de Georges-René Laederich, ou les ambiguïtés du néolibéralisme chrétien, op. cit., p. 277
  45. Sur ce point, voir Kuisel, 1984, p. 273
  46. Bilger, 1971, p. 1
  47. Louis Salleron, La nouvelle messe, NEL, 2e édition, p. 27, « Pourquoi la pétition aux évêques pour le "consubstantiel », Itinéraires, no 108, décembre 1966, p. 207-212, Article de Jean Madiran sur ce sujet en 2010
  48. Selon le témoignage de son ancien étudiant et disciple Maurice Niveau : cf. supra. Né en 1926, Niveau a d'abord été professeur de sciences économiques à la Faculté de droit de Poitiers dont il a été le doyen de 1964 à 1966. Puis recteur de l'académie de Grenoble de 1966 à 1975, de l'académie de Lille de 1976 à 1978. De 1978 à 1980, il est directeur de cabinet du ministre de l'Education, M. Christian Beullac. Il est recteur de l'académie de Lyon d'avril 1980 à mars 1991. Et enfin professeur à l'université Lumière-Lyon 2.
  49. Le Monde, 18 juillet 1950
  50. Achim Trunk, Europa, ein Ausweg: politische Eliten und europäische Identität in der 1950er Jahren, Oldenbourg Verlag, 2007, p. 103-104, Markus Göldner, Politische symbole der europäischen Integration, Lang, 1988, p. 42, Mémorandum du secrétariat général du Conseil de l'Europe sur le drapeau européen, 1951. Le 14 juillet 1950, le drapeau flotta aux fenêtres de particuliers et des communes le hissèrent à côté du drapeau tricolore: Robert Bichet, Le drapeau de l'Europe, 1985, Lettre d'un Volontaire de l'Europe, octobre 1950
  51. Giuseppe Vedovato, La grande Europe : itinéraires politiques, Conseil de l'Europe, 1996, p. 183-185
  52. Jean-Michel Guieu, Christophe Le Dréau(dir.), Le "congrès de l'Europe" à La Haye (1948-2008), Peter Lang, 2009, p. 282-284. Cf. aussi Bertrand Vayssière, "Mettre les parlementaires européens devant leurs responsabilités", Parlement(s), 2011, et Antonin Cohen, « La constitution européenne », dans Critique internationale, 2005/1, no 26
  53. Daniel Villey, La question de Berlin, Ed. de l'épargne, 1961, p. 34: « Les Berlinois ne veulent pas être communistes. Ceux de l'Ouest l'ont manifesté avec éclat ».
  54. Daniel Villey, A la recherche d’une doctrine économique, Ed. Génin, 1967, p. 138
  55. Daniel Villey, La question de Berlin, Ed. de l'Ă©pargne, 1961, p. 34
  56. François Denord, « French neoliberalism and its divisions », dans The road from Mont Pélerin, Harvard University press, 2009, p. 65, note no 41, lettre de Villey à Raymond Aron, 21 février 1962: Texte en ligne de F. Denord
  57. Le procès du général Raoul Salan, NEL, 1962, p. 362
  58. Yves-Frédéric Jaffré, Le procès du Petit-Clamart, NEL, 1963, p. 324-327
  59. Bulletin hebdomadaire de l'ACIP, no 209, 8 avril 1963
  60. Le Monde, 18 décembre 1965
  61. Compte-rendu dans Revue philosophique de Louvain, 1950

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.